Le Bas-Maine (UP7)

publié le 22 décembre 2015 (modifié le 5 janvier 2017)

Pour en savoir plus sur les phénomènes karstique et archéologique de la vallée de l’Erve

Source : F. MÉNILLET, J. PLAINE, B. MANIGAULT, A. LE HÉRISSÉ Notice de la carte géologique au 1/50000ème – feuille de Meslay-du-Maine. Éditions du BRGM, ORLÉANS, 1988.

Relief karstique de la paroi calcaire de la vallée de l'Erve utilisée pour l'escalade (Thorigné-en-Charnie) en grand format (nouvelle fenêtre)
Relief karstique de la paroi calcaire de la vallée de l’Erve utilisée pour l’escalade (Thorigné-en-Charnie)



« Les calcaires carbonifères ont été très largement karstifiés. Sous les plateaux, les cavités sont largement remplies par des sables et des argiles, en particulier par des sables d’âge pliocène présumé et des argiles d’illuviation rouges de type terra rossa. A proximité des vallées principales, le karst est souvent ouvert, comprenant des grottes, et les sondages le traversent souvent en perte totale, notamment à proximité de la cluse de l’Erve. Dans cette dernière, deux grottes sont localement célèbres : la "grotte à Margot" et la "grotte de la Dérouine" ou "grotte Mayenne-Sciences".
A Thorigné en Charnie, la grotte à Margot, dotée d’une légende (la fée sorcière Margot), est ouverte au public. Sa première exploration date de 1730. Elle est accessible par une large fissure, ouverte sur la falaise dominant l’Erve et agrandie artificiellement. La grotte à Margot est constituée par un réseau de diaclases élargies par la dissolution, suborthogonal, de directions NNW-ESE et NNE-SSW. Son développement est de 158 m et la nappe aquifère se situe une trentaine de mètres au-dessous de la surface du plateau. Explorée par l’abbé Maillard, M. Champlain et Duparc, cette grotte aurait livré des industries moustérienne, solutréenne et néolithique, ainsi que des objets de l’époque romaine, les restes osseux sont principalement des éléments d’une faune froide Ursus ferox, Hyaena spelaea, Elephas primegenius, Rhinoceros tichorhinus et Cervus lavandulus (D. Oehlert, 1882).

Motif du Mammouth et du Cheval sur la grotte ornée de Saulge (représentation d'après motif pariétal du panneau principal de la grotte) en grand format (nouvelle fenêtre)
Motif du Mammouth et du Cheval sur la grotte ornée de Saulge (représentation d’après motif pariétal du panneau principal de la grotte)



Sur la commune de Saulges, la grotte Mayenne-Sciences présente un grand intérêt archéologique. Elle constitue avec la grotte ornée de Gouy en Seine-Maritime (P. et Y. Martin, 1984) les témoins les plus septentrionaux de la peinture rupestre préhistorique en France. Découvertes en 1967 par la section spéléologique de l’association Mayenne- Sciences, les peintures de La Dérouine ont été décrites par R. Bouillon (1967 et 1984). Les animaux représentés sont des chevaux, un mammouth et un bison. Le graphisme s’apparenterait aux styles II, III et IV de M. Leroi-Gourhan (1971), laissant une fourchette d’âge possible du Gravétien au Magdalénien (-25 000 à -8 000 ans B.C. environ), avec une plus grande probabilité pour un âge ancien : proto-solutréen à solutéen.
A l’époque historique, Saulges fut une importante nécropole mérovingienne (R. Diehl et R. Boissel, 1959). En 1958,59 sarcophages y étaient inventoriés, sur une distance de plus de 300 m. »

Pour en savoir plus sur les matériaux exploités dans le cœur de la Mayenne

Source : LE GALL J., VERNHET Y., LACQUEMENT F., GAUQUELIN J.-L., ROBERT A., COCHERIE A., NAVEAU J (2011) – Notice explicative, Carte géol. France (1/50 000), feuille Laval (319). Orléans : BRGM, 261 p. Carte géologique par Le Gall J., Gigot P., Savaton P.,Lacquement F., Poprawsky Y., Vernhet Y. (2011).

