Les caractères du haut bocage vendéen

publié le 7 décembre 2015 (modifié le 28 décembre 2016)

Un paysage orienté par la tectonique sud armoricaine

Les plissements sud armoricains ont modelé cet ensemble complexe de roches métamorphiques (principalement des granites) qui termine une longue zone de subduction
qui démarrait dans le Morbihan et passait par le Sillon de Bretagne. Ces plissements ont été remaniés par une série de failles orientées nord-ouest / sud-est des Herbiers à Pouzauges. Ils ont structuré dans cette direction toute la chaîne collinaire marquant ce paysage, en la faisant basculer d’une trentaine de mètres vers le haut. Il en résulte un paysage de collines bien charpentées qui par endroits n’est pas sans rappeler des ambiances de piémont montagnard.

Carte géologique de l'unité paysagère (Source : BRGM) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte géologique de l’unité paysagère (Source : BRGM)

Pour en savoir plus sur le paléo-fleuve dans le paysage des collines

Un motif paysager de Puy à chirons coiffées de châtaigneraies

Carte du relief de l'unité paysagère en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte du relief de l’unité paysagère



Ainsi un alignement de points hauts, qui va de Saint-Michel-Mont-Mercure (point culminant de la Vendée avec 290 m) au Puy Lose (271 m,) coïncide avec l’extension du massif granitique de Pouzauges. Ces sommets ont un substratum constitué tantôt de ce granite, tantôt des cornéennes qu’il a développées dans son encaissant micaschisteux. Le granite peut être observé de manière caractéristique sous forme de nombreux chaos rocheux (les blocs de granite sont appelés localement chirons) sur les crêtes de collines, dont la faible épaisseur de terre n’est valorisée que par des petits bois de châtaigniers. L’ensemble compose un motif paysager tout à fait identitaire souvent accompagné de moulins pour les plus marquants (Mont des Alouettes, Bois de la Folie, Puy Crapaud…).

Les collines coiffées de châtaigneraies : un motif paysager répétitif identitaire (Pouzauges) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les collines coiffées de châtaigneraies : un motif paysager répétitif identitaire (Pouzauges)

Chaos granitique (chirons) dans les pâtures du haut bocage (Pouzauges) en grand format (nouvelle fenêtre)
Chaos granitique (chirons) dans les pâtures du haut bocage (Pouzauges)

Granites et roches volcaniques comme matériau de base des constructions

La qualité de résistance et esthétique des granits locaux a été largement exploitée et se retrouve dans toute l’architecture rurale locale ainsi que sur les édifices religieux. Associée à la brique et la tuile canal, la mise en œuvre de ces granites se traduit dans le paysage par des teintes sombres mais chaudes du bâti traditionnel. A noter également la particularité de la pierre volcanique des Plochère (au sud de l’unité) qui était utilisée non seulement pour ses qualités constructives et esthétiques (château de Réaumur) mais aussi pour ses qualités réfractaires dans les fours à chaux.

Granits et tuiles tige de botte, des matériaux constructifs identitaires des coeur de bourgs (Les Épesses) en grand format (nouvelle fenêtre)
Granits et tuiles tige de botte, des matériaux constructifs identitaires des coeur de bourgs (Les Épesses)

Pour en savoir plus : Un patrimoine minier d’uranium lisible au nord (source fiche du patrimoine géologique vendéen - Conseil Général de Vendée)

Un effet de foehn qui conditionne un paysage d’eau

Carte des précipitations de la Vendée, localisant le haut bocage (source : Infoclimat, 2009) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte des précipitations de la Vendée, localisant le haut bocage (source : Infoclimat, 2009)



Les collines vendéennes constituent le véritable premier relief s’opposant aux vents d’ouest océaniques. Cela se traduit par un petit effet de Foehn : en prenant de l’altitude les nuages se refroidissent et provoque la condensation de l’eau : les phénomènes pluvieux sont alors plus fréquents sur ce secteur. L’eau est présente partout dans le paysage non seulement au travers des nombreuses sources qui contribuent à la verdure permanente de la végétation mais aussi dans les effets de nébulosité qui sont assez variés sur les collines vendéennes. En arrière de cette première ligne de relief, et plus à l’est l’air redescend plus chaud et plus sec.

