Les dynamiques paysagères du bocage du Haut-Anjou
Exemple d’évolution caractéristique de l’unité sur le secteur de Craon
Dans le cadre de l’analyse des dynamiques paysagères, pour chaque unité paysagère, un secteur particulier est choisi de manière à caractériser, en tant qu’échantillon représentatif de l’unité, une large partie des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Cette analyse s’appuie notamment sur la comparaison des données cartographiques et des photographies aériennes à différentes époques données. Ce zoom est représentatif mais non exhaustif des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Les dynamiques de l’unité qui ne s’illustrent pas à travers cet exemple sont donc détaillées à la suite.
Une implantation originelle sur les rives de l’Oudon
La ville ancienne de Craon s’implante sur les rives de l’Oudon, à la croisée des routes reliant Laval à Segré et Château-Gontier à La Guerche-de-Bretagne.
« Le site de la ville actuelle est occupé par les romains bien avant le IVème siècle. Un château est érigé dès le IXème siècle et la place est fortifiée le siècle suivant. Au XIème siècle, le prieuré de Saint-Clément est construit. La ville est dotée de tous les atouts (pouvoirs religieux et seigneurial) pour devenir un centre urbain important, rayonnant sur un territoire. La ville est d’ailleurs dotée d’enceintes. Les agglomérations de Saint-Clément et Craon finissent par se joindre, la fusion des deux communes a lieu en 1812.
La commune possède un patrimoine bâti fort riche, avec dans le centre-ville, autour des dernières halles du département, de nombreuses maisons à colombages, témoignages du paysage moyenâgeux et .en périphérie d’agglomération, le prieuré de Saint-Clément (XVIIème siècle), le château (18ème siècle). La commune compte aussi des lavoirs et moulins. Le site primitif se caractérise par un coteau exposé au Sud sur la rive gauche de l’Oudon. Au XIXème, l’urbanisation gagne le faubourg Saint-Clément sur l’autre rive et est marqué par la route de Renazé, axe caractéristique de cette époque. Depuis 1950, l’agglomération occupe la vallée de l’Oudon. Les hauteurs à l’Est sont gagnées par l’urbanisation et les limites naturelles (haies bocagères et ligne de crête) sont dépassées ou atteintes. » (Source : Atlas des Paysages du Département de la Mayenne – livret 3 : études de cas - 1996).
Un bocage fortement déstructuré
L’orthophoto de 1958 montre une organisation assez éclatée de la trame parcellaire qui se forme d’entités laniérées dont la taille s’amenuise sur les pentes des vallées. Les plateaux au nord-ouest du bourg font déjà l’objet d’une structuration plus adaptée à la modernisation de l’activité agricole.
La comparaison des orthophotos de 1958 et 2010 permet de constater une dynamique de simplification parcellaire très soutenue sur la période. Peu à peu, les initiatives de remembrement tendent à proposer un parcellaire de taille plus importante, de forme plus géométrique, bien qu’à l’approche des vallées le tissu soit plus resserré.
Le rapide développement de la céréaliculture favorise la remise en cause de la présence bocagère. Peu à peu, un paysage de champs ouvert s’impose, agrémenté çà et là d’arbres isolés, reliquats des linéaires bocagers anciens.
L’élevage hors sol est particulièrement présent et l’élevage de porcs domine dans la partie ouest de l’unité, alors que l’élevage de volailles est plus important à l’est. L’impact visuel de ces bâtiments est variable et dépend notamment de leur implantation, leur couleur, de l’existence ou non d’éléments de végétation à proximité. Les bâtiments d’élevage hors sol (lié à la volaille notamment) sont nombreux dans le secteur mais leur impact visuel est très variable en fonction de leur implantation (près des sites bâtis existants, en retrait par rapport aux voies de desserte principale) et de la présence de végétaux à proximité, certains ont un impact visuel amoindri.
Une végétation plus dense dans les vallées
A l’image des dynamiques connues sur bon nombre d’unités paysagères voisines, le bocage du Haut Anjou est le théâtre d’une fermeture progressive des paysages de vallée. L’exemple de l’Oudon dans le secteur de Craon montre un enfrichement végétal de la vallée qui réduit considérablement la visibilité et l’accessibilité au cours d’eau.
Des développements urbains qui étendent la ville
La structuration particulière en étoile de Craon a facilité un développement de la ville en appui des axes principaux. Déjà en 1958, le caractère inondable des abords de l’Oudon laisse un espace non urbanisé dans la ville. L’orthophoto de 2010 montre une diffusion urbaine à vocation résidentielle qui étend la ville majoritairement vers l’est et l’ouest. A l’est, les espaces interstitiels laissés entre les couloirs d’urbanisation qui continuent à s’étendre ont été investis par des équipements nouveaux (terrains de sports, base de loisirs). Les secteurs de mitage viennent enclaver des terrains dont la vocation agricole semble menacée. A l’ouest également la diffusion se poursuit en gagnant les plateaux agricoles.
