Les sous-unités paysagères de la presqu’île guérandaise
Le paysage de cette unité se construit par un jeu de pleins et de vides orchestré par le socle géologique (qui induit notamment la direction nord-ouest / sud-est). La variation d’échelle dans cette organisation permet de distinguer deux sous-ensembles : l’un plus monumental constitué par les marais salants de Guérande et le plateau bocager qui le domine et l’autre plus intimiste constitué par les marais salants du Mès et le plateau bocager boisé d’Herbignac. Quatre sous-unités paysagères se distinguent :
- Les marais salants de Guérande
- Le plateau bocager composite du sillon de Guérande
- Les marais salants du Mès
- Le plateau bocager boisé d’Herbignac
Les marais salants de Guérande
Les marais salants
Depuis les coteaux de Guérande, avec des vues légèrement plongeantes, toute la complexité des marais de Guérande s’appréhende. Par leur étendue et leur positionnement qui paraît très continental, les marais de Guérande constituent un espace paysager très spectaculaire. Les marais fonctionnent comme un vaste labyrinthe qui stocke l’eau de mer, l’emprisonne dans des bassins de plus en plus petits pour distiller le sel dans les œillets, ultime étape de cristallisation dans un savant quadrillage de canaux et lames d’eau.
De ce paysage émergent les silhouettes noires des salorges, les granges longilignes qui servent à stocker le sel. Elles ponctuent l’espace et accompagnent le plus souvent les villages de paludiers. Hameaux denses d’habitations de granit en contact direct avec le marais, ces hameaux présentent une composition urbaine souvent remarquable.
Le traict
Tout l’espace des marais n’est en effet pas structuré pour récupérer le sel. Un vaste estran, le Grand et le Petit Traict, occupe un tiers de la surface du marais. Espace changeant par excellence, il s’anime au gré des marées, proposant un vaste espace lacustre à marée haute et développant une vaste arborescence hydraulique entre les vasières à marée basse. Lieu de mouillage en face du port du Croisic, il en constitue une petite mer intérieure. Ourlé par le tombolo de Pen bron souligné par le vert sombre de sa pinède, le Traict offre un paysage spectaculaire bien lisible depuis les Monts du Croisic.
Aux deux extrémités du port, le Mont Lénigo et le Mont Esprit offrent un joli panorama sur la presqu’île. Ce sont des monticules formés par le lest que les navires marchands laissaient autrefois avant de charger le sel guérandais destiné à l’exportation. Ils offrent des panoramas intéressants sur le marais et on peut y voir facilement le coteau guérandais et les clochers des anciens bourgs qui s’implantent autour du marais. C’est également le meilleur point de vue pour comprendre le fonctionnement du marais avec l’entrée de l’océan par la porte constituée par les centres héliomarins qui se font face.
Le plateau bocager composite du sillon de Guérande
S’appuyant sur le coteau du sillon de Guérande, un vaste plateau bocager s’étend vers le nord-est jusqu’aux abords des marais de Brière. La trame bocagère encore dense masque les hameaux denses, regroupant plusieurs longères bretonnes ou chaumières briéronnes autour d’une cour, d’un four à pain, d’une mare ou un étang et parfois d’un moulin. Parfois, au détour d’un chemin, on aperçoit un château au fond d’une allée plantée d’arbres traversant un parc boisé.
Avec ses conifères et ses chênes verts, cette trame bocagère est dense et sombre. Elle paraît impénétrable et quand on s’y aventure en dehors des grands axes, elle devient vite un véritable labyrinthe végétal. Elle est en plein ce que le marais est en vide, comme une image en négatif qui se développe de part et d’autre du coteau de Guérande.
A l’est, la proximité des agglomérations de Saint-Nazaire, la Baule, du littoral et de la route bleue a catalysé le développement urbain pavillonnaire diffus le long des routes dans un premier temps et plus largement dans le bocage. Il en ressort un paysage ni véritablement urbain, ni complètement rural. Les routes de campagne ont gardé leur profil avec fossés et accotements enherbés mais les haies bocagères sur talus ont laissé place aux clôtures variées et aux haies de conifères qui cernent les grandes parcelles au milieu desquelles est implanté un pavillon. On passe progressivement d’une identité rurale bocagère à un paysage péri-urbain.
Ces étalements urbains linéaires donnent une véritable impression de continuité entre les bourgs et l’agglomération nazairienne. Cela se traduit notamment par une perte des repères dans la mesure où cette continuité masque ces éléments particuliers du paysage rural. La diffusion urbaine contribue également sur cette sous-unité à limiter progressivement l’activité agricole ce qui se traduit par un boisement progressif du bocage. Le paysage se ferme donc progressivement. La quatre voies de la route bleue constitue une rupture physique et paysagère forte.
Les marais salants du Mès
Sur cette sous-unité, les caractères paysagers des marais et du plateau de Guérande s’expriment mais à une échelle beaucoup moins importante. Le paysage s’organise autour du couloir visuel de la vallée du Pont d’Arm. L’horizon des coteaux bocagers et habités est plus rapproché et le marais devient presque intimiste. D’ailleurs, les développements urbains pavillonnaires ont souvent privatisé son accès. La mosaïque aquatique des marais salants se déroule comme un large ruban dans l’estuaire étroit de la petite vallée et s’étend dans les vallons secondaires, esquissant déjà les paysages spécifiques des abers bretons plus au nord.
L’accès à l’océan semble fermé par les pointes de Pen Bé et Merquel dont les phares et l’urbanisation marquent une porte sur la fin de l’estuaire. Elles délimitent les Traicts de Pen Bé et Rostu qui forment visuellement une petite mer intérieure vivant au rythme des marées. Ponctué de ports abrités et alimentés par le chenal et l’étier du Pont d’Arm, cet espace est ourlé de petites baies habitées. Les clochers des vieux bourgs aux forts accents identitaires bretons et les vieux moulins ponctuent l’horizon.
Le plateau bocager boisé d’Herbignac
Véritable écrin à ce paysage palustre, le plateau d’Herbignac se distingue par sa relative planéité. Ses ondulations souples et étirées sont soulignées par un bocage semi-ouvert ponctué de nombreux boisements qui animent le paysage en lui donnant de la profondeur. La palette végétale comme sur le plateau de Guérande alterne les chênes pédonculés et les persistants comme les pins, les cyprès de Lambert et les chênes verts. De nombreux châteaux, discrètement cachés dans leur parc, s’adossent aux principaux boisements ou le long des vallons. Ce paysage de plateau bocager boisé continue jusqu’au bord de la Vilaine plus au nord où la pression urbaine, plus importante notamment à partir d’Herbignac, se fait ressentir au travers d’un habitat pavillonnaire diffus en zone rurale.