Les caractères de l’agglomération lavalloise
Par souci de cohérence entre les différents documents assurant la gestion de ce territoire (AVAP, PLU, SCoT), et dans la mesure où leurs diagnostics sont récents (2014-2015), les éléments de caractère de cette unité sont extraits des diagnostics ayant servi à les élaborer.
LAVAL « Vallis Guidonis », un site urbain sur la vallée de la Mayenne
LAVAL (« Vallis Guidonis ») tire son originalité de l’usage d’un site en vallée où les hauteurs de la rive droite contrastent avec les espaces aux reliefs moins accentués de la rive gauche.
Le site lavallois tire son nom même de son caractère vallonné (« Vallis »). Il s’ordonne autour d’un encaissement fort dû au creusement de la rivière qui, par ses méandres, a ordonné l’ensemble du paysage. Ainsi, en creusant la vallée de schistes et de calcaires, la rivière a pu développer, rive gauche, une vaste plaine alluviale qui ne sera que tardivement urbanisée. Les calcaires et schistes de la rive droite, offrant souvent une plus grande résistance à l’érosion, ont conduit au développement d’un paysage de plateaux plus accentué sur cette rive. Les coteaux, creusés par les ruisseaux, présentent un paysage alternant vals et tertres ou hauteurs (La Valette, le Tertre Souchard, Vaufleury, les Vaux, le Haut-Rocher, etc.) tandis que les pentes sont aménagées en accès - « roquets » - jusqu’aux plateaux, voies et berges (« badoires » jusqu’à la création des quais). Les reliefs s’ordonnent, du nord au sud, à partir des deux rives :- Sur la rive droite, celle du château, ceux-ci prennent la forme d’un vaste croissant, intégrant les hauteurs d’Hilard, Bel-Air, Beauregard et Beausoleil sur un bord avec Les Fourches en arrière-plan, puis, sur l’autre bord le bourg castral, La Perrine et Le Gast. Ce dernier ensemble s’articule lui-même à une deuxième cuvette comprenant en arrière-plan, Le Bourny et en deuxième versant, le Tertre Souchard et l’Huisserie.
- Sur la rive gauche, les reliefs moins nombreux s’ordonnent autour de trois hauteurs autour des Vignes, de La Senelle et du bois Gamats qui émergent au centre d’une très vaste cuvette inondable. Dans ce contexte de reliefs accentués, les ruisseaux ont pu creuser de vastes cuvettes perpendiculaires à la rivière.
Un paysage géologique original lié au synclinal de Laval
La formation des calcaires de Laval est bien identifiée en ville où elle affleure, entre autres, sous le château (rue du Val de Mayenne). On la connaît dans les quartiers occidentaux de la ville (Les Fourches). Cependant, la plus grande partie de la formation est constituée de calcaires gris-bleu à noirs. Reconnus au long de la vallée de la Jouanne, on les désigne souvent sous le nom de « calcaires de Forcé ». Un autre faciès correspond à des calcaires verts ou roses à forte schistosité, que l’on peut identifier au rocher du Saut-Gauthier, le long de la route menant de Pritz à Changé, ainsi qu’à l’ouest de Saint-Berthevin (Les Guélinières). L’ensemble de ce sous-sol lavallois a été très tôt mis en valeur, que ce soit les argiles (hameau de St Pierre des Potiers), les « grès roussards » (entourage des baies et angles des édifices religieux, civils et militaires jusqu’au XIIIème siècle) ou les calcaires de Laval. Ceux-ci ont été utilisés tout d’abord comme pierre à bâtir. Les calcaires bleus ou gris forment ainsi le matériau privilégié des murs sous enduits des édifices lavallois comme des clôtures de propriété. Certains gisements de calcaire rose ou noir ont par ailleurs été employés à partir du XVIème siècle pour l’ornementation et la réalisation de mobiliers. Les marbres de Saint-Berthevin, d’Argentré et de Louverné (plus connus sous l’appellation de marbre de Laval) ou ceux de La Bazouge-de-Chémeré, de Bouère, de Saint-Brice et de Cossé-en-Champagne (qui, par leur situation géographique, sont dits « marbres de Sablé ») ont été largement utilisés dans la construction des retables du Maine et des provinces environnantes, mais aussi d’éléments mobiliers tels que cheminées, vasques, bénitiers, fonts baptismaux et dalles à usages divers. Enfin, jusqu’au premier tiers du XXème, le calcaire lavallois a permis la mise en place d’une industrie de la chaux prospère dont les vestiges sont encore visibles sur la commune de Laval mais aussi à Saint-Berthevin par exemple.Pour en savoir plus sur les matériaux exploités dans le coeur de la Mayenne
