Les caractères de la presqu’île guérandaise
Une histoire géologique à l’origine d’un littoral complexe, où terre et mer se sont mélangées
Un relief peu accentué mais marqué de crêtes qui mettent en scène le paysage
Le relief met clairement en lecture les trois sillons qui structurent cette unité paysagère séparant les deux zones de marais. Ces derniers, quasi plans au niveau de la mer, soulignent les coteaux plus ou moins élevés qui les entourent :
- la petite crête urbanisée du Croisic au Pouliguen,
- le sillon plus marqué de Guérande,
- les coteaux doux de Saint Molf et Asserac.
Au revers des coteaux marquant la direction nord ouest / sud est, on retrouve des plateaux faiblement inclinés vers le nord est légèrement ondulés par des vallons qui suivent cette même direction. Le relief y est peu mouvementé mais suffisamment ondulé pour créer des animations dans la perception des paysages.
Un paysage entre terre et mer : les marais de Guérande et du Mès
Le marais salant est un véritable bas-relief sculpté par le labeur de l’homme. Ainsi, talus et canaux organisent une succession de bassins pour concentrer progressivement le sel. L’horizon est donc dégagé sur la vaste étendue du marais. Dans ce paysage ouvert, le regard est suspendu entre le ciel et son reflet dans la mosaïque aquatique. Pas même la trame des bossis, les levées de terre organisant les salines, ne constituent une accroche visuelle. Chaque élément vertical (bâti, végétal), qui se dresse dans cette étendue horizontale, est porteur d’une force paysagère importante.
Pour en savoir plus sur les marais salants
Des plateaux bocagers qui se referment…
Sur les plateaux entre les marais, le réseau bocager est encore dense par endroits. On y retrouve une composition mixte de feuillus (chênes pédonculés, chênes verts) et de conifères (pins et cyprès de Lambert) caractéristiques du nord-ouest du département. La particularité de ce bocage est certainement d’avoir des feuillus peu développés à la silhouette pittoresque. Cette trame bocagère est ponctuée de boisements qui referment ponctuellement l’espace.
La trame bocagère dense de petits chênes pédonculés, de chênes vert sombre et de pins graphiques délimite un patchwork de prairies de pâtures et de cultures céréalières. Plus on s’approche des marais salants et plus l’air se charge d’embruns ; la végétation se transforme, devient plus petite pour se limiter aux roseaux, aux chênes verts, aux tamaris et aux salicornes colorées dans les marais. Une large gamme de couleurs et de textures se décline subtilement dans ces paysages.
Par ailleurs, la pression urbaine rétro-littorale et la proximité des grandes agglomérations (la Baule, Saint Nazaire) ont catalysé la diffusion urbaine dans ces plateaux bocagers. Les prairies de pâtures ont laissé place aux jardins horticoles des pavillons.
Un patrimoine bâti
Une architecture vernaculaire de qualité
Le paysage est marqué par des éléments remarquables tels que monolithes, moulins à petit pied ou châteaux de granit. Avec ses longères de granit, ses enduits chaulés, ses cheminées sur pignons, ses lucarnes en chien assis, et ses couvertures en ardoise et chaume l’architecture traditionnelle renvoie directement à l’identité bretonne. Si le bâti ancien en granit reste très discret dans le paysage par ses teintes sombres, les façades blanches des bords de marais jouent d’un fort contraste. Les pavillons récents sortent aujourd’hui clairement de ces identités architecturales pour les banaliser. Très présents sur l’horizon du marais, les vieux moulins en poivrière et les salorges renvoient aux activités ancestrales qui ont fondé ces paysages.
Une cité médiévale fortifiée, soumise à pression
Cité médiévale fortifiée, la ville de Guérande se distingue particulièrement par la qualité des ambiances urbaines de son centre ancien. Dans l’enceinte entourée de douve s’enchevêtrent de nombreuses ruelles bordées de maisons à colombage ou de façades de granit. Cependant le développement de Guérande se poursuit en dehors des murs. Il n’a pas non plus été contenu par les contournements successifs.
A la charnière entre les marais et le plateau bocager, perchée sur son coteau, l’ancienne cité fortifiée médiévale de Guérande profite d’une véritable position en belvédère sur le marais. Encore enceint de murs et de douves, le cœur ancien de la ville garde ses ambiances pittoresques de ruelles commerçantes débouchant sur la grande place de l’église. Les évolutions urbaines successives ont aujourd’hui enchâssé la cité dans un tissu urbain contemporain plus banal qui s’articule autour des voies de contournement.
Guérande est toujours aujourd’hui le carrefour de ces paysages à la fois marins et terrestres. Symboles de cette position de charnière, les moulins à petit pied ponctuent encore aujourd’hui les coteaux autour du marais profitant des vents qui s’engouffrent par le Traict pour moudre les productions du plateau (blé noir, blé…) Si ces bourgs constituent un des caractères de la composition du paysage de la presqu’île guérandaise, l’impact de leur développement est précisé dans le chapitre des dynamiques paysagères.
Des infrastructures adaptées à l’essor touristique
Le chemin de fer au sud de l’unité a été un vecteur d’évolution majeur des paysages puisqu’il a permis l’essor du tourisme balnéaire. La "route bleue", axe structurant Nord-Sud formé par la D114, puis la RN171 au sud, présente un profil de voie rapide et marque fortement le paysage par ses franges boisées et par la rupture fonctionnelle et visuelle qu’elle constitue. Sur l’axe viaire, le paysage est celui d’un grand couloir vert qui ne s’ouvre qu’au niveau de l’échangeur de la Baule avec une vue plongeante sur les marais salants.
Si les infrastructures constituent un des caractères de la composition du paysage de la presqu’île guérandaise, l’impact de leur développement est précisé dans le chapitre des dynamiques paysagères.
Pour aller plus loin sur le patrimoine culturel et naturel
Patrimoine culturel :
- Consulter l’article Les paysages institutionnalisés
- Consulter la rubrique "Sites et paysages" sur le Portail de données communales de la DREAL Pays de la Loire
- Consulter l’Atlas des Patrimoines du Ministère de la Culture
- Consulter les Bases Architecture et Patrimoine du Ministère de la Culture
Patrimoine naturel :
- Consulter la rubrique "Patrimoine naturel" sur le Portail de données communales de la DREAL Pays de la Loire
- Trame verte et bleue : consulter le Schéma régional de cohérence écologique (SRCE) des Pays de la Loire
Source bibliographique
- VU D’ICI, AGENCE ROUSSEAU, ALTHIS, AQUALAN. Atlas des paysages de Loire-Atlantique. DREAL des Pays de la Loire, DDTM de Loire-Atlantique. 2010.