Les dynamiques paysagères du bassin de Grand-Lieu

publié le 7 décembre 2015 (modifié le 2 janvier 2017)

Exemple d’évolution caractéristique de l’unité sur le secteur de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu

Dans le cadre de l’analyse des dynamiques paysagères, pour chaque unité paysagère, un secteur particulier est choisi de manière à caractériser, en tant qu’échantillon représentatif de l’unité, une large partie des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Cette analyse s’appuie notamment sur la comparaison des données cartographiques et des photographies aériennes à différentes époques données. Ce zoom est représentatif mais non exhaustif des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Les dynamiques de l’unité qui ne s’illustrent pas à travers cet exemple sont donc détaillées à la suite.

Une implantation à la croisée des chemins

Cadastre napoléonien de 1838 et cadastre 2013 de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu en grand format (nouvelle fenêtre)
Cadastre napoléonien de 1838 et cadastre 2013 de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu

Cadastre napoléonien de 1838 et cadastre 2013 de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu en grand format (nouvelle fenêtre)
Cadastre napoléonien de 1838 et cadastre 2013 de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu



En 1838, Saint-Philbert-de-Grand-Lieu n’était encore qu’un village rue. L’implantation initiale s’est faite sur un carrefour de voies à la fois routière et fluviale. Depuis la rive Sud de la Boulogne, le premier développement urbain de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu s’est propagé autour d’un axe principal Nord-Sud. L’urbanisation occupe à cette époque uniquement la partie au sud de la Boulogne. Quelques hameaux sont présents sur la rive Nord, tout du long de la vallée et autour du lac de Grand-Lieu.

Saint-Philbert-de-Grand-Lieu – Carte d'état-major (1840) - (SCAN Historique à l'échelle du 1 : 40000) en grand format (nouvelle fenêtre)
Saint-Philbert-de-Grand-Lieu – Carte d’état-major (1840) - (SCAN Historique à l’échelle du 1 : 40000)



Un développement tardif
Les infrastructures de transports et de déplacements se sont peu développées au 19ème siècle et le ferroviaire reliait uniquement Nantes à Legé. Cette ligne a été ouverte de 1893 à 1935 et a marqué son empreinte sur le marais, notamment par des aménagements spécifiques (pont de fer sur la Boulogne).

Pont de fer sur la Boulogne - Saint-Philbert-de-Grand-Lieu en grand format (nouvelle fenêtre)
Pont de fer sur la Boulogne - Saint-Philbert-de-Grand-Lieu



En 1958, l’orthophoto témoigne du développement urbain tardif qu’a eu la ville. Le bourg s’est déployé mais toujours sur cette rive Sud. La vallée conserve toute sa place et aucune urbanisation n’est venue impacter les paysages et l’environnement naturel.
La mosaïque agricole est encore importante à la moitié du 20ème siècle. En revanche les couvertures boisées sont peu volumineuses.
L’urbanisation s’est réalisée de forme concentrique autour du bourg de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu. Les voies principales ont été confortées par un développement urbain assez dense les accompagnants. Les constructions se sont greffées en alignement des voies, directement sur la rue, ce qui fermait ces boulevards. Quelques implantations moins maîtrisées (remise en cause des principes d’alignement sur la voie et de mitoyenneté des constructions principalement) se sont multipliées le long des voies et plus éloignées du centre aggloméré.

Saint-Philbert-de-Grand-Lieu – Orthophoto 1958 (BD ORTHO Historique 1958) en grand format (nouvelle fenêtre)
Saint-Philbert-de-Grand-Lieu – Orthophoto 1958 (BD ORTHO Historique 1958)

Si l'alignement des maisons est ancien, l'espace public a fait l'objet d'un réaménagement récent (Saint-Philbert-de-Grand-Lieu) en grand format (nouvelle fenêtre)
Si l’alignement des maisons est ancien, l’espace public a fait l’objet d’un réaménagement récent (Saint-Philbert-de-Grand-Lieu)



Une urbanisation récente peu maîtrisée
La progression de la ville et la modification des paysages s’est opérée durant la seconde moitié du 20ème siècle et surtout au début du 21ème siècle. L’apport démographique a été important et a eu pour conséquence un rythme de construction très soutenu. D’une part le centre de la ville s’est largement dispersé le long des axes et sous forme de quartiers pavillonnaires au sud, à l’est et à l’ouest. Le tissu est plus relâché et les compositions paysagères ne reprennent pas les codes et organisations traditionnelles du bâti ancien.