Un bocage humide qui décline des camaïeux de verts (Les Châtelliers – Châteaumur) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un bocage humide qui décline des camaïeux de verts (Les Châtelliers – Châteaumur)

La Sèvre Nantaise, une vallée encaissée au coeur du système collinaire

La Sèvre Nantaise : une vallée pittoresque aux reliefs contrastés (Mortagne-sur-Sèvre) en grand format (nouvelle fenêtre)
La Sèvre Nantaise : une vallée pittoresque aux reliefs contrastés (Mortagne-sur-Sèvre)



Véritable colonne vertébrale hydraulique de la partie méridionale du massif Armoricain, la Sèvre Nantaise prend sa source dans les gâtines du Poitou pour s’immiscer entre les lignes de collines vendéennes au sud et celles du Bressuirais au Nord. L’ensemble de son réseau hydrographique sculpte complètement les collines traversées et amplifie les formes du relief. La Sèvre Nantaise présente ainsi plusieurs séquences qui se traduisent par un faciès différent de la découpe de sa vallée :

Le Donjon de Châteaumur, un repère historique dominant le bassin du haut val de Sèvre, promontoire remarquable pour embrasser d'un seul regard le paysage de la vallée en amont de Mallièvre (Les Châtellliers – Châteaumur) en grand format (nouvelle fenêtre)
Le Donjon de Châteaumur, un repère historique dominant le bassin du haut val de Sèvre, promontoire remarquable pour embrasser d’un seul regard le paysage de la vallée en amont de Mallièvre (Les Châtellliers – Châteaumur)

  • En amont de Mallièvre, la vallée possède une faible pente. Elle dessine des méandres entre des coteaux doux, peu accentués jalonnés de petites buttes boisées (où souvent le bâti rural s’implante en promontoire). Le relief donne plus l’impression d’une ample cuvette et la trame bocagère moins dense sur ce secteur dégage de longues perspectives. La butte du Châtelliers constitue un promontoire remarquable permettant d’embrasser d’un seul regard ce paysage. La Sèvre Nantaise y draine un réseau d’affluents organisés en arêtes de poisson. Développant des ambiances plus refermées et intimistes, ils redessinent la pente des coteaux doux en imprimant des directions secondaires Nord-est/sud-ouest dans le paysage.
Un resserrement de la vallée à Mallièvre en grand format (nouvelle fenêtre)
Un resserrement de la vallée à Mallièvre

  • A partir de Mallièvre, la vallée devient encaissée. La rivière prend un parcours très sinueux et à forte déclivité. Le cours de l’eau prend des allures torrentielles notamment quand il traverse d’importantes zones de chaos granitique. Cette séquence donne lieu à de nombreuses scènes pittoresques où l’eau joue avec la roche. Les points de vue spectaculaires depuis les promontoires rocheux offrent quelques rares fenêtres sur cette vallée, qui semble parfois disparaître dans la roche. Les eaux de la Sèvre Nantaise sont gonflées dans ce secteur par tout un réseau de petits vallons secondaires arborescents qui découpe les collines environnantes, récupérant les eaux de surface de ce véritable château d’eau naturel.
Un fond de vallée mêlant l'eau et la roche sur fond de coteaux boisés (Saint-Laurent-sur-Sèvre) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un fond de vallée mêlant l’eau et la roche sur fond de coteaux boisés (Saint-Laurent-sur-Sèvre)



Une des caractéristiques des réseaux hydrographiques est la présence de seuils granitiques qui forment localement de petites chutes d’eau.
Les vallées de la Crûme et du Grand Lay offrent à une moindre échelle le même type de paysages et amplifient à l’ouest les reliefs marqués de la faille de Pouzauges - les Herbiers.

Un paysage de bocage dense

Schéma structurel du réseau bocager (source : CAUE 85) en grand format (nouvelle fenêtre)
Schéma structurel du réseau bocager (source : CAUE 85)



Le relief marqué, l’hydrologie et la nature des sols (souvent peu profonds et acides) ont des conséquences sur la densité du maillage bocager. Les bas de pente et les vallées sont en général occupés par des pâtures (prairies permanentes ou temporaires) cadrées de haies bocagères denses. Là, le bocage se structure sur la pente : les haies parallèles aux courbes de niveaux, implantées sur talus, jouent un rôle primordial dans le maintien des sols et la régulation et l’épuration de l’eau. Le chêne pédonculé, amateur de sols frais, constitue principalement la strate arborée du bocage avec le châtaignier et le chêne sessile plus adapté au sol séchant. Les arbres sont ici en général gérés en haut jet ce qui donne une certaine épaisseur à la maille bocagère. Dans les vallons, la gestion en têtard des arbres est plus fréquente. La fréquence triptyque haie/talus-fossé/mare, outre sa qualité paysagère, prend ici une valeur écologique forte et se traduit par une réelle biodiversité spécifique sur l’ensemble de ces vallons bocagers.

