Les caractères de la plaine du Bas-Poitou

publié le 7 décembre 2015 (modifié le 29 décembre 2016)

Une plaine calcaire où l’eau est majoritairement souterraine

Carte géologique de l'unité paysagère (Source : BRGM) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte géologique de l’unité paysagère (Source : BRGM)



L’ensemble de l’unité paysagère repose sur le socle jurassique (en j2 sur la carte ci-dessus) qui termine au nord le bassin aquitain. Ce socle est composé d’une série de formations alternant argiles rouges et vertes pour les parties les plus anciennes, de calcaires compacts et de calcaires poreux au jurassique moyen, pour se terminer localement sur des assises plus dures de calcaires argileux.

Coupe transversale schématique nord-sud de Thiré à Nailliers (Source : Notice de la carte géologique BRGM au 1/50.000, feuille n° 0586) en grand format (nouvelle fenêtre)
Coupe transversale schématique nord-sud de Thiré à Nailliers (Source : Notice de la carte géologique BRGM au 1/50.000, feuille n° 0586)



L’ensemble de ces couches est faiblement incliné vers le Marais poitevin au sud. Cela se traduit par un paysage quasi plan où l’horizon est lointain, empreint d’une certaine monotonie. L’eau s’infiltrant directement dans le sol, le réseau hydrographique de surface est quasi-absent. Les couches karstiques très perméables du jurassique moyen favorisent l’alimentation de nappes aquifères souterraines, retenues par les argiles sous-jacentes, dont le niveau influe directement sur le régime de débit des cours d’eau autour de la plaine (comme la Smagne). Les eaux ressortent par les couches perméables sur le marais.

Un relief plus animé au nord de la plaine

Le relief au nord de la Smagne est beaucoup plus ondulé que sur le reste de la plaine. Plus durs, les calcaires compacts et marnes du jurassique inférieur sur ce secteur spécifique, amorcent la transition vers le relief plus mouvementé de l’unité paysagère du bocage du Lay et de la Vendée. L’eau pénètre moins dans la roche et l’on retrouve des plans d’eau ou des ruisseaux de surface.

Carte du relief de l'unité paysagère en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte du relief de l’unité paysagère

Passage de la plaine sans vallée aux vallons bocagers du nord, marqué par la vallée de la Longève (L'Hermault – source : CAUE 85) en grand format (nouvelle fenêtre)
Passage de la plaine sans vallée aux vallons bocagers du nord, marqué par la vallée de la Longève (L’Hermault – source : CAUE 85)

Une rampe douce vers le Marais poitevin découpée de vallées sèches

Si la plaine s’incline doucement vers le marais valorisant les vues sur cet horizon boisé sud, sa planéité est toute relative. Quelques dépressions interrompent le tracé rigoureux du parcellaire et sont soulignées par des taillis ou des boisements linéaires : elles correspondent à la présence de vallées sèches. Leur formation est liée au caractère calcaire karstique du substrat. Ce sont des vallées anciennement creusées par des cours d’eau qui, après plusieurs millénaires, se sont infiltrés dans le sol pour ressurgir plus loin. Ils laissent ainsi la vallée à sec, sauf par temps de fortes pluies où, la nappe d’eau souterraine remonte à la surface. Leur présence est singulière et caractéristique dans le paysage, d’autant qu’elles conditionnent souvent l’implantation de l’habitat sur la plaine (facilité d’accès à l’eau).

Courbes boisées soulignant les méandres des vallées sèches (Mouzeuil-Saint-Martin) en grand format (nouvelle fenêtre)
Courbes boisées soulignant les méandres des vallées sèches (Mouzeuil-Saint-Martin)

Des remontées de langues de marais dans la vallée de la Vendée

En traversant la plaine calcaire, la Vendée dessine des méandres plus amples qui oscillent entre les buttes témoins de calcaires gris plus durs qui l’encadrent. Ce large fond de vallée est structuré par un réseau de fossés et canaux souvent contreplantés de frênes têtards. Il offre ainsi une continuité aux paysages du marais mouillé jusqu’aux portes de Fontenay-le-Comte. La présence des collines permet de dominer ce paysage de prairies humides très structurées et d’en apprécier la complexité, ce qui est plutôt rare dans le marais. Avec une échelle moindre on retrouve également ces ambiances de marais mouillé dans la vallée du Troussepoil à l’ouest d’Angles.

