L’agglomération lavalloise (UP6)

publié le 22 décembre 2015 (modifié le 5 janvier 2017)

Pour en savoir plus sur La Mayenne

Source : Les Cahiers du Conservatoire. La vallée de la Mayenne, un territoire en projet. Rencontres Conservatoire régional des rives de la Loire et de ses affluents, 2002.
La Mayenne est la rivière majeure du département qu’elle traverse selon un axe Nord-Sud. Elle prend sa source au Mont des Avaloirs, point culminant de l’ouest de la France, sur la commune de La Lacelle dans l’Orne, et conflue, 195 km en aval, avec la Sarthe et le Loir pour former la Maine, au nord de l’agglomération d’Angers.

Des établissements humains particuliers

  • La rivière est considérée comme un rempart naturel défensif, propice à l’implantation de camps fortifiés (Moulay, Entrammes) et notamment sur les éperons de confluence (Sacé et Saint-Jean-sur-Mayenne)
  • Une voie de choix entre la Normandie et l’Anjou : le comte Foulque Nerra (972-1040) fait ériger des forteresses à Château-Gontier (1007), Mayenne (1015), château de Laval (en bois en 818, détruit en 838 et reconstruit en pierre en 1020). De nombreux châteliers sont implantés entre le IXème et le XIème, sur des rochers au détour d’un coude
  • Du XIIème au XIXème siècle, évolution du système défensif à des demeures plus grandes, ouvrant sur la vallée avec l’influence architecturale du retour des guerres d’Italie, le tuffeau… qui modifient le paysage de la vallée, avec aussi la valorisation des terres associée à des parcs et promenades vers la rivière au XIXème
  • La majorité des bourgs a préféré investir les affluents. Seules les communes de Changé, Saint-Jean-sur-Mayenne, Montgirou et Rochefort ont colonisé les rives de la Mayenne

Une rivière aménagée au fil du temps pour des usages différents

  • Des pêcheries faites de pierres et de branchages au Moyen Age
  • Les moulins à eau en association avec la construction des barrages
  • Les chaussées nécessaires à la navigabilité de la rivière dès la construction des châteaux sur les 3 villes phares (11 barrages existaient au XI° siècle entre Château-Gontier et Angers), en parallèle aménagement du chemin de halage
  • En 1536, les riches marchands de toiles lavalloises exigent la canalisation de la Mayenne pour faciliter le commerce : construction de 27 barrages avec pertuis (ou portes marinières ancêtre des écluses) entre Laval et Angers, elle devient navigable 6 mois par an pendant les hautes eaux
  • Au XVIème siècle, le Cardinal Mazarin entreprend de rendre la Mayenne navigable jusqu’à la ville de Mayenne, trop couteux, les travaux s’arrêtent à sa mort à Saint-Jean-sur-Mayenne
  • Au XVIIIème siècle, Laval devient une véritable plaque tournante du commerce mayennais. La rivière est bordée de Moulins à blé et à tans, de filatures, d’usines de tissages, de tanneries et de lavanderies
  • Le 31/05/1846, la canalisation de la rivière est autorisée par une loi : les barrages remplacent les chaussées, 37 écluses à double sas sont construites entre Mayenne et Daon, de nombreux moulins sont détruits
  • En 1863, la rivière devient navigable jusqu’à Mayenne. La chaux produite dans le bassin de Laval arrive ainsi dans le nord du département permettant aux agriculteurs d’amender leurs sols
  • Au XIXème siècle, l’ensemble des quais des villes de Laval, Mayenne et Château-Gontier est construit, restructurant les fronts urbains et donnant aux villes leur visage actuel
  • 1855, concurrence du train, puis extension du réseau routier… en 1975, arrêt du transport de marchandises sur la Mayenne
  • Aujourd’hui, la Mayenne n’est plus un axe commercial et artisanal mais plutôt un axe touristique avec le tourisme vert, la navigation de plaisance

Pour en savoir plus sur les matériaux exploités dans le cœur de la Mayenne

Source : LE GALL J., VERNHET Y., LACQUEMENT F., GAUQUELIN J.-L., ROBERT A., COCHERIE A., NAVEAU J (2011) – Notice explicative, Carte géol. France (1/50 000), feuille Laval (319). Orléans : BRGM, 261 p. Carte géologique par Le Gall J., Gigot P., Savaton P.,Lacquement F., Poprawsky Y., Vernhet Y. (2011).

