Les caractères des marches du Bas-Poitou

publié le 7 décembre 2015 (modifié le 29 décembre 2016)

Un paysage orienté par la tectonique sud armoricaine

Carte géologique de l'unité paysagère (Source : BRGM) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte géologique de l’unité paysagère (Source : BRGM)



Les plissements sud armoricains ont modelé ce « couloir naturel » qui termine un jeu de failles, qui démarre dans le Morbihan et passe par le Sillon de Bretagne. Ces plissements ont permis aux transgressions jurassiques de remonter jusqu’à Sainte-Cécile amenant des terrains calcaires et sédimentaires dans ce contexte de roches volcaniques et métamorphiques. Cela se traduit dans le paysage par la prédominance de la direction nord-ouest sud-est qui s’exprime par les lignes de coteaux et de chaînes collinaires présentes sur les failles.

Coupe géologique sur le bassin de Chantonnay depuis Pouzauges (source : Conseil Général 85. Fiche du patrimoine géologique vendéen. Comité scientifique et technique pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine géologique vendéen, 2008.) en grand format (nouvelle fenêtre)
Coupe géologique sur le bassin de Chantonnay depuis Pouzauges (source : Conseil Général 85. Fiche du patrimoine géologique vendéen. Comité scientifique et technique pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine géologique vendéen, 2008.)



Cela se traduit également aussi de manière plus subtile sur des lignes de crêtes secondaires suivant la même direction au cœur de l’unité. Elles correspondent à une barre gréseuse (Quartzite) peu altérable, née d’une tectonique d’écaillage (Gilbert Mathieu – 1937). Elle détermine dans le paysage, entre Le Tallud-Saint-Gemme et Coquilleau, un alignement de collines oblongues hérissées de pointements gréseux souvent désignés sous le toponyme de « Rochers » (La Châtaigneraie, Cheffois, Mouilleron-en-Pareds).

Coupe géologique sur l'arête de grès du viaduc du Coquilleau à la Châtaigneraie (source : Conseil Général 85. Fiche du patrimoine géologique vendéen. Comité scientifique et technique pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine géologique vendéen, 2008.) en grand format (nouvelle fenêtre)
Coupe géologique sur l’arête de grès du viaduc du Coquilleau à la Châtaigneraie (source : Conseil Général 85. Fiche du patrimoine géologique vendéen. Comité scientifique et technique pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine géologique vendéen, 2008.)

Un riche patrimoine minier qui s’appuie sur la faille de Chantonnay

De la houille et du calcaire pour faire de la chaux
Le charbon était extrait d’une étroite bande houillère qui va de Saint-Laurs (Deux-Sèvres) au lac de Grand-Lieu (Loire-Atlantique) et passe par Chantonnay et Faymoreau. Ce « Sillon houiller de Vendée » est bordé au nord-est par le Bassin jurassique de Chantonnay, d’où était tiré le calcaire. La houille extraite servait à alimenter les fours à chaux dont certains subsistent dans le paysage sur la zone calcaire (Chantonnay, Sainte-Cécile). La chaux était utilisée pour amender les terrains siliceux du bocage. Il subsiste encore aujourd’hui une activité de carrière d’extraction de carbonate de chaux lisible dans le paysage à la Jaudonnière.

Fours à chaux marquant le paysage de la plaine calcaire (Sainte-Cécile) en grand format (nouvelle fenêtre)
Fours à chaux marquant le paysage de la plaine calcaire (Sainte-Cécile)



Un patrimoine minier bâti encore lisible au sud
Le Bassin houiller de Faymoreau et Saint-Maurice-des-Noues présente encore aujourd’hui un riche patrimoine témoignant de son passé minier. Ainsi peut-on observer dans le paysage les chevalements qui pointent en dehors des lisières boisées et les bâtiments d’exploitation (unités de criblage et d’agglomération, maison des lampistes, salle des pendus). On retrouve par ailleurs près des zones d’extraction la structure caractéristique des villages de mineurs avec leurs barres de corons.