Paysage singulier du bocage de la vallée de la Vendée qui introduit le marais mouillé au sud (Chaix) en grand format (nouvelle fenêtre)
Paysage singulier du bocage de la vallée de la Vendée qui introduit le marais mouillé au sud (Chaix)

Une mosaïque agricole de grandes cultures

Les marnes et calcaires du Jurassique inférieur (Lias) donnent des sols argilo-calcaires profonds et les calcaires et marnes du Jurassique moyen et supérieur donnent des sols argilocalcaires, de teinte généralement rougeâtre, assortis de débris anguleux provenant de la roche-mère (« terres de groies »). Ces sols sont particulièrement favorables aux cultures. Selon les saisons, les cultures de la plaine changent de couleurs, jaune avec le colza et le tournesol, du vert intense au vert tendre avec le maïs, le blé en herbe, les pois, jaune avec les chaumes et rouge avec le trèfle ou l’ocre des labours. Le tout alterne dans le vaste damier d’un parcellaire souvent très étendu (parcelles de cultures entre 5 et 10 ha voir plus). Le paysage de la plaine est très ouvert et semble pouvoir s’embrasser d’un seul regard.

Dans ces paysages ouverts de grandes cultures, tout se voit de loin. Les éléments verticaux (arbres, constructions) sont mis en valeur par l'horizontalité de la plaine au nord de Nalliers en grand format (nouvelle fenêtre)
Dans ces paysages ouverts de grandes cultures, tout se voit de loin. Les éléments verticaux (arbres, constructions) sont mis en valeur par l’horizontalité de la plaine au nord de Nalliers

Des arbres et boisements qui prennent une force dans le paysage

Quelques boisements au nord de Luçon se détachent sur les cultures et raccourcissent ponctuellement les vues. Des haies bocagères résiduelles ou récemment plantées accompagnent principalement les vallées sèches et les voies. Elles soulignent l’horizon ou constituent ponctuellement des guides visuels.

Ponctuations boisées qui rythment le paysage de la plaine (Les Magnils-Reigniers) en grand format (nouvelle fenêtre)
Ponctuations boisées qui rythment le paysage de la plaine (Les Magnils-Reigniers)



Les voies principales (notamment la liaison Ste-Hermine à Fontenay-le-Comte) sont plantées d’alignements d’arbres de haut jet (principalement des platanes) particulièrement remarquables. Ils recouvrent la route d’une voûte de feuillage et se distinguent à l’horizon par la répétition des silhouettes régulières qui signalent l’axe de la route dans la plaine.

Voûte arborée d'un double alignement de platanes le long de la voie (Pouillé) en grand format (nouvelle fenêtre)
Voûte arborée d’un double alignement de platanes le long de la voie (Pouillé)

Des bourgs implantés en périphérie de la plaine

Compte tenu de la qualité des terres agricoles et de la rareté de l’eau sur la plaine, les bourgs se sont tout naturellement implantés en périphérie de la plaine s’accrochant comme des perles au fil d’eau des vallées ou le long du marais. Ils jalonnaient l’ancienne route des sauniers. Seule une ligne de bourgs s’implante en médiane de la plaine : elle est en fait à la croisée de l’ancienne voie romaine de Fontenay-le-Comte et des têtes de vallées sèches. Les deux villes historiques marquent de manière très claire ce positionnement d’interface. Fontenay-le-Comte s’implante sur la Vendée à l’interface avec la forêt de Mervent et Luçon est à l’interface avec le Marais poitevin.

Carte de localisation des bourgs autour de la plaine (Source : IGNopenstreetmap) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte de localisation des bourgs autour de la plaine (Source : IGNopenstreetmap)



Au Nord de la Plaine, les bourgs s’organisent à la croisée des routes prenant une morphologie en étoile singulière. Les extensions urbaines récentes tendent à supplanter et isoler les parcelles agricoles, créant un tissu plus lâche aux ambiances disparates. Au Sud de la Plaine, à l’interface avec le Marais poitevin, les bourgs s’étendent d’Est en Ouest le long de la voie principale et parallèlement aux courbes de niveau. Ils sont connectés au marais mouillé par leur frange de bourg et au cœur du marais par un canal rejoignant le canal de ceinture. Les extensions urbaines longent les voies secondaires vers le Nord ou le Sud.

Une structure étoilée sur les axes des bourgs dans la plaine (Pétosse – source : CAUE 85) en grand format (nouvelle fenêtre)
Une structure étoilée sur les axes des bourgs dans la plaine (Pétosse – source : CAUE 85)



Dans les deux cas, l’héliotropisme constitue une clef de lecture de l’organisation du bâti dans la plaine, avec des rues marquées par des alternances de façades et de pignons suivant l’orientation de la rue afin de préserver les ouvertures au Sud. Les haies plus nombreuses autour des villages jouent le rôle de brisevent tout en permettant d’intégrer les franges urbaines dans ce paysage largement ouvert.

