Les dynamiques paysagères de la côte bretonne méridionale

publié le 7 décembre 2015 (modifié le 2 janvier 2017)

Exemple d’évolution du secteur de la Pointe de Saint-Gildas

Dans le cadre de l’analyse des dynamiques paysagères, pour chaque unité paysagère, un secteur particulier est choisi de manière à caractériser, en tant qu’échantillon représentatif de l’unité, une large partie des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Cette analyse s’appuie notamment sur la comparaison des données cartographiques et des photographies aériennes à différentes époques données. Ce zoom est représentatif mais non exhaustif des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Les dynamiques de l’unité qui ne s’illustrent pas à travers cet exemple sont donc détaillées à la suite.

Des implantations sur les places fortes stratégiques

La pointe de Saint-Gildas – Carte d'état-major (1866) - (SCAN Historique à l'échelle du 1 : 40000) en grand format (nouvelle fenêtre)
La pointe de Saint-Gildas – Carte d’état-major (1866) - (SCAN Historique à l’échelle du 1 : 40000)



Le bourg traditionnel est situé dans l’arrière-pays, tandis que la côte est occupée par quelques villages de pêcheurs et de paludiers, situés légèrement en retrait par rapport au littoral.

L’attrait littoral premier vecteur de l’évolution du paysage

La pointe de Saint-Gildas – Orthophoto 1959 (BD ORTHO Historique 1959) en grand format (nouvelle fenêtre)
La pointe de Saint-Gildas – Orthophoto 1959 (BD ORTHO Historique 1959)



Au XXème siècle, l’arrivée du train et l’attrait grandissant pour le littoral modifient sensiblement les dynamiques d’implantation. Comme le montre l’orthophoto de 1959, la station de Préfailles devient plus importante que le bourg de La-Plaine-sur-Mer. Au nord de la pointe de Saint-Gildas, le phénomène de frange urbanisée littorale commence à se dessiner dans le paysage.

La fermeture du littoral et la diffusion du bâti

La pointe de Saint-Gildas – Orthophoto 2012 (BD ORTHO) en grand format (nouvelle fenêtre)
La pointe de Saint-Gildas – Orthophoto 2012 (BD ORTHO)



Un fort développement résidentiel s’est effectué le long de la côte, mais aussi le long des voies existantes ; les hameaux se sont densifiés. Cette urbanisation a généré une consommation importante d’espaces naturels et agricoles, et a généré des dents creuses aujourd’hui en friches. Les véritables coupures d’urbanisation sont très limitées. A contrario, le développement urbain du bourg de La Plaine-sur-Mer est resté relativement maîtrisé pendant cette période de développement.

La Plaine-sur-Mer, simulation du paysage autour des années 1900 en grand format (nouvelle fenêtre)
La Plaine-sur-Mer, simulation du paysage autour des années 1900

La Plaine-sur-Mer, simulation du paysage autour des années 2010 en grand format (nouvelle fenêtre)
La Plaine-sur-Mer, simulation du paysage autour des années 2010



Enclavement et mutation du parcellaire agricole
Dans l’ensemble, de plus en plus de nouveaux espaces sont arrachés aux terres agricoles, afin de devenir constructibles et ainsi d’accueillir résidences secondaires et zones d’activités. Or, l’implantation des nouvelles extensions urbaines peut souvent compromettre l’activité agricole en rendant les accès aux terrains résiduels parfois difficilement praticables par les engins agricoles.
La pression urbaine et l’évolution des paysages agricoles s’observent sur l’ensemble de l’unité paysagère. La dégradation du bocage traditionnel est particulièrement visible autour de La Baule et au sud de l’estuaire. L’ouverture des paysages a participé à la « mise à nu » des nouvelles franges urbaines, peu valorisées.
Autre dynamique induite par la pression urbaine du secteur, la spéculation foncière a pour conséquence paysagère le morcellement des terres agricoles et la déprise agricole. L’enfrichement conduit alors à une fermeture des paysages du littoral.

Exemple d'enfrichement à la Bernerie-en-Retz en grand format (nouvelle fenêtre)
Exemple d’enfrichement à la Bernerie-en-Retz



La diffusion du réseau d’infrastructures, vecteur de développement urbain

Carte IGN 2013 du secteur de la pointe de Saint-Gildas (SCAN 25) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte IGN 2013 du secteur de la pointe de Saint-Gildas (SCAN 25)



Les extensions urbaines ont impliqué la construction de nouvelles infrastructures afin d’accorder le nouveau tissu bâti aux réseaux : routier, électrique, d’eau, d’assainissement ou téléphonique. Quand les voies traversent les bourgs et les villages, elles sont confrontées aux tissus urbains existants qui sont souvent peu appropriés à une telle utilisation de la voiture et à un partage modal entre différents usagers (piétons, vélos, voitures, poids lourds…). Les voies de circulation sont confrontées à une augmentation générale du trafic. Elles prennent une importance de plus en plus grande, aussi bien en termes de surface qu’en termes d’impact visuel.

