Les caractères de la vallée du Loir

Une vallée alluvionnaire aux coteaux calcaires


Une vallée alluvionnaire exploitée Sur les formations du crétacé, les alluvions du Loir se sont déposées par couches successives au fur et à mesure de l’encaissement de la rivière, induisant des terrasses qui sont d’autant plus anciennes qu’elles sont hautes. Ces sont ces terrasses quaternaires qui représentent une source recherchée de matériaux siliceux et qui sont exploitées sur l’ensemble de l’unité, de Poncé-sur-le-Loir à Montreuil-sur-Loir.
A proximité des rives du Loir, des carrières alluvionnaires sont toujours en activité développant leur « tas de sables ou graviers blonds » et leurs infrastructures d’exploitations. D’autres ont été transformées en étangs artificiels, certains sont discrets bordés de boisements et contribuent à la diversité écologique des milieux humides. « Ces étangs artificiels sont autant d’opportunités pour le développement d’une flore particulière, au bout d’un certain temps, et si les berges ne sont pas trop abruptes. Lorsque les ceintures de végétation peuvent se développer, elles s’organisent selon un zonage typique comprenant des plantes aquatiques (dont les nénuphars qui peuvent couvrir de grandes surfaces et ainsi marquer fortement les paysages), et une zone à hélophytes (avec les iris jaunes et les roselières, également très prégnants et représentatifs de ces types de milieux). Toutefois, les plans d’eau artificiels sarthois sont peu nombreux à présenter ces riches ceintures végétales. Outre la végétation, l’eau est également à l’origine de la genèse d’effets paysagers typiques : miroirs d’eau et jeux de reflets, luminosité spécifique de ces espaces souvent recouverts de brume ou de brouillard. » (Source Atlas de paysages de la Sarthe 2005)
D’autres s’exposent, transformés en bases de loisirs, plans d’eau d’agrément. Ils déclinent sur leurs rives leurs structures d’accueil (stationnement, hébergement …) et équipements (plage, base nautique, tennis …) et participent à l’attractivité touristique de la vallée.

Des coteaux calcaires Le Loir, qui s’écoule d’est en ouest, et ses affluents, qui ont une direction nord-sud, ont entaillé les formations du Crétacé supérieur (cénomanien, Turonien et Sénonien). Ces couches géologiques affleurent des deux côtés de la vallée et forment les coteaux calcaires. Ces calcaires ont été exploités et induisent ces ambiances bâties tout à fait particulières en Sarthe : « Le pays doit beaucoup à son calcaire, tuffeau blanchissant villages et fermes ainsi que de multiples châteaux qui font de ce Loir un petit paradis que chanta Ronsard. Le Tuffeau et l’ardoise angevine tracent fermement les contours des villages et hameaux ». (Source : CAUE 72 – Architectures rurales en Sarthe). Les caves troglodytes exploitées pour la viticulture, la culture des champignons voir le logement (pièces ou annexes) animent les coteaux du Loir mais aussi des vallées adjacentes.

L’ancienne boucle du Loir La lecture associée des cartes géologique et du relief, met en évidence avant la confluence du Loir et de la Sarthe, un jeu de coteaux intermédiaires et de plaine entre Tiercé et Seiches-sur-le-Loir. Il s’agit de l’ancienne boucle du Loir. Le réseau de failles et axes de plis du socle hercynien (orienté nord-ouest / sud–est) et du socle cadomien, côté massif armoricain (orienté nord-est / sud-ouest) a orienté et forcé le passage du Loir à sa sortie des roches plus tendre du bassin parisien. Il en résultait deux larges méandres. La réactivation de l’érosion en aval du Loir, soit par une chute du niveau de l’océan (eustatisme), soit par de nouveaux déplacement des couches géologiques suivant des failles perpendiculaires (fossé d’effondrement centre armoricain) a conduit à un tracé plus rectiligne du cours de la rivière. Le Loir sur ce secteur est passé de deux boucles à une seule. L’ancien méandre, aux terrains légers et fertiles, est aujourd’hui totalement investi par le maraîchage et l’horticulture en alternance avec de grandes masses boisées et un peu de mitage sur le coteau sous l’effet de la pression urbaine. Un ensemble de cours d’eau (fossés, rus) irrigue cette enclave paysagère.

