Un héritage physique et économique qui explique l’organisation du bâti

publié le 11 décembre 2014 (modifié le 4 janvier 2017)

Ce volet décrit la Loire comme secteur d’implantation privilégié, l’habitat dispersé dans les terres d’élevage, l’habitat groupé sur les terres calcaires et l’implantation en point haut dans les marais.


La Loire, un secteur d’implantation privilégié

L’eau a toujours joué un rôle certain quant à l’implantation des hommes et par extension au développement urbain. Dès l’antiquité, la Loire a connu les premières implantations de villages structurés. Tout en se prémunissant d’un emplacement trop risqué à proximité immédiate de l’eau, les centres anciens se sont majoritairement situés en bordure des vallées et plus particulièrement sur les points de confluences. Le développement des villages ligériens s’est effectué de manière linéaire, longeant les coteaux, là où les villages « dans les terres » ont longtemps conservé un développement circulaire.

A l'image de la majorité des villages ligériens, les implantations de Chalonnes-sur-Loire et Saint-Florent-le-Vieil sont linéaires, le long des coteaux. - Extrait carte de Cassini 1750-1790 (source : IGN) en grand format (nouvelle fenêtre)
A l’image de la majorité des villages ligériens, les implantations de Chalonnes-sur-Loire et Saint-Florent-le-Vieil sont linéaires, le long des coteaux. - Extrait carte de Cassini 1750-1790 (source : IGN)



Les hameaux privilégient, lorsque cela est possible, une implantation sur des zones de relief dans le val ou derrière des levées. En outre, le bâti s’organise dans le sens du courant, ce qui permet de limiter les zones de poussée de l’eau lorsque celle-ci monte et donc de limiter les dégâts.

Silhouette urbaine en lentille en bord de Loire (Ancenis) en grand format (nouvelle fenêtre)
Silhouette urbaine en lentille en bord de Loire (Ancenis)

La Loire marque une séparation nette à l'échelle régionale par rapport à l'implantation des villages et à la diffusion urbaine dans les secteurs ruraux. (source : IGN) en grand format (nouvelle fenêtre)
La Loire marque une séparation nette à l’échelle régionale par rapport à l’implantation des villages et à la diffusion urbaine dans les secteurs ruraux. (source : IGN)

Un habitat dispersé dans les terres d’élevage

« Il commença à entonner en imagination le cantique du Bocage, tel qu’il ressuscitait de ses souvenirs d’enfance, tel qu’il n’était déjà plus. (…) Chaque tournant du chemin pousse une porte précautionneuse, et derrière vous une autre se referme. Paysage traversé comme une maison compliquée, une chambre après une chambre – toutes les portes en chicane, et jamais deux barrières en vis-à-vis. L’absence complète de repères… » (Julien Gracq. La Presqu’île - 1970)

Sur les terres du socle cristallin, les modes agricoles privilégient la polyculture-élevage. L’abondance de l’eau et la présence de troupeaux génèrent une forte dispersion de l’habitat, sous forme de fermes isolées, de hameaux et de bourgs, répartis régulièrement le long des routes et des vallées qui structurent et animent le territoire.

Souvent, hameaux et fermes isolées se répartissent à mi-pente des vallons et des vallées, se protégeant des intempéries et profitant de la diversité des terrains (prairies humides et pâturées en bas, cultures sur les zones planes, etc.). Les bourgs observent plusieurs implantations :

  • en fond de vallon, où ils sont plutôt discrets ;
  • étagés sur les coteaux, ils sont davantage visibles. Ils privilégient alors une exposition Sud et Ouest, plus favorable d’un point de vue climatique ;
  • sur la ligne de crête, en surplomb des vallées, où ils jouent alors un fort rôle de point de repère.

Granges, abreuvoirs, étables complètent l’habitat. Le bâti est systématiquement visible, formant des paysages habités.

Habitat dispersé du bocage en grand format (nouvelle fenêtre)
Habitat dispersé du bocage

Un habitat groupé sur les terres calcaires

Sur les terrains calcaires, l’habitat adopte une configuration très groupée à mettre en lien avec la rareté de l’eau (difficulté à creuser des puits assez profonds) et la richesse des terres agricoles qui ne doivent supporter aucun autre usage. Assez conséquents, les bourgs montrent un espacement de plusieurs kilomètres et les hameaux sont rares, tandis que l’habitat isolé est inexistant.

Silhouette de bourg groupée de Pouancé en grand format (nouvelle fenêtre)
Silhouette de bourg groupée de Pouancé

Une implantation en point haut dans les marais

Dans les marais, l’habitat se structure sur les zones de relief naturel (buttes témoins, anciennes îles…) ou artificiel (remblais) qui constituent des espaces de refuge « hors eau ». Sur ces secteurs, l’habitat est plutôt groupé et les limites d’urbanisation sont définies par la superficie des lentilles surélevées. Souvent, les hauts de pente sont laissés libres pour éviter une exposition au vent trop défavorable. Quelques rares bâtiments se situent sur les terres des marais, en général sur des levées.

Implantations sur une île calcaire du marais poitevin en grand format (nouvelle fenêtre)
Implantations sur une île calcaire du marais poitevin