Alternance de pignons et façades sur rue, avec des murs isolant des cours ensoleillées (Mouzeuil- Saint-Martin) en grand format (nouvelle fenêtre)
Alternance de pignons et façades sur rue, avec des murs isolant des cours ensoleillées (Mouzeuil- Saint-Martin)

Une architecture identitaire du sud Vendée

La métairie de la plaine
Sur la plaine, on retrouve peu d’habitat diffus. Quand il existe, c’est une ferme qui s’organise autour d’une maison d’habitation imposante souvent inspirée des maisons bourgeoises. Les dépendances les plus petites ont tendance à se regrouper autour de la maison alors qu’écurie, grange et étable restent indépendantes et délimitent une cour carrée créant un espace de travail préservé des vents. La grange à nef centrale, marquée par son décrochement, se retrouve également comme sur le bocage. Les abords sont généralement plantés d’arbres fruitiers qui, en plus de leur fonction nourricière, protègent des vents dans ce paysage ouvert. Ces anciens corps de bâtiments sont aujourd’hui prolongés par des hangars monumentaux, et des silos.

Organisation de la ferme traditionnelle dans la plaine (source : CAUE 85) en grand format (nouvelle fenêtre)
Organisation de la ferme traditionnelle dans la plaine (source : CAUE 85)



Les bourgs : un modèle urbain compact
L’architecture est donc plutôt urbaine et se caractérise par la maison de ville qui présente des volumes plus importants que la maison rurale et constitue les cœurs de bourg. Mitoyenneté et étage systématique permettent un gain de place et organisent les îlots urbains souvent autour de jardins. Sur les secteurs Herminois et Fontenaisien, un certain nombre de maisons de ville possède deux étages et se distingue par la qualité et la régularité de leurs ouvertures : fenêtres plus hautes que larges qui diminuent en taille plus on monte dans les étages. Elles présentent souvent des détails soignés : moulures, corniches et pierres d’angle sculptées.

Une architecture soignée des maisons de bourg, dans un tissu urbain dense (source : CAUE 85) en grand format (nouvelle fenêtre)
Une architecture soignée des maisons de bourg, dans un tissu urbain dense (source : CAUE 85)



Les maisons de maître et leur jardin
Se démarquant dans le paysage urbain ou dans les campagnes, la maison de maître ou l’hôtel particulier prend une allure plus recherchée avec ses trois vrais niveaux et le travail du matériau pierreux utilisé pour marquer le soubassement. On notera que les façades symétriques sont axées sur une travée centrale marquée par sa porte d’entrée. L’étage attique (niveau supérieur au-dessus de la corniche, disposé en retrait de la façade), percé de boulites (mot patois vendéen désignant une lucarne) ouvertes, forme le couronnement de l’élévation de manière sobre en campagne alors qu’il peut être souligné d’une corniche en ville. Elles s’accompagnent parfois d’un jardin ou un parc dessiné aux essences caractéristiques de la fin du XIXème.

Des maisons de maître et leurs parcs qui marquent le paysage urbain ou rural (source : CAUE 85) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des maisons de maître et leurs parcs qui marquent le paysage urbain ou rural (source : CAUE 85)



Un air balnéaire dans l’architecture
Au début du XXème siècle, la maison de villégiature connaît un essor sur la plaine. Cette architecture influence quelques constructions à l’intérieur des terres comme à Fontenay le Comte, le long de la rivière de la Vendée, à Nalliers ou bien encore Fontaines. Le style de villégiature puise son inspiration dans les tendances architecturales des plages célèbres, tout en s’adaptant aux capacités financières plus modestes des habitants et des estivants locaux.

Des influences balnéaires dans l'architecture en grand format (nouvelle fenêtre)
Des influences balnéaires dans l’architecture



Des quartiers ouvriers aux pavillons
Les maisons de quartiers et les maisons économiques construites aux entrées de bourg ou dans des quartiers limitrophes aux villes anciennes, les faubourgs, correspondent à des extensions des villes. Modestes, elles sont liées au développement des activités faisant appel à la main d’oeuvre ouvrière. Avec leur garage intégré et leur jardin d’agrément, elles répondent de manière économique aux aspirations de tout un chacun. Elles ont souvent servi de référence dans leur conception aux pavillons contemporains qui ceinturent bourgs et villes.

Quartier pavillonnaire dans la périphérie de Fontenay-le-Comte en grand format (nouvelle fenêtre)
Quartier pavillonnaire dans la périphérie de Fontenay-le-Comte

Des infrastructures marquantes dans le paysage

Autoroutes A83, zones d’activités, parcs éoliens sont autant d’infrastructures qui marquent aujourd’hui le paysage même si leur apparition est relativement récente.

Les pôles urbains majeurs et les infrastructures qui marquent la plaine

Deux villes se démarquent particulièrement par leur ceinture périurbaine de quartier d’habitat récent et de zones d’activités. Elles correspondent aux anciens centres urbains historiques de la plaine. Elles bénéficient des développements liées aux dynamiques impulsées par les nouvelles infrastructures. (cf. paragraphe sur les dynamiques paysagères)

Pour en savoir plus sur l’ancienne capitale du Bas-Poitou devenu pôle urbain de la plaine

Pour en savoir plus sur Luçon, île urbaine entre plaine et marais

Pour aller plus loin sur le patrimoine culturel et naturel

Patrimoine culturel :

Patrimoine naturel :