Saint-Philbert-de-Grand-Lieu - 2013 (BD ORTHO) en grand format (nouvelle fenêtre)
Saint-Philbert-de-Grand-Lieu - 2013 (BD ORTHO)



Le renforcement des infrastructures
La création de la nouvelle infrastructure de transport routier qui relie Nantes à Challans a considérablement favorisé le développement économique et l’accessibilité de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu.
L’ensemble de la ville s’est étendue. Des équipements et des activités récréatives ainsi qu’une zone commerciale s’est installée sur la vallée au nord, impactant fortement le couloir écologique de la Boulogne et des marais environnants.

Carte IGN 2013 du secteur de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu (SCAN 25) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte IGN 2013 du secteur de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu (SCAN 25)



Un étalement urbain conséquent
Dans l’ensemble, la comparaison des cartes témoignent du mitage et de l’étalement urbain important de la ville et dans les hameaux durent ces 20 dernières années. Les paysages ont évolués très rapidement. Des groupements de pavillons se sont répétés sur les coteaux sud et à l’est, en extension du tissu aggloméré de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu. Au nord de la vallée, l’ensemble des hameaux se sont urbanisés et se rejoignent créant quasiment un nouveau continuum aggloméré, créant des ambiances périurbaines voire urbaines.

Un patrimoine naturel et architectural riche
Au cœur de la ville, le patrimoine architectural côtoie le patrimoine naturel de la vallée à l’Est. La frange a été préservée d’une urbanisation résidentielle, à l’inverse d’autres coteaux plus éloignés du centre. Le patrimoine bâti est mis en avant et préservé dans le cœur du tissu aggloméré de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu. La relation avec l’eau est d’autant plus importante car le réseau hydrographique est fortement présent et ouvre des perspectives. Les monuments sont également nombreux et valorisés. L’abbatiale carolingienne est classée monument historique.

Centre-ville de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu - 2013 (BD ORTHO) en grand format (nouvelle fenêtre)
Centre-ville de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu - 2013 (BD ORTHO)

Office du tourisme de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu en grand format (nouvelle fenêtre)
Office du tourisme de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu

Des pressions urbaines fortes qui remettent en cause les ambiances rurales traditionnelles

Les pressions urbaines observées sur le territoire de l’unité induisent un grignotage progressif des terres agricoles.
Sur les espaces de bocage en bordure de marais, le lien entre terres hautes et terres basses qui définit un équilibre agricole stratégique (en été, les bêtes pâturent sur les terres basses, tandis qu’en hiver elles trouvent refuge dans le bocage des terres hautes), est par endroit menacé par l’urbanisation récente ou dans certains secteurs par l’extension des zones de maraîchage.

(source : DREAL, SIGLOIRE indicateurs habitat 2007-2011) en grand format (nouvelle fenêtre)
(source : DREAL, SIGLOIRE indicateurs habitat 2007-2011)

Des développements urbains qui changent la lecture des paysages en grand format (nouvelle fenêtre)
Des développements urbains qui changent la lecture des paysages



Le manque de hiérarchie des voies des extensions récentes et les opérations en impasses pose trois problèmes :

  • la lisibilité du paysage et du fonctionnement urbain
  • l’économie de l’espace et l’imperméabilisation des sols (le linéaire de voirie n’est pas optimisé)
  • la poursuite de l’urbanisation future, qui ne peut pas se greffer sur l’existant et retrouver des continuités

Le développement infrastructurel

Comme nous le montre la carte IGN de 2013 du secteur de Port-Saint-Père ci-dessous, la vallée de l’Acheneau est traversée par plusieurs types d’infrastructures : voie principale, secondaire, réseau ferroviaire, ligne haute tension… De plus, la pression urbaine liée au développement infrastructurel est forte autour de la vallée.

