Les paysages institutionnalisés

publié le 11 décembre 2014 (modifié le 21 février 2019)

Ce volet aborde les sites inscrits et classés sous l’angle du paysage, le classement UNESCO du Val de Loire et les protections patrimoniales du type AVAP et ZPPAUP.



Les ensembles paysagers et patrimoniaux reconnus pour leur caractère remarquable ont fait l’objet de diverses mesures de protection. La carte ci-dessous localise la plupart d’entre elles :

  • les sites inscrits et classés ;
  • les aires de valorisation de l’architecture et du patrimoine, les secteurs sauvegardés ;
  • les monuments historiques et leurs abords ;
  • les ensembles paysagers labellisés (Unesco, Grand site de France,..).
Carte des paysages institutionnalisés en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte des paysages institutionnalisés



Bien que ne constituant pas des protections réglementaires à part entière, sont également représentés à titre indicatif les périmètres des 4 parcs naturels régionaux de la région, des territoires à dominante rurale, dont les paysages, les milieux naturels et le patrimoine culturel sont de grande qualité. Les élus et les équipes techniques des PNR mettent en œuvre des projets spécifiques et concertés de développement durable fondés sur la mise en valeur du patrimoine naturel et culturel.

Les sites inscrits et classés

Héritière d’un courant de pensée qui s’est développé en France au cours du 19ème siècle, la loi du 21 avril 1906, renforcée par celle du 2 mai 1930, est l’expression de la volonté de l’Etat d’assurer l’inventaire et la protection des espaces remarquables dont la valeur patrimoniale et paysagère est telle qu’elle justifie une politique rigoureuse de conservation.

Cette loi désormais codifiée (articles L.341 & suiv. du Code de l’Environnement) prévoit que peuvent être protégés les monuments naturels et les sites de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque.

Limité dans un premier temps à des éléments exceptionnels mais ponctuels du paysage, que l’on peut approcher et cerner précisément, l’intérêt porté aux sites s’est progressivement étendu à des espaces plus vastes, formant des ensembles cohérents sur le plan paysager et vers des territoires ruraux marqués par les activités humaines. Bien que parfois présentés comme des sites « à dominante naturelle », la notion de « nature » n’y est pas exclusive. Les sites dont l’intérêt floristique et faunistique prédomine relèvent en effet de la loi du 10 juillet 1976, loi qui a notamment institué les arrêtés de protection de biotopes et les réserves naturelles.

Très activement mise en œuvre en Pays-de-la-Loire, la politique des sites a permis l’inscription et le classement de quelques 230 sites remarquables (90 sites classés et 140 sites inscrits) répartis sur les cinq départements. La région occupe ainsi un des tous premiers rangs au niveau national pour le nombre et la surface de ses espaces protégés. D’une grande diversité, par leur taille et leur aspect, ces sites singuliers sont le reflet de la richesse paysagère régionale.

A la fin des années 80, les sites classés sont pour la plupart des espaces de protection ponctuels, couvrant quelques dizaines d’hectares, centrés sur des points de vue, des lieux pittoresques, des vestiges industriels, des lieux de mémoire ou encore de nombreux parcs et jardins.

En Pays de la Loire, 226 sites sont classés ou inscrits. La plupart se situent sur le littoral, dans les marais ou en bord de vallée.

Graphique de la répartition par département des sites inscrits et sites classés en Pays de la Loire en grand format (nouvelle fenêtre)
Graphique de la répartition par département des sites inscrits et sites classés en Pays de la Loire



Sur les 226 sites protégés, une majorité, avec 57%, sont des sites inscrits contre 34% de sites classés. Cette dominance des sites inscrits se confirme aussi à une échelle départementale. Le Maine-et-Loire en possède le plus grand nombre avec au total 68 sites protégés. Les départements de la Mayenne et de la Vendée sont ceux qui en possèdent le moins, ayant moitié moins de sites protégés que le Maine-et-Loire. La richesse du patrimoine de l’Anjou s’explique par les très nombreux témoignages laissés par l’homme, qui s’est installé là depuis des millénaires.

