Les dynamiques paysagères de l’agglomération yonnaire

publié le 7 décembre 2015 (modifié le 3 janvier 2017)

Exemple d’évolution caractéristique de l’unité sur le secteur nord de l’agglomération yonnaise

Dans le cadre de l’analyse des dynamiques paysagères, pour chaque unité paysagère, un secteur particulier est choisi de manière à caractériser, en tant qu’échantillon représentatif de l’unité, une large partie des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Cette analyse s’appuie notamment sur la comparaison des données cartographiques et des photographies aériennes à différentes époques données. Ce zoom est représentatif mais non exhaustif des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Les dynamiques de l’unité qui ne s’illustrent pas à travers cet exemple sont donc détaillées à la suite.

La Roche-sur-Yon – Carte d'état-major (1866) - (SCAN Historique à l'échelle du 1 : 40000) en grand format (nouvelle fenêtre)
La Roche-sur-Yon – Carte d’état-major (1866) - (SCAN Historique à l’échelle du 1 : 40000)



Une installation primitive sur un promontoire rocheux
Situé au coeur du bocage vendéen, la formation primitive de La Roche-sur-Yon s’établit sur un promontoire rocheux surplombant la rivière de l’Yon, faisant figure de site défensif naturel, appuyé par les fortifications qui protègent la paroisse médiévale. Le bourg se forme alors entre le château et l’église Saint-Hilaire élevée le long de la route menant des Sables à Saumur. Les assauts cumulés des Guerres de religions et des conflits de la période révolutionnaire freinent le développement de la ville qui est incendiée en 1794.

Une naissance par décret napoléonien
La ville de La Roche-sur-Yon, telle qu’elle apparaît aujourd’hui dans le paysage vendéen, naît avec le décret napoléonien du 25 mai 1804, qui fonde une ville de 15000 habitants et la désigne comme préfecture, lieu central stratégique en vue de la pacification du département. Le plan de la ville est conçu en 15 jours par des ingénieurs des Ponts-et-Chaussées. Elle s’organise sur un plan régulier en damier en forme de pentagone avec au centre, une vaste esplanade où trône une statue à l’effigie de l’empereur, et autour de laquelle des édifices publics imposants sont installés (préfecture, hôtel de ville, lycée, tribunaux, église Saint-Louis).

Un développement tardif de la ville
La carte d’état-major de 1866 montre qu’à la moitié du XIXème siècle, le développement urbain de ce qui s’appelle alors Bourbon-Vendée (elle deviendra définitivement La Roche-sur-Yon en 1870) est cantonné à l’intérieur du pentagone. L’urbanisation de l’agglomération accélère avec l’arrivée du chemin de fer en 1866, La Roche-sur-Yon se situe alors au croisement des voies reliant Paris aux Sables d’Olonne et Nantes à Bordeaux.
Avec l’arrivée du chemin de fer en 1866, la ville déborde du pentagone vers le nord. Le tracé orthogonal perd de sa rigueur et les extensions d’habitat souvent modeste, prennent des airs de faubourgs. L’urbanisation est alors assez désordonnée, et à la fin des années trente, le conseil municipal décide d’élaborer un plan d’urbanisme (le premier depuis Napoléon) qui inspirera la politique d’aménagement des années cinquante. L’agglomération yonnaise se structure alors par juxtaposition de zones d’habitats pavillonnaires, de grands ensembles et de zones d’activités.
L’après seconde guerre mondiale est une nouvelle période de développement intense de la ville qui passe de 18000 habitants en 1946 à 45000 en 1975, bien aidée en cela par la fusion avec Saint-André-d’Ornay et le Bourg-sous-la-Roche en 1964.
Les axes historiques structurent les premiers développements de la ville
L’orthophoto de 1959 montre qu’à partir de la formation géométrique originelle, le développement de l’urbanisation s’étire principalement vers le nord-ouest, à proximité de la gare. De plus, les axes principaux, et notamment ceux en direction de Nantes et de Challans au nord, sont le support d’un développement urbain linéaire.