Le manque de hiérarchie des voies des extensions récentes et les opérations en impasses ont brouillé la lisibilité du paysage et du fonctionnement urbain. En recherche d’accessibilité, des activités ainsi que des habitations s’insèrent à proximité des axes routiers, créant des formes linéaires et imposant ainsi de nouvelles règles d’organisation spatiale en rupture avec les formes traditionnelles.

Le pont de Saint-Nazaire est l’infrastructure la plus marquante du paysage de l’unité. C’est une entité structurante de l’unité, vecteur de déplacement, d’échanges et de dynamisme, elle participe indirectement à de nombreux changements qui s’opèrent actuellement au sein de l’unité. En continuité du pont, au sud, la route bleue (RD 213) et la RD 100 sont des vecteurs de diffusion urbaine importants ; à leurs abords, le paysage tend à se banaliser et à perdre ses caractéristiques propres. La route bleue constitue désormais une limite qui s’estompe avec l’urbanisation progressive des espaces agricoles situés à l’ouest sous la pression rétro littorale.

Au Nord, entre La Turballe et Mesquer, on observe une diffusion urbaine forte liée à la pression urbaine rétro littorale. Les nouveaux lotissements sont conçus en « arêtes de poisson », ce qui surcharge des axes viaires qui gardent souvent leur profil de route de campagne.

Les voies de transit ou d’accès aux lotissements créent un paysage linéaire propre. Ce sont souvent d’anciennes voies communales dont l’aménagement paysager s’est limité à un élargissement de l’emprise routière accompagné de mobilier de type routier (dispositifs anti-bruits, glissières, lampadaires, merlons qui masquent le paysage) sans intégration paysagère à l’environnement qu’elles traversent.

L’exposition grandissante des zones d’activités
Les dernières années ont observé un fort développement des résidences principales et des zones d’activités commerciales et artisanales associées. Ces secteurs d’activités, implantés à l’appui des axes structurants, viennent caractériser de nombreuses entrées de villes et franges urbaines de l’unité, à ’image de la zone artisanale marquant l’entrée de Préfailles. Spécifiques des territoires littoraux, ce phénomène de développement des zones d’activités s’effectuent en appui des axes structurants tournés vers les terres, et viennent épaissir l’enveloppe urbaine des agglomérations littorales dans un sens rétro-littoral. Des enjeux émergent en lien avec ce phénomène, et notamment ceux relatifs à la gestion des entrées de ville qui sont de plus en plus investis par les activités économiques (exemple en appui de la route bleue).

A l'appui de la RD 313, la zone artisanale de Préfailles marque un nouveau paysage de l'entrée de ville. 2012 (BD ORTHO) en grand format (nouvelle fenêtre)
A l’appui de la RD 313, la zone artisanale de Préfailles marque un nouveau paysage de l’entrée de ville. 2012 (BD ORTHO)



A l’échelle de l’unité, la dynamique est particulièrement présente sur les agglomérations urbaines. Plusieurs zones d’activité tertiaire sont implantées en périphérie de Saint-Nazaire, tandis que de nombreux projets sont en cours. Ces zones sont souvent peu intégrées à leur environnement spécifique.

Ailleurs, les petites zones d’activités locales se multiplient, greffées sur le réseau viaire. Le paysage d’entrée de ville est souvent peu structuré, les activités implantées étant juxtaposées les unes aux autres sans réel travail sur les lisières entre les zones d’activités et la campagne ou les quartiers habités, sans réflexion sur les limites et les clôtures.

Parmi les effets de la pression observée sur le littoral, il est à noter que certaines activités liées à la mer, comme la conchyliculture, qui posent notamment des problèmes de cohabitation avec les zones résidentielles (odeurs), sont susceptibles d’être relocalisées dans les terres au sein de zones d’activités dédiées. Cela pose la question du risque d’une évolution du littoral vers des cités dortoirs banalisées et du maintien nécessaire de ces activités économiques liées à la mer qui font la vie de ce territoire. Il faut travailler sur les limites d’urbanisation pour préserver les activités économiques liées à la mer et privilégier la diversité des usages et des paysages.

