Le marais poitevin (UP49)
Pour en savoir plus sur la poldérisation des marais
Source : S. DUGLEUX. Il était une loi "Essai sur la valeur patrimoniale d’un paysage". TPFE, ENSAP, Bordeaux, 1997.
L’impulsion donnée par les abbayes à partir du VIIème siècle
L’implantation des moines, à partir du VIIème siècle, dans les îles et sur le rivage, seuls véritables lieux habitables, impulse véritablement la transformation radicale des marais : avec des motivations plus économiques et politiques que religieuses, l’Église voulait s’enrichir du développement des nouveaux polders en permettant l’implantation d’une paysannerie sédentaire. En 1217, les abbayes de Maillezais, Nieul-sur-l’Autise, Saint Michel en l’Herm, L’Absie et Saint-Maixent obtiennent un vaste territoire qu’elles doivent mettre en valeur : c’est l’aménagement du Golfe des Pictons, actuel Marais poitevin. A la fin du Xème, siècle les premières ébauches de drainage permirent les mises en culture mais c’est véritablement à partir du XIIème siècle que commencent les travaux d’endiguement. C’est ainsi la partie la plus proche de la mer (facilité d’évacuer l’eau, engorgement plus faible par les eaux terrestres) qui fut desséchée en premier en élevant des digues et en drainant la partie isolée par des canaux. La maîtrise de l’eau était primordiale : en période estivale, les vannes qui permettaient de puiser l’eau dans le marais mouillé sauvage étaient ouvertes ; en hiver, les vannes étaient fermées pour éviter l’inondation laissant le marais mouillé éponger les crues. Une partie du marais était ainsi quadrillé par un réseau de digues et de canaux. Fortes de cette valorisation du territoire, les abbayes du marais ainsi desséché se développèrent pour rayonner tant économiquement que culturellement sur le territoire, comme en attestent les remarquables vestiges patrimoniaux encore lisibles dans le paysage aujourd’hui.
Une réorganisation des marais à partir du XVIIème siècle
La majorité de ces ouvrages furent anéantis par la guerre de cent ans et les guerres de religions. Faute d’entretien, les marais desséchés retournèrent presqu’à leur état originel. Ce n’est qu’au XVIIème siècle que reprirent les travaux de dessèchement. Les marais furent réorganisés avec une plus grande régularité géométrique. Le système de « portes-à-flot » du Moyen-Âge furent repris aux points de contact avec la mer (portes librement battantes qui empêchaient l’eau de mer d’entrer et permettait l’écoulement de l’eau douce hors du marais). Les marais mouillés étaient quant à eux isolés, habités de modestes huttes de roseaux ou de cabanes en pierre, petites exploitations polyvalentes adaptées au milieu. Les sols régulièrement inondés présentaient une grande valeur économique. Les habitants y vivaient de la pêche, la chasse et des productions maraîchères, essentiellement vivrières, sur les terrains émergeants (les mottes). Ils plantaient des terrées : têtards de frênes pour le chauffage, aulnes pour le travail du bois et osiers.
Pour en savoir plus sur le bocage
Sources :
- CAUE de la Vendée. Bien construire entre Sèvre et Maine. Conseil général de Vendée, 2015.
- Pays de Loiron et de Laval. État Initial de l’Environnement du SCOT. 2014
Structure paysagère régionale dominante, le bocage, avec son maillage de haies plus ou moins denses, présente des variations non seulement dans sa composition mais aussi dans sa géométrie en s’adaptant au relief, à l’hydrologie, à la nature des sols et au mode de faire-valoir agricole. Ce dernier conditionne notamment l’équilibre entre pâtures et cultures caractéristique de ce paysage de polyculture-élevage. Le bocage se structure ainsi autour du triptyque haie/talus-fossé/mare et s’accompagne d’un petit patrimoine vernaculaire bien spécifique de chaque secteur. Cela lui donne une véritable qualité paysagère et contribue directement à la qualité du cadre de vie. Le bocage prend aussi d’autres fonctions primordiales dans la valorisation agricole des territoires et leur richesse écologiques. La disparition des haies peut être relativement dommageable compte tenu des différents rôles qu’elle peut jouer :
La haie ralentit l’écoulement et purifie l’eau
Les haies implantées sur les flancs de pentes, même faibles freinent l’écoulement de l’eau, permettant son infiltration et de suite sa purification. Les haies servent de réservoirs à eaux assurant un débit régulier des cours d’eaux et créent une zone humide à son pied. De plus les arbres pompent le surplus d’eau pendant les périodes d’humidité, surtout au printemps lorsque la végétation se réveille. Les arbres absorbent de grandes quantités d’eau assainissant le sol. Une haie permet de dénitrifier les eaux, chaque arbre a des fonctions particulières. Cette ripisylve influe sur la dynamique même du cours d’eau : elle a des impacts sur l’écoulement de l’eau, les dépôts et érosions, les embâcles de bois morts et la stabilité des berges. Cette zone boisée épure l’eau des produits phytosanitaires car l’ensemble des systèmes racinaires filtre l’eau pour pouvoir nourrir les végétaux de minéraux et de substances nutritives comme l’azote. La haie joue également sur les concentrations de produits phytosanitaires, un peu comme les bandes enherbées de 10 mètres de large obligatoires le long de certains cours d’eau.
