Pour en savoir plus sur l’utilisation des roches dans l’architecture

publié le 11 avril 2016 (modifié le 2 mai 2016)

L’utilisation des roches dans l’architecture : vers une diversité des motifs paysagers

Schistes et ardoises

Bourg de schistes et d'ardoises sur le sillon ardoisier de Trélazé
Bourg de schistes et d’ardoises sur le sillon ardoisier de Trélazé

Les schistes ont un aspect feuilleté, ils peuvent de ce fait se débiter en plaques. Ce sont des roches peu perméables. L’ardoise est un schiste particulier, au grain très fin et facilement fissible. Son aspect mat peut donner un aspect austère. Selon les secteurs, il présente différents faciès qui participent à façonner une identité parfois très locale : bleu/noir dans le Haut-Anjou, schiste marron autour d’Argentré…
Le schiste brut peut être utilisé en moellons sur certains bâtiments majeurs comme le château d’Angers. Il sert à la création de maçonneries de murs et murets extérieurs ainsi qu’en soubassement dans les maisons pour éviter les remontées d’humidité. Il est également présent dans les paysages de vignes, sous forme de piquets, ou sous forme de palissades de jardins constituées par des plaques de schistes jointives (St Jean des Mauvrets, Freigné….). Les fines plaques d’ardoise sont utilisées matériau de couverture.
Le sillon ardoisier qui traverse le Maine-et-Loire produit des ardoises de qualité, particulièrement réputées. Les principales mines étaient situées à Trélazé où l’on a compté jusqu’à une trentaine de carrières à ciel ouvert (la plupart comblées aujourd’hui de déchets). D’autres productions ont marqué les paysages de Noyant-La-Gravoyère, Combrée, La Pouèze, Renazé et Javron-les-Chapelles en Mayenne. Des ardoises sont également produites dans le Nord Mayenne et servent à la production de granulats expansés.

Les granites

Mur de granite dans le bocage vendéen
Mur de granite dans le bocage vendéen


Le granite est une roche formée en profondeur résultant d’une fusion partielle de la croûte continentale et sa composition dépend de son environnement de formation. Il existe donc de nombreux types de granites qui se distinguent par leur couleur (bleu, rose, blanc…), leur granulométrie ou encore leur comportement (dureté, porosité, imperméabilité…). De manière générale, il s’agit d’une roche dure et relativement sombre.
Considéré comme une pierre noble, le granit est utilisé en matériau d’encadrement et en moellon pour les murs. Il a également servi à la construction du petit patrimoine vernaculaire comme les fontaines ou les calvaires.
Ce matériau est caractéristique du socle primaire métamorphisé. Il est dominant au Nord de la Mayenne et est également présent dans les Mauges et dans le Segréen. Les roches étaient essentiellement exploitées en usage local en complément du schiste mais certaines exploitations ont été très importantes comme à Bécon-les-Granits.

Les grès

Différentes utilisation du grès dans un bourg mayennais
Différentes utilisation du grès dans un bourg mayennais


Formés de sables qui se sont cimentés par précipitation de minéraux solubles sous l’effet de compaction, les grès présentent une diversité de type liée à la nature du sable aggloméré et à la qualité du ciment. Les grès les plus durs sont des pierres non gélives et faciles à travailler. Sa teneur en oxyde lui donne une teinte rouge plus ou moins prononcée : grès roussard sarthois, grès rouge d’Avessac en Loire-Atlantique…
Le grès est utilisé comme pierre d’encadrement, parfois pour des constructions entières, comme les églises. Il est également employé pour les constructions de puits, de murets, de croix… Le grès roussard, particulièrement connu pour ses qualités esthétiques et techniques, a été utilisé dans la construction d’édifices religieux (église de Vernie, abbatiale de Saint-Gildas-des-Bois).
Le grès est présent dans tous les départements de la région et particulièrement dans la Sarthe, sous forme de dalles incluses dans les dépôts de sables.

Les calcaires et tuffeaux

L'abbaye de Fontevraud, un édifice construit en tuffeau
L’abbaye de Fontevraud, un édifice construit en tuffeau