Graphique de la typologie des sites protégés à une échelle régionale en grand format (nouvelle fenêtre)
Graphique de la typologie des sites protégés à une échelle régionale



Les sites protégés sont répartis en 5 grandes catégories : « les sites urbains, les bourgs, les villages », « les édifices et leur cadre » (les châteaux, manoirs, ruines, édifices religieux et le patrimoine industriel ou préindustriel), « Les sites préhistoriques, historiques et commémoratifs », « les monuments naturels » (petits sites à caractère « sauvage » comme les rochers , les arbres monumentaux…) et « les grands ensembles paysagers » (sites ayant un caractère naturel pittoresque lié à une empreinte humaine traduite par des activités et/ou des modes de vie traditionnels).

A l’échelle régionale, on constate que ce sont les édifices et leur cadre qui dominent largement avec 41% des sites protégés. Les sites urbains et les grands paysages suivent avec respectivement 21% et 18%. Cette répartition reflète le très grand patrimoine bâti du territoire comme les châteaux de la Loire ou les cités de caractères, mais aussi le patrimoine naturel de la Loire ou des marais rétro-littoraux.

Graphique de la typologie des sites protégés à une échelle départementale en grand format (nouvelle fenêtre)
Graphique de la typologie des sites protégés à une échelle départementale



A l’échelle départementale, on constate des divergences de répartition selon les départements. Les trois départements à l’intérieur des terres, La Sarthe, le Maine-et-Loire et la Mayenne, réputés pour leur manoirs, châteaux et cités de caractère, reflètent cette tendance avec une majorité d’édifices et de sites urbains. Le cas de la Sarthe est flagrant avec 90% d’édifices et de sites urbains, contrairement à 65% pour le Maine et Loire. Le cas de la Mayenne est plus mitigé avec seulement 55%.

Les deux départements littoraux se distinguent par des sites protégés « naturels » plus nombreux que pour les autres départements. Ce sont en effet les sites naturels et les grands paysages qui prédominent. Alors que les sites protégés de Loire-Atlantique sont répartis plutôt de manière égalitaire entre patrimoine bâti et patrimoine « naturel », la Vendée montre une forte dominante pour le patrimoine « naturel » avec près de 77% de ses sites protégés.

Le Maine-et-Loire, réputé pour ses témoignages architecturaux est cohérent avec le nombre de sites protégés affilié au bâti. La Sarthe, qui possède pourtant un patrimoine bocager et boisé, se focalise uniquement sur son patrimoine bâti. Seul 4 ensembles paysagers dont les Alpes Mancelles sont comptabilisés comme protégés. La répartition des sites protégés du département de la Mayenne, aussi bien bâti avec Château-Gontier que paysager avec la vallée de l’Erve, est similaire aux représentations touristiques du département, reconnu pour son patrimoine paysager et historique. Les sites bâtis protégés de Loire-Atlantique apportent une dimension historique qui n’est pas autant appuyée dans la communication du département. En effet cette dernière est plus dirigée sur les paysages d’eau, avec les marais, la Loire et son estuaire. La Vendée qui possède pourtant une histoire très riche, met l’accent - aussi bien pour la communication que pour la protection des sites - sur son littoral et ses sites naturels comme la côte sauvage de l’île d’Yeu ou le site du Marais Poitevin en cours de classement et d’inscription.

L’inscription, outil principalement réservé aux ensembles urbains ou villageois de qualité, sera quant à elle déclinée à partir des années 60 sur les grands ensembles paysagers emblématiques de la région ; l’Etat chargé de l’urbanisme jusqu’au début des années 80 considérant alors ce dispositif simplifié comme suffisant.

Comme sur une grande partie du territoire national, l’importante activité économique résultant de la période des "30 Glorieuses" va avoir pour conséquences le développement de l’urbanisation et des grandes infrastructures, la déstructuration des organisations foncières et agricoles mais aussi la multiplication des équipements touristiques sur le littoral. Ce développement des activités va avoir des répercussions importantes sur l’évolution des territoires et des paysages et conduire à une certaine banalisation de ces derniers.

