Les marches entre Maine et Bretagne (UP1)

publié le 22 décembre 2015 (modifié le 16 janvier 2017)

Pour en savoir plus sur l’histoire géologique de l’unité et sa transcription dans le relief d’aujourd’hui

  • Extraits de la notice de la carte géologique 0284N d’Ernée au 1/50 000ème. 2011.
  • LEROUGE G., BESOMBES J.C., CUNEY M., LE GALL J., GIGOT P., PIVETTE B., LEBRET P., VERNHET Y., GAUQUELIN J.L., CHÈVREMONT Ph. Notice explicative, Carte géologique. France (1/50 000), feuille Ernée (284). Orléans : BRGM. 2009.
  • LEROUGE G., BESOMBES J.C., PIVETTE B., LE GALL J., GIGOT P., LEBRET P., VERNHET Y., Carte géologique. 2009.

Une histoire continentale
Le modelé du relief de cette région (fig. 1) est issu d’une longue histoire continentale.
En effet, dans les environs d’Ernée, il n’y a pas de trace de transgression marine depuis le Paléozoïque. Les reliefs ont évolué progressivement vers une surface d’aplanissement (pénéplaine). Les traces de cette surface (pénéplaine) ne sont conservées que sur le massif granitique dont l’altitude moyenne est proche ou supérieure à 200m. En revanche, elle a disparu sur les domaines des schistes et grès briovériens qui apparaissent en creux topographique autour des granites avec des altitudes inférieures à 140 m.
Cette pénéplaine est légèrement inclinée vers l’Est en direction de la vallée de la Mayenne et du bassin de Chantrigné. Les altitudes sont décroissantes d’Ouest en Est, elles passent de 220m à 180 m.

Fig. 1 – Modelé du relief à partir du MNT de la feuille d'Ernée (source BRGM) en grand format (nouvelle fenêtre)
Fig. 1 – Modelé du relief à partir du MNT de la feuille d’Ernée (source BRGM)



Une pénéplaine découpée en 3 blocs
La pénéplaine est découpée en trois blocs limités par des lignes d’érosion (vallées) plus ou moins profondes, d’orientation NNW-SSE :

  • Le bloc de Larchamp à l’Ouest s’incline vers la vallée de l’Ernée qui en constitue la limite est
  • Le bloc de Saint-Denis-de-Gastines, au centre, montre les plus hauts reliefs avec des altitudes de plus de 240 m au Sud de Carelles
  • À l’Est, celui de Saint-Mars-sur-Colmont (ce petit village, surplombant la vallée de la Colmont, est situé en limite ouest de la feuille de Mayenne) est le moins élevé. Ses limites sont plus ténues sauf le long de la vallée de la Colmont dans son tracé NNW-SSE

Sur les blocs de Larchamp et de Saint-Denis-de-Gastines, la surface d’aplanissement a une altitude plus élevée sur les limites occidentales qu’orientales. Cette dissymétrie crée un abrupt dans le modelé du relief d’un bloc à l’autre. Le dispositif correspond à un ensemble de blocs basculés vers l’Est avec une reprise d’érosion sur les bords soulevés. Ceci est confirmé par les encaissements d’une cinquantaine de mètres des vallées au niveau des limites occidentales des blocs. La pénéplaine est aujourd’hui très découpée par l’encaissement des vallées et ne subsiste que dans les zones d’interfluve assez étendues où sont conservés des placages sédimentaires fluviatiles.

Le massif granitique
Sur le massif granitique de Gorron, le modelé du relief est également contrôlé par des lignes de collines étroites, effilées, orientées NNW-SSE. Elles constituent des axes morphologiques de plusieurs kilomètres de long. Elles ont des altitudes supérieures à celles de la pénéplaine. Elles sont armées par les filons de dolérite nombreux dans la région. Leur densité est la plus forte dans le secteur de Gorron. Des collines aux pentes raides limitent, sur son pourtour, le massif granitique. Ces reliefs culminent à 210 m.
Au niveau de Landivy – Pontmain, les altitudes varient entre 180 et 250m et correspondant aux granitoïdes et cornéennes briovériennes associées. Le relief est fortement accidenté, du fait de vallées très encaissées, notamment au niveau des communes de Landivy et de Fougerolles-du-Plessy.

La colline de la Pellerine
Au niveau de La Pellerine, un filon de quartz se matérialise par une étroite colline linéaire. Elle marque le paysage sur plusieurs kilomètres de long selon une direction SW-NE (La Pellerine- Montaudin). Ce relief, dans le massif de Gorron, interrompt les axes morphologiques liés aux filons de dolérite.

Relief de la colline de La Pellerine en grand format (nouvelle fenêtre)
Relief de la colline de La Pellerine

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Autour d’Ernée (ville et rivière)
Dans la dépression topographique constituée par les sédiments briovériens au Sud d’Ernée (altitude moyenne 120 m), de petites crêtes d’interfluve très émoussées, sont alignées parallèlement à ce filon. Elles trahissent probablement des failles satellites de la structure principale associées à la mise en place du filon de quartz.