Urbanisation caractéristique du quartier minier de Faymoreau (source : CAUE 85) en grand format (nouvelle fenêtre)
Urbanisation caractéristique du quartier minier de Faymoreau (source : CAUE 85)

Un réseau hydrographique qui modèle ce paysage

Des vallées secondaires qui amplifient l’orientation générale du relief

Carte du relief et du réseau hydrographique de l'unité paysagère des marches du Bas-Poitou en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte du relief et du réseau hydrographique de l’unité paysagère des marches du Bas-Poitou



Les cours d’eau principaux (Grand et Petit Lay, Vendée) se fraient difficilement un chemin en creusant des vallées accentuées et méandreuses dans une direction nord-est sud-ouest. Les vallons secondaires qui les irriguent suivent quant à eux la direction générale imprimée par la géologie ce qui, par érosion, a tendance à accentuer les effets de relief dans cette direction. De fait ce parallélisme met en exergue des crêtes plus ou moins importantes qui découpent différents plans successifs devant l’horizon donnant cette impression de marches.

Une disparition localisée de l’eau dans le paysage

Coupe géologique montrant la circulation de l'eau sur le coteau et la plaine de Chantonnay (source : Conseil Général 85. Fiche du patrimoine géologique vendéen. Comité scientifique et technique pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine géologique vendéen, 2008) en grand format (nouvelle fenêtre)
Coupe géologique montrant la circulation de l’eau sur le coteau et la plaine de Chantonnay (source : Conseil Général 85. Fiche du patrimoine géologique vendéen. Comité scientifique et technique pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine géologique vendéen, 2008)



La combinaison des roches métamorphiques et sédimentaires au niveau de la Faille de Chantonnay se traduit par une circulation de l’eau particulière dans le paysage, à l’instar des phénomènes observés sur la plaine du Bas-Poitou. Les eaux ruisselant sur le coteau de Chantonnay disparaissent dans la faille éponyme pour ressurgir dans des sources plus au nord en limite des calcaires jurassiques. C’est le phénomène de pertes. Si la rectitude du coteau donne l’impression d’un versant de vallée il est en fait directement lié à la présence de la faille et l’eau y circule de manière perpendiculaire pour être récupérée plus bas dans les petits vaux du Loing, de l’Arkanson et de l’Arguignon. Ce secteur présente ainsi un riche patrimoine de petites constructions vernaculaires liées à l’eau (lavoirs, sources…)

Carte de détail des pertes et sources sur la faille de Chantonnay à Saint-Hilaire-des-Bois (source IGN scan 25) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte de détail des pertes et sources sur la faille de Chantonnay à Saint-Hilaire-des-Bois (source IGN scan 25)

Un paysage entre bocage et plaine

Un gradient bocager marqué par une agriculture dynamique (Mouilleron-en-Pareds) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un gradient bocager marqué par une agriculture dynamique (Mouilleron-en-Pareds)



Un paysage façonné par une agriculture dynamique
La présence d’un tissu agricole très dynamique et d’industries agroalimentaires contribuent à un dynamisme rural très lisible dans le paysage. Si la trame bocagère garde encore une belle densité dans les vallons les plus encaissés, en revanche la maille est beaucoup plus ouverte sur les plateaux et quasi rélictuelle sur la plaine. D’ouest en est, on lit comme un gradient dans le paysage entre les grands champs géométriques ouverts ponctués d’arbres isolés ou interrompus par les ripisylves de la plaine calcaire et les grandes prairies bocagères dont la maille de haies se densifie à l’approche du haut bocage et dans le secteur plus vallonné au nord-est (secteur de la Châtaigneraie). La présence de nombreux bâtiments d’élevage hors sol qui s’implantent à l’appui des anciens hameaux est particulièrement lisible dans ce paysage où la maille des haies s’ouvre. Ils peuvent être d’autant plus prégnants dans le paysage que leurs couleurs sont vives ou leur intégration parfois difficile dans la pente des coteaux.

Des moulins en repère sur les crêtes au coeur de l'unité paysagère (Mouilleron-en-Pareds) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des moulins en repère sur les crêtes au coeur de l’unité paysagère (Mouilleron-en-Pareds)



Un patrimoine rural varié témoignant une richesse agricole ancienne
Cette richesse agricole liée à la polyculture élevage est ancienne et se lit dans le paysage non seulement par la présence d’un riche patrimoine de châteaux et manoirs, mais aussi, de plusieurs ordres religieux (Prieuré de Grammont à Saint-Prouant, Abbaye de la Braudière, Abbaye de Trizay à proximité) qui contribuent à organiser l’espace rural en périphérie. On trouve encore aujourd’hui de nombreux moulins à eau sur les rivières, et moulins à vent notamment sur les collines centrales de l’unité (Moulins des Rochers de Mouilleron en Pareds).

