Les caractères des corniches des Alpes Mancelles et des Avaloirs
Des synclinaux de roches dures qui structurent le paysage
- Le synclinal de Pail entre le Horps et Pré en Pail aligne crêtes gréseuses et buttes de manière très lisible sur l’horizon des plateaux schisto-gréseux du briovérien ;
- Le synclinal de Mortain – Bagnoles, au nord de Couptrain, s’étire jusque dans la Manche et charpente le coteau sur cette direction armoricaine.
Ces matériaux de base (granits schistes et grès) sont mis en œuvre dans l’architecture et dans le petit patrimoine de calvaires notamment.
Un relief ample, charpenté de collines et aux vallées encaissées
- Les grandes crêtes et buttes qui dominent le paysage et marquent les horizons. Elles sont d’autant plus lisibles qu’elles sont recouvertes de grands ensembles forestiers du fait de la pauvreté de leurs sols. Ces points culminants lorsqu’ils sont dégagés ou aménagés de belvédères offrent de larges panoramas sur la campagne environnante avec une très grande profondeur de vue. Culminant de la région à 416m d’altitude, le Mont des Avaloirs offre avec son observatoire un point de vue privilégié sur les paysages alentours.
- Un plateau schisto-granitique ondulé qui constitue le socle de ce paysage.
- Des vallées encaissées aux allures de petites gorges montagnardes. Modelé en creux par le réseau hydrographique, le plateau bocager retrouve un relief plus vigoureux. Peinant à se frayer un chemin dans les roches dures, les vallées serpentent cadrées par des coteaux très abrupts avec parfois des aplombs rocheux spectaculaires. Caractéristiques du secteur des Alpes Mancelles, les pierriers, reliques périglaciaires du quaternaire, interrompent les boisements du coteau et ouvrent les vues sur la vallée de la Sarthe Les vues sont cadrées, l’horizon proche et le paysage du plateau ou des monts n’y est pas visible.
Un château d’eau naturel de la région
En position élevée et particulièrement perméable, le grès des crêtes repose sur des roches imperméables telles que les schistes et les granites. Ainsi on retrouve de nombreuses sources au pied des massifs qui alimentent notamment les rivières de la Sarthe et de la Mayenne. L’eau court partout dans ce paysage. Elle se distingue sous l’épaisse ripisylve par son murmure. Contrairement aux rivières souvent indolentes du reste de la région, les ruisseaux prennent parfois ici des allures de petits torrents très pittoresques pour aller se jeter dans les principales vallées encaissées qui font l’identité de ce paysage : la Mayenne, la Sarthe et le Sarthon.
Une structuration étagée du paysage
Cette unité se caractérise par une occupation du sol étagée qui renvoie à la tradition agricole de polyculture élevage du territoire :
- Les fonds de vallées sont en général ouverts par un cordon de petites prairies de fauche ou de pâtures humides
- Les coteaux les plus abrupts sont soit à nu (pierriers, aplombs rocheux) ou recouverts de landes ou de boisements
- Les coteaux les moins pentus sont structurés par un réseau bocager souvent dense qui délimite les prairies de pâture et dessine la topographie avec ses talus anti-érosifs parfois accompagnés de murets d’épierrage.
- Le plateau présente une maille bocagère plus distendue qui structure encore les parcelles de grandes cultures (céréales, cultures fourragères).
- Les monts sont coiffés de forêts (exploités pour certains autrefois en taillis à courte rotation pour les besoins de l’industrie du fer) et souvent ourlées d’une maille bocagère importante.
Les paysages forestiers des monts
Accentuant les reliefs de la corniche de Pail et des Avaloirs, les forêts de Pail et de Multonne présentent une véritable diversité d’ambiances paysagères liées à un ensemble de milieux et de formations végétales variées :
Des paysages de landes qui accompagnent les monts boisés ou les coteaux de La Sarthe
Les landes sèches et humides à Ericacées et Molinie, tourbières acides à Sphaignes, prairies humides et végétation aquatique ouvrent ponctuellement le paysage soit sur des clairières à l’intérieur de la forêt soit en dégageant de spectaculaires panoramas sur les versants des monts. Ces landes se distinguent particulièrement par des tâches violacées dans le paysage à la saison de floraison des bruyères et callunes. On les retrouve également à l’appui des pierriers dans le site classé des Alpes Mancelles.