Des cultures spécialisées qui structurent les paysages

Des sols de qualité variable à l’origine d’une alternance entre cultures et boisements
Hérités de ce contexte géologique spécifique, trois types de sols se distinguent dans la vallée et expliquent la diversité du couvert végétal de la vallée du Loir entre prairies bocagères, cultures et maraîchages, boisements humides ou résineux …

  • des sols alluviaux caractérisés par une hydromorphie temporaire ou permanente, souvent argileux voire tourbeux, sols très développés dans le cœur de la vallée du Loir, propices aux prairies, au bocage et aux plantations de peupleraies
  • des sols bruns assez communs que l’on trouve aussi bien sur les terrasses de la vallée que sur les coteaux, propices à la grande culture, aux cultures spécialisées (arboriculture fruitière à l’ouest, au maraîchage et à l’horticulture), et propices aux boisements feuillus et conifères
  • des sols lessivés plus pauvres, caractérisés par une décomposition rapide de l’humus, que l’on trouve notamment sur les formations du crétacé et les argiles à silex (sols argilo-calcaires), propices à la vigne à l’est sur les coteaux et rebords de plateau calcaire

Mise en scène des reliefs, rythmes et effets de masques horizontaux Maraîchage, horticulture, arboriculture fruitière, viticulture, toutes ces cultures spécialisées sont organisées sur le principe de rangs bien identifiables. Les rangs sont plus ou moins larges, plus ou moins serrés, de volumes plus ou moins imposants mais ils s’imposent dans les paysages, ils induisent des directions, des rythmes qui structurent le paysage et soulignent les reliefs. Associées à des produits de terroirs, ces cultures développent une économie spécifique et s’accompagnent d’une image positive. La viticulture s’accompagne aussi d’un patrimoine bâti de qualité, de la loge de vignes, au château ou à la demeure bourgeoise et ses caves troglodytes. Ce patrimoine est souvent mis en scène par un premier plan viticole quand celui-ci n’a pas été remplacé par des cultures depuis la diminution nette des surfaces viticoles.
Ces cultures spécialisées s’accompagnent aussi d’un effet de masque horizontal, surface blanche réverbérante qui ondule sur les vergers palissés ou au niveau des tunnels de maraîchage ou d’horticulture.

Pour en savoir plus sur le Jasnières et le Coteaux du Loir

Effets d’écrans, masques verticaux, mais aussi effets de cadre et de porte végétale
Les boisements et peupleraies sont nombreux dans la vallée du Loir et induisent des effets d’écrans et de masques qui bloquent les vues et ferment le paysage. Par transparence au travers des troncs ou parfois en hiver, ces massifs créent un filtre transparent laissant deviner l’arrière-plan. Ils ont quand même pour principal effet de cloisonner l’espace de la vallée et de limiter les vues ouvertes de coteaux à coteaux.


Ils peuvent aussi cadrer une vue et mettre ainsi en scène un bourg, un élément bâti remarquable ou une percée visuelle sur le fond de vallée, créant un effet de surprise.

Une rivière discrète … sauf quand elle quitte son lit !


L’omniprésence de l’eau Au cœur de cette large vallée (entre 2 et 6 km environ), le Loir décrit de larges sinuosités. Il s’écoule d’est en ouest, avec une pente très faible et de nombreux méandres. Mais, ce qui est très lisible sur la carte, ne l’est pas forcément sur site, le Loir se cache derrière la végétation, reste peu perceptible ni accessible sauf quand on le traverse. L’eau reste un élément majeur des paysages de cette vallée qui se caractérise par une succession de prairies humides, de plans d’eau, bras morts, boires, rivières et ruisseaux, marais (comme celui de Cré-sur-Loir – La Flèche). S’étendant sur près de 65 hectares, le site des marais de Cré-sur-Loir constitue la plus grande zone de marais alluvial du département de la Sarthe. Il offre un paysage caractéristique de la Vallée du Loir avec un ensemble de roselières, bois alluviaux et prairies humides parcourus par un réseau de canaux. Cette diversité d’habitats naturels sur une surface aussi réduite confère à ce site, un paysage spécifique et un intérêt patrimonial indéniable justifiant de son classement en réserve naturelle (source CPIE).

Pour en savoir plus sur les réserves naturelles dans la vallée du Loir dans région des Pays-de-la-Loire

Les caprices de la rivière
Le bassin du Loir est un territoire où les inondations ont marqué les esprits, notamment lors des fortes crues de 1983 et 1995. Les crues du Loir (et de la Braye) qui se sont produites en 2004, de moins grande ampleur, ont cependant permis de rappeler que ce risque demeure. En période de crue, le Loir sort de son lit et investit les prairies. L’ampleur de la vallée permet à l’eau de s’épandre tranquillement même si elle monte de façon conséquente.