Mur calcaire de la plaine vendéenne
Mur calcaire de la plaine vendéenne


Le tuffeau est une pierre calcaire crayeuse comportant de nombreux débris de coquilles du fait de sa formation en bord de littoral. Il peut être blanc, jaune ou plus rarement gris, ce qui lui donne une teinte très lumineuse qui a marqué les paysages dits « de l’Anjou blanc ». Très tendre, cette pierre peut être facilement sculptée et ouvragée. Elle est poreuse et est donc sensible aux dégradations par l’eau (cycles gel/dégel, cristallisation des sels, perte de résistance), ce qui impose l’utilisation d’autres pierres plus dures pour faire les soubassements, parfois intercalés de briques dont la perméabilité permet l’évaporation de l’eau. L’application d’enduits pour protéger les murs s’avère également nécessaire sur les moellons. Ils doivent permettre au tuffeau de respirer : la chaux est particulièrement préconisée mais elle ne doit pas contenir de ciment.
Considérée comme noble, le tuffeau a été utilisé sur les beaux édifices pour faire les murs mais également des baies, des lucarnes, des corniches, des linteaux… où elle est souvent sculptée de motifs variés du fait de son caractère tendre. Sur les maisons plus modestes, elle sert de pierre d’encadrement tandis que les murs et les murets sont constitués de moellons de tuffeau, enchâssés les uns aux autres par des lits de pierres successifs et liés par du mortier. L’application d’un enduit de chaux plus tendre que le tuffeau et sans ciment permet de le protéger de l’eau et d’assurer sa respiration.
Les principales carrières de tuffeau (pierre de calcaire tendre) étaient situées dans l’ensemble du Saumurois et le long du Loir, elles ont été transportées dans les secteurs voisins via les vallées (Loire, Mayenne, Oudon…). L’accessibilité du tuffeau a permis une exploitation souterraine depuis les coteaux des rivières, ce qui permettait de préserver les terres agricoles sus-jacentes et a donné les célèbres troglodytes. Certaines carrières sont exploitées dès le VIIème siècle (comme la carrière des sarcophages de Douces). Au XIXe siècle, plus de 100 carrières étaient en activité et fournissaient, les grands chantiers de Nantes en empruntant la Loire.
Au Nord près de Durtal, le calcaire des Rairies a jouit d’une excellente réputation (pierres à bâtir en assises, marches d’escaliers, ornements, cheminées) et fut exploité pendant près de 400 ans jusqu’à l’épuisement de la ressource. Du calcaire bleu est également présent dans le bassin de Laval (Soulgé-sur-Ouette).

Les faluns et les grisons

Il s’agit de pierre calcaire coquillière que l’on trouve particulièrement dans la région de Doué-la-Fontaine. Cette pierre a été extraite pendant des siècles, pour fournir des pierres de construction et les sables quartzeux pour les voies de circulation.
Sa forte porosité empêche les remontées d’humidité par capillarité, elle est donc particulièrement utilisée en soubassement, protégeant les façades de tuffeau caractéristiques de la région. Elle résiste au gel et à la compression. Extrait dans des carrières, le falun est découpé en blocs pour faire pour murs et des encadrements de fenêtres.

La chaux

Ancien four à chaux à Saint-Vincent-Sterlanges
Ancien four à chaux à Saint-Vincent-Sterlanges


La chaux est fabriquée à partir de calcaires locaux cuits avec le charbon du pays et/ou le petit bois des tailles, et ce à chaque fois que la roche est affleurante et en grande qualité. Elle est destinée à la construction (réalisation d’enduits) mais aussi à l’amendement des sols. Elle était élaborée dans d’anciens fours à chaux dont certains sont encore visibles aujourd’hui et marquent le paysage par leur silhouette imposante.

Les argiles, briques et tuiles

Briques décoratives des halles des Sables d'Olonne
Briques décoratives des halles des Sables d’Olonne

Toitures de tuiles plates dans la Sarthe
Toitures de tuiles plates dans la Sarthe


L’argile est une matière première relativement simple et facile à mettre en œuvre. Elle résulte de la décomposition de la roche mère en microparticules possédant la propriété de retenir l’eau. Broyée puis malaxée, l’argile forme une pâte malléable aisée à façonner, non gélive et résistante à la cuisson, dont les qualités varient selon la provenance. Elle est ensuite mise en forme avant d’être cuite dans un four, où elle se durcit pour former une surface imperméable et résistante aux intempéries et à la chaleur. La teneur en oxyde de fer détermine la couleur rouge plus ou moins prononcée de l’argile cuite.
L’argile est principalement utilisée et manifeste dans le paysage sous sa forme cuite. La tuile est utilisée principalement en matériau de couverture, formant des ensembles de toitures colorées sous différents tons de rouges, de roses et de brun, parfois combinées au sein d’un même bâtiment, souvent homogènes. Elle se présente sous différentes formes : tuiles plates, tuiles canal… Couleur et formes ajoutent à la diversité des paysages. La brique est couramment utilisée en matériau de construction, en particulier pour faire les conduits de cheminée ou encore les encadrements. Elle peut être un objet de décoration de certaines façades. Des enduits particuliers apportent une touche colorée décorative. La production de poteries constitue également un débouché certain de l’argile.
De nombreux secteurs de la région possèdent les conditions de sous-sol nécessaires pour permettre l’exploitation de l’argile, affectée principalement à la production de terre cuite. De ce fait, la brique a été employée un peu partout dans la région, en matériau principal ou en décoration. La tuile se répartit sur la partie Est et le Sud de la région.

Les graves et sables

Gravière en exploitation dans la vallée de la Loire
Gravière en exploitation dans la vallée de la Loire


Les graves et sables ont été particulièrement exploités dans la vallée de la Loire puis, suite à l’interdiction de ces exploitations en raison d’un enfoncement du lit de fleuve ayant conduit à un abaissement du fil de l’eau, sur les zones alluviales quaternaires.
Les sables étaient et sont utilisés pour la réalisation des enduits, des chemins, des ciments…