Pour en savoir plus sur la variété des matériaux comme élément d’identité architecturale

publié le 11 avril 2016

Les premières constructions de bois et de terre et de pierre, des connotations anciennes et locales dans le paysage

L’usage de la pierre dans le milieu rural est d’abord réservé aux personnes aisées. Les autres construisent leur habitat avec des mélanges de terres et de végétaux à la pérennité souvent défaillante.
Peu à peu, les premières maisons se construisent de pierre et ces matériaux « primitifs » sont réservés aux annexes agricoles avant d’être complètement délaissés. Quelques traces subsistent encore aujourd’hui, principalement dans les marais (Brière, breton-Vendéen…) où leur côté typique est mis en avant, mais également dans le Nord Mayenne où les maisons à colombages annoncent l’architecture de Normandie. Plus généralement, les structures de paille et de torchis sont également visibles sur d’anciennes granges en voie de délabrement. Ce type de matériau est cependant très peu visible.

Plus résistantes aux effets du temps, les constructions de pierre restent en revanche une composante majeure des paysages de la région. La nature des roches définit leur utilisation (pierre de taille, soubassement, toiture…) et leur aspect extérieur, en particulier les teintes et les couleurs. Elles imposent des contraintes inhérentes au bâti, sur lesquelles viennent se greffer les goûts et les savoir-faire locaux, notamment en termes d’agencement des pierres et du mortier, d’enduit, de finition.

Palis d'ardoise devant le Manoir de la Petite Haie, Grand Auverné (44)
Palis d’ardoise devant le Manoir de la Petite Haie, Grand Auverné (44)


Ainsi, la tuile canal est utilisée en Vendée où son poids génère des toits peu pentus par rapport aux tuiles plates sarthoises. Les tuiles baugeoises, guère plus utilisées, montrent une forme canal mais sont munies d’un nez d’accroche permettant d’avoir des toits plus pentus ; leur système de pose génère des effets particuliers dans le paysage. Les ardoises dominent sur le reste du territoire régional. Sur certains secteurs, elles étaient utilisées sur les demeures d’importance car elles ont longtemps été considérées comme un matériau de luxe du fait du coût élevé de leur transport.
Les enduits de chaux sont souvent réservés aux corps d’habitation et la couleur du sable d’enduit vient couvrir les couleurs des pierres.

Tuile canal en Vendée
Tuile canal en Vendée


La couleur des matériaux utilisés influe fortement sur la perception du paysage. Ainsi, les teintes sombres du socle cristallin forment des bâtiments qui peuvent paraître austères mais qui s’intègrent parfaitement dans un paysage à dominante végétale ; en revanche les couleurs éclatantes du calcaire et de certains grès illuminent les paysages du Val d’Anjou et des plaines vendéennes au premier rayon de soleil.

Couleurs lumineuses du bâti calcaire à Fontevraud
Couleurs lumineuses du bâti calcaire à Fontevraud

Couleurs sombres du bocage en Loire-Atlantique
Couleurs sombres du bocage en Loire-Atlantique

L’apparition des matériaux industriels dans le courant du XIXe siècle

La révolution industrielle amène un cortège de nouveaux matériaux plus simples à mettre en œuvre que la pierre et qui vont rapidement les supplanter en termes de volume. La pierre est alors utilisée comme signe extérieur de richesse ou comme parement sur des murs de ciments.
Ainsi, les murs se construisent en parpaings, en ciment ou en béton cellulaire. Afin d’assurer leur protection, ils sont revêtus d’enduits (ou de parements, faible épaisseur posée sur le mur), ce qui permet par ailleurs de les habiller. La diversité des couleurs du bâti est alimentée par la qualité du sable utilisé.
Les toitures restent dans les tonalités anciennes, tuiles ou ardoises, mais les techniques de production changent à l’image de l’apparition de la tuile mécanique qui vient simplifier la pose.
L’acier fait son apparition et est utilisé comme ossature de bâtiments, ou plus sporadiquement dans les encadrements de fenêtre et pour les volets. Il marque encore aujourd’hui certaines constructions comme certaines halles en centre-ville et l’architecture industrielle.
La tôle marque les bâtiments agricoles, leur conférant des couleurs claires qui ne s’intègrent pas contrairement aux constructions traditionnelles en pierre locale. Dans la même logique, les bâtiments d’activités et en particulier les anciennes usines à l’architecture qualitative et travaillée sont remplacés par des « cubes métalliques » sans caractère ni spécificités architecturales.

Halles typiques de l'époque industrielle au Sable-d'Olonne
Halles typiques de l’époque industrielle au Sable-d’Olonne


Enfin, l’avènement du PVC marque la plupart des constructions récentes avec l’utilisation sur les encadrements de fenêtre, les volets, les portes et les clôtures. La couleur blanche est souvent la plus employée et contraste généralement fortement avec les couleurs traditionnelles locales.

Les nouveaux matériaux

Les avancées technologiques permettent aujourd’hui la mise en œuvre de techniques aboutissant à l’utilisation de nouveaux matériaux, privilégiés pour leur simplicité d’utilisation, leur coût faible de fabrication et leurs performances. Le bac acier, le béton, les polymères, l’acier et le verre plat marquent les nouvelles constructions. Les toitures se parent par ailleurs de panneaux solaires, particulièrement en Vendée où l’ensoleillement s’avère particulièrement favorable à cette source d’énergie.
Parallèlement, un regain d’intérêt pour les constructions réinvestissant les anciennes techniques et les productions locales, vient réaffirmer l’emploi de la terre, du bois et de la paille dans le paysage. Les constructions en bardage bois sont ainsi devenues une composante essentielle des nouveaux paysages urbains.

Usage des panneaux solaires sur les toitures vendéennes
Usage des panneaux solaires sur les toitures vendéennes

Des matériaux traditionnels aux nuanciers de couleurs contemporains

Quand les roches ne sont pas apparentes, c’est la couleur de l’enduit qui va prédominer, en lien avec les revêtements de toiture. Souvent, les enduits montrent des teintes allant de l’écru au gris, en passant par les ocres-jaunes et les teintes rosées. Ces teintes peuvent être imposées dans les documents de planification à des fins paysagères, en cherchant à créer des ambiances harmonieuses par des choix judicieux de couleurs. Dans certaines communes, ce sont des études de nuancier spécifiques qui sont menées afin de conforter par ce biais l’identité de la commune.
Dans le même ordre d’idée, le choix des couleurs des menuiseries (la peinture étant en effet une bonne protection pour le bois : volets, encadrements de fenêtre, portes…) peut conforter ou au contraire perturber la lisibilité des espaces bâtis. Traditionnellement, les couleurs foncées prévalent dans les terres de bocage (vert sombre, bruns, gris…) tandis que le bleu marque les paysages littoraux et le vert les paysages de marais. Néanmoins, l’utilisation de couleurs visant à se démarquer des résidences alentours ou à évoquer d’autres paysages peut conduire à des reports de modèles et à des disparités, comme par exemple l’utilisation du bleu dans des secteurs autres que littoraux. Comme pour les enduits, des chartes de couleur peuvent être mises en place pour apporter une cohérence paysagère aux ensembles bâtis.

Dans le marais vendéen, les couleurs des menuiseries traditionnelles sont dans les tonalités de vert
Dans le marais vendéen, les couleurs des menuiseries traditionnelles sont dans les tonalités de vert