Un réseau bocager dense qui structure les pentes et organise les vues (Pouzauges) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un réseau bocager dense qui structure les pentes et organise les vues (Pouzauges)



L’ensemble du maillage bocager est desservi par un réseau dense de chemins creux remarquables qui traverse ce paysage par monts et par vaux. Il est d’ailleurs le support de nombreux chemins de randonnées avec notamment le GRP boucle des collines, boucles du bocage et boucle des Puys.

Un réseau de chemins creux aux ambiances intimistes, support de circuits de randonnées (Pouzauges) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un réseau de chemins creux aux ambiances intimistes, support de circuits de randonnées (Pouzauges)

Pour en savoir plus sur la paysage de bocage

Une trame de haies qui s’efface sur les plateaux

Un plateau de grandes cultures qui ouvre des panoramas dans le bocage (Saint-Martin-des-Tilleuls) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un plateau de grandes cultures qui ouvre des panoramas dans le bocage (Saint-Martin-des-Tilleuls)



La présence d’un tissu agricole très dynamique et d’industries agroalimentaires sur le secteur contribuent à un dynamisme rural très lisible dans le paysage. Une tradition d’élevage bovin ancienne contribue toujours à l’entretien de ce paysage verdoyant dont les coteaux, jalonnés d’affleurements granitiques, sont peu propices à la mise en culture céréalière. Cependant, la mécanisation agricole et les techniques de drainage ont permis le développement de plus en plus important des cultures céréalières avec pour conséquences :

  • L’arrachage des haies lors des restructurations parcellaires ce qui conduit à l’ouverture du paysage par distension de la maille bocagère. Le bocage tend à disparaître, révélant par la même occasion un bâti diffus et des bourgs qui s’intégraient autrefois dans la trame de haies et augmentant les phénomènes de covisibilités,
  • Le développement de retenues d’eau collinaires sur les vallons secondaires, pour répondre aux besoins d’arrosage de ces cultures (notamment du maïs).
Retenue d'eau collinaire dans un vallon secondaire pour les besoins de l'agriculture (Saint-Laurent-sur-Sèvre) en grand format (nouvelle fenêtre)
Retenue d’eau collinaire dans un vallon secondaire pour les besoins de l’agriculture (Saint-Laurent-sur-Sèvre)



La présence de nombreux bâtiments d’élevage hors sol qui s’implantent à l’appui des anciens hameaux est particulièrement lisible dans ce paysage où la maille des haies s’ouvre. Ils peuvent être d’autant plus prégnants dans le paysage que leurs couleurs sont vives ou leur intégration parfois difficile dans la pente des coteaux (terrassements lourds).

Une ouverture du bocage qui met l'accent sur les extensions de sièges agricoles et les franges urbaines (Les Herbiers) en grand format (nouvelle fenêtre)
Une ouverture du bocage qui met l’accent sur les extensions de sièges agricoles et les franges urbaines (Les Herbiers)

Des petits boisements qui ponctuent la maille bocagère

Les pentes les plus abruptes sont le plus souvent boisées ainsi que les rives des cours d’eau (ripisylve de noisetiers, saules et aulnes). Des taillis de châtaigniers occupent les coteaux pentus. De faible superficie (en moyenne 1,5 ha), ils sont le plus souvent recépés et exploités pour la réalisation de perches, piquets, bois d’œuvre, bois et plaquettes de chauffage.
Le paysage bocager est par ailleurs ponctué de boisements plus importants qui referment ponctuellement l’espace et constituent des espaces de loisirs et promenade à proximité des principaux pôles urbains de l’unité : Bois d’Ardelay, Bois des Jarries, Bois de la Folie.

