Les caractères du bocage du Haut-Anjou
Un plateau au relief étiré
Un socle géologique homogène
Un paysage agricole de grandes cultures ponctué de boisements
Une maille bocagère distendue
Le paysage de cette unité diffère légèrement des paysages bocagers du département de la Mayenne, moins dense et plus ouvert. On y retrouve cependant les mêmes essences : chêne pédonculé, frêne, merisier, orme, aubépine, prunellier, noisetier, fusain d’Europe, sureau, cornouiller sanguin. Les haies basses ont majoritairement disparues. Les haies sont souvent hautes, mais discontinues voire même parfois réduites à un alignement de futaies de chênes, la strate arbustive ayant été supprimée.
- Jeux d’écrans augmentant la profondeur visuelle
- Filtre végétal aux abords des extensions de bourgs, de certaines constructions agricoles…
- Lecture facilité par les petits jeux de relief, sur les lignes de crêtes…
Pour en savoir plus sur les paysages de bocage
Une ponctuation et animation de quelques bois
Les boisements sont relativement peu nombreux, et ponctuent le plateau et prennent souvent appui sur les rebords de vallons ou le long de la vallée de la Mayenne. Depuis l’extérieur, ces bois s’apparentent à des écrans visuels induisant des phénomènes d’épaulement, fermant l’horizon quand il est dégagé et orientant les vues. La force et l’impact de ses lisières sont d’autant plus marquants que le boisement est conséquent, et que le paysage est ouvert.
Principalement feuillus, ces bois proposent des ambiances sombres et fraîches en été, lumineuses et graphiques en hiver, une forte opacité de la lisière, mais une transparence à l’intérieur de la forêt.
Le bâti comme repère dans ce paysage ouvert
Pour en savoir plus sur le bâti rural Sud Mayenne
Nombre des fermes traditionnelles ont été détournées de leur usage originel et sont restaurées et habitées, permettant ainsi une préservation de ce patrimoine vernaculaire, notamment à proximité de l’agglomération lavalloise.
Les fermes en activité aujourd’hui sont entourées de nouveaux bâtiments aux volumes encore plus imposants et qui tranchent souvent dans leur implantation, leurs couleurs (bardages clairs) et textures (métalliques). L’élevage hors-sol est particulièrement présent dans le Haut-Anjou, développant des bâtiments peu haut mais très long, dont la perception varie en fonction de leur implantation et de la densité de la trame bocagère aux abords du bâtiment.
- Le schiste ardoisier : c’est le matériau le plus utilisé ; pour la maçonnerie, mais également pour la couverture des toits (dès le XIXème siècle)
- le grès : il est couramment utilisé
- la craie tuffeau : les vallées sont des axes de pénétration de ce matériau de l’Anjou (Craon, la Sarthe en limite est), qui sert un peu partout en encadrement d’ouvertures
- la terre : utilisée de part et d’autre de l’axe Cossé-le-Vivien – Château-Gontier, elle repose le plus souvent sur des soubassements en pierre (Simplé)
- la brique : elle est couramment utilisée à partir du XIXème siècle pour les encadrements d’ouvertures (linteaux et jambages) - le bois : le colombage utilise le bois pour l’ossature des bâtiments, les vides sont comblés par un mélange de terre mélangé à du foin ou de la paille ; c’est une technique utilisée depuis le Moyen-âge, mais qui est poursuivie sur certains bâtiments agricoles jusqu’au XIXème siècle
- les enduits : c’est une grande tradition en Mayenne, ils sont réalisés à base de chaux grasse et de sable alluvionnaire ; ils étaient naturellement colorés, à différentes nuances suivant le sable ; ils étaient destinés à recouvrir les maçonneries (et en aucun cas la pierre de taille), les maisons d’exploitation n’étaient généralement pas enduites
- les menuiseries peintes : au XVIIIème siècle, les teintes claires et pastels sont très utilisées (rose, vert, bleu et ocre) ; au XIXème, le gris Trianon est préféré ; les portes étaient souvent peintes d’une couleur soutenue (bleu, vert, rouge)
On peut souligner que cette diversité est une richesse architecturale, qui anime les bourgs de différentes couleurs. Elle permet une grande liberté dans le choix des matériaux de construction, tout en respectant l’harmonie construite au fil des décennies.
Un riche patrimoine lié à l’eau
Sur la Mayenne et dans une moindre mesure sur l’Oudon et les autres affluents, un patrimoine lié à l’eau anime les paysages de vallées et raconte l’histoire de ce territoire : moulins à eau, lavoirs, ponts, fontaines, plans d’eau, écluses et barrages, chemin de halage …
Au sein de leurs parcs arborés, manoirs et demeures, châteaux souvent privés, des moulins à vents, s’exposent et animent la campagne ouverte. Le patrimoine religieux est très présent sur le territoire, avec des chapelles et des oratoires (majoritairement privés), ainsi qu’avec de nombreuses églises (essentiellement romanes, parfois gothiques), et l’Abbaye de la Roë au sud-ouest de l’unité. Au XIème siècle, elle fût un foyer de défrichement important au sein de la forêt de Craon, et l’établissement religieux le plus important du territoire mayennais, comptant une soixantaine de prieurés soumis à son autorité en Bretagne, Anjou et Maine.
En dehors de Craon implanté dans la vallée de l’Oudon, l’ensemble des bourgs prend place sur les coteaux des vallons et vallées. Même lorsque ceux-ci ne sont pas très prononcés, l’organisation urbaine et l’église en position dominante confèrent à ces bourgs un statut de point d’appel et de repère dans le paysage. Si leur frange est souvent enchevêtrée dans un réseau bocager lisible, les extensions urbaines ont tendance à s’exposer (cf. chapitre sur les dynamiques paysagères).
Des routes rectilignes entre bourgs
Les routes semblent tracées au cordeau, tendues d’un clocher à l’autre à travers l’espace agricole et offrent des perceptions latérales. Ce paysage est fort de sa simplicité, seules les clôtures et les alignements arborés rythment les parcours.
Pour aller plus loin sur le patrimoine culturel et naturel
Patrimoine culturel :
- Consulter l’article Les paysages institutionnalisés
- Consulter la rubrique "Sites et paysages" sur le Portail de données communales de la DREAL Pays de la Loire
- Consulter l’Atlas des Patrimoines du Ministère de la Culture
- Consulter les Bases Architecture et Patrimoine du Ministère de la Culture
Patrimoine naturel :
- Consulter la rubrique "Patrimoine naturel" sur le Portail de données communales de la DREAL Pays de la Loire
- Trame verte et bleue : consulter le Schéma régional de cohérence écologique (SRCE) des Pays de la Loire
Sources bibliographiques
- CERESA, Atelier TRIGONE. Atlas des paysages de la Mayenne. 4 tomes. DIREN Pays-de-la-Loire, DDE Mayenne, 1999.
- Les Cahiers du Conservatoire. La vallée de la Mayenne, un territoire en projet. Rencontres Conservatoire régional des rives de la Loire et de ses affluents, 2002.
*- Agence SIAM. Schéma de Cohérence territoriale du Pays de Craon. 2013. - Agences SCE et Cibles & stratégies. Schéma de Cohérence territoriale du Pays de Château-Gontier. 2014.
- R. BROSSÉ, B. GUÉRANGÉ, J. GUÉRANGÉ-LOZES, Y. HERROUIN, E. HOULGATTE, G. MOGUEDET et A. PELHÂTE avec la collaboration de H. ETIENNE, J.-M. LUTZLER et Ch. VAUTRELLE. Notice de la carte géologique 0391N de Château-Gontier au 1/50 000ème. 1998.