En hiver et au printemps, l’eau peut tout recouvrir aplanissant les subtilités du relief, renforçant le sentiment d’horizontalité … créant une ambiance de grands lacs, si ce n’est la présence de quelques éléments végétaux (lignes bocagères, peupleraies …) qui dépassent çà et là. Cette particularité s’accompagne d’une certaine préservation des paysages du fond de vallée face à la pression urbaine notamment, sauf au niveau de la Flèche, où le Loir est canalisé et donc contenu, permettant à la ville de se développer dans la vallée. L’attractivité du Loir, outre les structures d’accueil de loisirs, induit par ailleurs un développement de petits terrains d’agréments privatifs, accueillant des cabanons privés qui s’égrènent le long de son cours, le rendant encore moins accessible, cloisonnant et fermant l’espace. Ces deux points sont développés dans la partie dynamique.

Une vallée patrimoniale

La rivière a fortement conditionné les implantations bâties. Le Loir a toujours été attractif comme en témoigne le riche patrimoine qui caractérise sa vallée et celles de ses affluents.

Une implantation humaine très ancienne
« Autour de -4500 avant notre ère, l’homme se sédentarise. Il se regroupe dans des villages et construit des maisons en bois et torchis. L’existence de ces hommes du Néolithique (-4500 à -2500 avant notre ère) sur les bords du Loir est attestée aujourd’hui par la présence de monuments mégalithiques, en particulier sur les communes d’Aubigné-Racan, Vaas et Dissay-sous-Courcillon : des dolmens, monuments funéraires dont il ne reste que la tombe ; des menhirs, pierres dressées érigées dans la plupart des cas pour délimiter ou marquer le territoire d’une communauté.
A l’époque romaine, le Loir est une voie de communication est-ouest ; les axes routiers nord-sud (Tours-Le Mans) franchissent la rivière comme à Vaas et à Cherré. Plusieurs sondages archéologiques ont mis en évidence l’existence de gisements antiques, notamment dans les villages de Cré-sur-Loir, de Vaas et de Luceau. A Aubigné Racan, le site de Cherré est un important sanctuaire rural avec un théâtre, un marché-forum, deux temples et des thermes ; c’était un point de rencontres saisonnières pour les échanges commerciaux et les fêtes religieuses.
 » (Extrait de la Charte architecturale et paysagère – Pays de la Vallée du loir – Diagnostic les fondements du territoire)


Des bourgs et villes qui tissent une relation étroite avec la rivière Du fait des caprices de la rivière, de la configuration des sites, de l’exposition du coteau, et des aménagements du cours d’eau, les principaux bourgs et villes se sont implantés :
  • au pied d’un versant raide comme la Charte-sur-Le-Loir
  • sur un coteau marqué comme Durtal
  • sur un coteau très doux comme le Lude, Bazouges-sur-Loir, Vaas
  • dans l’embouchure d’une rivière affluente comme Château-du-Loir, Dissay-sous-Courcillon, Marçon
  • ou en fond de vallée quand le Loir est canalisé et maitrisé comme à la Flèche

Cette diversité d’implantation contribue à la richesse des paysages et des paysages urbains, tous tissent une relation étroite avec la rivière. Le Loir est une composante majeure des ambiances urbaines notamment au niveau des cœurs anciens. Les villages, bourgs et villes de la vallée du Loir ont à l’origine des structures urbaines de « villages-rues » ou de « villages-carrefours ».


Plusieurs bourgs, se sont développés autour de châteaux féodaux, dont il ne reste que quelques vestiges aujourd’hui comme Château-du-Loir, La Chartre-sur-le-Loir ou qui ont été transformés en demeures au fil des siècles comme Le Lude, Poncé-sur-le-Loir. Ils ont tous un patrimoine spécifique lié à l’eau comme un registre de quai, ancien port parfois (comme à la Flèche), des barrages et moulins, des lavoirs …
Ces bourgs ont tous une histoire économique indéniable et des structures d’accueil touristiques qui se lisent dans la composition urbaine en lien avec la rivière. L’un comme l’autre impacte fortement les paysages. Ces points sont développés dans le chapitre sur la dynamique des paysages.
Pour en savoir plus sur les bourgs et villes de la vallée du Loir Consulter les éléments détaillés sur les bourgs et villes de la vallée du Loir extrait du diagnostic de la Charte architecturale et paysagère du Pays de la vallée du Loir (2012)