La mise en valeur des espaces publics du front de mer
Le secteur du front de mer constitue le principal secteur stratégique en termes d’image pour les cités balnéaires. L’attention portée par les collectivités sur ces secteurs s’illustre par des opérations d’aménagement et de requalification des remblais et des espaces publics.

A Préfailles, l'aménagement de l'espace publique en front de mer offre une place importante aux piétons et cyclistes pour profiter du paysage en grand format (nouvelle fenêtre)
A Préfailles, l’aménagement de l’espace publique en front de mer offre une place importante aux piétons et cyclistes pour profiter du paysage



L’attractivité touristique de l’unité a contribué à l’aménagement de nombreux itinéraires cyclables et sentiers de randonnée, qui sont des vecteurs de découverte privilégiés des paysages. Le réseau Vélocéan sera progressivement complété (Conseil Départemental), permettant ainsi d’assurer des continuités à l’échelle de l’unité.

Le réseau Vélocéan permet une autre découverte des paysages littoraux (Préfailles) en grand format (nouvelle fenêtre)
Le réseau Vélocéan permet une autre découverte des paysages littoraux (Préfailles)



Le développement de l’hôtellerie de plein air et le durcissement du littoral
Le développement des campings ou parcelles occupées par des caravanes a participé à modifier les paysages de la pointe Saint-Gildas mais aussi de l’ensemble de l’unité, particulièrement au sud de l’estuaire. Un coup de frein au « caravaning » a été donné dans les années 1990. Les vieux campings sont bien intégrés dans des cadres boisés, mais leurs extensions récentes sous forme de mobiles homes sont denses et peu plantées. Les campings cherchent à développer des images spécifiques à travers par exemple la plantation d’arbres exotiques.

L'entassement des mobil-homes crée des enclos d'hébergements, sans arbres d'ombrage, sans relations avec le paysage du littoral dans lequel ils s'implantent en consommateurs (Préfailles) en grand format (nouvelle fenêtre)
L’entassement des mobil-homes crée des enclos d’hébergements, sans arbres d’ombrage, sans relations avec le paysage du littoral dans lequel ils s’implantent en consommateurs (Préfailles)



Des espaces de stabilité
Les coupures d’urbanisation imposées par la loi littorale permettent d’identifier les territoires encore non urbanisés. Ils constituent des espaces de stabilité où la spéculation n’a plus lieu d’être.

L'évolution du cadre règlementaire et les protections environnementales ou maîtrise foncière ont préservé le caractère « naturel » d'une part de la frange littorale (Préfailles) en grand format (nouvelle fenêtre)
L’évolution du cadre règlementaire et les protections environnementales ou maîtrise foncière ont préservé le caractère « naturel » d’une part de la frange littorale (Préfailles)

Une pression urbaine continue le long du littoral

Pour en savoir plus sur l’histoire de l’anthropisation des paysages de la côte bretonne méridionale
Pour en savoir plus sur l’histoire de l’évolution des paysages urbains de Saint-Nazaire
Pour en savoir plus sur l’histoire de l’évolution des paysages de la Baule-Escoublac

L'unité paysagère subit une pression forte autour des communes balnéaires, mais aussi aux abords des grands pôles d'activité et d'emploi comme Saint-Nazaire (source : DREAL, SIGLOIRE indicateurs habitat 2007-2011) en grand format (nouvelle fenêtre)
L’unité paysagère subit une pression forte autour des communes balnéaires, mais aussi aux abords des grands pôles d’activité et d’emploi comme Saint-Nazaire (source : DREAL, SIGLOIRE indicateurs habitat 2007-2011)

Carte des pressions urbaines exercées sur le territoire - Proscot - projet de SCOT de Cap Atlantique en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte des pressions urbaines exercées sur le territoire - Proscot - projet de SCOT de Cap Atlantique



