Une occupation humaine diversifiée, de l’analyse des statistiques démographiques aux incidences sur le paysage

publié le 10 décembre 2014 (modifié le 4 janvier 2017)

Ce volet décrit les densités de population qui diffusent autour des principaux pôles urbains.


Des densités de population autour des principaux pôles urbains

Avec des variations allant de 8 habitants au km² dans le paysage rural du Baugeois à plus de 4 300 habitants au km² pour le paysage urbain de la ville de Nantes, le territoire régional connaît des contrastes démographiques importants.

Une occupation humaine diversifiée (sources : IGN/INSEE) en grand format (nouvelle fenêtre)
Une occupation humaine diversifiée (sources : IGN/INSEE)



Alors que près de 30% des habitants de la région habitent dans les 3 principales agglomérations que sont les métropoles de Nantes, Angers et Le Mans, les cœurs urbains ne sont plus les moteurs de la croissance démographique. Sur la dernière décennie, les villes d’Angers et Le Mans ont perdu de la population et la ville de Nantes a connu un taux de croissance annuel moyen deux fois plus faible que la moyenne régionale. Le développement des territoires périurbains au détriment des villes centres redistribue la répartition démographique régionale.

Cette redistribution de l’accueil démographique se traduit dans le paysage par l’émergence de formes urbaines typiques de l’espace périurbain. Les spécificités architecturales s’homogénéisent à l’échelle régionale même si des particularités ressortent encore clairement entre le nord (usage de l’ardoise avec une pente de toiture élevée ; étage aménagé ; couleurs de maçonnerie beige/blanc) et le sud Loire (usage de la tuile ; constructions de plain-pied avec faible pente de toit ; couleurs de maçonnerie beige/ocre/oranger).

De même le degré d’intensité varie pleinement en fonction de la proximité et de la taille de la ville centre.

Pour en savoir plus sur les témoignages des participants aux entretiens sur leur attrait pour les paysages urbains

Lotissement caractéristique du développement périurbain, ici associé à la ville de Château-Gontier (Loigné-sur-Mayenne - 53) en grand format (nouvelle fenêtre)
Lotissement caractéristique du développement périurbain, ici associé à la ville de Château-Gontier (Loigné-sur-Mayenne - 53)

Une déconnexion progressive entre lieux d’habitat et autres lieux de vie

Suite à l’exode rural dans la première moitié du vingtième siècle, les polarités urbaines ont connu des croissances démographiques fortes au détriment des secteurs ruraux. Dans les années 70, la démocratisation de la voiture, couplée à l’amélioration générale du niveau de vie, a changé la donne et permis de dissocier lieu de travail et domicile. Aujourd’hui la majorité des personnes qui résident et travaillent sur la même commune se situe soit en secteur urbain, là où se concentrent les emplois, soit dans les secteurs les plus ruraux non concernés par l’influence des métropoles.

Concentration des emplois et étalement des secteurs résidentiels font progresser les liaisons domicile-travail. (Sources : IGN/INSEE) en grand format (nouvelle fenêtre)
Concentration des emplois et étalement des secteurs résidentiels font progresser les liaisons domicile-travail. (Sources : IGN/INSEE)



Entre les deux, des villages « dortoirs » émergent au sein de l’espace périurbain. Pour ces nouveaux habitants, la connaissance et la compréhension des paysages sont d’autant plus délicates du fait qu’il n’y a plus « un » mais « des » paysages quotidiens avec des fonctions bien distinctes : le paysage où j’habite, le paysage où je travaille, le paysage où je consomme, le paysage où je me promène…

L’étalement urbain s’entend à deux échelles : sur le grand territoire avec des distances de plus en plus importantes vis-à-vis des villes, mais aussi à l’échelle de la commune, où les nouvelles extensions urbaines, souvent réalisées de manière linéaire ou « par plaque » s’écartent des centres-bourg. Au sein de ces villages « dortoirs », la dévitalisation se caractérise par une fréquentation humaine atténuée, par la fermeture de commerces ainsi que par de la vacance résidentielle, souvent associée à un bâti ancien dont les normes et le confort ne correspondent plus à la demande. Le paradoxe est notable entre un développement résidentiel important dans les quartiers d’extension et cette dévitalisation des bourgs. Si l’incidence sur le paysage « construit » n’est pas visible, en revanche, la perception des paysages en est radicalement modifiée.

Ce phénomène est accentué de réalisation d’infrastructures de type voie de contournement qui supprime le rôle de « ville étape » que pouvaient connaitre certaines communes autrefois traversées par les routes nationales.

Place de la mairie à Saint-Georges-Buttavent (53) en grand format (nouvelle fenêtre)
Place de la mairie à Saint-Georges-Buttavent (53)

Des dynamiques démographiques nouvelles liées à l’attractivité des paysages littoraux

Le phénomène n’est pas nouveau, notamment sur le département de la Loire Atlantique qui connaît une progression démographique intense et continue depuis l’après-guerre. Toutefois, la tendance s’est clairement intensifiée et démarquée depuis 10 ans. La Vendée qui connaît la croissance démographique la plus soutenue de la région depuis le début des années 2000 confirme cette tendance.