Des manoirs, châteaux, témoins d’une villégiature et d’une économie florissante
Un cadre paysager de qualité, une économie florissante notamment dans les belles heures de la viticulture, une occupation humaine ancienne … autant de facteurs qui peuvent expliquer l’importance du nombre de châteaux et manoirs, édifiés à l’écart des bourgs et villages et qui, avec leur grand parc (souvent un parc arboré près du bâti et un parc agricole qui s’étend dans la vallée), tisse une relation privilégiée avec la vallée. Le jeu des covisiblités et des mises en scène anime les paysages de la vallée du Loir.


Un patrimoine vernaculaire lié à l’usage de l’eau : moulins, lavoirs, pertuis et barrages … Le Loir n’est pas intégralement aménagé pour la navigation, cependant il est navigable presque que sur l’ensemble de la traversée de la région des Pays-de-La-Loire. La partie navigable se situe de Port-Gauthier (limite ouest de la commune de Chahaignes - Sarthe) à la cote 47,50 m jusqu’à l’embouchure dans la Sarthe (commune de Briollay - Maine-et-Loire) à la cote 15 m, sur une longueur de 117 km. Le cours est ponctué de 34 barrages qui intègrent des pertuis (ouverture ménagée dans un barrage pour la navigation, en usage depuis l’Antiquité, ancêtre de l’écluse) comme à Bazouges-sur-le-Loir, Durtal, la Flèche, Villévêque…
En association avec ses barrages, de nombreux moulins ont été construits, bénéficiant de la force de l’eau pour la transformer en énergie. Ces édifices aux volumes imposants sont souvent réhabilités en maisons principales ou secondaires aujourd’hui. Ils se découvrent au hasard d’une traversée de rivière ou dans les cœurs de bourg anciens implantés sur le Loir.

Un bâti rural simple et lumineux grâce au tuffeau
« Les fermes se sont développées à partir d’une barre simple, groupant logis et communs, puis les bâtiments agricoles se sont greffés en perpendiculaire et en parallèle, formant la cour. Dans la vallée, l’ensemble est parfois affirmé par la présence de murs de clôture, donnant cohésion à l’exploitation ou au hameau. La règle est la toiture à deux pans (pente à 40° ou 50°, en ardoise depuis le milieu du XIXème siècle), mais quelques toitures à quatre pentes marquent les exploitations aisées. Certaines annexes sont rejetées hors de la ferme, la cave est percée dans le coteau calcaire. Le recours au tuffeau donne au Loir sa couleur et sa richesse ornementale. » (Source : CAUE de la Sarthe. Architectures rurales en Sarthe, 1991)



Des infrastructures majeures dans la vallée

La vallée du Loir est en elle-même un axe de desserte historique, économique et touristique. Elle accueille de fait un réseau dense d’infrastructures :

  • Les routes départementales et le réseau ferré principalement dans l’axe est-ouest de la vallée qui trouvent des changements d’orientation au niveau des nœuds urbains et qui déclinent un registre de zones d’activités notamment aux abords des principales villes et noeuds ferroviaires

  • Les autoroutes A 11 à hauteur de Durtal, et A28 à hauteur de Château-du-Loir, qui coupent la vallée suivant un axe nord-sud

Si ces infrastructures constituent des caractères identitaires de l’unité paysagère, elles sont développées dans la partie dynamique.

Pour aller plus loin sur le patrimoine culturel et naturel

Patrimoine culturel :

Patrimoine naturel :

Sources bibliographiques

  • CAUE de la Sarthe. Architectures rurales en Sarthe, Vallée du Loir. 1991.
  • Etude des paysages de la vallée du Loir dans le cadre de l’intégration paysagère des carrières et de la mise en valeur de la vallée du Loir. 1995.
  • BOSC & PIGOT, VU d’ICI, Bruno DUQUOC. Atlas des paysages de Maine-et-Loire. Département de Maine-et-Loire, DIREN, Pays de la Loire, DDE Maine-et-Loire Version éditée Le Polygraphe, 2002.
  • CERESA. Atlas des paysages de la Sarthe. Conseil Général de la Sarthe, DDE de la Sarthe, DIREN Pays de la Loire, 2005.
  • Pays de la vallée du Loir. Charte architecturale et paysagère. 2012.

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