Des châteaux et demeures bourgeoises qui ponctuent la crête dominant la plaine (La Caillère-Saint-Hilaire – source : CAUE 85) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des châteaux et demeures bourgeoises qui ponctuent la crête dominant la plaine (La Caillère-Saint-Hilaire – source : CAUE 85)

Des enclaves viticoles et horticoles qui ponctuent le paysage

Coteau viticole ouvrant sur le paysage de Sainte-Cécile en grand format (nouvelle fenêtre)
Coteau viticole ouvrant sur le paysage de Sainte-Cécile



Sur le secteur nord des marches du Bas-Poitou (Mouchamps, Sainte-Cécile, Saint-Germain-de-Prinçay, Sigournais, Chantonnay), de nombreux « fiefs » (propriétés viticoles) sont présents depuis le Moyen-Age. Sur le coteau ensoleillé de la vallée du Petit-Lay et sur le plateau remembré, plusieurs grands fiefs marquent encore ponctuellement le paysage. Ils structurent la pente et la soulignent avec l’alignement et le rythme des rangs de vignes, parfois ponctués de petites maisons de vignes.

Les planches de pépinières qui s'immiscent dans le réseau bocager à l'ouest de la Châtaigneraie (source orthophoto 2010) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les planches de pépinières qui s’immiscent dans le réseau bocager à l’ouest de la Châtaigneraie (source orthophoto 2010)



De même sur le secteur de la Châtaigneraie, la présence d’une importante pépinière marque le paysage des vallons par le rythme des plantations arborées et la géométrie des planches de cultures.

Des villages étagés sur les vallées aux ambiances pittoresques

Afin de bénéficier de l’ensoleillement naturel et de la proximité de l’eau, la majeure partie des bourgs des marches du Bas-Poitou s’étagent sur le versant exposé sud des vallées.

Centre bourg dense et étagé de Mouilleron-en-Pareds en grand format (nouvelle fenêtre)
Centre bourg dense et étagé de Mouilleron-en-Pareds



Sur le coteau de Chantonnay, même si l’exposition est plutôt nord-est, les bourgs et un habitat diffus à l’appui de petits vallons secondaires qui découpent le coteau, s’étagent sur la pente.
La configuration du relief « en couloir visuel » avec des petits promontoires et des flancs de vallées ont fait de ce secteur de frange entre Poitou, Anjou et Bretagne, un point de surveillance militaire privilégié. On retrouve ainsi dans la silhouette de plusieurs bourgs l’allure massive de donjon défensif comme Bazoges-en-Pareds ou les ruines de châteaux médiévaux.

Donjon de Bazoges-en-Pareds, un signal au coeur de la plaine en grand format (nouvelle fenêtre)
Donjon de Bazoges-en-Pareds, un signal au coeur de la plaine

Une concentration particulièrement importante de châteaux, manoirs et parcs.

Un patrimoine de châteaux et parcs qui bénéfice de l'exposition du coteau sud et magnifie ce dernier (La Caillère- Saint-Hilaire) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un patrimoine de châteaux et parcs qui bénéfice de l’exposition du coteau sud et magnifie ce dernier (La Caillère- Saint-Hilaire)



Profitant des vues panoramiques sur la campagne environnante, de nombreux châteaux et manoirs (du XVIII et surtout du XIXème siècle) entourés de parcs à l’anglaise caractéristiques du XIXème, se sont implantés sur le coteau entre Chantonnay et Vouvant. Ils participent à sa mise en scène et valorisent les longues perspectives sur la campagne avec pour horizon les collines vendéennes. Depuis la plaine et le bocage en contrebas, la silhouette des conifères ornementaux de leur parc se distingue particulièrement dans la frange boisée qui ourle le coteau. D’autres domaines de ce type ponctuent également les principales vallées de l’unité.

Une implantation bâtie différente entre plaine ouverte et vallons bocagers

Un bâti qui s’organise autour de la plaine calcaire

Carte de répartition de l'urbanisation autour de la plaine cultivée et à l'appui des coteaux (source : Corine Land Cover, 2006 – cadastre) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte de répartition de l’urbanisation autour de la plaine cultivée et à l’appui des coteaux (source : Corine Land Cover, 2006 – cadastre)



Compte tenu du potentiel des sols sur la petite langue calcaire, l’ensemble des implantations bâties s’est faite plutôt en périphérie des champs cultivés. Le bâti rural s’implante le plus souvent en hameaux importants structurés sur le pied de coteau ou s’articulant sur la vallée l’Arkanson. La maison d’habitation et les dépendances s’implantent de manière éclatée, reliées le plus souvent par des murs de calcaire apparents qui isolent une cour abritée des vents. Associés aux toitures en tuile canal (à 2 ou 4 pans) les murs de calcaire, avec aux encadrements de gros blocs appareillés, se distinguent par leurs teintes chaudes et lumineuses dans le paysage.