Cette perte d’identité des paysages mais aussi l’émergence d’une politique dédiée à l’échelle nationale (la loi Paysage du 8 janvier 1993) vont inciter les services de l’Etat à renforcer les dispositifs de protection spécifiques. C’est dans ce contexte que les procédures de classement des grands ensembles paysagers inscrits de la région seront engagées au début des années 90 : côte sauvage de l’Ile d’Yeu, marais mouillé poitevin, marais salants de Guérande, vallée de l’Erdre, vallée de l’Erve, Alpes mancelles, Corniche angevine et sites du Val de Loire.

Île d'Yeu en grand format (nouvelle fenêtre)
Île d’Yeu



Les procédures de protection au titre des sites sont toujours activement instruites dans la région. Suite au récent classement de l’abbaye de Fontevraud et de ses abords (décret en Conseil d’État du 22 août 2013), celui du passage du Gois, des marais de la Brière et de Guérande (extension) ou encore celui les promontoires du Val de Loire aval sont actuellement à l’étude.


Pour en savoir plus :
Site de la DREAL - Liste des sites de la région

Le Val de Loire, bien inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO

Le 30 novembre 2000, le Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO a inscrit le Val de Loire sur la liste du patrimoine de l’humanité au titre des paysages culturels. Son périmètre, de Sully-sur-Loire (Loiret) à Chalonnes-sur-Loire (Maine-et-Loire), s’étend sur plus de 280 kilomètres, 2 régions et 163 communes.

Carte du périmètre accessible sur le site : http://www.valdeloire.org/Carte

Cette labellisation se fonde sur un ensemble de réalisations exceptionnelles, "chefs d’œuvre du génie créateur humain" parmi lesquels les célèbres châteaux de la Loire mais aussi tout un territoire témoin d’échanges et d’influences considérables intervenus durant plusieurs siècles. Ainsi, sur une période allant du 11ème au 19ème siècle, des technologies spécifiques de gestion du fleuve et de l’espace agricole se sont développées ainsi qu’une architecture nouvelle. Ces pratiques et ces réalisations accomplies en lien étroit avec l’environnement naturel ont façonné des paysages singuliers.

Autour du fleuve, axe privilégié de communication, des habitats spécifiques, parfois troglodytiques ou sur tertre, ayant recours à la pierre de tuffeau et à l’ardoise, des pratiques novatrices dans la culture de la vigne ou encore l’art des jardins, ont progressivement marqué l’espace ligérien.

Si l’inscription au patrimoine mondial reconnaît la grande qualité de ces paysages ligériens, elle engage également la responsabilité de l’État, chargé d’assurer, en liaison avec les collectivités locales, la protection et la gestion de ce bien culturel.

Compte tenu de cet engagement, de l’étendue et de la complexité du territoire labellisé – un vaste ensemble occupé par plus d’un million d’habitants, le préfet de la région Centre, coordonnateur du site, a validé le 15 novembre 2012 un plan de gestion fixant les grandes orientations de sa gestion.

Parmi les objectifs de protection, de communication et de valorisation donnés par ce document cadre, figurent également des actions concrètes spécifiquement proposées par l’État et notamment la mise en œuvre de sites classés sur les ensembles paysagers ruraux remarquables. Suivant le même mode opératoire que celui décliné en Pays-de-la-Loire, la DREAL Centre a ainsi identifié 25 entités remarquables dont l’intérêt justifie un classement au titre des sites (cf. carte ci-contre). De la même manière, il est proposé d’articuler ces classements avec la mise en œuvre d’AVAP sur les secteurs à dominante bâtie (1).

Pour en savoir plus
Site mission en Val de Loire

La protection du patrimoine architectural urbain et paysager

Les monuments historiques et leurs abords, les secteurs sauvegardés

Pour favoriser la sauvegarde du patrimoine architectural du territoire national, dès la première moitié du 19ème siècle l’État s’est doté d’inventaires puis de dispositifs réglementaires spécifiques. La loi du 31 décembre 1913 va ainsi asseoir la protection des monuments historiques, responsabilité désormais partagée entre leurs propriétaires et l’État. L’inscription et le classement d’immeubles dont l’intérêt historique, artistique, architectural mais aussi technique ou scientifique est avéré vont ainsi être activement mis en œuvre sur l’ensemble du territoire.

