Le bocage : structure paysagère régionale dominante
Le bocage, une structure végétale emblématique de l’Ouest de la région
De fait, les haies constituent une part importante du couvert végétal de la région, associées à d’autres structures végétales comme les bosquets et les boisements, formant une trame végétale imbriquée et complexe souvent peu lisible depuis les voies environnantes.
Ainsi, le bocage s’implante sur une bonne partie de la Vendée, de la Loire-Atlantique, de la Mayenne et sur la partie Ouest du Maine-et-Loire, dans des proportions et des dispositions diverses dépendantes de la nature du sol et des expositions. On le trouve également dans les vallées où les linéaires structurent les prairies inondables.
La formation du bocage et de ses paysages : synthèse historique
« Le bocage est un paysage totalement confectionné par l’homme. Nous pouvons donc relier son histoire à celle de ce dernier, avec une période d’extension du bocage jusqu’en 1950, suivie par une période de diminution.
L’origine du bocage armoricain remontrait à la protohistoire, certains talus datant de l’âge de fer (-700 à -50 Av J.C.), et correspondraient à des clôtures de champs ouverts disposés autour d’un habitat communautaire.
A partir du XIIIème siècle, une incitation seigneuriale de vocation agricole constituerait une seconde phase d’enclosure pour obtenir un bocage dit « organique ».
Aux XVIIème et XVIIIème siècles, les défrichements importants et l’extension de l’agriculture dans les zones de landes et de forêts ont conduit à la formation d’un bocage dit « d’intercalation » (ce nouveau bocage s’intercale entre l’ancien et les zones de landes et de forêts).
Puis, jusqu’au XXème siècle l’abandon du travail collectif et de la pâture sur les champs ouverts provoque une individualisation de l’habitat et un découpage fin de l’espace : le bocage « de substitution ».
Enfin, à partir de 1950, cette période d’extension du bocage s’inverse par une déstructuration sous l’influence d’une mécanisation accélérée, du productivisme et de l’abandon du métayage et de l’assouplissement des baux de fermage (Jégat R 1994 ; Vest 1998). L’élément concret de cette déstructuration est le remembrement qui a conduit à l’arrachage de milliers de kilomètres de haies.
A partir des années 90, le linéaire semble se stabiliser, avec l’apparition de nouveaux enjeux. »
(Source : Thématique des complexes bocagers : haies, mares, prairies - état des lieux et bilan des connaissances, Région des Pays de la Loire et Fédération Régionale des Chasseurs des Pays de la Loire, Mars 2008)
Le bocage, un paysage en évolution entre fermeture et ouverture
L’évolution des techniques agricoles, les changements de vocation des parcelles et leur agrandissement sous l’effet des remembrements ont généré une mutation de ces types de paysage, qui tend vers la diminution du réseau bocager. La haie et l’arbre sont en outre des structures qui ont perdu en utilité au regard des nouveaux modes de vie et de consommation : production de petit bois, bois d’œuvre, fruitiers, voire même la dimension symbolique de la plantation d’un arbre… ce qui se traduit indirectement dans le paysage par leur non renouvellement.
En parallèle, les milieux les moins accessibles ou ceux qui sont soumis à la pression urbaine aux abords des bourgs s’embroussaillent et retrouvent sur certains secteurs un couvert de landes qui tend à évoluer vers un boisement.
Des actions en faveur du bocage sont toutefois menées afin de maintenir, de conforter et de renouveler les haies. Replantations, réflexion sur les trames, intégration du bâti sont autant d’opérations qui visent à intégrer la dimension paysagère du bocage et à inverser les tendances en cours, tout en composant avec les systèmes agraires en place. Il y a donc émergence sur certains secteurs d’un nouveau système bocager, plus ample, mais dont le confortement pourrait à terme partiellement refermer le paysage.
Influence de la composition et de l’entretien des haies bocagères sur le paysage
Ainsi, les têtards marquent une forme identitaire des paysages régionaux qui participent à différencier localement les territoires selon le type de gestion mené, qui renvoie généralement à la tradition et à la culture.
Si la mécanisation tend à homogénéiser les modes de gestion et de taille des haies, les pratiques traditionnelles semblent aujourd’hui de nouveau praiquées pour alimenter notamment les filières bois ou dans les périmètres des parcs naturels régionaux.
Les paysages de bocage, un panel d’usage et de fonctions
Installées le plus souvent en limite de parcelles ou au bord des voies, les haies jouent de nombreux rôles : recueil et purification de l’eau, limitation de l’érosion du sol, production de petit bois, accueil et circulation de la biodiversité, délimitation des prairies… Elles sont souvent couplées à un talus. Ce rôle d’habitat et de vecteur de déplacements pour la faune (oiseaux, rongeurs, insectes…) constitue un enjeu écologique majeur de cette ossature végétale et explique le statut particulier de ce réseau de haies dans la préservation de la trame verte et bleue régionale. Ces dernières assurent souvent les liens entre des biotopes et milieux naturels d’intérêt majeurs (mares et étangs, bois et forêts, landes…)
La trame bocagère avec toutes ses diversités graphiques et paysagères constitue enfin un registre paysager essentiel facilitant l’intégration des projets qu’ils soient au cœur de l’espace agricole (bâtiments d’exploitation, infrastructures…) ou aux franges des bourgs et agglomérations pour intégrer les extensions résidentielles, des zones d’activités économiques… Elle permet par ailleurs de créer des liens verts entre zone urbaine et espace rural.