Les collines du Maine (UP8)

publié le 22 décembre 2015 (modifié le 5 janvier 2017)

Pour en savoir plus sur les paysages de bocage

Sources :

  • CAUE de la Vendée. Bien construire entre Sèvre et Maine. Conseil général de Vendée, 2015
  • Pays de Loiron et de Laval. État Initial de l’Environnement du SCOT. 2014

Structure paysagère régionale dominante, le bocage, avec son maillage de haies plus ou moins denses, présente des variations non seulement dans sa composition mais aussi dans sa géométrie en s’adaptant au relief, à l’hydrologie, à la nature des sols et au mode de faire-valoir agricole. Ce dernier conditionne notamment l’équilibre entre pâtures et cultures caractéristique de ce paysage de polyculture-élevage. Le bocage se structure ainsi autour du triptyque haie/talus-fossé/mare et s’accompagne d’un petit patrimoine vernaculaire bien spécifique de chaque secteur. Cela lui donne une véritable qualité paysagère et contribue directement à la qualité du cadre de vie. Le bocage prend aussi d’autres fonctions primordiales dans la valorisation agricole des territoires et leur richesse écologiques. La disparition des haies peut être relativement dommageable compte tenu des différents rôles qu’elle peut jouer :

Paysage structuré par la trame des haies du bocage mayennais vu depuis le Mont Montaigu en grand format (nouvelle fenêtre)
Paysage structuré par la trame des haies du bocage mayennais vu depuis le Mont Montaigu



La haie, un régulateur climatique
La haie, en milieu agricole doit avant tout être efficace face aux effets du vent. Une bonne haie brise-vent protège efficacement un pré, une culture ou un bâtiment sur une distance de 10 à 20 fois sa hauteur selon sa perméabilité.
Une haie brise-vent protège les cultures des dégâts du vent : verse des céréales, trouble de la pollinisation, de chute et lacération des fruits dans les vergers…
De plus une haie améliore le climat de culture en réduisant l’évapotranspiration, en maintenant l’humidité et en réduisant les écarts de température. Le brise-vent augmente le rendement des productions végétales et animales, malgré la petite perte de terrain ou la faible concurrence de la haie par rapport à la culture pratiquée. Cette perte de terrain se chiffre de 2 à 3 % pour un terrain de culture (3 à 5 hectares) et de 3 à 4 % pour zone d’élevage (1 à 3 hectares).
On estime que les rendements des cultures abritées par des haies brise-vent sont augmentés de 6 à 20 % par rapport à une même culture en zone ouverte. De plus la quantité et la qualité (appétibilité) sont accrues (de 20 %) pour les cultures destinées au fourrage. La haie possède également l’avantage de protéger du soleil l’été.

La haie ralentit l’écoulement et purifie l’eau
Les haies implantées sur les flancs de pentes, même faibles freinent l’écoulement de l’eau, permettant son infiltration et de suite sa purification. Les haies servent de réservoirs à eaux assurant un débit régulier des cours d’eaux et créent une zone humide à son pied. De plus les arbres pompent le surplus d’eau pendant les périodes d’humidité, surtout au printemps lorsque la végétation se réveille. Les arbres absorbent de grandes quantités d’eau assainissant le sol. Une haie permet de dénitrifier les eaux, chaque arbre a des fonctions particulières. Cette ripisylve influe sur la dynamique même du cours d’eau : elle a des impacts sur l’écoulement de l’eau, les dépôts et érosions, les embâcles de bois morts et la stabilité des berges. Cette zone boisée épure l’eau des produits phytosanitaires car l’ensemble des systèmes racinaires filtre l’eau pour pouvoir nourrir les végétaux de minéraux et de substances nutritives comme l’azote. La haie joue également sur les concentrations de produits phytosanitaires, un peu comme les bandes enherbées de 10 mètres de large obligatoires le long de certains cours d’eau.

La haie limite l’érosion
Les haies empêchent également l’érosion des sols, en le retenant (Si une haie est plantée parallèlement aux lignes de niveau, alors les éléments transportés par l’érosion seront stoppés par la haie). Elles permettent également de maintenir les berges des cours d’eau.

La haie et ses ressources pour l’homme
Les haies sont encore une source d’énergie renouvelable, par le bois que fournit leur entretien. Cela induit des modes de gestion et une périodicité dans l’émondage, la coupe ou le recépage des arbres qui marquent très fortement le paysage de bocage en contraignant la silhouette des arbres qui de fait ne développent que rarement leur port naturel dans les haies. Les haies sont par ailleurs souvent plantées de fruitiers à proximité des exploitations constituant une ressource vivrière.