Quelques 43 000 immeubles sont protégés au titre des monuments historiques en France (13 000 classés et 29 000 inscrits), ainsi qu’environ 260 000 objets mobiliers. Un tiers des monuments historiques relèvent de l’architecture domestique, 30% sont des édifices religieux, et près de la moitié des propriétés privées (source Ministère de la Culture et de la communication).

La loi du 25 février 1943 va compléter ce dispositif en instituant le principe des abords, un périmètre de 500 mètres dans lequel, au regard de critères de visibilité et de co-visibilité avec l’édifice protégé, les travaux de transformation et de modification des lieux sont soumis à autorisation de l’architecte des bâtiments de France. Les procédures dites PPM et PPA (périmètres de protection modifiés ou adaptés, permettent aujourd’hui d’adapter ces périmètres à la réalité des enjeux environnants, notamment dans les contextes urbains très contraints.

Durant la période de reconstruction de l’après-guerre, le risque de voir disparaître plusieurs centres anciens historiques majeurs est quant à lui à l’origine de la loi Malraux du 4 août 1962. La protection des plus remarquables d’entre eux va ainsi être permise par le dispositif de secteur sauvegardé dont les plans de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) ont valeur de document d’urbanisme.

La région des Pays de la Loire est riche de plus de 2000 édifices protégés au titre des monuments historiques. Situés pour plus d’un tiers d’entre-eux dans le département de Maine-et-Loire, ils sont géographiquement concentrés dans les villes : Nantes, Angers, Le Mans, Saumur et Laval ainsi que sur les rives de la Loire. 900 monuments protégés sont des témoins de l’architecture domestique, des châteaux, plus de 630 des édifices religieux.
4 secteurs sauvegardés assurent la protection des centres historiques des villes de Saumur, Le Mans, Nantes, Guérande, Fontenay-le-Comte et Château-Gontier.

Aire de Valorisation de l’Architecture et du Patrimoine (AVAP), anciennement Zone de Protection du Patrimoine Architectural Urbain Paysager (ZPPAUP), et assimilés

Une aire de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine (AVAP) est une servitude d’utilité publique ayant pour objet de « promouvoir la mise en valeur du patrimoine bâti et des espaces ». Elle présente l’intérêt de protéger des ambiances et permet de traiter les problématiques de la mutabilité urbaine et d’intégration paysagère.

Il apparaît que la plupart de ces protections sont localisées dans le Val de Loire, ainsi qu’à proximité des zones littorales et de marais : marais de Brière et de Guérande, île de Noirmoutier… Le reste de ces protections se disséminent dans la région et correspondent alors souvent à des mises en scène du bâti au sein d’une vallée, à l’image de Pouancé (44) ou de Mouchamps (85).

Les labels du patrimoine culturel

Divers labels peuvent être attribués à des collectivités voire à des particuliers pour récompenser ou mettre en avant la qualité de leurs démarches de protection, de gestion et d’animation du patrimoine culturel.
Ces distinctions dont l’attribution est organisée au niveau national ou local peuvent être assorties d’aides financières (État, collectivités, fondations) et de signatures de conventions. Si la plupart de ces labels favorisent la reconnaissance de biens culturels déjà protégés réglementairement, ils peuvent également mettre en lumière un patrimoine non encore inventorié mais justifiant une attention particulière ; le label « architecture XXème » attribué par les services du ministère de la Culture s’inscrit dans un telle démarche.
Parmi ces distinctions relevant d’une politique nationale de ce même ministère, peuvent également être cités le label « Ville et Pays d’art et d’histoire » (1) ou encore le label « Jardin remarquable » attribué pour 5 ans à des jardins protégés ou non.
Né en Bretagne et décliné dans plusieurs régions de France -dont la région Pays de la Loire, le réseau des Petites Cités de caractère regroupe quant à lui des villages et villes de moins de 6000 habitants reconnus également pour participer activement à la protection et à la promotion de leur patrimoine culturel et paysager. Dans les 5 départements de la région, une quarantaine de villages constitue ce réseau.