Les dynamiques paysagères de la presqu’île guérandaise
Exemple d’évolution caractéristique du secteur de Guérande
Dans le cadre de l’analyse des dynamiques paysagères, pour chaque unité paysagère, un secteur particulier est choisi de manière à caractériser, en tant qu’échantillon représentatif de l’unité, une large partie des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Cette analyse s’appuie notamment sur la comparaison des données cartographiques et des photographies aériennes à différentes époques données. Ce zoom est représentatif mais non exhaustif des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Les dynamiques de l’unité qui ne s’illustrent pas à travers cet exemple sont donc détaillées à la suite.
Paysage d’interfaces d’une grande richesse, cette unité connaît des évolutions profondes amorcées pour certaines depuis le XIXème siècle (disparition des vignes), d’autres depuis l’essor du tourisme balnéaire au XXème siècle (disparition du bocage, perte de vitalité des marais salants, urbanisation diffuse…).
Un site historique
De nombreux sites archéologiques attestent que le sillon guérandais a joué très tôt un rôle de premier ordre dans l’économie de la région. Les premières traces de l’exploitation du sel remontent à l’époque Celte, et les premières salines à l’époque romaine. Du XIVème au XVIIème siècle, on assiste à un fort développement de Guérande et ses abords reposant sur l’essor du commerce du sel. À partir du XVIème siècle cependant, l’ensablement de ses sites portuaires et l’affaiblissement du sel comme monnaie d’échange font perdre à Guérande sa puissance maritime au profit du Croisic et du Pouliguen.
Une pression urbaine forte et variée
La pression urbaine est diversifiée sur le paysage guérandais. A la fois pour du développement pavillonnaire, pour des infrastructures liées au tourisme ou pour le développement d’activités économiques, chaque domaine pèse sur l’expansion de la cité. Autant les paysages sont assez stables sur les marais salants, les enjeux sont variés et importants sur les parties déjà urbanisées ou en frange, notamment avec le monde agricole (hors salicole). Le classement du site explique également cette évolution.
Comme en témoigne la carte IGN, les paysages ont évolué brutalement dans la seconde moitié du 20ème siècle. D’une part le développement du tourisme et des activités économiques ont multiplié les infrastructures et fragmenté les ensembles naturels. Le marais de Brière est séparé par la Route bleue du milieu agricole oppressée par l’urbanisation guérandaise. Mais de part et d’autres de cette axe, se sont développés des modes d’urbanisation parfois peu denses et variés.
Au niveau de Bissin et de Kerandon, au Sud-est de la ville, un développement pavillonnaire lié au tourisme notamment a vu le jour et présente une consommation foncière importante de chaque part de la voie nationale. L’espace d’activités de Villejames s’est largement propagé vers l’Est. Des conurbations vers l’Ouest se sont étendues également, le long des axes et vers les marais salants.
Les covisibilités sont marquées notamment part cette urbanisation sur les coteaux et sur les limites morphologiques des espaces. La topographie a accentué l’impact paysager des opérations récentes.
Une forte pression démographique et urbaine sur l’ensemble de la presqu’île
Une urbanisation peu polarisée
Développement des réseaux pour les extensions urbaines
Les extensions urbaines impliquent la construction de nouvelles infrastructures afin d’accorder le nouveau tissu bâti aux réseaux :
routier, électrique, d’eau, d’assainissement ou téléphonique. Quand les voies traversent les bourgs et les villages, elles sont confrontées aux tissus urbains existants qui sont souvent peu appropriés à une telle utilisation de la voiture et à un partage modal entre différents usagers (piétons, vélos, voitures, poids lourds…).
L’attractivité touristique de l’unité a contribué à l’aménagement de nombreux itinéraires cyclables et sentiers de randonnée, qui sont des vecteurs de découverte privilégiés des paysages. Le réseau Vélocéan sera progressivement complété, permettant ainsi d’assurer des continuités à l’échelle de l’unité.
L’uniformisation des paysages périurbains
La nouvelle typologie du pavillon est souvent une réponse architecturale pauvre et banalisée dans tout le territoire qui ne s’intègre pas. En plus de la généralisation de l’architecture pavillonnaire, c’est surtout une pensée de ces nouveaux quartiers fait défaut. La réalisation est souvent le fruit d’un simple découpage économique du territoire et des contraintes de desserte des réseaux, sans réflexions sur leur implantation et sur leurs accroches avec le centre bourg. Le site existant est toujours porteur d’un potentiel paysager sur lequel les projets de nouveaux quartiers pourraient s’appuyer pour mieux s’inscrire dans le paysage (relief, expositions, vues, liaisons, écoulement des eaux, typologie et parcellaire, végétation..).
Il est à noter que certaines salorges (entrepôts à sel des paludiers) sont désormais acquises par des particuliers et transformées en unité d’occupation.
Une forte expansion économique, identitaire et patrimoniale
Le développement de l’activité agricole
Le bocage traditionnel s’est fortement dégradé sur les hauteurs et l’ouverture des paysages a participé à la « mise à nu » des nouvelles franges urbaines, peu valorisées. Dans l’ensemble, de plus en plus de nouveaux espaces sont arrachés aux terres agricoles, afin de devenir constructibles et ainsi d’accueillir les logements et les activités. Cependant, l’implantation des nouvelles extensions urbaines compromet souvent la poursuite des activités agricoles.
La spécificité de l’activité salicole a été préservée sur le territoire notamment par le biais de diverses protections paysagères, environnementales, identitaires… Mais les marais salants font aujourd’hui face à une pression touristique importante et doivent relever le défi de garantir leur activité pour conserver ce paysage patrimonial remarquable.
L’essor identitaire
La presqu’île guérandaise et sa cité médiévale bretonne offrent des paysages remarquables mêlant à la fois terre et océan. Ainsi alternent les étendues ouvertes de marais salants qui font la renommée de ce terroir et les plateaux bocagers avec des bourgs et une cité à l’identité résolument bretonne. Cerné par des espaces naturels remarquables construits par l’activité humaine (marais de Brière, de Guérande, du Mès) et par le littoral, ce territoire est clairement délimité. Sous la pression urbaine rétro-littorale et sous l’influence de la proximité de l’agglomération nazairienne et bauloise, ce territoire est donc particulièrement fragile au regard de la spécificité de ses paysages. C’est notamment sur la persistance de la trame bocagère et sur l’intégrité des coteaux qui cadrent les marais que les enjeux se concentrent le plus.