Un paysage de bois et de bocage en ceinture d’agglomération, sous pression urbaine
L’enchaînement de la forêt de Concise, du Bois de l’Huisserie et du Bois-Gamats maintient une forte logique forestière au sud. L’essentiel du terroir restant fait l’objet d’une large occupation : les plateaux sont encore aujourd’hui caractérisés par des parcelles bocagères desservies par des chemins ruraux de grande longueur. Cette exploitation est à mettre en rapport avec les défrichements anciens (toponymes en « ière » ou « erie », voire plus anciens encore : « Pritz », « Bootz », « Nez Brûlée », etc). Extrait de l’AVAP de Laval
Une ceinture boisée au sud
Depuis l’extérieur, ces bois s’apparentent à des écrans visuels induisant des phénomènes d’épaulement, fermant l’horizon quand il est dégagé et orientant les vues. La force et l’impact de ses lisières est d’autant plus marquant quand le paysage est ouvert, ce qui est variable sur cette unité du fait de l’importance du réseau bocager à proximité. Aux portes de la ville, leurs ambiances boisées, d’échelle intime et à forte valeur récréative, contribuent à un cadre de vie de qualité.
- Le Bois de l’Huisserie situé au sud-ouest du territoire recouvre une surface de 250 hectares. Ce bois est en partie propriété de la Ville depuis 1955. De nombreux aménagements ont été réalisés sur le site : parcours de santé, tables de pique-nique, jeux pour enfants, pistes cavalières, circuits VTT. Le Bois de L’Huisserie relève depuis le 1er janvier 2001 de la compétence de Laval Agglomération qui en assure la gestion dans le cadre d’un plan d’aménagement, élaboré conjointement avec l’Office National des Forêts. Il accueille entre autres le Centre de Loisirs La Blancherie et le Centre d’Initiation à la Nature (C.I .N.). Le Bois de l ’Huisserie est soumis au régime forestier. Il est composé d’une strate arborée (châtaignier, hêtre, chêne sessile, bouleaux verruqueux, pin sylvestre, pin noir, épicéa de sitka, alisier torminal) et d’une strate herbacée. Extrait de l’AVAP de Laval
- Le Bois de Gamats (bois communal), situé au sud-est du territoire. Il est soumis au régime forestier. Il est composé d’une strate arborée (Châtaignier, chêne sessile, bouleau pubescent, pin sylvestre, hêtre, peuplier tremble, chêne pédonculé, alisier torminal) et d’une strate arbustive riche et variée. Extrait de l’AVAP de Laval
Des paysages agricoles enclavés
L’unité paysagère de l’agglomération lavalloise compte un nombre restreint mais notable d’enclaves agricoles au cœur de son tissu urbain. Les fermes semblent tenir leur position, au cœur d’une enclave de grande culture où quelques haies, parfois dégradées (sans strate arbustive mais uniquement arborée en tige et cépées), rappellent le contexte bocager. Ces haies apportent une certaine profondeur visuelle par le jeu des écrans successifs et permettent d’intégrer les équipements agricoles. Le monde équestre est particulièrement représenté alliant vocation agricole et activités récréatives au cœur du tissu urbain.
Si elles constituent de véritables respirations dans les paysages lavallois, et affirment l’ancrage rural de la ville, depuis le cœur de ses enclaves agricoles, le regard est partout bloqué par un front bâti résidentiel ou industriel. La pression qui s’exerce sur ces microterritoires agricoles est visible et perceptible. (cf. chapitre sur les dynamiques paysagères)
Le développement de la ville de Laval a soumis à une très forte pression urbaine, les bourgs périphériques qui se sont développés en prenant appui sur la maille bocagère. Les plateaux vallonnés et bocagers sont aujourd’hui fortement investis par l’urbanisation, ce qui rend parfois leur perception et leur lecture difficile, tant ils sont noyés dans le développement urbain. Ils déclinent ainsi un concept de « bocage urbain » qui assure un cadre de vie verdoyant et une relativement bonne intégration des extensions. Si le développement de ces bourgs constitue un caractère identitaire de l’unité paysagère, il est développé dans la partie des dynamiques paysagères.