Carte schématique du synclinorium de Laval illustrant l'alternance des secteurs calcaires et schisto-gréseux (source : Catherine Arnoux – Alpes Spéléo) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte schématique du synclinorium de Laval illustrant l’alternance des secteurs calcaires et schisto-gréseux (source : Catherine Arnoux – Alpes Spéléo)



Durant le siècle dernier, de très nombreuses exploitations artisanales, ouvertes pour certaines depuis la moitié du XIXe siècle, ont fonctionné pour alimenter la région en matériaux divers. Les principaux matériaux exploités étaient les suivants :

  • les grès pour les matériaux d’empierrement et les moellons : outre les carrières de La Croixille exploitant la Formation de La Lande-Murée (la Moutonnière, les Haies-Morin, la Petite-Bournie, Permoine, Princé), les grandes carrières étaient toutes implantées dans la Formation du Grès armoricain (Petit-Thuré dans le bois de Chatenay au Sud de Juvigné ; Maillé près de Bourgon ; la Boisardière à Chailland ; Camp-Français, rive gauche de la Mayenne) ;
Front de taille de l'ancienne exploitation de grès du Petit-Thuré (Juvigné) en grand format (nouvelle fenêtre)
Front de taille de l’ancienne exploitation de grès du Petit-Thuré (Juvigné)

  • le granite pour les pierres de taille : les grandes exploitations étaient toutes situées sur les deux rives de la Mayenne, dans le secteur de Rochefort. Elles ont servi, en particulier, à la construction des principaux ponts sur la Mayenne ;
Horizon boisé ponctué par les concasseurs de l'exploitation des rhyolites, roche volcanique recherchée pour les granulats et empierrement (Entrammes) en grand format (nouvelle fenêtre)
Horizon boisé ponctué par les concasseurs de l’exploitation des rhyolites, roche volcanique recherchée pour les granulats et empierrement (Entrammes)

  • le calcaire pour la chaux et pour la marbrerie : à l’apogée de son exploitation, en 1872, le département de la Mayenne comptait 245 fours produisant de la chaux. À partir de 1875, et surtout dans la période comprise entre 1885 et 1890, la pratique du chaulage des terres diminuant, la plupart des fours s’éteignirent, entraînant le déclin de l’extraction du charbon qui alimentait la majorité de ces fours (Musset, 1917). Les principales carrières exploitant les calcaires dévoniens et carbonifères étaient très nombreuses. Celles ouvertes dans la Formation de Saint-Céneré étaient situées à Saint-Jean-sur-Mayenne, à Saint-Germain-le-Fouilloux (la Roussière, 1912), à Saint-Roch (la Jaslerie) et à La Baconnière (la Poupardière). Les plus grandes exploitations de calcaire carbonifère étaient localisées à Louverné (les Aumônes, les Gravus), à Changé (Saint-Roch, Rochefort, la Coudre), à Saint-Berthevin (le Petit-Beauchêne, les Guélinières, la Perche), à Saint-Ouën-des-Toits (la Viosne, la Folie), à Bourgneuf-la-Forêt (les Brosses), à Bourgon (le Petit Meslard, la Clairie, le Logis, le Haut Feil, Boisbel, la Fleurardière) et à Saint-Pierre-la-Cour (l’Euche, Feux-Vilaine) ;
Ancien four à chaux de Parné-sur-Roc en grand format (nouvelle fenêtre)
Ancien four à chaux de Parné-sur-Roc

Exploitation des calcaires carbonifères, calcaires à chaux, pour la cimenterie du groupe Lafarge (Saint-Pierre-La-Cour) en grand format (nouvelle fenêtre)
Exploitation des calcaires carbonifères, calcaires à chaux, pour la cimenterie du groupe Lafarge (Saint-Pierre-La-Cour)

