Les dynamiques paysagères des champagnes ondulées sarthoises
Exemple d’évolution secteur de Loué
Dans le cadre de l’analyse des dynamiques paysagères, pour chaque unité paysagère, un secteur particulier est choisi de manière à caractériser, en tant qu’échantillon représentatif de l’unité, une large partie des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Cette analyse s’appuie notamment sur la comparaison des données cartographiques et des photographies aériennes à différentes époques données. Ce zoom est représentatif mais non exhaustif des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Les dynamiques de l’unité qui ne s’illustrent pas à travers cet exemple sont donc détaillées à la suite.
La vallée de la Vègre comme support des premières installations à Loué
Conséquence de ce phénomène, l’agrandissement des parcelles et la diminution du linéaire de haies provoquent l’ouverture progressive des paysages agricoles, phénomène particulièrement visible dans la partie sud-ouest de l’unité paysagère des champagnes ondulées sarthoises. Les quelques haies ou tronçons de haies présents sur les plateaux sont composés d’arbustes (vestiges de la généralisation du bocage au cours des XVIIIe et XIXe siècles).
Certains bâtiments d’activités modifient les échelles de perception
Corollaire des dynamiques d’ouverture des paysages qui caractérisent les espaces ruraux du secteur de Loué, l’inscription visuelle des bâtis en lien avec l’activité agricole s’en trouve d’autant plus marquée. Avec l’essor des élevages avicoles, mais également des élevages bovins et porcins, les gros bâtiments d’élevage se sont multipliés dans le paysage.
Cette caractéristique est d’autant plus fondée pour le secteur de Loué qu’une imposante usine d’alimentation située dans le secteur des industries agricoles au sud-est du bourg est visible depuis des kilomètres à la ronde et notamment depuis la RD 21 à l’est du bourg. Les caractéristiques du bâtiment, sa taille imposante, ses lignes géométriques en font un élément qui perturbe la lecture des échelles du paysage, notamment dans l’appréhension des distances.
Au-delà de ce cas particulier, l’inscription des bâtis agricoles dans le paysage reste globalement qualitative. Deux éléments explicatifs à cela : d’une part, la fréquente implantation à flanc de coteau explique une certaine discrétion des bâtiments ; d’autre part, les incitations du label Poulet de Loué vise la replantation des haies et des arbres à proximité des exploitations avicoles en vue de limiter les phénomènes d’érosion des sols, de faciliter les retenues d’eau d’offrir un abri à la faune et de participer à la préservation des paysages de qualité.
Un renforcement des boisements sur les crêtesLa comparaison des orthophotos de 1958 et 2010 montre un renforcement progressif des boisements sur les crêtes. Dans le secteur de Loué, ce phénomène est notamment perceptible à l’ouest du bourg. Ces reliefs arborés contribuent ainsi à structurer les perspectives paysagères en proposant des contrastes aux paysages agricoles ouverts. On retrouve régulièrement cette ambiance de plaine ouverte et de crêtes boisés au sein de l’unité paysagère.
Une fermeture progressive des paysages au niveau de la valléeLes dynamiques de fermeture des paysages de vallée sont une constante de l’unité des champagnes ondulées sarthoises. Le secteur de Loué offre un exemple concret de cette évolution avec une densification généralisée des boisements aux abords des cours de la Vègre et du Palais. Cette fermeture des paysages de vallées s’effectue via le renforcement de petits boisements aux abords des cours d’eau ou par le renforcement des haies les bordant.
Les développements urbains gagnent les plateauxL’exemple du secteur de Loué permet d’appréhender la diversité des développements urbains qui s’ils sont homogènes par leur architecture pavillonnaire se sont effectués sur des modèles divers. Ainsi, l’est et le nord du bourg ont accueilli une forme d’extension urbaine caractérisée par un mitage aux abords des voies routières. Au nord-ouest du bourg, et plus récemment au sud-est, l’extension urbaine se fait sous une forme plus organisée, sur le modèle du lotissement. Dans les deux cas, le développement du tissu pavillonnaire en extension du bourg contribue à homogénéiser le paysage de transition entre ville et campagne. Sur les façades tournées vers les champs ouverts, l’exposition visuelle des nouveaux quartiers pavillonnaires est largement accentuée.
