Une occupation humaine diversifiée, de l’analyse des statistiques démographiques aux incidences sur le paysage
Des densités de population autour des principaux pôles urbains
Avec des variations allant de 8 habitants au km² dans le paysage rural du Baugeois à plus de 4 300 habitants au km² pour le paysage urbain de la ville de Nantes, le territoire régional connaît des contrastes démographiques importants.
Cette redistribution de l’accueil démographique se traduit dans le paysage par l’émergence de formes urbaines typiques de l’espace périurbain. Les spécificités architecturales s’homogénéisent à l’échelle régionale même si des particularités ressortent encore clairement entre le nord (usage de l’ardoise avec une pente de toiture élevée ; étage aménagé ; couleurs de maçonnerie beige/blanc) et le sud Loire (usage de la tuile ; constructions de plain-pied avec faible pente de toit ; couleurs de maçonnerie beige/ocre/oranger).
De même le degré d’intensité varie pleinement en fonction de la proximité et de la taille de la ville centre.
Pour en savoir plus sur les témoignages des participants aux entretiens sur leur attrait pour les paysages urbains
Une déconnexion progressive entre lieux d’habitat et autres lieux de vie
Suite à l’exode rural dans la première moitié du vingtième siècle, les polarités urbaines ont connu des croissances démographiques fortes au détriment des secteurs ruraux. Dans les années 70, la démocratisation de la voiture, couplée à l’amélioration générale du niveau de vie, a changé la donne et permis de dissocier lieu de travail et domicile. Aujourd’hui la majorité des personnes qui résident et travaillent sur la même commune se situe soit en secteur urbain, là où se concentrent les emplois, soit dans les secteurs les plus ruraux non concernés par l’influence des métropoles.
L’étalement urbain s’entend à deux échelles : sur le grand territoire avec des distances de plus en plus importantes vis-à-vis des villes, mais aussi à l’échelle de la commune, où les nouvelles extensions urbaines, souvent réalisées de manière linéaire ou « par plaque » s’écartent des centres-bourg. Au sein de ces villages « dortoirs », la dévitalisation se caractérise par une fréquentation humaine atténuée, par la fermeture de commerces ainsi que par de la vacance résidentielle, souvent associée à un bâti ancien dont les normes et le confort ne correspondent plus à la demande. Le paradoxe est notable entre un développement résidentiel important dans les quartiers d’extension et cette dévitalisation des bourgs. Si l’incidence sur le paysage « construit » n’est pas visible, en revanche, la perception des paysages en est radicalement modifiée.
Ce phénomène est accentué de réalisation d’infrastructures de type voie de contournement qui supprime le rôle de « ville étape » que pouvaient connaitre certaines communes autrefois traversées par les routes nationales.
Des dynamiques démographiques nouvelles liées à l’attractivité des paysages littoraux
Le phénomène n’est pas nouveau, notamment sur le département de la Loire Atlantique qui connaît une progression démographique intense et continue depuis l’après-guerre. Toutefois, la tendance s’est clairement intensifiée et démarquée depuis 10 ans. La Vendée qui connaît la croissance démographique la plus soutenue de la région depuis le début des années 2000 confirme cette tendance.
La compacité des logements mais aussi la diversité des modes d’habiter sont davantage marquées dans les secteurs qui connaissent une pression démographique importante. Cela se traduit par des superficies aménagées plus importantes mais aussi par des formes denses, de la mitoyenneté, des parcelles plus petites et des logements collectifs. Plus la pression démographique est élevée, plus le paysage va tendre vers des caractéristiques urbaines.
A contrario, les secteurs aux dynamiques plus modérées connaissent un développement diffus où les maisons sont davantage isolées avec des tailles de parcelles plus grandes. Sur les paysages où la pression démographique est faible, le développement s’effectue en conservant des caractéristiques rurales.
La pression urbaine et le cadre réglementaire induisent toutefois une mutation du tissu urbain existant. Autrefois majoritairement composé de maisons secondaires, le front de mer en zone urbaine se densifie par des opérations d’habitat collectif conduisant à une monumentalisation progressive du front de mer. Ce développement urbain s’est accompagné d’une perte du patrimoine végétal et notamment des pins plantés pour stabiliser les dunes au siècle dernier.
Une occupation résidentielle touristique marquée sur le littoral
L’occupation humaine du territoire n’est pas statique et ne se définit pas uniquement par la localisation du lieu d’habitation. Elle se caractérise également par les lieux visités ou habités de manière temporaire. En ce sens, les résidences secondaires sont un indicateur de l’occupation estivale. Le phénomène des résidences secondaires, même s’il semble aujourd’hui s’atténuer très sérieusement (entre 2006 et 2011, les résidences secondaires ont diminué sur l’ensemble des départements des Pays de la Loire avec une baisse particulièrement marquée en Vendée, passant de 108 694 à 97 921 logements), est loin d’être neutre : il marque profondément la frange littorale, mais aussi les périphéries sarthoises et Nord Mayenne, notamment en raison de prix immobiliers plus abordables et d’une relative proximité avec la région parisienne.