  • l’industrie marbrière s’implanta à Laval après l’ouverture de la première carrière à Saint-Berthevin dès 1647. On y exploitait des calcaires marbres jaspés de rouge, de blanc et de gris ardoise, baptisés « rouge de Laval » et « noir de Laval » ;
  • les filons de dolérites pour l’empierrement : comme le granite, les principales exploitations se situaient, au Nord de Rochefort, en bordure de la Mayenne tant en rive gauche (le Plessis) qu’en rive droite (la Nourrière) ;
  • l’argile pour la fabrication de briques à l’image de la Briqueterie à l’Ouest de La Baconnière qui tirait sa matière première des altérites développées à partir des siltites et argilites de la Formation du Val ; et que l’on retrouve aussi dans les encadrements des ouvertures en modénatures
Architecture industrielle caractéristique des briqueteries (La-Bazouge-de-Chémeré) en grand format (nouvelle fenêtre)
Architecture industrielle caractéristique des briqueteries (La-Bazouge-de-Chémeré)

  • le sable pour la construction, tiré soit des arènes granitiques, soit des alluvions et terrasses de la Mayenne telle l’ancienne sablière dite du « Vatican » qui exploitait une basse terrasse de la Mayenne à Changé (carrière transformée en plan d’eau) ;
  • les volcanites acides (ignimbrites) pour la confection des parois réfractaires des fours (exemple de l’ancienne carrière, dite de « la Brique », à l’Est de Changé).

Pour en savoir plus sur les paysages de bocage

Sources :

  • CAUE de la Vendée. Bien construire entre Sèvre et Maine. Conseil général de Vendée, 2015.
  • Pays de Loiron et de Laval. État Initial de l’Environnement du SCOT. 2014

Structure paysagère régionale dominante, le bocage, avec son maillage de haies plus ou moins denses, présente des variations non seulement dans sa composition mais aussi dans sa géométrie en s’adaptant au relief, à l’hydrologie, à la nature des sols et au mode de faire-valoir agricole. Ce dernier conditionne notamment l’équilibre entre pâtures et cultures caractéristique de ce paysage de polyculture-élevage. Le bocage se structure ainsi autour du triptyque haie/talus-fossé/mare et s’accompagne d’un petit patrimoine vernaculaire bien spécifique de chaque secteur. Cela lui donne une véritable qualité paysagère et contribue directement à la qualité du cadre de vie. Le bocage prend aussi d’autres fonctions primordiales dans la valorisation agricole des territoires et leur richesse écologiques. La disparition des haies peut être relativement dommageable compte tenu des différents rôles qu’elle peut jouer :

Paysage structuré par la trame des haies du bocage mayennais vu depuis le Mont Montaigu en grand format (nouvelle fenêtre)
Paysage structuré par la trame des haies du bocage mayennais vu depuis le Mont Montaigu



La haie, un régulateur climatique
La haie, en milieu agricole doit avant tout être efficace face aux effets du vent. Une bonne haie brise-vent protège efficacement un pré, une culture ou un bâtiment sur une distance de 10 à 20 fois sa hauteur selon sa perméabilité.
Une haie brise-vent protège les cultures des dégâts du vent : verse des céréales, trouble de la pollinisation, de chute et lacération des fruits dans les vergers…
De plus une haie améliore le climat de culture en réduisant l’évapotranspiration, en maintenant l’humidité et en réduisant les écarts de température. Le brise-vent augmente le rendement des productions végétales et animales, malgré la petite perte de terrain ou la faible concurrence de la haie par rapport à la culture pratiquée. Cette perte de terrain se chiffre de 2 à 3 % pour un terrain de culture (3 à 5 hectares) et de 3 à 4 % pour zone d’élevage (1 à 3 hectares).
On estime que les rendements des cultures abritées par des haies brise-vent sont augmentés de 6 à 20 % par rapport à une même culture en zone ouverte. De plus la quantité et la qualité (appétibilité) sont accrues (de 20 %) pour les cultures destinées au fourrage. La haie possède également l’avantage de protéger du soleil l’été.

