Les dynamiques contrastées des paysages bocagers
Des dynamiques moins fortes mais qui continuent toujours à faire évoluer les paysages bocagers
Ce sont véritablement ces dernières décennies les évolutions des systèmes économiques agricoles (modes de culture et d’élevage) qui ont induit les plus grosses transformations des paysages ruraux. Sur ces deux dernières décennies, les prairies et le bocage qui les entoure ont toutes subi des reculs significatifs (entre 15 et 40 % suivant les types, source chambres d’agriculture) au profit souvent de grandes cultures. Par ailleurs, l’observation de terrain montre bien en 2014 la présence plus faible voir résiduelle du réseau bocager sur les plateaux aujourd’hui cultivés. Ainsi, les raisonnements économiques à court terme (ne tenant pas compte du rôle des haies dans la qualité agronomique des terres) et souvent aussi l’incohérence des politiques de collectivités (financements à la fois pour l’arrachage et les reboisements…) continuent à éroder le patrimoine de haies du réseau bocager. Si les transformations les plus radicales du paysage ont eu lieu avec les vagues de remembrements il y a une vingtaine d’année, les arrachages de haies sont aujourd’hui moins nombreux et donc moins lisibles dans le paysage, en lien avec le développement des plans bocagers à échelle de l’exploitation.
On constate à l’échelle de la région que les mailles bocagères qui ont le mieux résisté à ces évolutions se situent sur les secteurs collinaires du nord et du sud de la région et sur la zone rétro-littorale.
Des paysages bocagers dont la dynamique d’ouverture se poursuit

Il reste souvent dans les haies des arbres de haut jet dont la silhouette singulière (moignon de têtard sur le tronc, ou charpentières basses émondées) trahit un changement de gestion depuis plusieurs décennies. La haie bocagère prend aujourd’hui avec ces grands arbres un air « pittoresque ». Si la trame subsiste elle est souvent sénescente et risque soit de ne pas se maintenir dans son état soit de se régénérer avec d’autres espèces (ce qui peut induire à terme la diminution de la présence de ces grands arbres dans les paysages de bocage).
Des paysages en restructuration qui composent un nouveau bocage
Afin d’enrayer cette diminution du bocage, des opérations de plantations sont financées par les Conseils généraux (de 300 à 500 km par an au total, source Conseils généraux) et des territoires ont mis en place des actions spécifiques pour la reconstitution de la trame bocagère. Ce « jeune bocage » est particulièrement lisible dans le paysage par plusieurs indices qui le trahissent : palette végétale parfois « exotique » (amélanchier, filaire, forsithia, photinia…), maille de plantation répétitive (qui tranche par rapport au caractère apparemment aléatoire des haies traditionnelles), implantation le long des voies. On constate cependant une évolution dans ces pratiques liée notamment aux sensibilisations mises en place dans le cadre des politiques de financement.