Gestion en têtard des frênes pour exploiter le bois dans le bocage du marais mouillé du Marais Poitevin (Chaillé-les-Marais) en grand format (nouvelle fenêtre)
Gestion en têtard des frênes pour exploiter le bois dans le bocage du marais mouillé du Marais Poitevin (Chaillé-les-Marais)



Le bocage : une trame verte écologique
Les haies sont un lieu de vie important pour diverses espèces et servent de refuges et de corridors écologiques, et sont donc à la source d’une richesse faunistique et floristique très importante.

Perception sociale du bocage et de la campagne
Dans le cadre de la réalisation de l’atlas régional de paysages, une enquête sociologique a permis de révéler non seulement l’importance du bocage dans la perception des campagnes mais aussi la diversité des perceptions et des modes de vie auxquels il renvoie. Les témoignages montrent l’imbrication entre l’identification du bocage et la spécificité des autres éléments du paysage ainsi que les différents modes de valorisation économique du territoire. L’ensemble des témoignages suivants permet d’apprécier toute la subtilité de ces perceptions.
Témoignages des participants sur leur attrait pour les paysages de campagne (du bocage à la diversité agricole du territoire) et les villages (lien vers témoignage)

Le bocage support de projet pour l’aménagement du territoire
Les dynamiques de disparition du bocage ou au moins de la distension de son maillage de haies amènent à réfléchir aujourd’hui à la trame bocagère de demain. La haie et le bocage deviennent de véritables objets de projet et ce à toutes les échelles opérationnelles. Les expériences, programmes de gestion ou replantation et fiches pédagogiques présentés ci-dessous, s’ils sont loin d’être exhaustifs, montrent bien la diversité des réflexions en cours à l’échelle de la région pour réinvestir cet élément d’identité qu’est le bocage pour accompagner la réflexion à toutes les échelles de l’aménagements des territoires ruraux :

Pour en savoir plus sur l’architecture

(Source : CERESA, Atelier TRIGONE, Atlas des paysages du département de la Mayenne, Tome 1 : contexte général, DIREN Pays-de-La-Loire -1999)

Une caractéristique majeure du bâti ancien : son usage

La maison de maître  : Maison à étage, elle possède un toit à 4 pans. Les ouvertures sont axées verticalement et horizontalement. Implantée au milieu du jardin, elle est entourée d’un mur réalisé avec les mêmes matériaux.

Maison de maître (Port-Brillet) en grand format (nouvelle fenêtre)
Maison de maître (Port-Brillet)



La maison de l’artisan commerçant : L’habitation se trouve à l’étage, le rez-de-chaussée étant réservé à l’activité. Le toit peut avoir 2 ou 4 pans et comporter des lucarnes. Les ouvertures, là aussi, sont alignées verticalement et horizontalement.
La croupe du toit peut être perpendiculaire ou parallèle à la rue.

La maison du tisserand  : La particularité est que l’on doit gravir un escalier pour accéder au logement en raison du sous-sol à demi-enterré, permettant le maintien d’une humidité nécessaire au tissage du lin (Ambrières-les-Vallées, Andouillé, Parné-sur-Roc…).

Maison de tisserand (Saint-Pierre-sur-Orthe) en grand format (nouvelle fenêtre)
Maison de tisserand (Saint-Pierre-sur-Orthe)



La maison ouvrière : Avant le 19ème siècle, un habitat ouvrier existait déjà, notamment auprès des anciennes forges. Il se multiplie avec l’essor industriel et ressemble fortement à l’habitat rural local (Chailland, Chammes…). Construites en série, les maisons ouvrières sont souvent alignées et regroupées en cité. La brique est utilisée pour les encadrements d’ouvertures. Elle comprend parfois un étage. (Port-Brillet, Fontaine-Daniel, Renazé, Ernée…).

Maison ouvrière (Parné-sur-Roc) en grand format (nouvelle fenêtre)
Maison ouvrière (Parné-sur-Roc)

Maison ouvrière (Port-Brillet) en grand format (nouvelle fenêtre)
Maison ouvrière (Port-Brillet)

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La maison de l’ouvrier agricole : Souvent située en périphérie de village, elle est la plupart du temps composée d’un rez-de-chaussée avec parfois un étage éclairé d’une lucarne. Le faîtage est perpendiculaire à la rue (Sainte Suzanne, Ernée…).

La maison du garde-barrière : Elle présente des caractéristiques similaires à celles de l’habitat ouvrier.
Construite en série, de taille standard, de la brique encadrant les ouvertures, elle est visible à tous les passages à niveau (en Agglomération comme en diffus).