Une exploitation des taillis de châtaigniers sur les fortes pentes (Pouzauges) en grand format (nouvelle fenêtre)
Une exploitation des taillis de châtaigniers sur les fortes pentes (Pouzauges)

Une unité architecturale qui s’appuie sur les matériaux locaux

L’unité paysagère du haut bocage vendéen correspond à une unité architecturale et texturale qui s’articule autour de formes bâties rurales traditionnelles homogènes, des formes urbaines équivalentes sur l’ensemble du territoire (aussi bien au niveau des fermes que des bourgs), une palette de matériaux réduite (granites, gneiss, schiste, tuiles majoritairement, avec en encadrements des ouvertures en granite ou briques).

Palette de matériaux de l'architecture du nord Vendée : des matériaux de construction traditionnels aux couleurs chaudes (schistes, granits, gneiss, tuile et brique) en grand format (nouvelle fenêtre)
Palette de matériaux de l’architecture du nord Vendée : des matériaux de construction traditionnels aux couleurs chaudes (schistes, granits, gneiss, tuile et brique)



Le haut bocage vendéen est aussi une unité architecturale qui s’appuie sur une palette chromatique et texturale homogène : association de granits (fondations et encadrements), schistes (gros-œuvre) et briques (ornement). Dominance de la tuile (toitures) en tige de botte au niveau de l’habitat rural dispersé et des maisons de bourg avec ponctuellement de l’ardoise au sein des bourgs (maisons bourgeoises et églises). Cependant, on observe autour des vallées de la Sèvre Nantaise et de la Moine, l’influence clissonnaise avec des éléments italianisants de type rural toscan dans l’architecture rurale et industrielle.

Des points de repères bâtis majeurs, lisibles de partout sur les plateaux

Si les vestiges de maille bocagère et l’habitat diffus contribuent à donner une organisation labyrinthique au paysage, le haut bocage vendéen compte trois grands types de points de repères, qui facilitent la lecture paysagère. L’importance des relations visuelles et des covisibilités est ainsi accrue par la multitude de points de repères qui ponctuent et animent le paysage offrant aussi des repères culturels, sociaux et économiques.

Les bourgs, clochers et moulins

Clochers de Saint-Laurent-sur-Sèvre en repère sur le plateau bocager en grand format (nouvelle fenêtre)
Clochers de Saint-Laurent-sur-Sèvre en repère sur le plateau bocager



Les églises « récentes » (XVIII et XIXème siècle) pointent au loin et dominent la silhouette des bourgs. Les clochers élancés, en ardoises ou en pierres, s’élèvent toujours plus hauts… c’est le résultat de la guerre des clochers. Les Guerres de Vendée très actives dans ce secteur de la région ont conduit à la destruction de très nombreuses églises reconstruites après 1800 avec la volonté d’afficher de très loin non seulement la présence du bourg mais aussi sa ferveur catholique en marquant qui plus est les points hauts du département (Saint Michel Mont-Mercure).

Bourg étagé sur le coteau de Mortagne-sur-Sèvre en grand format (nouvelle fenêtre)
Bourg étagé sur le coteau de Mortagne-sur-Sèvre



L’urbanisation des bourgs s’étage sur les pentes. Leur silhouette est caractérisée par les toits de tuiles aux couleurs chaudes, ponctuée par quelques toitures d’ardoises (maisons de maître par exemple). Chaque village a une structure urbaine très organisée qui lui donne une ambiance de petite ville avec plusieurs places cernées de maisons à étages…
Comme évoqué précédemment dans le motif paysager des buttes boisées, les moulins constituent un élément de repère identitaire et culturel très fort dans le haut bocage vendéen. Groupés sur les plus hautes collines, parfois accompagnés d’une chapelle comme au Mont des Alouettes, ils témoignent non seulement de l’activité agricole de polyculture élevage ancienne du territoire mais aussi du rôle qu’ils ont joué dans la communication entre les troupes durant les guerres de Vendée.

Moulins du Mont des Alouettes, un repère paysager et culturel emblématique du haut bocage (Les Herbiers) en grand format (nouvelle fenêtre)
Moulins du Mont des Alouettes, un repère paysager et culturel emblématique du haut bocage (Les Herbiers)



Les bâtiments industriels
La silhouette des bourgs est souvent accompagnée en lisière par les volumes imposants et massifs des bâtiments industriels révélant le dynamisme économique très fort de ce secteur. Ces volumes massifs aux couleurs claires, contrastent souvent avec la vaste palette des verts qui caractérise le paysage rural de l’unité. Comme le montre le volet dynamique des paysages sur l’unité, ces usines connaissent plusieurs essors et donc époques de construction et localisation dans le bourg. Initialement cantonnées dans les vallées pour profiter de la ressource en eau (Tanneries, tissage, draperies…), les industries se sont progressivement déplacées à l’appui des principaux axes de desserte du territoire. On est là véritablement au cœur du modèle traditionnel qui perdure de « l’usine à la campagne » où chaque commune constitue son propre pôle d’emploi.