Dépression de l'Ernée (Juvigné) en grand format (nouvelle fenêtre)
Dépression de l’Ernée (Juvigné)



La rivière Ernée prend sa source entre Levaré et Saint-Berthevin-la-Tannière à une altitude de 225 m. Elle arrose l’agglomération d’Ernée et contourne par le Sud l’axe des collines de la forêt de Mayenne, armé par les grès paléozoïques. Elle rejoint, en rive droite, la Mayenne à Saint-Jean-sur-Mayenne, en amont de Laval. La partie amont du cours de l’Ernée et ses affluents de rive gauche, ont un tracé NE-SW. Ils dessinent un réseau parallèle. Puis, l’Ernée est guidé par les fractures NNE-SSW du secteur de Carelles. En aval d’Ernée, la rivière entre dans le domaine des « Schistes » briovériens. La pente diminue et le lit divague dans une vallée largement évasée. De petits méandres de plaines alluviales se développent. Au pied de la forêt de Mayenne, l’Ernée change de direction d’écoulement, à angle droit, à plusieurs reprises. Les sens d’écoulement y sont opposés. La vallée est de nouveau encaissée.

Les vallées de l’Ernée et de ses affluents montrent plusieurs directions privilégiées (N-S, NE-SW et WNW-ESE). Elles sont encaissées, à versants raides dans les granites. Ces modelés sont caractéristiques de vallées faillées d’orientation ENE-WSW. Les autres modelés du relief (en particulier, ceux liés aux filons) sont interrompus et décalés par ces structures.

La source de la Vilaine
À l’extrême sud de l’unité, la Vilaine prend sa source. Elle dessine une crosse qui l’entraîne d’abord vers le Nord et l’Est, puis, définitivement vers le Sud-Ouest. La ligne de partage des eaux, entre les écoulements dirigés vers la Manche et ceux vers l’Atlantique, est contrôlée par une structure tectonique régionale. Elle correspond à un axe haut orienté NE-SW de Levaré à La Pellerine.

Carte illustrant la source de la Vilaine et son début de parcours en boucle autour de Juvigné en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte illustrant la source de la Vilaine et son début de parcours en boucle autour de Juvigné

Perception du coteau de la Vilaine dans la dépression de l'Ernée (Juvigné) en grand format (nouvelle fenêtre)
Perception du coteau de la Vilaine dans la dépression de l’Ernée (Juvigné)



La forêt de Mayenne
La forêt de Mayenne occupe un haut et large plateau bordé de versants rectilignes, très pentés. Ces pentes sont recouvertes de tabliers d’éboulis de blocs et fragments de quartzite emballés dans une matrice graveleuse. La bordure de ce relief est constituée de collines effilées, orientées NE-SW, armées par les bancs de quartzite (Grès armoricain). Au Nord de la forêt, les collines changent brutalement de direction et deviennent E-W. De part et d’autre, des axes morphologiques en creux prolongent cette géométrie loin dans les granites ou dans les sédiments du Briovérien, lui conférant un caractère structural. L’ensemble du modelé des collines de la forêt de Mayenne est de type appalachien et traduit un soulèvement d’ensemble de la zone accompagné de reprises d’érosion.

Pour en savoir plus sur les paysages de bocage

Sources :

  • CAUE de la Vendée. Bien construire entre Sèvre et Maine. Conseil général de Vendée, 2015.
  • Pays de Loiron et de Laval. État Initial de l’Environnement du SCOT. 2014

Structure paysagère régionale dominante, le bocage, avec son maillage de haies plus ou moins denses, présente des variations non seulement dans sa composition mais aussi dans sa géométrie en s’adaptant au relief, à l’hydrologie, à la nature des sols et au mode de faire-valoir agricole. Ce dernier conditionne notamment l’équilibre entre pâtures et cultures caractéristique de ce paysage de polyculture-élevage. Le bocage se structure ainsi autour du triptyque haie/talus-fossé/mare et s’accompagne d’un petit patrimoine vernaculaire bien spécifique de chaque secteur. Cela lui donne une véritable qualité paysagère et contribue directement à la qualité du cadre de vie. Le bocage prend aussi d’autres fonctions primordiales dans la valorisation agricole des territoires et leur richesse écologiques. La disparition des haies peut être relativement dommageable compte tenu des différents rôles qu’elle peut jouer :

Paysage structuré par la trame des haies du bocage mayennais vu depuis le Mont Montaigu en grand format (nouvelle fenêtre)
Paysage structuré par la trame des haies du bocage mayennais vu depuis le Mont Montaigu

