Le haut bocage vendéen (UP44)

publié le 22 décembre 2015 (modifié le 6 janvier 2017)

Pour en savoir plus sur le paléo-fleuve dans le paysage des collines

Cette direction armoricaine dominante est interrompue localement par un couloir visuel très lisible entre Saint-Mars-la-Réorthe et les Épesses. Certains géologues pensent que la trouée de Saint-Mars-la-Réorthe est le vestige très dégradé de l’ancienne vallée d’un fleuve datant de l’Yprésien (Éocène). On connaît en effet les dépôts caillouteux de ce fleuve de part et d’autre de cette structure, depuis le nord du Poitou jusqu’à l’embouchure de la Loire. Ils sont cependant absents sur une quarantaine de kilomètres entre Bressuire (Deux-Sèvres) et Mesnard-la-Barotière (Vendée), tronçon sur lequel se situe justement la trouée de Saint-Mars-la-Réorthe. L’inflexion du cours du fleuve en amont de la trouée et la position du premier témoin aval permettent de penser que le fleuve a probablement emprunté ce couloir de schistes, exploitant cette zone de moindre résistance pour établir son cours. Une richesse minéralogique qui se lit dans le paysage.

Carte géologique simplifiée de la région des Herbiers et du tracé supposé du fleuve yprésien (Source : Conseil Général 85. Fiche du patrimoine géologique vendéen. Comité scientifique et technique pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine géologique vendéen, 2008.) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte géologique simplifiée de la région des Herbiers et du tracé supposé du fleuve yprésien (Source : Conseil Général 85. Fiche du patrimoine géologique vendéen. Comité scientifique et technique pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine géologique vendéen, 2008.)

Pour en savoir plus : Un patrimoine minier d’uranium lisible au nord

Carte de localisation des mines d'uranium (Source : Conseil Général 85. Fiche du patrimoine géologique vendéen. Comité scientifique et technique pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine géologique vendéen, 2008.) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte de localisation des mines d’uranium (Source : Conseil Général 85. Fiche du patrimoine géologique vendéen. Comité scientifique et technique pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine géologique vendéen, 2008.)



Après la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement français se lance dans la recherche de gisements d’uranium, notamment dans les terrains hercyniens du Massif armoricain, du Massif central et des Vosges. Une mission s’installe en Vendée en 1951 pour prospecter la zone granitique qui s’étend de Clisson à Parthenay. Les résultats étant prometteurs, la Division minière de Vendée est créée en 1954. Elle s’installe sur le site de Fleuriais, à Mortagne-sur-Sèvre, à l’emplacement d’une ancienne usine textile. Sous son administration, de nombreuses mines sont ouvertes en Deux-Sèvres, Vendée, Loire-Altantique et Maine-et-Loire. Les travaux s’effectuent en mines souterraines et à ciel ouvert. À la limite de la Vendée et des Deux-Sèvres, la Commanderie sera le second gisement de la Division par l’importance de sa production (près de 4000 tonnes d’uranium). Les autres sites du département de Vendée, peu productifs, n’auront qu’une courte période d’activité. L’uranium vendéen a employé jusqu’à cinq cents mineurs, répartis sur quatre départements. Il a permis de produire l’équivalent de deux ans de la consommation française d’électricité des années 1990. Ces anciennes exploitations n’ayant pas été remblayées, elles se traduisent aujourd’hui dans le paysage par des plans d’eau profonds.

Pour en savoir plus sur les paysages de bocage

Sources :

  • CAUE de la Vendée. Bien construire entre Sèvre et Maine. Conseil général de Vendée, 2015.
  • Pays de Loiron et de Laval. Etat Initial de l’Environnement du SCOT. 2014

Structure paysagère régionale dominante, le bocage, avec son maillage de haies plus ou moins denses, présente des variations non seulement dans sa composition mais aussi dans sa géométrie en s’adaptant au relief, à l’hydrologie, à la nature des sols et au mode de faire-valoir agricole. Ce dernier conditionne notamment l’équilibre entre pâtures et cultures caractéristique de ce paysage de polyculture-élevage. Le bocage se structure ainsi autour du triptyque haie/talus-fossé/mare et s’accompagne d’un petit patrimoine vernaculaire bien spécifique de chaque secteur. Cela lui donne une véritable qualité paysagère et contribue directement à la qualité du cadre de vie. Le bocage prend aussi d’autres fonctions primordiales dans la valorisation agricole des territoires et leur richesse écologiques. La disparition des haies peut être relativement dommageable compte tenu des différents rôles qu’elle peut jouer :

Paysage structuré par la trame des haies du bocage mayennais vu depuis le Mont Montaigu en grand format (nouvelle fenêtre)
Paysage structuré par la trame des haies du bocage mayennais vu depuis le Mont Montaigu