Les dynamiques démographiques sont très contrastées entre les cinq départements régionaux. (Sources : INSEE/ORES) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les dynamiques démographiques sont très contrastées entre les cinq départements régionaux. (Sources : INSEE/ORES)



La métropolisation nantaise, le dynamisme démographique et économique des campagnes et des villes vendéennes, ainsi que l’attrait du littoral, dessinent une région à deux vitesses avec, d’une part, un « arc atlantique » qui se muscle, et d’autre part les pays de l’intérieur au sein desquels les dynamiques reposent sur des pôles relativement isolés au cœur de leurs campagnes : Angers, Le Mans, Laval. Ces évolutions démographiques provoquent une incidence différenciée sur les paysages et notamment sur les formes urbaines associées à une pression foncière plus ou moins prégnante.

La compacité des logements mais aussi la diversité des modes d’habiter sont davantage marquées dans les secteurs qui connaissent une pression démographique importante. Cela se traduit par des superficies aménagées plus importantes mais aussi par des formes denses, de la mitoyenneté, des parcelles plus petites et des logements collectifs. Plus la pression démographique est élevée, plus le paysage va tendre vers des caractéristiques urbaines.

A contrario, les secteurs aux dynamiques plus modérées connaissent un développement diffus où les maisons sont davantage isolées avec des tailles de parcelles plus grandes. Sur les paysages où la pression démographique est faible, le développement s’effectue en conservant des caractéristiques rurales.

L'ouest des Pays de la Loire et plus particulièrement les secteurs littoraux et retro-littoraux, concentrent les croissances démographiques les plus fortes. (Source : INSEE) en grand format (nouvelle fenêtre)
L’ouest des Pays de la Loire et plus particulièrement les secteurs littoraux et retro-littoraux, concentrent les croissances démographiques les plus fortes. (Source : INSEE)



Cet accueil démographique massif sur le littoral s’est traduit depuis un siècle par une évolution nette des paysages littoraux qui sont désormais caractérisés par une urbanisation de la majorité du linéaire côtier. A noter que le cadre de la loi Littoral votée en 1986 et la mise en place d’outils de protection et de gestion se traduisant notamment par des coupures d’urbanisation devraient figer la « façade » de ce continuum urbain.

Les accès aux paysages littoraux sont de plus en plus cadrés par le continuum urbain, comme ici entre Pornichet et Pornic. (Source : IGN) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les accès aux paysages littoraux sont de plus en plus cadrés par le continuum urbain, comme ici entre Pornichet et Pornic. (Source : IGN)

La pression urbaine et le cadre réglementaire induisent toutefois une mutation du tissu urbain existant. Autrefois majoritairement composé de maisons secondaires, le front de mer en zone urbaine se densifie par des opérations d’habitat collectif conduisant à une monumentalisation progressive du front de mer. Ce développement urbain s’est accompagné d’une perte du patrimoine végétal et notamment des pins plantés pour stabiliser les dunes au siècle dernier.

Immeubles sur le front de mer de Saint-Brevin (44) en grand format (nouvelle fenêtre)
Immeubles sur le front de mer de Saint-Brevin (44)

Une occupation résidentielle touristique marquée sur le littoral

L’occupation humaine du territoire n’est pas statique et ne se définit pas uniquement par la localisation du lieu d’habitation. Elle se caractérise également par les lieux visités ou habités de manière temporaire. En ce sens, les résidences secondaires sont un indicateur de l’occupation estivale. Le phénomène des résidences secondaires, même s’il semble aujourd’hui s’atténuer très sérieusement (entre 2006 et 2011, les résidences secondaires ont diminué sur l’ensemble des départements des Pays de la Loire avec une baisse particulièrement marquée en Vendée, passant de 108 694 à 97 921 logements), est loin d’être neutre : il marque profondément la frange littorale, mais aussi les périphéries sarthoises et Nord Mayenne, notamment en raison de prix immobiliers plus abordables et d’une relative proximité avec la région parisienne.

Les résidences secondaires sont essentiellement présentes sur le littoral et dans les secteurs où la pression urbaine se fait moins ressentir. (Source : INSEE) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les résidences secondaires sont essentiellement présentes sur le littoral et dans les secteurs où la pression urbaine se fait moins ressentir. (Source : INSEE)



Beaucoup de communes littorales voient leur population tripler voire décupler durant la saison estivale. Ainsi en hiver, le paysage urbain est désert, les volets sont clos et c’est une ambiance quasiment de « ville morte » alors que l’été le paysage s’anime fortement, les axes viaires sont saturés, les plages peuplées et la vie urbaine anime les quartiers littoraux. Il y a un vrai contraste entre les deux saisons. Avec la sédentarisation des retraités sur le littoral on observe l’allongement de ces périodes d’animation. Une simple journée de beau temps un weekend peut suffire à faire affluer la population rétro-littorale sur les espaces de promenade sur la côte. Ceci induit un niveau d’équipement important pour la haute saison (qui paraît largement surdimensionné en basse saison).

Le taux de présence de la population en Pays de la Loire illustre clairement l'influence de la saisonnalité sur le département de la Vendée. (source : ORES 2005) en grand format (nouvelle fenêtre)
Le taux de présence de la population en Pays de la Loire illustre clairement l’influence de la saisonnalité sur le département de la Vendée. (source : ORES 2005)