La Roche-sur-Yon – Orthophoto 1959 (BD ORTHO Historique 1959) en grand format (nouvelle fenêtre)
La Roche-sur-Yon – Orthophoto 1959 (BD ORTHO Historique 1959)



Les vallées marquent les limites du développement urbain
L’orthophoto de 2010 et la carte IGN de 2013 montre une diffusion large et accélérée de l’urbanisation en extension de la formation pentagonale originelle. Le développement urbain qui s’était dans un premier temps orienté vers l’est et la gare, se diffuse désormais sur toutes les franges de la ville. La RD 160, qui constitue le contournement nord de l’agglomération, dessinait une limite de l’espace urbanisé, percée cependant par l’urbanisation galopante des abords de la RD 763 qui relie la Roche-sur-Yon à Nantes. L’orthophoto de 2010 montre que les développements résidentiels les plus récents ont franchi cette limite artificielle pour désormais investir les terres agricoles et naturelles, notamment au nord-ouest de la ville.

Au sud de La Roche-sur-Yon, les extensions pavillonnaires ont contribué dans un premier temps à épaissir l’enveloppe urbanisée vers l’ouest, les développements les plus récents ont élargi la tâche urbaine vers l’est au niveau du Bourg-sous-la-Roche. Avec le développement de l’urbanisation, la vallée de l’Ornay prend la forme de frontière naturelle du développement urbain à l’ouest. Sur la partie est de la ville, la vallée de Riaillée marque également la limite de l’espace aggloméré.

La prolifération du modèle pavillonnaire sur les périphéries de la ville contribue à la création d’un paysage urbain « par zones ». La composition urbaine du tissu pavillonnaire n’est pas, à la différence des formations anciennes et notamment du plan géométrique de la ville napoléonienne, dictée par l’espace public. Au-delà de la remise en cause du précepte d’alignement sur la rue, le renversement du rapport entre le bâti et l’espace public se prolonge dans l’organisation globale de ce schéma en recherchant la desserte de chacune des parcelles, multipliant et contorsionnant ainsi le réseau viaire.

La Roche-sur-Yon – Orthophoto 2010— (BD ORTHO) en grand format (nouvelle fenêtre)
La Roche-sur-Yon – Orthophoto 2010— (BD ORTHO)

Carte IGN 2013 du secteur de la Roche-sur-Yon (SCAN 25) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte IGN 2013 du secteur de la Roche-sur-Yon (SCAN 25)

Le développement d’un continuum urbanisé au nord de l’agglomération
Un des faits marquants de l’urbanisation de la ville réside dans la diffusion de la zone d’activités économiques le long de la RD 937, axe reliant la Roche-sur-Yon à Nantes, qui deviendra 2x2 voies à la sortie de l’agglomération yonnaise pour rejoindre ensuite l’Autoroute A83 au niveau de l’échangeur de Montaigu. Le continuum urbain ainsi dessiné dépasse largement le territoire communal de la Roche-sur-Yon puisque du commencement de la départementale RD 763 place Napoléon au secteur de la Rouchère sur la commune de Dompierre-sur-Yon, ce sont plus de 9km qui sont urbanisés en continu. Le paysage des abords de cet axe se distingue par le défilement des bâtiments à vocation artisanale, industrielle et commerciale dont les volumes et la colorimétrie marquent fortement le paysage et créent un effet de couloir qui perturbe la lecture d’entrée de ville.

Au nord de La Roche-sur-Yon, sur la RD 763, un continuum urbain de zone d'activités s'allonge sur plus de 9 km (La Roche-sur-Yon – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Au nord de La Roche-sur-Yon, sur la RD 763, un continuum urbain de zone d’activités s’allonge sur plus de 9 km (La Roche-sur-Yon – 2015)

L'agglomération yonnaise connait des dynamiques constructives soutenues sur la période 2007-2011 (source : DREAL, SIGLOIRE indicateurs habitat 2007- 2011) en grand format (nouvelle fenêtre)
L’agglomération yonnaise connait des dynamiques constructives soutenues sur la période 2007-2011 (source : DREAL, SIGLOIRE indicateurs habitat 2007- 2011)



L’unité paysagère du secteur yonnais connaît des dynamiques démographiques et constructives très soutenues sur la période 2007-2011. L’offre en services et l’économie de La Roche-sur-Yon stimulent son attractivité grandissante. La ville centre jouit également de l’attractivité du littoral et de la bonne accessibilité vers la métropole nantaise. Les bourgs voisins de La Roche-sur-Yon, et particulièrement au nord avec Mouilleron-le-Captif, Belleville-sur-Vie ou Dompierre-sur-Yon, connaissent également des dynamiques constructives importantes. Au-delà de l’urbanisation née du développement des zones d’activités aux abords de la RD 763, l’épaississement de ces bourgs en lien avec les extensions pavillonnaires orientées vers La Roche-sur-Yon contribue à rapprocher toujours les enveloppes urbaines de l’agglomération. A terme, ces dynamiques font émerger des enjeux associés au maintien des coupures d’urbanisation et à la lisibilité du rapport entre l’urbain et le rural.