La haie, un régulateur climatique
La haie, en milieu agricole doit avant tout être efficace face aux effets du vent. Une bonne haie brise-vent protège efficacement un pré, une culture ou un bâtiment sur une distance de 10 à 20 fois sa hauteur selon sa perméabilité.
Une haie brise-vent protège les cultures des dégâts du vent : verse des céréales, trouble de la pollinisation, de chute et lacération des fruits dans les vergers…
De plus une haie améliore le climat de culture en réduisant l’évapotranspiration, en maintenant l’humidité et en réduisant les écarts de température. Le brise-vent augmente le rendement des productions végétales et animales, malgré la petite perte de terrain ou la faible concurrence de la haie par rapport à la culture pratiquée. Cette perte de terrain se chiffre de 2 à 3 % pour un terrain de culture (3 à 5 hectares) et de 3 à 4 % pour zone d’élevage (1 à 3 hectares).
On estime que les rendements des cultures abritées par des haies brise-vent sont augmentés de 6 à 20 % par rapport à une même culture en zone ouverte. De plus la quantité et la qualité (appétibilité) sont accrues (de 20 %) pour les cultures destinées au fourrage. La haie possède également l’avantage de protéger du soleil l’été.

La haie ralentit l’écoulement et purifie l’eau
Les haies implantées sur les flancs de pentes, même faibles freinent l’écoulement de l’eau, permettant son infiltration et de suite sa purification. Les haies servent de réservoirs à eaux assurant un débit régulier des cours d’eaux et créent une zone humide à son pied. De plus les arbres pompent le surplus d’eau pendant les périodes d’humidité, surtout au printemps lorsque la végétation se réveille. Les arbres absorbent de grandes quantités d’eau assainissant le sol. Une haie permet de dénitrifier les eaux, chaque arbre a des fonctions particulières. Cette ripisylve influe sur la dynamique même du cours d’eau : elle a des impacts sur l’écoulement de l’eau, les dépôts et érosions, les embâcles de bois morts et la stabilité des berges. Cette zone boisée épure l’eau des produits phytosanitaires car l’ensemble des systèmes racinaires filtre l’eau pour pouvoir nourrir les végétaux de minéraux et de substances nutritives comme l’azote. La haie joue également sur les concentrations de produits phytosanitaires, un peu comme les bandes enherbées de 10 mètres de large obligatoires le long de certains cours d’eau.

La haie limite l’érosion
Les haies empêchent également l’érosion des sols, en le retenant (Si une haie est plantée parallèlement aux lignes de niveau, alors les éléments transportés par l’érosion seront stoppés par la haie). Elles permettent également de maintenir les berges des cours d’eau.

La haie et ses ressources pour l’homme
Les haies sont encore une source d’énergie renouvelable, par le bois que fournit leur entretien. Cela induit des modes de gestion et une périodicité dans l’émondage, la coupe ou le recépage des arbres qui marquent très fortement le paysage de bocage en contraignant la silhouette des arbres qui de fait ne développent que rarement leur port naturel dans les haies. Les haies sont par ailleurs souvent plantées de fruitiers à proximité des exploitations constituant une ressource vivrière.

Gestion en têtard des frênes pour exploiter le bois dans le bocage du marais mouillé du Marais Poitevin (Chaillé-les-Marais) en grand format (nouvelle fenêtre)
Gestion en têtard des frênes pour exploiter le bois dans le bocage du marais mouillé du Marais Poitevin (Chaillé-les-Marais)

Le bocage : une trame verte écologique
Les haies sont un lieu de vie important pour diverses espèces et servent de refuges et de corridors écologiques, et sont donc à la source d’une richesse faunistique et floristique très importante.

Perception sociale du bocage et de la campagne
Dans le cadre de la réalisation de l’atlas régional de paysages, une enquête sociologique a permis de révéler non seulement l’importance du bocage dans la perception des campagnes mais aussi la diversité des perceptions et des modes de vie auxquels il renvoie. Les témoignages montrent l’imbrication entre l’identification du bocage et la spécificité des autres éléments du paysage ainsi que les différents modes de valorisation économique du territoire. L’ensemble des témoignages suivants permet d’apprécier toute la subtilité de ces perceptions.
Témoignages des participants sur leur attrait pour les paysages de campagne (du bocage à la diversité agricole du territoire) et les villages (lien vers témoignage)

Le bocage support de projet pour l’aménagement du territoire
Les dynamiques de disparition du bocage ou au moins de la distension de son maillage de haies amènent à réfléchir aujourd’hui à la trame bocagère de demain. La haie et le bocage deviennent de véritables objets de projet et ce à toutes les échelles opérationnelles. Les expériences, programmes de gestion ou replantation et fiches pédagogiques présentés ci-dessous, s’ils sont loin d’être exhaustifs, montrent bien la diversité des réflexions en cours à l’échelle de la région pour réinvestir cet élément d’identité qu’est le bocage pour accompagner la réflexion à toutes les échelles de l’aménagements des territoires ruraux :


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