La Loire des promontoires (UP30)

publié le 22 décembre 2015 (modifié le 6 janvier 2017)

Pour en savoir plus sur la chaux et les fours à chaux en Anjou

Source : G. LEMAIRE, P. GIRAULT. La chaux en Anjou : Une industrie oubliée. Les caves se rebiffent. 2011.
« Un patrimoine, c’est ce qui sourd de la terre pour ensuite traverser les siècles comme une mémoire qui murmure » écrivait Jacques Lacarrière au sujet du patrimoine écrit. Ces mots sonnent encore plus juste quand ils évoquent le patrimoine rural, lui, qui naît d’un terroir et du génie bâtisseur de ses hommes. Or la chaux est un élément essentiel du patrimoine bâti. Mélangée au sable local, elle lie les pierres et donne aux murs leurs couleurs et leurs nuances. Pas de restauration réussie sans la chaux.
« Au pied de la colline, apparaissent des fours à chaux, énormes édifices trapus et ventrus ; quelques-uns abandonnés et envahis par la végétation présentent l’aspect de ruines féodales ».Telle était la première impression de Victor Ardouin-Dumazet (1852-1940 - auteur des « Voyages en France » qui constituent de précieux documents sur l’état de la France à la fin du XIXème siècle) lorsqu’il découvrit dans les années 1900 les fours à chaux de Montjean-sur-Loire.

Four à chaux monumental en pied de coteau de la Loire et vue intérieure de la cheminée (Montjean-sur-Loire) en grand format (nouvelle fenêtre)
Four à chaux monumental en pied de coteau de la Loire et vue intérieure de la cheminée (Montjean-sur-Loire)



La production de chaux a profondément marqué le paysage et l’économie du Maine-et-Loire. Et pourtant ces fours à chaux, fleurons de l’industrie angevine au XIXe siècle, sont aujourd’hui tombés dans l’oubli et menacés de disparition.
L’architecture monumentale de ces édifices est trompeuse. Il s’agit d’une architecture vernaculaire, c’est à dire une architecture sans architecte. Elle résulte d’un savoir-faire des gens du pays qui se transmet de génération en génération. »
La chaux est fabriquée à partir de calcaires locaux cuits avec le charbon du pays, et avec le petit bois des tailles, et ce à chaque fois que la roche est affleurante et en grande qualité. Elle est destinée à la construction mais aussi à l’amendement des sols. Châteaupanne à Montjean-sur-Loire (enclave calcaire), La Fresnais à Saint Aubin de Luigné et, le petit Fourneau à Chalonnes-sur-Loire font partie des sites chaufourniers les plus importants. Les témoignages de cette activité passée (déclin progressif et arrêt total de l’activité à la fin du siècle dernier) se lisent dans le paysage grâce à la présence des fours à chaux comme celui de Chaudefonds-sur-Layon par exemple. Véritables forteresses de pierres et de maçonnerie, certains fours dépassent 20 m de hauteur et épousent la forme de fortification comme à Tigné ou Montjean. Ils sont souvent accompagnés d’un habitat ouvrier original.

Schéma de principe de fonctionnement d'un four à chaux en grand format (nouvelle fenêtre)
Schéma de principe de fonctionnement d’un four à chaux



La liste des communes du Maine-et-Loire qui témoignent de cette activité est longue et touche nombre de régions historiques de l’Anjou :

  • Le Saumurois : Le Thoureil, Souzay-Champigny, Dampierre-sur-Loire Vaudelnay, Doué-la-Fontaine
  • Le Layon : Tigné, Aubigné-sur-Layon, Martigné-Briand, Faveraye-Mâchelles, Beaulieu-sur-Layon, Saint-Lambert-du-Lattay, Saint-Aubin-de-Luigné, Chaudefonds-sur-Layon
  • Les coteaux entre Mauges et Loire : Chalonnes-sur-Loire, Montjean la Blanche
  • Le Segréen : Bouzillé Vern-d’Anjou Angrie Chazé-Henry Noëllet Noyant-la-Gravoyère LES BVA : Angers Feneu Châteauneufsur-Sarthe,
Four à chaux constituant un repère monumental dans le paysage viticole du Layon (Saint Aubin-de-Luigné) en grand format (nouvelle fenêtre)
Four à chaux constituant un repère monumental dans le paysage viticole du Layon (Saint Aubin-de-Luigné)