La haie limite l’érosion
Les haies empêchent également l’érosion des sols, en le retenant (Si une haie est plantée parallèlement aux lignes de niveau, alors les éléments transportés par l’érosion seront stoppés par la haie). Elles permettent également de maintenir les berges des cours d’eau.
La haie et ses ressources pour l’homme
Les haies sont encore une source d’énergie renouvelable, par le bois que fournit leur entretien. Cela induit des modes de gestion et une périodicité dans l’émondage, la coupe ou le recépage des arbres qui marquent très fortement le paysage de bocage en contraignant la silhouette des arbres qui de fait ne développent que rarement leur port naturel dans les haies. Les haies sont par ailleurs souvent plantées de fruitiers à proximité des exploitations constituant une ressource vivrière.
Perception sociale du bocage et de la campagne
Dans le cadre de la réalisation de l’atlas régional de paysages, une enquête sociologique a permis de révéler non seulement l’importance du bocage dans la perception des campagnes mais aussi la diversité des perceptions et des modes de vie auxquels il renvoie. Les témoignages montrent l’imbrication entre l’identification du bocage et la spécificité des autres éléments du paysage ainsi que les différents modes de valorisation économique du territoire. L’ensemble des témoignages suivants permet d’apprécier toute la subtilité de ces perceptions.
Témoignages des participants sur leur attrait pour les paysages de campagne (du bocage à la diversité agricole du territoire) et les villages (lien vers témoignage)
Le bocage support de projet pour l’aménagement du territoire
Les dynamiques de disparition du bocage ou au moins de la distension de son maillage de haies amènent à réfléchir aujourd’hui à la trame bocagère de demain. La haie et le bocage deviennent de véritables objets de projet et ce à toutes les échelles opérationnelles. Les expériences, programmes de gestion ou replantation et fiches pédagogiques présentés ci-dessous, s’ils sont loin d’être exhaustifs, montrent bien la diversité des réflexions en cours à l’échelle de la région pour réinvestir cet élément d’identité qu’est le bocage pour accompagner la réflexion à toutes les échelles de l’aménagement des territoires ruraux :
- Préfecture et Chambre d’Agriculture de Mayenne. Guide méthodologique pour la préservation du bocage et la prise en compte dans les PLU. 2012.
- Conseil Général, CAUE, Chambre d’Agriculture et CNPF de Vendée. Les contrats de paysages ruraux en Vendée – Diaporama de présentation du programme CPR. 2014
- CAUE de Loire Atlantique. Bâtiments agricoles & paysages, du projet agricole au projet architectural et de paysage. 2013.
- Mission Bocage. L’agroforesterie. 2012.
- Mission Bocage. Comment valoriser son bois ? 2012.
- CAUE de Sarthe. Le plessage. 2010.
- CAUE et DDT de Mayenne. La densité par la qualité. 2015.
Pour en savoir plus sur l’architecture du Marais poitevin
La cabane : l’habitat du marais mouillé a évolué à travers les siècles, depuis la hutte primitive jusqu’à la ferme maraîchine traditionnelle. Construite à partir de murs de bois et couverte de roseaux, la hutte devait plus ressembler à la bourrine vendéenne qu’aux fermes maraîchines actuelles. Du fait de la fragilité des matériaux cette forme de construction a aujourd’hui totalement disparu et il n’en reste de traces que dans la toponymie de nombreux hameaux en périphérie du marais. C’est l’utilisation des matériaux solides (moellons de calcaire et tuile canal) à partir du XVIIème siècle qui a permis de perpétuer la forme bâtie de base du marais : la cabane. Modeste en surface, constituée d’une pièce surmontée d’un grenier ouvert de fenestrons carrés pour le séchage et l’éclairage, la cabane présente un profil bas et allongé laissant peu de prise au vent. Elle est orientée vers le chemin d’accès et côté conche une grange ou un simple auvent abrite le foin et le matériel.