Des ambiances urbaines variées qui dessinent chacune leur « micropaysage »
L’agglomération lavalloise c’est aussi bien sur un tissu urbain dense et diversifié, construit au fil des temps dans un développement centrifuge du coeur historique sur la Mayenne vers les bourgs périphériques. Les différents types d’organisation urbaine de l’agglomération sont précisés dans les sous-unités paysagères et surtout dans le chapitre sur les dynamiques paysagères.
Les extensions de l’agglomération ne se sont pas faites progressivement mais par « blocs », par pans de ville entiers, et ont ainsi formé une mosaïque de quartiers qui définit une ambiance globalement « verte ». Dans les paysages urbains lavallois, l’eau et la végétation restent très présents :- Des parcs, jardins, squares et boisements qui s’accrochent au coteau de la Mayenne et aux vallons adjacents
- Des cœurs d’îlots très verts que l’on perçoit parfois depuis les rues, en échappées de jardins
- Des avenues plantées qui marquent les entrées ou la ceinture de la ville (tradition mayennais de l’alignement routier)
- Des tissus pavillonnaires où les jardins sont roi
Des infrastructures qui traversent, ceinturent et cloisonnent
Le cœur de la Mayenne est un axe de desserte historique et économique entre Rennes et le Mans et entre l’Anjou et la Normandie par l’axe de la Mayenne. Il accueille, de fait, un réseau dense d’infrastructures qui se succèdent selon des lignes plus ou moins parallèles, affichant une direction est-ouest : développement du réseau viaire autour de la RD 57, de l’autoroute A81, du réseau ferré (voie ferrée Paris – Brest). Ce réseau est complété par les départementales structurantes en étoile depuis Laval et les rocades lavalloises :
- RD 900 au nord et à l’ouest, RD57 au sud en première couronne et,
- l’initiation d’une deuxième couronne à l’est et au sud RN 160 et à l’ouest par le Boulevard Marius et René GRUAU.
Pour aller plus loin sur le patrimoine culturel et naturel
Patrimoine culturel :
- Consulter l’article Les paysages institutionnalisés
- Consulter la rubrique "Sites et paysages" sur le Portail de données communales de la DREAL Pays de la Loire
- Consulter l’Atlas des Patrimoines du Ministère de la Culture
- Consulter les Bases Architecture et Patrimoine du Ministère de la Culture
Patrimoine naturel :
- Consulter la rubrique "Patrimoine naturel" sur le Portail de données communales de la DREAL Pays de la Loire
- Trame verte et bleue : consulter le Schéma régional de cohérence écologique (SRCE) des Pays de la Loire
Sources bibliographiques
- CERESA, Atelier TRIGONE. Atlas des paysages du département de la Mayenne. 3 tomes. DIREN Pays-de-La-Loire, 1999.
- Les Cahiers du Conservatoire. La vallée de la Mayenne, un territoire en projet. Rencontres Conservatoire régional des rives de la Loire et de ses affluents, 2002.
- L’État Initial du PLU de Laval (Architecture Action – Mosbach Paysagistes-Inddigo Janvier 2015) et par voie d’incidence Xavier Villebrun – Service patrimoine et "Histoire géologique de la Mayenne"- sous la direction de Jérôme Tréguier (lui-même cité comme source dans le PLU)
- Architecture Action – Mosbach Paysagistes-Inddigo. Annexe Diagnostic de l’AVAP de Laval. 2015.
- Pays de Laval et de Loiron. Schéma de Cohérence territoriale. 2014.
- LE GALL J., VERNHET Y., LACQUEMENT F., GAUQUELIN J.-L., ROBERT A., COCHERIE A., NAVEAU J. Notice explicative de la carte géologique de la France (1/50 000), feuille Laval (319). Orléans : BRGM, 2011.
- LE GALL J., GIGOT P., SAVATON P., LACQUEMENT F., POPRAWSKY Y., VERNHET Y. Carte géologique. Orléans : BRGM, 2011.