L'extension pavillonnaire de Mouilleron-le-Captif s'oriente vers la RD 763 (2010) en grand format (nouvelle fenêtre)
L’extension pavillonnaire de Mouilleron-le-Captif s’oriente vers la RD 763 (2010)

Sur la commune de Dompierre-sur-Yon, de nouvelles zones résidentielles ont émergé aux abords de la RD 763, sans connexion avec le bourg historique (2010) en grand format (nouvelle fenêtre)
Sur la commune de Dompierre-sur-Yon, de nouvelles zones résidentielles ont émergé aux abords de la RD 763, sans connexion avec le bourg historique (2010)



Les mutations du paysage liées à la pression urbaine et au développement des grandes infrastructures et des zones d’activités
Si l’implantation de la Roche-sur-Yon au milieu du département est géographiquement évidente, le bourg n’était au départ pas véritablement bien desservi par les axes viaires. Napoléon a donc dû avec sa ville nouvelle faire développer des axes viaires menant directement aux principaux chefs-lieux voisins. On accède donc à la Roche-sur-Yon au bout d’une longue perspective menée par d’anciennes voies rectilignes.

L’organisation d’un réseau viaire en étoile autour de la ville s’est construite historiquement en raccordant La Roche-sur-Yon aux polarités voisines de Nantes, Challans, Les Sables d’Olonne, Luçon et Les Herbiers notamment. Le confortement des axes a contribué à modifier durablement le paysage périurbain de la ville par l’élargissement progressif des axes et leur passage automatique en 2x2 voies. Dans la logique des dynamiques observées sur les autres métropoles régionales, les abords de ces axes structurants ont été l’objet d’un accompagnement de bâtiments liés aux activités industrielles, artisanales et commerciales dont l’implantation vise alors à répondre à des logiques d’amélioration de l’accessibilité. Plusieurs d’activités se développent ainsi aux portes de la ville telle que la zone Acti’Sud le long de la RD 747 au sud de la ville.

L’aménagement de la RD 160 comme axe de contournement nord de la ville crée de nouvelles opportunités d’implantation pour les activités économiques mais aussi pour les équipements structurants. Au nord-ouest, la zone d’activités Acti’Ouest accueille notamment le siège de Vendée Expansion, société d’économie mixte mobilisée pour le développement économique et touristique du département. Au nord-ouest de la ville, le pôle universitaire se développe à proximité du périphérique.

L’aménagement de l’Autoroute A87, qui permet désormais le contournement de la ville par le sud, renforce l’inscription déjà importante des infrastructures routières dans le paysage du secteur yonnais. Il contribue également à modifier le paysage de l’entrée sud de la ville, notamment sur la route de Saint-Florent-des-Bois, en favorisant le développement de la deuxième zone industrielle Acti’Sud à proximité.

Les affichages publicitaire aux abords de la RD 763 saturent le paysage d'entrée de ville de La Roche-sur-Yon (La Roche-sur-Yon – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les affichages publicitaire aux abords de la RD 763 saturent le paysage d’entrée de ville de La Roche-sur-Yon (La Roche-sur-Yon – 2015)



La vallée de l’Yon se déploie comme une coulée verte au sein de l’espace urbanisé
La vallée de l’Yon, accueille de nombreux équipements et espaces récréatifs qui se développent et se déploient au fur et à mesure du développement de la ville.

La vallée de l'Yon constitue un espace de respiration au sein de l'enveloppe urbaine (La Roche-sur-Yon – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
La vallée de l’Yon constitue un espace de respiration au sein de l’enveloppe urbaine (La Roche-sur-Yon – 2015)



Des dynamiques de requalification du centre ancien
Le centre ancien de La Roche-sur-Yon fait l’objet d’une entreprise de requalification de l’espace public qui contribue à modifier le paysage de la ville. La place Napoléon, la rue Clemenceau et la place de la Vendée qui étaient restées pratiquement inchangées depuis les années 1980 ont fait l’objet d’aménagements qui ont notamment diminué la présence de la voiture dans le paysage.