Le développement des zones d’activités ferment le paysage de la vallée La voie historique reliant la commune de Loué à celle de Mareil-en-Champagne s’étire en fond de vallée en longeant la Vègre. Si l’orthophoto de 1958 affiche une coupure d’urbanisation bien lisible entre les deux bourgs, les évolutions urbaines ont depuis conquis les abords de la voie et créent une forme de continuum urbain composé principalement de bâtiments d’activités commerciales. La succession des bâtiments volumineux est très visible depuis les coteaux au sud du bourg. Elle contribue par ailleurs, à fermer le paysage de la vallée, et ajouté à la densification des boisements, à faire disparaître la rivière du paysage de la vallée. L’inscription de l’autoroute A81 dans le paysage du secteur de Loué reste relativement discrète. Les mouvements des reliefs, de même que la densité des boisements contribuent à camoufler cet axe structurant qui émerge en de rares endroits lorsqu’il emprunte les hauteurs des plateaux. Dès lors, les paysages agricoles ouverts accentuent la visibilité de la voie. La relative discrétion des grandes infrastructures routières et ferroviaires est une caractéristique que l’on retrouve régulièrement dans le paysage de l’unité des champagnes ondulées sarthoises. Pour autant, le développement des infrastructures avec en point d’orgue l’aménagement de la ligne de chemin de fer LGV entre Le Mans et Rennes contribue à accentuer leur visibilité dans le paysage de l’unité. Témoignage du développement accéléré de l’implantation des infrastructures et des conséquences sur le paysage, les remblais se multiplient ainsi que les délaissés, notamment au croisement des infrastructures principales. L’implantation de la ligne LGV devrait accentuer ce phénomène dans les années à venir.L’influence mancelle accentue les dynamiques constructives à l’est de l’unité
La carte des constructions neuves sur la période 2007-2011 affiche des dynamiques plus soutenues pour les communes situées en périphérie mancelle et celles situées aux abords des axes de communication principaux (A81 et A11, RD 304, RN 157). L’exemple des dynamiques enregistrées au niveau de Coulans-sur-Gée témoigne de l’attractivité des communes situées aux abords de ces axes majeurs et notamment de la RD 357, axe historique reliant Le Mans à Laval, parallèle à l’autoroute A 81. Le paysage des bourgs avoisinant le pôle manceau est ainsi soumis à une évolution progressive marquée par les extensions urbaines de type pavillonnaire, qui lorsqu’elles sont relativement denses, produisent un paysage de centre bourg homogène, comme l’atteste le bourg de Saint-Georges-du-Bois. La partie sud-est de l’unité paysagère (secteur d’Étival-lès-le-Mans) est le secteur au sein duquel la pression mancelle est la plus visible. Témoignage de ce phénomène de polarisation assez marqué, le mitage progressif de l’espace rural qui s’exprime au travers de la prolifération des bâtis à vocation résidentielle et économique. Sur ce secteur, l’absence d’un modèle d’aménagement organisé est visible avec des constructions qui se réalisent indistinctement à l’appui des hameaux existants, en continuité des bourgs, ou aux abords des voies et des échangeurs structurants.Le développement des zones d’activités aux abords des voies principales
L’unité paysagère des champagnes ondulées sarthoises comporte notamment comme caractéristiques majeures d’être traversée par des axes structurants d’échelle régionale rejoignant le pôle angevin (A11), sabolien (RD 309), lavallois (A81 et RD 357) et alençonnais (A28 et RD 338). Ces infrastructures routières, de par les facilités d’accessibilité qu’elles génèrent, sont le support d’un développement urbain à vocation économique qui progresse régulièrement. Les voies départementales structurantes sont ainsi accompagnées d’un défilé de bâtiments d’activités qui se densifient à l’approche du pôle manceau et peuvent créer un effet de continuum urbain. Les échangeurs autoroutiers deviennent également des secteurs de développement économique, comme en témoigne l’aménagement de la zone d’activités au niveau de l’échangeur (A11) de Le Mans-ouest à Trangé.Un maillage végétal qui se maintient à l’est de l’unité paysagère
Auprès des paysages peu vallonnés de grandes cultures prennent place des paysages où dominent reliefs et trames arborées. Si l’ouest de l’unité paysagère, à l’image du secteur de Loué, connaît des dynamiques d’ouverture soutenues en lien avec l’intensification de l’activité céréalière, les parties est et nord-est de l’unité sont toujours caractérisées par la présence de nombreux boisements. Ces données générales ne doivent cependant pas cacher des dynamiques différenciées. En effet, si les nombreux boisements des crêtes tendent à se renforcer progressivement, le maillage bocager à l’appui des reliefs mouvementés se déstructure progressivement pour faciliter le regroupement des parcelles dédiées à l’activité agricole.