Carte IGN 2013 du secteur Port-Saint-Père – Multiplication des infrastructures au-dessus et autour de la vallée de l'Acheneau (SCAN 25) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte IGN 2013 du secteur Port-Saint-Père – Multiplication des infrastructures au-dessus et autour de la vallée de l’Acheneau (SCAN 25)

Un environnement naturel prédominant

Le site connaît un niveau de protection fort au titre des paysages et de la biodiversité, car il est concerné par les différentes protections suivantes :

  • Réserve naturelle nationale
  • Site classé
  • Zone de Protection spéciale (ZPS)
  • Loi littoral (coupure à l’urbanisation à Saint-Aignan-de-Grand-Lieu)

Les paysages du lac de Grand-Lieu sont relativement stables du fait des nombreuses protections dont il est l’objet.
En 2004 a ouvert la maison du lac, centre d‘éducation à l’environnement destinée notamment à la découverte du patrimoine et des paysages du site de Grand-Lieu.

Le Lac de Grand-Lieu en grand format (nouvelle fenêtre)
Le Lac de Grand-Lieu

Cale et ripisylve bordant le Tenu (Saint-Mars-de-Coutais) en grand format (nouvelle fenêtre)
Cale et ripisylve bordant le Tenu (Saint-Mars-de-Coutais)



Le territoire de l’unité est resté très rural et l’agriculture tient encore aujourd’hui une place importante dans l’économie du territoire.
L’unité est notamment une terre de vignoble. La spécificité du terroir et l’ensoleillement la région Sud-Loire autorisent une grande variété de cépages afin de satisfaire les attentes des amateurs de vins légers et fruités. Plusieurs cépages nobles produisent des vins reconnus comme le Chardonnay, élégant et aromatique, le grolleau gris, vin blanc original léger et fruité, le cabernet rouge, vins aux parfums de poivrons, framboise, cassis et violette, le gamay, sans oublier le fameux muscadet AOC Côtes de Grand-Lieu.

Crête viticole (Corcoué-sur-Logne) en grand format (nouvelle fenêtre)
Crête viticole (Corcoué-sur-Logne)



Le domaine viticole de l’unité tend aujourd’hui à s’amenuiser. De vastes parcelles viticoles disparaissent en effet aujourd’hui au profit d’une vaste trame bocagère associée aux cultures agricoles céréalière et maraîchère, malgré tout assez fermée du fait de la présence de nombreux boisements.

La maille bocagère, hier très resserrée, a peu à peu éclaté, donnant naissance sur certains secteurs à un réseau bocager à maille ouverte conférant une grande profondeur au paysage occupé par ces cultures agricoles.

Le maraîchage se développe de plus en plus sur le territoire. Il est étroitement lié au développement des infrastructures viaires. On remarque ainsi l’apparition récente de véritables cordons maraîchers le long des axes structurants de l’unité, tels que la D751.

Mosaïque maraîchère et diffusion pavillonnaire sur la frange sud de la sous-unité en grand format (nouvelle fenêtre)
Mosaïque maraîchère et diffusion pavillonnaire sur la frange sud de la sous-unité



L’essor de la région a reposé et continue de reposer sur l’élevage de bovins et la production viticole. Les activités se sont développées en rapport avec l’accessibilité, le long des axes majeurs. Les traitements paysagers ne sont parfois pas anticipés et les bâtiments peu intégrés dans leur environnement. La tradition rurale perd peu à peu son espace au profit d’un développement quasi urbain sous la pression démographique grandissante.