Carte schématique du synclinorium de Laval illustrant l'alternance des secteurs calcaires et schisto-gréseux (source : Catherine Arnoux – Alpes Spéléo) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte schématique du synclinorium de Laval illustrant l’alternance des secteurs calcaires et schisto-gréseux (source : Catherine Arnoux – Alpes Spéléo)



Durant le siècle dernier, de très nombreuses exploitations artisanales, ouvertes pour certaines depuis la moitié du XIXe siècle, ont fonctionné pour alimenter la région en matériaux divers. Les principaux matériaux exploités étaient les suivants :

  • les grès pour les matériaux d’empierrement et les moellons : outre les carrières de La Croixille exploitant la Formation de La Lande-Murée (la Moutonnière, les Haies-Morin, la Petite-Bournie, Permoine, Princé), les grandes carrières étaient toutes implantées dans la Formation du Grès armoricain (Petit-Thuré dans le bois de Chatenay au Sud de Juvigné ; Maillé près de Bourgon ; la Boisardière à Chailland ; Camp-Français, rive gauche de la Mayenne) ;
Front de taille de l'ancienne exploitation de grès du Petit-Thuré (Juvigné) en grand format (nouvelle fenêtre)
Front de taille de l’ancienne exploitation de grès du Petit-Thuré (Juvigné)

  • le granite pour les pierres de taille : les grandes exploitations étaient toutes situées sur les deux rives de la Mayenne, dans le secteur de Rochefort. Elles ont servi, en particulier, à la construction des principaux ponts sur la Mayenne ;
Horizon boisé ponctué par les concasseurs de l'exploitation des rhyolites, roche volcanique recherchée pour les granulats et empierrement (Entrammes) en grand format (nouvelle fenêtre)
Horizon boisé ponctué par les concasseurs de l’exploitation des rhyolites, roche volcanique recherchée pour les granulats et empierrement (Entrammes)

  • le calcaire pour la chaux et pour la marbrerie : à l’apogée de son exploitation, en 1872, le département de la Mayenne comptait 245 fours produisant de la chaux. À partir de 1875, et surtout dans la période comprise entre 1885 et 1890, la pratique du chaulage des terres diminuant, la plupart des fours s’éteignirent, entraînant le déclin de l’extraction du charbon qui alimentait la majorité de ces fours (Musset, 1917). Les principales carrières exploitant les calcaires dévoniens et carbonifères étaient très nombreuses. Celles ouvertes dans la Formation de Saint-Céneré étaient situées à Saint-Jean-sur-Mayenne, à Saint-Germain-le-Fouilloux (la Roussière, 1912), à Saint-Roch (la Jaslerie) et à La Baconnière (la Poupardière). Les plus grandes exploitations de calcaire carbonifère étaient localisées à Louverné (les Aumônes, les Gravus), à Changé (Saint-Roch, Rochefort, la Coudre), à Saint-Berthevin (le Petit-Beauchêne, les Guélinières, la Perche), à Saint-Ouën-des-Toits (la Viosne, la Folie), à Bourgneuf-la-Forêt (les Brosses), à Bourgon (le Petit Meslard, la Clairie, le Logis, le Haut Feil, Boisbel, la Fleurardière) et à Saint-Pierre-la-Cour (l’Euche, Feux-Vilaine) ;
Ancien four à chaux de Parné-sur-Roc en grand format (nouvelle fenêtre)
Ancien four à chaux de Parné-sur-Roc

Exploitation des calcaires carbonifères, calcaires à chaux, pour la cimenterie du groupe Lafarge (Saint-Pierre-La-Cour) en grand format (nouvelle fenêtre)
Exploitation des calcaires carbonifères, calcaires à chaux, pour la cimenterie du groupe Lafarge (Saint-Pierre-La-Cour)


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  • l’industrie marbrière s’implanta à Laval après l’ouverture de la première carrière à Saint-Berthevin dès 1647. On y exploitait des calcaires marbres jaspés de rouge, de blanc et de gris ardoise, baptisés « rouge de Laval » et « noir de Laval » ;
  • les filons de dolérites pour l’empierrement : comme le granite, les principales exploitations se situaient, au Nord de Rochefort, en bordure de la Mayenne tant en rive gauche (le Plessis) qu’en rive droite (la Nourrière) ;
  • l’argile pour la fabrication de briques à l’image de la Briqueterie à l’Ouest de La Baconnière qui tirait sa matière première des altérites développées à partir des siltites et argilites de la Formation du Val ; et que l’on retrouve aussi dans les encadrements des ouvertures en modénatures
Architecture industrielle caractéristique des briqueteries (La-Bazouge-de-Chémeré) en grand format (nouvelle fenêtre)
Architecture industrielle caractéristique des briqueteries (La-Bazouge-de-Chémeré)

  • le sable pour la construction, tiré soit des arènes granitiques, soit des alluvions et terrasses de la Mayenne telle l’ancienne sablière dite du « Vatican » qui exploitait une basse terrasse de la Mayenne à Changé (carrière transformée en plan d’eau) ;
  • les volcanites acides (ignimbrites) pour la confection des parois réfractaires des fours (exemple de l’ancienne carrière, dite de « la Brique », à l’Est de Changé).