Au Nord, le développement urbain est contraint par la présence du littoral et des marais, et s’est effectué le long des axes de communication, chemins de fer et voirie automobile.
L’unité paysagère subit une pression forte autour des communes balnéaires, mais aussi aux abords des grands pôles d’activité et d’emploi comme Saint-Nazaire. Au Nord-Est et aux abords de l’agglomération de Saint-Nazaire, s’exerce une forte pression rétro-littorale.
La structure des bourgs anciens a souvent été dictée par le commerce du sel et la pêche : Le Croisic et La Turballe sont tournées vers le Traict et la Rade du Croisic, Batz-sur-Mer vers les Marais salants. Le Pouliguen n’est encore à l’origine qu’un village de Batz-sur-Mer, Pornichet un quartier de Saint-Nazaire, et La Baule une dune de sable. Ces communes balnéaires doivent leur développement à l’arrivée du train en 1879. La commune de Mesquer présente une structure éclatée remarquable, avec le bourg de Mesquer, le petit port typique de Kercabellec d’où était autrefois exporté le sel, et la station balnéaire de Quimiac.
Aujourd’hui, c’est surtout l’activité balnéaire qui a redéfini les paysages, et des pressions fortes sont observées aux abords du littoral, des zones agglomérées et des principales voies de desserte.
Au sud, les bourgs étaient le plus souvent implantés dans l’arrière-pays (bourgs de plateau de La Plaine-sur-Mer, Saint-Brevin, Saint-Michel-Chef-Chef, …) tandis qu’on retrouvait des villages de pêcheurs près des côtes. L’occupation du littoral est donc très récente, et si la pression rétro littorale rattrape peu à peu le bourg traditionnel, les tissus urbains et les identités demeurent fortement différenciés. Ils ont été déconnectés de logiques d’extension du littoral, qui s’est effectuée à partir des hameaux existants. Une grande partie du littoral est désormais minéralisé /artificialisé, certes sur un modèle différent de celui de La Baule, mais qui gomme néanmoins souvent le rapport entre terre et mer.
Sur la côte de Jade, de nombreux bourgs sont implantés sur des vallées perpendiculaires à la côte. Les cours d’eau ont par la suite été couverts ou comblés, comme à Préfailles. Le bourg Pornic est implanté sur sa Ria, principalement sur sa rive Nord. La commune se développe aujourd’hui fortement sur la rive Sud. Les Moutiers-en-Retz est aussi un bourg structuré sur un vallon.

Préfailles, un bourg implanté à cheval sur une vallée (cours d'eau aujourd'hui couvert) en grand format (nouvelle fenêtre)
Préfailles, un bourg implanté à cheval sur une vallée (cours d’eau aujourd’hui couvert)



Le secteur de Tharon Plage sur la commune de Saint-Michel-Chef-Chef possède une organisation urbaine atypique. Il s’agit d’une ville balnéaire sur le modèle des villes nouvelles, avec selon les quartiers un plan en damier ou un plan en étoile. Les voies sont larges, parfois surdimensionnées, et le mobilier urbain est très marquant.

Tharon Plage - Géoportail en grand format (nouvelle fenêtre)
Tharon Plage - Géoportail



Les extensions urbaines se traduisent le plus souvent par des lotissements composés de maisons individuelles. Ces maisons entourées de jardins et en retrait des voies contrastent fortement avec les groupements de l’habitat traditionnel comme les centres bourgs où les hameaux. Cette urbanisation consommatrice d’espace se situe en continuité des bourgs et hameaux préexistants, aux franges urbaines souvent exposées au paysage.

Au sud, la multiplication des lotissements résidentiels fermés (résidences secondaires) apparaît comme une dynamique spécifique de cette partie de l’unité paysagère.

Une recomposition de la ville sur la ville, moteur de l’évolution du paysage de Saint-Nazaire
Saint-Nazaire se transforme : réhabilitation des quartiers et de l’habitat, aménagement du chemin des douaniers, transformation du jardin des plantes, végétalisation des secteurs urbains, constructions neuves…

Le travail de ces quinze dernières années a incité au retournement des axes de circulation vers la mer et le port. Le front de mer a été complètement requalifié, des éléments d’animation y ont été réimplantés.

La base sous-marine est transformée sur la base du projet de l’architecte barcelonais Manuel Sola Moralès : la base est percée en son sein, une terrasse est créée sur le toit, permettant un point de vue remarquable sur les paysages de la ville et la Loire, et l’espace situé entre la place Marceau et la base sous-marine est entièrement repensé afin de combler le vide engendré par la guerre.

Saint-Nazaire est aujourd’hui une ville aux paysages diversifiés, développant des ambiances propres très fortes, mais reliés entre elles par des aménagements de l’espace public cohérents.
Plusieurs projets ont poursuivi cette dynamique durant les dernières années :

  • le renouvellement urbain des quartiers ouest,
  • le Ruban Bleu, opération d’urbanisme et de commerces, placé entre la base sous-marine et le ’ Paquebot,
  • Un théâtre inauguré en 2012 au sein de l’ancienne gare type Haussmannien de 1865 désaffectée depuis la guerre (à deux pas de la base sous-marine).
Saint-Nazaire, une ville en projet (source : ADDRN) en grand format (nouvelle fenêtre)
Saint-Nazaire, une ville en projet (source : ADDRN)