Un bâti aux teintes chaudes qui marque la frange de la plaine calcaire en grand format (nouvelle fenêtre)
Un bâti aux teintes chaudes qui marque la frange de la plaine calcaire



Un bâti diffus qui s’étage dans les vallées du bocage
Sur les petits plateaux et les vallées bocagères, on retrouve la composition du bâti diffus caractéristique du haut bocage voisin. Ainsi la ferme du bocage, aux activités de cultures et d’élevage, s’organise de deux façons :

  • Suivant le modèle des métairies, la maison d’habitation imposante, flanquée de la grange étable et des dépendances, offre une façade sud sur cour avec une vue dégagée. Cette cour permet de créer un espace de travail préservé des vents et toujours sec (du fait de son exposition sud). La maison s’inspire souvent du logis avec ses ouvertures régulières distribuées et homogènes souvent encadrées de granit de taille ou parfois de calcaire. L’ensemble joue en général de manière assez équilibrée avec la topographie pour protéger les espaces extérieurs et bénéficier des vues remarquables
Structure type de la métairie et de la grange du bocage (source : CAUE 85) en grand format (nouvelle fenêtre)
Structure type de la métairie et de la grange du bocage (source : CAUE 85)

  • Sur les fermes les plus isolées, la maison d’habitation, souvent modeste, et les dépendances s’implantent de manière éclatée dessinant une cour plus asymétrique que dans le modèle précédent
Structure type des fermes isolées dans l'unité (Chantonnay) en grand format (nouvelle fenêtre)
Structure type des fermes isolées dans l’unité (Chantonnay)

Une desserte des infrastructures plutôt périphérique de l’unité

Présence marquante, dans le bocage vallonné, de la RD 752 au sud de Pouzauges en grand format (nouvelle fenêtre)
Présence marquante, dans le bocage vallonné, de la RD 752 au sud de Pouzauges



Les marches du Bas-Poitou ne présentent pas véritablement de grandes infrastructures de desserte mais présentent un maillage routier rural très structuré qui permet d’accéder relativement facilement à l’ensemble du territoire. L’aménagement cette dernière décennie des voiries départementales sur le triangle Chantonnay, Pouzauges / Les Herbiers et la Châtaigneraie a accentué l’emprise dans le paysage de ces voies, par leur recalibrage (en plan et en altimétrie). La mise en place de contournements de bourgs a également apporté une autre lecture des paysages urbains (valorisation des franges urbaines, effets d’aspiration des activités sur les giratoires de connexion). Les autoroutes A83 et A87 sont principalement présentes en périphérie nord et ouest de l’unité paysagère ce qui tend à concentrer la pression de développement sur ces secteurs.

Deux pôles urbains qui concentrent les activités

Compte tenu du maillage viaire territorial, le développement des activités s’est principalement concentré sur les deux pôles de Chantonnay et de la Châtaigneraie. Le modèle de l’usine à la campagne décrit dans l’unité voisine du bocage vendéen et maugeois se vérifie aussi sur ce territoire mais à une échelle peut être un peu moindre : les entrées de bourgs sont marquées par des zones artisanales et économiques. La cité de Puybelliard, dont Chantonnay constituait au départ les faubourgs, était depuis l’époque médiévale un centre drapier reconnu et une place de foire importante plaçant la production locale à la croisée des grandes routes commerciales nationales. Cette richesse se lit encore aujourd’hui dans l’important patrimoine bâti de maisons de maîtres et de parcs dans l’ancienne cité et la campagne environnante.

Un paysage périurbain de zones d'activités (Chantonnay) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un paysage périurbain de zones d’activités (Chantonnay)



Aujourd’hui, les pôles industriels et de services valorisent la filière agricole locale avec notamment la prédominance de l’industrie agro-alimentaire. Les entrées de villes des deux pôles principaux sont ainsi marquées par d’importants ensembles de bâtiments industriels.

Pour aller plus loin sur le patrimoine culturel et naturel

Patrimoine culturel :

Patrimoine naturel :