Le développement des zones d’activités
Dans le secteur de Craon, le développement des zones d’activités étend la ville vers le sud en direction de l’ancienne voie ferrée, aux abords de la D25 à l’est et de la D771 à l’ouest. La prolifération des bâtiments d’activités aux volumes imposants dessine désormais la frange sud de la ville.
Par ailleurs la structuration ancienne en étoile a été modifiée avec l’aménagement d’une voie de contournement au sud de la ville qui facilite la desserte des zones d’activités.
Le pôle principal de l’unité du bocage du Haut Anjou est également concerné par la prolifération des bâtiments d’activités dans le paysage des franges de la ville. A Château-Gontier, la partie nord-est de la ville s’étend ainsi au gré des installations. Ces développements s’accompagnent d’une prolifération des affichages publicitaires aux abords des voies, et notamment de l’avenue Robert Cassin qui constitue un contournement est de la ville et qui permet la desserte efficace des zones d’activités.
Une voie ferrée reconvertie en sentier de randonnée
Le développement des itinéraires de randonnée ne se limite pas à l’aménagement des anciens chemins de halage de la Mayenne. Depuis 1994 en effet, le Conseil général développe une politique d’acquisition des anciennes voies ferrées avec pour objectif de constituer des chemins de randonnées non motorisées : pédestre, deux roues et équestre. L’unité paysagère du bocage du Haut Anjou est ainsi concernée par le développement de ces circuits et notamment le sentier Laval - Rénazé. Pour autant, à Craon, l’aspect linéaire, mal entretenu et les friches des bas-côtés rendent ce circuit peu attractif.
Des équipements structurants
L’hippodrome s’étend sur 65 hectares et dispose de 12 km de pistes. Si les pistes en elles-mêmes ne représentent pas automatiquement des objets marquants dans le paysage, l’ensemble des éléments d’accompagnement qui sont aménagés (tribunes, box…) deviennent des nouveaux repères perceptibles depuis l’entrée de ville est.
Le développement d’une zone de loisirs
A l’est de Craon, la constitution d’un plan d’eau sur les franges de la ville a donné naissance à une nouvelle zone de loisirs. Parc de jeux d’enfants, restaurants et camping s’organisent désormais autour de cet élément naturel.
Des dynamiques constructives fortes au niveau de Château-Gontier
Le site initial est un éperon rocheux dominant la Mayenne. La ville s’est construite sur le coteau de la rive droite avant de gagner un terrain plus plat sur la rive gauche. Les expansions récentes ont préféré les plateaux à l’Est et à l’Ouest de la Mayenne plutôt que la vallée, difficilement urbanisable et étroite. Après 1949, les expansions ont été telles que les trois agglomérations de Bazouges, Château-Gontier et Azé se sont rejointes pour former une ville concentrique et multipolaire (plusieurs lieux de centralité autour desquels ont été réalisé des lotissements essentiellement). (Source : Atlas des Paysages du Département de la Mayenne – livret 3 : études de cas - 1996). Les bourgs de Bazouges et d’Azé font ainsi partie du continuum aggloméré et concentrent la majorité des extensions du tissu urbanisé de l’agglomération aujourd’hui.
Les développements urbains récents de l’agglomération de Château-Gontier gagnent les coteaux surplombant la Mayenne sur ses deux rives et investissent progressivement les plateaux à l’arrière. Ces évolutions créent de nouveaux enjeux en termes de covisibilités de coteaux à coteaux, mais également en termes de gestion de la transition entre ville et campagne.
La mise en valeur de la vallée de la Mayenne
A l’instar des unités paysagères traversées par la rivière, l’unité du bocage du Haut Anjou connaît des dynamiques de valorisation de la rivière visant à exploiter son potentiel d’attractivité. Là encore, les anciens chemins de halage ont fait l’objet d’aménagements qui ont permis l’émergence de chemins de randonnée très convoités. A Château-Gontier, la mise en valeur de la rivière passe notamment par le développement de la plaisance qui participe désormais à la composition paysagère de la ville dans son rapport à l’eau. Par ailleurs, le riche patrimoine urbain tourné vers le fleuve fait l’objet de protection : Périmètre de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV) et Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager.
Développement des infrastructures
La RN 162 qui relie Château-Gontier à Laval constitue le principal axe structurant à l’échelle de l’unité paysagère. Contrairement à d’autres axes, la RN 162 n’a pas fait l’objet d’une diffusion importante à ses abords hormis l’extension urbaine à vocation économique au nord de Château-Gontier. Un échangeur au niveau de Villiers-Charlemagne a cependant donné lieu à l’aménagement d’une zone d’activités récemment.
Le développement des activités d’extraction
L’unité paysagère connaît le développement d’une carrière sur le secteur de Villiers-Charlemagne. Bien qu’imposant en termes d’emprise foncière, ce site d’exploitation est relativement peu visible depuis les espaces environnants car encaissé et entouré de haies.