Des zones industrielles qui se démarquent dans le bocage (Les Herbiers) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des zones industrielles qui se démarquent dans le bocage (Les Herbiers)



Les châteaux et places fortes
Marches stratégiques entre le Poitou, l’Anjou et la Bretagne, les collines vendéennes se sont vues dotées dès le moyen âge de châteaux forts sur les points hauts et sur la vallée de la Sèvre. Ces grands donjons médiévaux, outre leur caractère patrimonial et culturel fort, marquent le paysage de leur silhouette massive. Ainsi les châteaux de Tiffauges (Château de Barbe Bleue) et Mallièvre, ainsi que les murailles de Mortagne-sur-Sèvre contrôlaient la marche naturelle de la vallée de la Sèvre. Les donjons et fortifications des châteaux de Pouzauges et Châteaumur profitaient quant à eux de leur position de nid d’aigle sur le bas bocage depuis les hauteurs des collines.

Le château de Barbe-Bleue, un repère médiéval sur la vallée de la Sèvre Nantaise (Tiffauges) en grand format (nouvelle fenêtre)
Le château de Barbe-Bleue, un repère médiéval sur la vallée de la Sèvre Nantaise (Tiffauges)

Le bâti rural comme points de repère secondaires

L’habitat rural
La maison rurale se caractérise par sa taille modeste et ses volumes trapus. Elle est constituée d’un volume simple sur deux niveaux avec un toit couvert de tuiles « tige de bottes ». Cette maison rustique est parfois isolée mais se trouve surtout dans les villages où elle représente souvent le bâti le plus ancien. Le charme de cette architecture vient donc de sa simplicité et d’un usage harmonieux des matériaux et couleurs. Le rythme des percements asymétriques ponctue la façade. Les fortes pentes des terrains du haut bocage vendéen ont amené à une adaptation des volumes, parallèlement ou perpendiculairement à cette pente. Pignons comme murs gouttereaux sont alors percés pour profiter de la lumière selon l’exposition du bâtiment. Les toits à deux pans prennent des formes plus complexes au gré de ces jeux de pentes, des extensions et des annexes qui se greffent sur le volume principal.

Architecture rurale traditionnelle du haut bocage vendéen (Source : CAUE 85) en grand format (nouvelle fenêtre)
Architecture rurale traditionnelle du haut bocage vendéen (Source : CAUE 85)



L’habitat rural utilise toute une palette de teintes chaudes des matériaux locaux (gneiss, granit, schiste et tuiles avec encadrement des ouvertures et ornementation des corniches en briques ou granit) qui lui confère un fort impact chromatique : touches d’ocres rouges des toitures qui se détachent sur les fonds verdoyants et dont l’impact est renforcé par une importante densité : Les fermes sont nombreuses et relativement proches les unes des autres.

Ferme traditionnelle dans le bocage (Pouzauges) en grand format (nouvelle fenêtre)
Ferme traditionnelle dans le bocage (Pouzauges)



Le bocage regroupe de nombreuses exploitations agricoles de type métairie, tournées vers la polyculture et l’élevage. Elles se regroupent sous forme de hameaux et de villages. Cette dispersion permet la proximité entre l’exploitation et les lieux de travail. Les fermes anciennes sont souvent constituées d’un corps d’habitation soit flanqué d’appentis, soit enserré de petits bâtis non accolés aux volumes et de formes très variées, comme la soue à cochons, le poulailler, le four à pain, la réserve, le préau… Le découpage soigné des volumes bâtis du village encadre la cour de la ferme et renvoie à l’organisation urbaine groupée autour des places des bourgs.

Des granges traditionnelles aux bâtiments d’élevage contemporains
La grange assure les fonctions de stockage et d’accueil des animaux. De volume souvent plus important que celui de l’habitation, la grange-étable, présente dans toute la Vendée et les Mauges, se caractérise par deux petites portes pour le bétail et les hommes encadrant un haut portail central pour les charrettes. Deux formes se distinguent : la grange sans nef avec son toit à deux pans, la grange avec nef dont la partie centrale est surélevée.