Un paysage bocager souvent dense, original par sa gestion en têtards ou haies taillées
Le quadrillage bocager est généralement bien lisible sur les versants. La continuité du maillage souligne le relief et renforce la lisibilité des paysages. Le bocage est généralement dense et constitué de haies de bonne qualité (regroupant les strates arborées, arbustives et herbacées dans lesquelles dominent chêne, le hêtre, le châtaignier (avec sa silhouette noueuse) et le merisier.
- La conduite traditionnelle des arbres en têtard est réinitiée en travaillant notamment sur les anciens têtards pour les ramener à leur silhouette initiale ;
- La taille de haies arbustives donne une image très entretenue du bocage et dégage souvent les vues sur les coteaux ;
- L’ancienne conduite en plessage des haies peut localement être visible mais n’est pas aujourd’hui un mode de gestion perpétué.
Les vergers de production sont aujourd’hui peu nombreux et localisés le plus souvent à l’appui des hameaux. On perçoit également quelques vergers de pommiers à cidre et de poiriers à poiré, implantés dans des vallons, qui renforcent l’ambiance « bucolique » de certains sites.
Une architecture qui croise les influences de la Bretagne, du Maine et de la Normandie
Une implantation du bâti et des bourgs qui joue avec la pente
L’implantation de l’habitat en zone rurale est très diffuse comme traditionnellement dans les paysages bocagers : les hameaux anciens sont espacés en moyenne de 500m et s’articulent à la charnière entre le plateau et les vallées : ils sont ainsi au cœur du système de polyculture élevage, entre les zones de pâtures des vallées et les zones de cultures du plateau.
La présence ancienne d’arbres d’alignements sur la rue principale (attestée par de nombreuses cartes postales anciennes) était un des éléments caractéristiques des bourgs ruraux. Ces alignements ont souvent été remplacés voir supprimés pour des besoins de réfection de chaussée.
Des paysages qui sont le cadre d’un tourisme vert
Par sa situation géographique, à proximité d’agglomérations importantes et sa position de point culminant de la Sarthe, le site offre un attrait touristique non négligeable. Cela se traduit par l’aménagement de belvédères (comme au Mont des Avaloirs) et points de vue intégrés dans de nombreux circuits de randonnée à la fois pédestres (présence de GR du Pays de Mayenne Profonde et GR 36) et cyclistes.
Les dynamiques de construction limitées sur les bourgs patrimoniaux et les réhabilitations importantes du bâti ancien ont permis de préserver une image valorisante des secteurs les plus emblématiques comme les Alpes Mancelles. Reconnu dès la moitié du XIXème siècle pour l’intérêt paysagé, les promenades dans ces « montagnes » et les sites pittoresques, ce territoire a rapidement attiré les artistes qui ont contribué à forger l’image romantique de ces sites. Outre les sentiers d’interprétation, de nombreuses activités sportives privilégiant le contact avec la nature ont été développées (sports d’eau, équestre, escalade…).
L’ensemble est coordonné et diffusé au travers des organismes liés au tourisme et du PNR Normandie Maine.
Des infrastructures et activités industrielles marquantes dans le paysage
Le territoire de l’unité n’est aujourd’hui pas traversé par des infrastructures majeures (autoroute, voie ferrée) et le réseau routier garde encore fortement son caractère de route de campagne. Seule la RN12 (liaison entre Mayenne et Alençon) constitue l’infrastructure de desserte majeure qui, avec le pôle de Villaines-la-Juhel, concentre les développements urbains et d’activités (souvent très lisibles dans le paysage par leur matériaux et leur volumétrie).
Les infrastructures les plus marquantes dans le paysage restent les parcs éoliens à l’ouest de l’unité qui ponctuent l’horizon de leur monumentalité.
Pour aller plus loin sur le patrimoine culturel et naturel
Patrimoine culturel :
- Consulter l’article Les paysages institutionnalisés
- Consulter la rubrique "Sites et paysages" sur le Portail de données communales de la DREAL Pays de la Loire
- Consulter l’Atlas des Patrimoines du Ministère de la Culture
- Consulter les Bases Architecture et Patrimoine du Ministère de la Culture
Patrimoine naturel :