Maison de garde barrière (Grez-en-Bouère) en grand format (nouvelle fenêtre)
Maison de garde barrière (Grez-en-Bouère)



Cette différenciation entre usages permet de localiser la « ville du commerce » au centre, et la « ville à demi-rurale » autour :

Des matériaux et des couleurs en accord avec le site
La constitution de ce bâti aggloméré répond aux mêmes caractéristiques de construction que le bâti rural, et dépend des matériaux du sous-sol local (Cf paragraphe correspondant du chapitre précédant).

Des éléments patrimoniaux en site urbain

Les églises : De nombreux édifices romans, pour la plupart du 11ème siècle parsèment le département. Le nombre Important d’églises datant de cette époque fait de la Mayenne un des départements les plus riches en édifices du début de l’art roman du Nord de la France (Saulges, Château-Gontier, Pritz, Laval, Ambrières-les-Vallées, Charné, Mayenne, Boncharnp-les-Laval).
Les édifices gothiques sont plus rares (Évron).

Les châteaux : le département comprend plusieurs châteaux-forts. Ils ont souvent permis l’apparition de villes (Laval, Mayenne, Château-Gontier, Lassay, Gorron, Sainte Suzanne).
D’autres agglomérations ont des châteaux plus récents des XVII et XVIIIème siècles (Craon).

Ensemble de maisons : Ils constituent des ensembles cohérents au niveau des matériaux, de l’époque, du style, du respect des formes originelles. Ces maisons sont assez nombreuses pour constituer un réseau de ruelles, créant une certaine densité. Ces ensembles donnent un cachet particulier à quelques villes et bourgs dont les « petites cités de caractère » (Parné-sur-Roc, Saint Denis-d’Anjou, Chailland, Fontaine-Daniel, Saulges, Sainte Suzanne, Lassay-le-Château,
Laval, Mayenne, Château-Gontier, Gorron, Ernée, Craon…).

Pour en savoir plus sur les matériaux d’extraction des collines du Maine

Source : J. LE GALL, P. MORIZOT. Notice de la carte géologique au 1/50000ème – feuille de Sillé-le-Guillaume. Éditions du BRGM, ORLÉANS, 1998.
« Les nombreuses carrières qui exploitaient pour l’empierrement les grès-quartzites des Formations des Grès de Sainte-Suzanne et du Grès armoricain sont toutes abandonnées aujourd’hui. La principale exploitation de granulats est celle de Voutré (Société nouvelle des carrières de l’Ouest) qui, depuis plus de cent ans, utilise les volcanites de la Formation des Pyroclastites de Voutré (carrière de « porphyre ») pour la viabilité et la construction. Les granulats, dont la production annuelle avoisine deux millions de tonnes, servent au revêtement des routes de la région (ballast et macadam) et sont largement transportés par voie ferrée en région parisienne.

Stocks de granulats de la carrière de Voutré émargeant du bocage (Voutré) en grand format (nouvelle fenêtre)
Stocks de granulats de la carrière de Voutré émargeant du bocage (Voutré)



L’utilisation des calcaires cambriens pour la fabrication de la chaux remonte au XVIe siècle et s’est poursuivie jusqu’à la fin du XIXe siècle (Delaunay, 1955). De cette industrie, subsistent d’imposants fours à chaux dont les mieux conservés se situent à la Boissière (flanc nord des Coëvrons). Récemment deux carrières ont été ouvertes dans les faciès dolomitiques des calcaires cambriens : l’une dans les Coëvrons, à l’Ouest de Voutré (étang de Grouteau), l’autre en Charnie à l’emplacement d’une ancienne petite exploitation (Ouest de Vinay). La dolomie extraite est en partie acheminée à Neau où elle est traitée en vue de nombreuses utilisations. Crue, elle sert à la fabrication du verre, au traitement des fumées des centrales thermiques, et elle est incorporée dans les aliments pour bestiaux. Traitée à 1 100 °C, elle donne une chaux magnésienne utilisée comme amendement, pour le traitement des eaux usées et dans l’industrie laitière. Cuite à 1 800 °C, elle donne les « dolomies frittées » employée dans les fours réfractaires de l’industrie métallurgique (Doré et al, 1987).

Repères des terrils et usines de traitement des matériaux de la carrière de Neau (Neau) en grand format (nouvelle fenêtre)
Repères des terrils et usines de traitement des matériaux de la carrière de Neau (Neau)



Jadis, d’autres matériaux furent exploités pour la confection de moellons et pavés (conglomérat et arkoses cambriens, grès de Sainte-Suzanne,…), pour la fabrication d’ardoises (argilites et siltites briovériennes) et pour l’ornementation (marbre bleu turquin de Voutré). En outre, les ampélites siluriennes servirent à la fabrique de tuiles et de briques et même de crayons de charpentier (ampélites graphiques des Tuileries ; Delaunay, 1955). »