Grange à nef traditionnelle, entourée de ses murs d'épierrage de champs (Saint-Laurent-sur-Sèvre) en grand format (nouvelle fenêtre)
Grange à nef traditionnelle, entourée de ses murs d’épierrage de champs (Saint-Laurent-sur-Sèvre)



De nombreuses annexes (réserves, appentis, granges, chaix…) complètent ce bâtiment pour assurer le bon fonctionnement de la ferme.
De nombreux bâtiments d’élevage hors sol accompagnent aujourd’hui les fermes et granges traditionnelles : volumes allongés de couleur claire et de texture brillante annoncés par les colonnes plus hautes des silos. Très nombreux, ils participent de façon majeure au paysage et soulignent le dynamisme agricole de ce secteur. Leur impact visuel est d’autant plus fort qu’ils sont perçus de profil (impact visuel moindre de face), et qu’ils sont implantés sur des points hauts. Leur intégration plus ou moins équilibré dans les pentes des coteaux du haut bocage est également déterminante dans la perception que l’on peut en avoir dans le paysage.

Des extensions importantes des sièges d'exploitation qui montrent le dynamisme agricole de la région (Saint-Laurent-sur- Sèvre) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des extensions importantes des sièges d’exploitation qui montrent le dynamisme agricole de la région (Saint-Laurent-sur- Sèvre)



Les moulins, châteaux et usines qui ponctuent les vallées avec l’influence clissonnaise.

Patrimoine de moulins et chaussées jalonnant la vallée de la Sèvre nantaise (Saint-Laurent-sur-Sèvre) en grand format (nouvelle fenêtre)
Patrimoine de moulins et chaussées jalonnant la vallée de la Sèvre nantaise (Saint-Laurent-sur-Sèvre)



C’est principalement sur la vallée de la Sèvre Nantaise que l’on retrouve la plus grande richesse patrimoniale qui contribue au pittoresque de ses paysages. De nombreux moulins à eau avec leur chaussée ont été ainsi construits sur la rivière depuis le Moyen-Age. Ils étaient voués surtout à la meunerie mais aussi à la production de papier, de tan et de foulon.

Jardins de la cure restaurés dans le style clissonais (Mortagne-sur-Sèvre) en grand format (nouvelle fenêtre)
Jardins de la cure restaurés dans le style clissonais (Mortagne-sur-Sèvre)



Sous l’influence de l’industrie textile choletaise, de nombreuses activités industrielles se sont développées à partir des moulins traditionnels tout le long de la Sèvre Nantaise.

Usine de la vallée de la Sèvre Nantaise (Mortagne-sur-Sèvre – source CAUE 85) en grand format (nouvelle fenêtre)
Usine de la vallée de la Sèvre Nantaise (Mortagne-sur-Sèvre – source CAUE 85)



Sous l’influence de Clisson et de la Garenne Lemot, qui sert de modèle de reconstruction dès le XIXème siècle, le bâti de la vallée de la Sèvre s’inspire de l’architecture toscane idéalisée et transposée à toutes sortes de bâtiments : fermes, moulins, industries, demeures, manoirs et dépendances… Ce style se caractérise par les percements en arc de plein cintre, l’usage de la brique facilité par son industrialisation et un goût affirmé pour la composition et le détail.

Château de la Barbinière dominant la vallée de la Sèvre nantaise (Saint-Laurent-sur-Sèvre) en grand format (nouvelle fenêtre)
Château de la Barbinière dominant la vallée de la Sèvre nantaise (Saint-Laurent-sur-Sèvre)



La prospérité du secteur de la Sèvre nantaise pérennise le développement des châteaux et en parallèle l’architecture des bâtiments publics se raffine. Le style évolue vers des références classiques et à l’instar de la région nantaise on voit apparaître dans le paysage plusieurs « folies » au style plus fantaisiste. La plupart de ces châteaux du XIXème est accompagné de parcs paysagers dits à « l’Anglaise » qui se distinguent aujourd’hui dans le paysage par leurs essences de boisements singulières (conifères nordaméricains – cèdres du Liban) qui s’identifient dans le bocage.