La haie ralentit l’écoulement et purifie l’eau
Les haies implantées sur les flancs de pentes, même faibles freinent l’écoulement de l’eau, permettant son infiltration et de suite sa purification. Les haies servent de réservoirs à eaux assurant un débit régulier des cours d’eaux et créent une zone humide à son pied. De plus les arbres pompent le surplus d’eau pendant les périodes d’humidité, surtout au printemps lorsque la végétation se réveille. Les arbres absorbent de grandes quantités d’eau assainissant le sol. Une haie permet de dénitrifier les eaux, chaque arbre a des fonctions particulières. Cette ripisylve influe sur la dynamique même du cours d’eau : elle a des impacts sur l’écoulement de l’eau, les dépôts et érosions, les embâcles de bois morts et la stabilité des berges. Cette zone boisée épure l’eau des produits phytosanitaires car l’ensemble des systèmes racinaires filtre l’eau pour pouvoir nourrir les végétaux de minéraux et de substances nutritives comme l’azote. La haie joue également sur les concentrations de produits phytosanitaires, un peu comme les bandes enherbées de 10 mètres de large obligatoires le long de certains cours d’eau.

La haie limite l’érosion
Les haies empêchent également l’érosion des sols, en le retenant (Si une haie est plantée parallèlement aux lignes de niveau, alors les éléments transportés par l’érosion seront stoppés par la haie). Elles permettent également de maintenir les berges des cours d’eau.

La haie et ses ressources pour l’homme
Les haies sont encore une source d’énergie renouvelable, par le bois que fournit leur entretien. Cela induit des modes de gestion et une périodicité dans l’émondage, la coupe ou le recépage des arbres qui marquent très fortement le paysage de bocage en contraignant la silhouette des arbres qui de fait ne développent que rarement leur port naturel dans les haies. Les haies sont par ailleurs souvent plantées de fruitiers à proximité des exploitations constituant une ressource vivrière.

Gestion en têtard des frênes pour exploiter le bois dans le bocage du marais mouillé du Marais Poitevin (Chaillé-les-Marais) en grand format (nouvelle fenêtre)
Gestion en têtard des frênes pour exploiter le bois dans le bocage du marais mouillé du Marais Poitevin (Chaillé-les-Marais)



Le bocage : une trame verte écologique
Les haies sont un lieu de vie important pour diverses espèces et servent de refuges et de corridors écologiques, et sont donc à la source d’une richesse faunistique et floristique très importante.

Perception sociale du bocage et de la campagne
Dans le cadre de la réalisation de l’atlas régional de paysages, une enquête sociologique a permis de révéler non seulement l’importance du bocage dans la perception des campagnes mais aussi la diversité des perceptions et des modes de vie auxquels il renvoie. Les témoignages montrent l’imbrication entre l’identification du bocage et la spécificité des autres éléments du paysage ainsi que les différents modes de valorisation économique du territoire. L’ensemble des témoignages suivants permet d’apprécier toute la subtilité de ces perceptions.
Témoignages des participants sur leur attrait pour les paysages de campagne (du bocage à la diversité agricole du territoire) et les villages (lien vers témoignage)

Le bocage support de projet pour l’aménagement du territoire
Les dynamiques de disparition du bocage ou au moins de la distension de son maillage de haies amènent à réfléchir aujourd’hui à la trame bocagère de demain. La haie et le bocage deviennent de véritables objets de projet et ce à toutes les échelles opérationnelles. Les expériences, programmes de gestion ou replantation et fiches pédagogiques présentés ci-dessous, s’ils sont loin d’être exhaustifs, montrent bien la diversité des réflexions en cours à l’échelle de la région pour réinvestir cet élément d’identité qu’est le bocage pour accompagner la réflexion à toutes les échelles de l’aménagement des territoires ruraux :

Pour en savoir plus sur le bâti traditionnel riche qui rappelle l’architecture des champagnes sarthoises

Des éléments architecturaux caractéristiques de la champagne sarthoise que l'on retrouve dans l'est du Bas-Maine (source : CAUE 72) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des éléments architecturaux caractéristiques de la champagne sarthoise que l’on retrouve dans l’est du Bas-Maine (source : CAUE 72)



L’architecture de roussard et de tuiles plates ou à écaille très présente surtout sur l’est de l’unité rappelle la champagne sarthoise toute proche. Si plus à l’ouest, on retrouve majoritairement, grès schistes et granits avec des toitures d’ardoises, le bâti rural est toujours aussi imposant.