Après le déclin lié aux invasions barbares, un territoire qui s’organise entre ordres religieux et militaires

publié le 10 décembre 2014 (modifié le 4 janvier 2017)

Ce volet décrit le territoire délaissé voire dévasté pendant les invasions barbares, le nouveau paysage composé par les ordres religieux et le réseau de forteresses des marches de Bretagne.


Un territoire délaissé voire dévasté pendant les invasions barbares

Avec les invasions barbares, le système agricole se délite progressivement (en quelques siècles IV et Vème siècles). Des pans entiers de territoire sont abandonnés et les anciens champs s’enfrichent puis se boisent. La forêt secondaire domine alors sur de vastes secteurs.

Les villas romaines se transforment en villages. Ces villages sont à l’origine des bourgs ruraux que nous connaissons aujourd’hui.

Les bourgs ruraux, des structures issues des regroupements bâtis moyenâgeux en grand format (nouvelle fenêtre)
Les bourgs ruraux, des structures issues des regroupements bâtis moyenâgeux

Les ordres religieux composent un nouveau paysage

Les clairières diocésaines

Avec le développement du christianisme, vers le Vème siècle, la vie rurale s’organise en diocèses qui apparaissent comme des clairières sur les arrière-plans boisés. Les abbayes participent au processus général de défrichement, d’irrigation et d’assainissement, les troupeaux paissant dans les landes en lisière des forêts.

Églises et abbayes sont encore visibles aujourd’hui et sont conçues sous les préceptes de l’art préroman (abbaye bénédictine de Saint-Michel-en-l’Herm) ou roman (abbaye de Fontevraud), dont les riches détails ornent les paysages calcaires de Vendée et de l’Anjou blanc. Avant cela, les églises simples sont constituées de bois et ont laissé peu de traces.

Abbaye de Fontevraud, un témoignage de l'art roman du XIIème siècle en grand format (nouvelle fenêtre)
Abbaye de Fontevraud, un témoignage de l’art roman du XIIème siècle



Le développement des domaines viticoles

Les abbayes et monastères sont attachés aux vignes et leur prodiguent des soins constants. Les domaines viticoles accompagnent les abords de châteaux et des villes, qui constituent les principaux débouchés pour les vins. Les vignes étaient alors conduites par marcottage (mode de multiplication végétative par enracinement des rameaux d’un plant-mère sans que ceux-ci ne se séparent de ce dernier), ce qui leur donne un aspect plus désordonné que régulier, contrairement à aujourd’hui.

Les premières opérations de valorisation des marais

Les marais et les zones humides sont également soumis à l’action de mise en valeur pour tirer parti de ces milieux. Les premiers canaux sont tracés et les premières terres sont gagnées par drainage sur la mer, ce sont les premières étapes de mise en salubrité. Le marais poitevin fait l’objet d’un aménagement planifié qui commence à dessiner les marais desséchés et humides, tandis que le marais breton-vendéen fait l’objet d’un aménagement informel conduisant à des parcelles irrégulières. C’est l’essor de la saliculture et d’un commerce florissant.

Carte montrant la morphologie des Marais Breton Vendéen et Poitevin avant leur assèchement, Archives Départementales de Vendée, Côte 7 Fi 527 en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte montrant la morphologie des Marais Breton Vendéen et Poitevin avant leur assèchement, Archives Départementales de Vendée, Côte 7 Fi 527



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Le défrichement de la forêt et l’apparition de l’openfield mosaïque

Ce travail de défrichement s’accélère à partir du XIe siècle, tandis que la croissance de la population génère des besoins nécessitant de cultiver les terres occupées par la forêt. Ces phénomènes s’accompagnent de l’apparition de la charrue, dont le maniement exige des champs tout en longueur.

L’openfield remplace progressivement la forêt, qui se trouve totalement morcelée. Le grand nombre d’animaux impose d’utiliser les champs en tant que pâture à travers la mise en place de temps de jachère. Les champs sont bornés de pierre mais n’ont plus de clôtures pour permettre la vaine pâture : "Anciennement, après la levée du foin ou de la récolte, les troupeaux individuels ou collectifs pouvaient parcourir toutes les parcelles sans que le propriétaire de celle-ci puisse s’y opposer ; mais chacun d’entre eux ne pouvait envoyer paître qu’un troupeau proportionnel à la surface des terres qu’il livrait lui-même à la vaine pâture (on dit aussi vide pâture)" (source : Roger ÉTEILLE, "PÂTURE VAINE", "Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 25 novembre.2015.
URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/vaine-pature/

Il en résulte un paysage ouvert où seuls les abords des villages montrent une mosaïque culturale par les cultures de proximité (jardins, vergers).

Les marches de Bretagne, un réseau de forteresses en limite territoriale

Les premiers ouvrages défensifs du Moyen-Age sont les mottes castrales, d’abord de bois puis de pierre. Des traces sont visibles un peu partout dans la région : à Doué-la-Fontaine, à Saint-Loup-du-Gast, aux Essarts… les mottes ont souvent été remplacées par des châteaux.

Une particularité se dégage au VIIIe siècle avec l’apparition de conflits récurrents entre les Bretons et les Francs. Pour surveiller et protéger les frontières franques des incursions bretonnes, des forteresses sont érigées et donnent lieu aux Marches de Bretagne, établies en deux temps suite aux mouvements de frontière.

Plus tard, les châteaux forteresses sont peu à peu remplacés par des châteaux de villégiature à partir du XIVe siècle, d’architecture gothique flamboyante comme les châteaux de Saumur et de Baugé.

Carte des forteresses des Marches de Bretagne en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte des forteresses des Marches de Bretagne

Le château de Pouancé, une forteresse des Marches de Bretagne en grand format (nouvelle fenêtre)
Le château de Pouancé, une forteresse des Marches de Bretagne