Les caractères des marches entre Maine et Bretagne
Un socle granitique au relief mouvementé
Un massif granitique profondément déformé
De nombreux accidents tectoniques ont induit des formations collinaires, des effondrements qui ont modelé le massif granitique de Gorron en induisant une orientation préférentielle nord-nord-ouest / sud-sud-est. Cette histoire géologique de l’unité et sa transcription dans le relief d’aujourd’hui sont détaillées dans le « pour en savoir plus sur l’histoire géologique de l’unité et sa transcription dans le relief d’aujourd’hui » ci-après. Il faut retenir les évènements majeurs suivants :
- Une pénéplaine découpée en 3 blocs :
- Larchamp,
- Saint-Denis-de-Gastines
- et Saint-Mars-sur-Colmont
- La colline étroite et linéaire de la Pellerine
- Le bassin d’effondrement de l’Ernée au sud de l’unité dans les schistes briovériens : cette dépression topographique liée à un accident géologique présente un relief moins marqué que sur le reste de l’unité ; mais cadré par les coteaux d’Ernée de Juvigné et de la forêt de Mayenne
- Les collines armées par les grès armoricains sur lesquelles s’est développée la forêt de Mayenne qui marque de fait l’horizon au sud-est
Tous ces évènements ont conduit à un relief ondulé, collinaire qui peut sembler sans accident majeur en fonction de l’orientation du parcours de découverte du paysage. Il induit un paysage dynamique dans son appréhension, dans la succession de points hauts et de creux de vallons. Les secteurs de plateaux plans horizontaux sont relativement rares et principalement situés sur la frange
Les cours d’eau sont par ailleurs animés d’un riche patrimoine bâti composé de moulins, de forges… qui leur confère un caractère patrimonial et perpétue le souvenir des activités passées.
Une influence bretonne dans l’architecture
Une architecture de granite
Grès et granites ont donné leur couleur sombre et sobre au bâti rural ancien, dans une tonalité aux camaïeux de gris bruns colorés. Le granite est particulièrement présent et affirme l’influence bretonne de l’architecture. La palette végétale diversifiée avec notamment châtaigner que l’on retrouve dans les haies en arbre de grand développement mais aussi en cépées sur talus, explique que quelques bâtiments, malheureusement rares, portent encore leur toiture en bardeaux de châtaigner. Sinon les bâtiments sont traditionnellement couverts en ardoise.
- Le four à pain : En règle générale, il est adossé à la face arrière ou latérale de la maison, couplé avec une cheminée intérieure. Essentiellement cylindrique, en briques et maçonnerie de moellons, il est recouvert d’une toiture schisteuse ou de tuiles. Il peut aussi être totalement séparé de la maison et constituer une entité spécifique.
Four à pain associé à la maison (La Dorée) - Le pigeonnier : Il se présente sous la forme d’une tourelle coiffée d’une toiture conique. Il peut avoir 2 étages. Parfois le pigeonnier est compris dans la maison elle-même : les caractéristiques résident dans les petites ouvertures couplées et dans les pierres plates débordantes en pignon.
- Le hangar (loge) : Il constitue l’un des côtés de la cour. Il était autrefois recouvert de chaume. Il est soit à murs ouverts, soit fermé sur 3 côtés par des grandes planches de bois (essentages) posées horizontalement en se chevauchant.
- Le puits : L’architecture du puits varie avec la profondeur de la nappe d’eau souterraine. Lorsqu’elle est superficielle, c’est le pompage à contrepoids qui prédomine. Quand la nappe est difficile à atteindre, c’est le pompage à manivelle, le puits à treuil.
Les fermes en activité aujourd’hui sont des exploitations de plus en plus importantes, lié notamment à une augmentation des formes sociétaires (surface, taille des élevages…). Elles sont entourées de nouveaux bâtiments aux volumes encore plus imposants et qui tranchent souvent dans leur implantation, leurs couleurs de bardages et textures (bois, métalliques). Du fait des moutonnements constants du relief, les implantations des gros volumes nécessitent parfois de lourds terrassements.
L’unité paysagère des marches entre Maine et Bretagne ne compte finalement que peu des châteaux forts défensifs hérités des guerres entre les royaumes des Francs et de Bretagne (connus sous l’appellation des châteaux des marches de Bretagne – exemple du château de Lévaré). Cependant le paysage de l’unité est ponctué de nombreux logis, châteaux post-renaissance, demeures associées à la villégiature.
Les développements urbains modérés se structurent principalement sur l’axe Mayenne – Ernée – Fougères même si le territoire compte quelques gros bourgs (comme Fougerolles-du-Plessis, Landivy) et une petite ville rurale au nord-est, Gorron (cf. Chapitre sur les dynamiques paysagères)
Une influence normande dans le bocage
Le paysage de l’unité paysagère des marches entre Maine et Bretagne se caractérise par un paysage de bocage, strié de haies et parsemé de bosquets. Les zones de bocage sont réservées à de plantureux pâturages destinés à l’embouche des bovins et aux petites productions céréalières et fourragères pour l’alimentation des troupeaux. Les zones plus planes ont subi un remembrement plus fort et sont propices aux cultures (maïs pour le bétail, blé, orge, colza, pois).
Une campagne à l’image d’un parc
Le bocage est associé à une ponctuation du paysage par des arbres isolés (châtaigner, chêne, poiriers et pommiers, hêtre, quelques conifères Sapins …), des bosquets isolés qui donnent à la campagne des allures de parcs, voire même de parc paysager à l’anglaise, confortant les grands parcs de châteaux. Les vergers traditionnels (pommiers et de poiriers), en accompagnement des fermes et ensembles bâtis, constituent un motif paysager récurrent tiennent aussi leur place dans ce paysage.
Pour aller plus loin sur le patrimoine culturel et naturel
Patrimoine culturel :
- Consulter l’article Les paysages institutionnalisés
- Consulter la rubrique "Sites et paysages" sur le Portail de données communales de la DREAL Pays de la Loire
- Consulter l’Atlas des Patrimoines du Ministère de la Culture
- Consulter les Bases Architecture et Patrimoine du Ministère de la Culture
Patrimoine naturel :
- Consulter la rubrique "Patrimoine naturel" sur le Portail de données communales de la DREAL Pays de la Loire
- Trame verte et bleue : consulter le Schéma régional de cohérence écologique (SRCE) des Pays de la Loire
Sources bibliographiques
- CERESA, Atelier TRIGONE. Atlas des paysages de la Mayenne. 4 tomes. DIREN Pays de la Loire, DDE Mayenne, 1999.
- Conseil de développement du Pays de Haute-Mayenne. La Charte Urbanistique et Paysagère de la Haute Mayenne. 2013.
- Communauté de communes l’Ernée. Schéma de Cohérence territoriale rural de l’Ernée. 2014.
- LEROUGE G., BESOMBES J.C., CUNEY M., LE GALL J., GIGOT P., PIVETTE B., LEBRET P., VERNHET Y., GAUQUELIN J.L., CHÈVREMONT Ph. Notice explicative de la carte géologique. France (1/50 000), feuille Ernée (284). Orléans : BRGM, 2011. 181 p.
- LEROUGE G., BESOMBES J.C., PIVETTE B., LE GALL J., GIGOT P., LEBRET P., VERNHET Y. Carte géologique. 2009.