Pour en savoir plus sur l’exploitation des roches dans le paysage

publié le 11 avril 2016

Les traces de l’exploitation des ressources géologiques sur le territoire

Toutes les substances utilisables ont été exploitées, anciennement dans de petites carrières qui sont aujourd’hui fermées ou difficile d’accès, vouées à la construction (grès, schistes, argiles pour les tuiles, ardoises…) ou à la création de céramiques. Seules les plus grandes exploitations subsistent aujourd’hui et ont laissé des traces particulièrement visibles dans le paysage.
Outre les carrières, l’exploitation des ressources du sous-sol a marqué le paysage au cours du temps, par le creusement de carrières, la mise en place de bâtiments d’exploitation, la mise en place d’ouvrages spécifiques (étangs) concomitante à l’évolution des techniques, et par l’influence économique de ces activités sur le territoire (présence d’ouvriers…).

La mise en scène qualitative des carrières dans le paysage

Les Pays de la Loire comptent ainsi de nombreuses carrières révélant l’étendue de la diversité des matériaux géologiques. Certaines ont été dédiées à d’autres usages. Parmi les plus connues, il convient de citer :
la carrière de faluns de Doué-la-Fontaine accueille aujourd’hui le bioparc animalier du même nom, dont les décors ont pu être réalisés grâce à la qualité de la roche tendre ;
les carrières de Trélazé forment une vaste zone ouverte au public et offrent la possibilité de diverses activités : plans d’eau utilisés pour la plongée, parc des ardoisières ouverts aux promeneurs et aux sportifs, visite des carrières à ciel ouvert. Les friches industrielles sont le support d’une végétation spécifique (lichens, bouleaux…) donnant des ambiances particulières à ce parc. La dernière carrière souterraine a été fermée fin 2013
la mine bleue de Noyant-la-Gravoyère, ancienne mine souterraine aujourd’hui reconvertie en scénographie expliquant la vie des mineurs

Ancienne carrière de l'Ile d'Yeu, encore non réhabilitée
Ancienne carrière de l’Ile d’Yeu, encore non réhabilitée

Carrière en eau dans la vallée de la Loire
Carrière en eau dans la vallée de la Loire


D’importance moindre, de nombreuses carrières sont aujourd’hui en eau, particulièrement les sablières et les gravières. Elles constituent parfois des étangs utilisés pour la pêche, parfois des lieux de baignade prisés des locaux. Ces lieux ont donné des environnements spécifiques dans lequel se développent une flore et une faune particulière. Leur devenir après l’arrêt de l’exploitation est souvent pris en compte lors des demandes d’autorisation et s’envisage sur le plan paysager (élaboration d’étude d’impact visant à appréhender les impacts visuels des plans d’eau tant dans la forme que dans l’implantation ainsi que la recherches de nouvelles solutions de restitution du site). La carrière de l’île d’Yeu, cas particulier d’une exploitation intensive sur un littoral fragile, est un exemple de requalification paysagère volontaire.

Les terrils comme belvédère et point de repère paysager

Le plus connu est le terril d’Abbaretz, signe manifeste de l’exploitation de l’étain sur le secteur. Haut de 121 mètres, il permet des vues panoramiques sur les paysages de bocages et de forêts qui caractérisent les alentours de Châteaubriant.
Ancienne mine à ciel ouvert aujourd’hui comblée par un étang, le terril est issu de l’accumulation des déchets de la mine. Le parcours aménagé vers son sommet offre des contrastes saisissants entre les atmosphères confinées des boisements présents à son pied et ses pentes dénudées.
Au sein du parc des ardoisières, le terril de Trélazé offre également des panoramas sur la ville d’Angers jusqu’à la vallée de la Loire.

Abbaretz : le terril d'Abbaretz, un point de repère dans le paysage
Abbaretz : le terril d’Abbaretz, un point de repère dans le paysage


Les conversions originales des cavités de tuffeau : champignonnières, caves et habitat troglodytique

Particulièrement présents dans le Maine-et-Loire, les troglodytes sont des cavités creusées dans le tuffeau, utilisées pour l’extraction des pierres ou en tant qu’habitat.
Quatre types d’excavation sont distinguées avec pour chacune des perceptions plus ou moins marquante dans le paysage :
les carrières de tuffeau et de faluns, dédiées à l’exploitation de la pierre. Autrefois particulièrement nombreuses, elles sont pour la plupart abandonnées ou réinvesties en caves à vin et en champignonnières ;
les souterrains-refuges, autrefois très nombreux mais aujourd’hui très peu visibles, constitués des boyaux coudés et de chambres aménagées pour l’habitat temporaire ainsi que de perforations dédiées à la surveillance des couloirs
les troglodytes de falaise, cavités semi-ouvertes sur l’extérieur le long de la vallée de la Loire
les troglodytes de plaine, particulièrement emblématiques des paysages de l’Anjou. Ils définissent des habitations isolées, des hameaux voire des villages entièrement creusés dans le calcaire, qui recouvrent tous les types d’habitat : rural, bourgeois, seigneurial, religieux. Ils constituaient des logements sûrs, isothermes, dont l’entretien ne coûtait rien et que l’on pouvait agrandir au gré des circonstances. Ils succèdent parfois à des caves d’extraction de pierre mais ont souvent été creusés à usage d’habitation.
Recouvrant une superficie d’environ 400 km², la densité des troglodytes densité est propre à l’Anjou et joue un rôle touristique important pour le département, en conférant une particularité indéniable à ses paysages. Délaissés à partir du milieu du XXe siècle, les troglodytes sont aujourd’hui réinvestis en hébergement (résidence principale, secondaire, « troglogîtes »)

Troglodyte à Chemellier (49)
Troglodyte à Chemellier (49)


Les anciens fours et forges, témoins paysagers d’une rationalisation des ressources du territoire

La sidérurgie a constitué une activité importante dans la région, du fait de l’abondance des ressources provenant des forêts alentours. En effet, le minerai était extrait des couches du sous-sol à l’aide de fours alimentés par le bois. L’opération s’est effectuée dans un premier temps en forêt, où quelques traces de fours à charbon de bois subsistent encore (exemple à la Meilleraye). L’activité s’industrialise à partir de la Renaissance, conduisant à la construction de complexes plus importants. Elle se déplace alors dans les vallées, où la construction d’étangs en chapelets permet d’obtenir une force motrice suffisante pour activer les soufflets et autres outils mécaniques. L’un des exemples les plus importants est à Moisdon-la-Rivière, qui appartenait aux sept plus grandes forges du royaume en 1780. Etangs, complexes bâtis, environnement forestier sont encore perceptible sur le site de la Forge Neuve.
Par ailleurs, l’exploitation du calcaire pour en faire de la chaux nécessaire aux amendements des terres pauvres du bocage a laissé des traces particulièrement monumentales, comme en témoigne les anciens fours à chaux.

Anciennes Forges de la Hunaudière sur la Chère
Anciennes Forges de la Hunaudière sur la Chère