Le petit patrimoine vernaculaire comme points de repère tertiaires

Les calvaires et croix de chemins
La présence de nombreuses chapelles, croix de mission, calvaires, croix de chemins, reproduction de la grotte de Lourdes témoigne de l’impact des guerres de Vendée dont un des enjeux était la liberté de culte. La forte présence des congrégations religieuses, notamment à Saint Laurent sur Sèvre, surnommé la rome vendéenne, marque le territoire. En effet, ces congrégations devaient assurer la subsistance de centaines de personnes.
Elles ont développé un outil de production agricole rationnel et extrêmement puissant et qui prend en compte la chaîne de production complète depuis la production jusqu’à la transformation des denrées. Ces modèles formalisés dès le début du XIXème ont influencé les modèles productivistes actuels.

Calvaire dans le bocage de Saint-Laurent-sur-Sèvre en grand format (nouvelle fenêtre)
Calvaire dans le bocage de Saint-Laurent-sur-Sèvre



Un riche petit patrimoine lié à l’eau
De nombreux aménagements pour capter l’eau courante et les sources ponctuent les chemins creux du bocage et les hameaux dans la campagne. On retrouve ainsi de nombreux lavoirs et de fontaines de granits pour capter les eaux de sources. De même de nombreux petits ponts de pierre et de gué pavés de granit sont aménagés sur les vallons secondaires. Ils s’ajoutent aux chaos granitiques et aux mégalithes qui sont autant de repères jalonnant les vallées.

Puits sur le coteau et source dans la vallée de la Sèvre Nantaise (Saint-Laurent-sur-Sèvre) en grand format (nouvelle fenêtre)
Puits sur le coteau et source dans la vallée de la Sèvre Nantaise (Saint-Laurent-sur-Sèvre)

Un territoire de passage aux infrastructures marquantes

Si le relief est particulièrement complexe à franchir, le territoire n’est est pas moins un carrefour ancien entre Bretagne, Poitou et Anjou et présente à ce titre de nombreuses routes commerciales anciennes et de places de marché sur les principales villes. Le développement des infrastructures avec l’industrialisation de la vallée de la Sèvre Nantaise et les pôles de Pouzauges et les Herbiers ont marqué le paysage avec des ouvrages d’art parfois spectaculaires (Viaducs ferroviaires de Barbin, de Coutigny, ponts autoroutiers…). L’aménagement de l’A85 et le renforcement de la RD 752 et la RD 160 ont contribué à faire ressortir ces voies du paysage par leur recalibrage (en plan et en altimétrie) mais aussi par la mise en place de contournements de bourgs qui ont apporté une autre lecture des paysages urbains (mise en évidence des franges urbaines, étalement des activités sur les giratoires de connexion).

Viaduc de la Barbinière, un ouvrage spectaculaire dans la vallée de la Sèvre Nantaise (Saint-Laurent-sur-Sèvre) en grand format (nouvelle fenêtre)
Viaduc de la Barbinière, un ouvrage spectaculaire dans la vallée de la Sèvre Nantaise (Saint-Laurent-sur-Sèvre)

Trois pôles urbains qui concentrent les activités

Compte tenu du maillage viaire territorial, le développement des activités s’est principalement concentré sur les trois pôles de Pouzauges (avec une part importante de l’industrie agro-alimentaire), les Herbiers (alliant industrie agro-alimentaire, logistique et construction) et Mortagne-sur-Sèvre (industrie diversifiée dans l’aire d’influence choletaise). Cela se traduit par le développement sur les rocades de ces centres urbains d’importants ensembles de bâtiments industriels. Sur ces trois pôles, il y a un véritable contraste entre les centres villes gardant leur image de bourg rural patrimonial et les extensions de ces dernières décennies qui traduisent un important dynamisme : juxtaposition de quartiers d’habitats pavillonnaires ou collectifs (typologie lisible de la décennie de conception) alternant avec d’importants équipements sportifs culturels et d’enseignement, enchâssés dans un tissu économique développé.

Des extensions pavillonnaires et industrielles qui marquent le dynamisme économique des pôles urbains (Pouzauges) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des extensions pavillonnaires et industrielles qui marquent le dynamisme économique des pôles urbains (Pouzauges)



Sur le reste du territoire, le modèle de l’usine à la campagne décrit dans l’unité voisine du bocage vendéen et maugeois se vérifie aussi sur ce territoire : les entrées de bourgs sont marquées par de petites zones artisanales et économiques et la dynamique constructive pavillonnaire est importante pour répondre aux besoins de main d’œuvre.

Pour aller plus loin sur le patrimoine culturel et naturel

Patrimoine culturel :

Patrimoine naturel :