La haie, un régulateur climatique
La haie, en milieu agricole doit avant tout être efficace face aux effets du vent. Une bonne haie brise-vent protège efficacement un pré, une culture ou un bâtiment sur une distance de 10 à 20 fois sa hauteur selon sa perméabilité.
Une haie brise-vent protège les cultures des dégâts du vent : verse des céréales, trouble de la pollinisation, de chute et lacération des fruits dans les vergers…
De plus une haie améliore le climat de culture en réduisant l’évapotranspiration, en maintenant l’humidité et en réduisant les écarts de température. Le brise-vent augmente le rendement des productions végétales et animales, malgré la petite perte de terrain ou la faible concurrence de la haie par rapport à la culture pratiquée. Cette perte de terrain se chiffre de 2 à 3 % pour un terrain de culture (3 à 5 hectares) et de 3 à 4 % pour zone d’élevage (1 à 3 hectares).
On estime que les rendements des cultures abritées par des haies brise-vent sont augmentés de 6 à 20 % par rapport à une même culture en zone ouverte. De plus la quantité et la qualité (appétibilité) sont accrues (de 20 %) pour les cultures destinées au fourrage. La haie possède également l’avantage de protéger du soleil l’été.

La haie ralentit l’écoulement et purifie l’eau
Les haies implantées sur les flancs de pentes, même faibles freinent l’écoulement de l’eau, permettant son infiltration et de suite sa purification. Les haies servent de réservoirs à eaux assurant un débit régulier des cours d’eaux et créent une zone humide à son pied. De plus les arbres pompent le surplus d’eau pendant les périodes d’humidité, surtout au printemps lorsque la végétation se réveille. Les arbres absorbent de grandes quantités d’eau assainissant le sol. Une haie permet de dénitrifier les eaux, chaque arbre a des fonctions particulières. Cette ripisylve influe sur la dynamique même du cours d’eau : elle a des impacts sur l’écoulement de l’eau, les dépôts et érosions, les embâcles de bois morts et la stabilité des berges. Cette zone boisée épure l’eau des produits phytosanitaires car l’ensemble des systèmes racinaires filtre l’eau pour pouvoir nourrir les végétaux de minéraux et de substances nutritives comme l’azote. La haie joue également sur les concentrations de produits phytosanitaires, un peu comme les bandes enherbées de 10 mètres de large obligatoires le long de certains cours d’eau.

La haie limite l’érosion
Les haies empêchent également l’érosion des sols, en le retenant (Si une haie est plantée parallèlement aux lignes de niveau, alors les éléments transportés par l’érosion seront stoppés par la haie). Elles permettent également de maintenir les berges des cours d’eau.

La haie et ses ressources pour l’homme
Les haies sont encore une source d’énergie renouvelable, par le bois que fournit leur entretien. Cela induit des modes de gestion et une périodicité dans l’émondage, la coupe ou le recépage des arbres qui marquent très fortement le paysage de bocage en contraignant la silhouette des arbres qui de fait ne développent que rarement leur port naturel dans les haies. Les haies sont par ailleurs souvent plantées de fruitiers à proximité des exploitations constituant une ressource vivrière.

Gestion en têtard des frênes pour exploiter le bois dans le bocage du marais mouillé du Marais Poitevin (Chaillé-les-Marais) en grand format (nouvelle fenêtre)
Gestion en têtard des frênes pour exploiter le bois dans le bocage du marais mouillé du Marais Poitevin (Chaillé-les-Marais)



Le bocage : une trame verte écologique
Les haies sont un lieu de vie important pour diverses espèces et servent de refuges et de corridors écologiques, et sont donc à la source d’une richesse faunistique et floristique très importante.

Perception sociale du bocage et de la campagne
Dans le cadre de la réalisation de l’atlas régional de paysages, une enquête sociologique a permis de révéler non seulement l’importance du bocage dans la perception des campagnes mais aussi la diversité des perceptions et des modes de vie auxquels il renvoie. Les témoignages montrent l’imbrication entre l’identification du bocage et la spécificité des autres éléments du paysage ainsi que les différents modes de valorisation économique du territoire. L’ensemble des témoignages suivants permet d’apprécier toute la subtilité de ces perceptions.
Témoignages des participants sur leur attrait pour les paysages de campagne (du bocage à la diversité agricole du territoire) et les villages (lien vers témoignage)

Le bocage support de projet pour l’aménagement du territoire
Les dynamiques de disparition du bocage ou au moins de la distension de son maillage de haies amènent à réfléchir aujourd’hui à la trame bocagère de demain. La haie et le bocage deviennent de véritables objets de projet et ce à toutes les échelles opérationnelles. Les expériences, programmes de gestion ou replantation et fiches pédagogiques présentés ci-dessous, s’ils sont loin d’être exhaustifs, montrent bien la diversité des réflexions en cours à l’échelle de la région pour réinvestir cet élément d’identité qu’est le bocage pour accompagner la réflexion à toutes les échelles de l’aménagements des territoires ruraux :