La place Napoléon, centre névralgique de la ville, a fait l'objet d'un réaménagement qualitatif entre 2010 et 2014 (La Roche-sur-Yon – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
La place Napoléon, centre névralgique de la ville, a fait l’objet d’un réaménagement qualitatif entre 2010 et 2014 (La Roche-sur-Yon – 2015)



L’optimisation foncière et la réappropriation des espaces en friche
Le développement urbain de l’agglomération ne s’est pas réalisé qu’en extension. De manière spontanée ou faisant l’objet de projets urbains d’envergure, de nombreuses constructions émergent dans le tissu urbain constitué, participant à l’évolution du paysage urbain. Les dynamiques liées au développement des infrastructures sont souvent à la base de la mutation des fonctions. Le quartier de la gare par exemple a été l’objet de requalifications importantes depuis 2000, avec les aménagements de la gare (parvis, passerelle), la création d’un pôle multimodal, les constructions d’un pôle d’affaire (bureaux, hôtel). Au cœur du Pentagone ou sur les boulevards de ceinture, des îlots complets ou partiels ont été reconvertis (opération Richelieu), sont en cours ou prévus à la mutation (CMO, collège Piobetta, cinéma 3 Alpha, îlot de La Poste, etc.). Les zones d’activités font également l’objet d’entreprise d’optimisation. Sur la zone Acti’Sud, des changements de destination de locaux et entrepôts s’effectuent vers des fonctions commerciales, voire associatives.

Un linéaire bocager qui se maintient, voire se densifie
Sous la pression de l’activité agricole et du développement des infrastructures aux abords de la ville, un phénomène de regroupement parcellaire est observable dans le secteur yonnais. Mais contrairement à une tendance observée dans la majorité des territoires régionaux, notamment dans le département, ces dynamiques ne s’accompagnent pas automatiquement d’une ouverture des paysages. On note en effet que le maillage bocager délimitant les parcelles rurales s’est densifié et favorise davantage une fermeture des paysages. Dans les vallées, cette tendance est encore plus marquée. Le renforcement du maillage bocager s’observe sur les franges de l’espace urbanisé et marque régulièrement la frontière entre l’urbain et le rural.

Le maillage bocager filtre la perception de l'espace urbanisé (La Roche-sur-Yon – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Le maillage bocager filtre la perception de l’espace urbanisé (La Roche-sur-Yon – 2015)

La prospective

Les 5 unités paysagères de paysage urbain (Nantes, Angers, Le Mans, Laval et La Roche-sur-Yon), ont connu des dynamiques particulièrement marquées sur la période récente. La gouvernance de ces territoires et leur planification est d’autant plus importante qu’ils font partie des secteurs les plus attractifs de la région.
Rendue possible par la taille limitée de ces unités, l’approche prospective de ces paysages, au regard des documents d’urbanisme permet de caractériser les dynamiques à venir et les enjeux associés.

L’identification des vallées comme coupure à l’urbanisation

Les documents d’urbanisme locaux affichent des objectifs concrets en matière de développement de l’urbanisation et de protection des espaces agricoles et naturels. Ainsi le Plan Local d’Urbanisme de La Roche-sur-Yon approuvé en 2009 définit des orientations en matière de mise en valeur du cadre de vie en identifiant et en localisant des ceintures vertes destinées à dessiner le contour de l’espace urbanisé et ainsi à préserver les espaces agri-naturels de l’urbanisation. Le maintien d’une coupure d’urbanisation au niveau de la vallée de l’Ornay à l’ouest et au sud de la ville est ainsi affiché comme un objectif. A l’est, la vallée de la Riaillée est également inscrite comme support de la ceinture verte, en vue de dessiner un corridor écologique et paysager, à l’image de la vallée de l’Yon, entre la ville et les perspectives d’urbanisation définies le long de l’A87 qui constitue par ailleurs une limite sud-ouest à l’urbanisation. L’objectif de développement des zones d’activités est affiché au niveau des nœuds routiers principaux aux quatre points cardinaux de la ville.

Synthèse des orientations PADD du PLU de La Roche-sur-Yon en grand format (nouvelle fenêtre)
Synthèse des orientations PADD du PLU de La Roche-sur-Yon



Au nord de La Roche-sur-Yon, le Plan Local d’Urbanisme de Mouilleron-le-Captif appuie son projet de développement des zones d’activités et d’équipements sur l’urbanisation existante de la RD 763. Une coupure d’urbanisation entre ce secteur et le bourg est maintenue par l’identification des zones agricoles et naturelles. Le projet urbain de Mouilleron-le-Captif affiche également des objectifs de développement de l’urbanisation à vocation habitat, équipements sur la partie sud du bourg.