Dans cet ouvrage, la fondation du patrimoine alerte : « Depuis la fin du XIXe siècle, de nombreux sites chaufourniers ont disparu. Les sites restants à quelques exceptions près disparaîtront dans les prochaines décennies si rien n’est fait pour les sauvegarder. Les restaurations indispensables à leur sauvegarde ne sont pas suffisantes. Seule une approche muséographique et animée rendant lisible toutes les étapes de la production de la chaux (production, transformation, expédition) pourrait intéresser un large public. » Ces témoignages du passé constituent aujourd’hui des repères dans les paysages régionaux.

Four à chaux dominant la vallée du Layon (Beaulieu-sur-Layon) en grand format (nouvelle fenêtre)
Four à chaux dominant la vallée du Layon (Beaulieu-sur-Layon)

Pour en savoir plus sur l’habitat adapté à l’inondation en Val de Loire

Sources : B. DUQUOC. Étude sur la maison de la vallée. In : Annexe du dossier OPAH de la vallée de l’Authion. 1981- 1983.
Historiquement situées sur des montils, les habitations dans la vallée sont souvent installées sur des tertres, traditionnellement maçonnés en pierre de schiste, le mur étant utilisé comme soutènement. Ce mur n’est pas forcément visible. En effet les crues ont provoqué des fissures importantes ce qui a incité les propriétaires à combler devant le tertre en protection, dans la mesure où ils étaient propriétaires du terrain situé en contre-bas. Les habitations principales sont généralement orientées dans le sens du courant pour offrir une moindre résistance à la force des eaux de Loire en crue. En revanche, les dépendances, quand elles existent sont généralement perpendiculaires à la maison d’habitation. Parfois quelques regroupements de maisons constituent des petits hameaux aux volumes simples, généralement abrités derrière des plantations et implantés sur des axes perpendiculaires à la Loire.

Un accès direct à l'étage et un bâti principal dans le sens du courant pour limiter les risques en cas d'inondation (Saint- Georges-sur-Loire) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un accès direct à l’étage et un bâti principal dans le sens du courant pour limiter les risques en cas d’inondation (Saint- Georges-sur-Loire)



Ainsi, l’homme a investi les îles de Loire, même si au cours des siècles, les courants et les crues du fleuve ont souvent modifié leur tracé, en ont englouti certaines pour en créer d’autres ;

Une implantation du bâti sur tertre (montil) ou à l'appui des levées pour s'isoler des inondations (Saint-Germain-des-Prés) en grand format (nouvelle fenêtre)
Une implantation du bâti sur tertre (montil) ou à l’appui des levées pour s’isoler des inondations (Saint-Germain-des-Prés)



L’île aux chevaux, île aux Dames, île Neuve, Basse île, île Monsieur, île Batailleuse, île Verte, île Coton, île aux Moines et île aux Bergères, île Sardine… une soixante d’îles aux noms pittoresques apparaissent entre Montsoreau et l’estuaire. Tous ces noms évoquent à la fois une occupation très ancienne et l’histoire d’un patrimoine riche, peu connu.
Tous ces territoires témoignent d’un savoir vivre ancestral avec la Loire : les maisons sont construites « dans le sens du courant » et les grèves sont fixées par une végétation dense.
En période d’inondation, les maisons sont entourées d’eau et constituent à elles seules de petites îles : charme pittoresque et étonnant, jeux de lumière et reflets… ce mode de vie intrigue et renforce le caractère de cette urbanisation ancienne. Pendant les crues, le fonctionnement et la logique d’organisation se révèlent.

Pour en savoir plus sur quelques descriptions du patrimoine bâti de la Loire des Promontoires

Source : Guide de l’Anjou, édition de la Manufacture.
Montjean-sur-Loire
On aperçoit de loin la monumentale église néogothique de Montjean-sur-Loire et tout autour, la ville bâtie autour d’une butte qui domine la Loire. Mais en dehors de la beauté de son site, Montjean-sur-Loire a pour attrait de conserver des constructions étranges et souvent belles, cônes tronqués et trapus, chevalements de pierre, arche ajourée d’ouvertures ogivales, témoignages de son très riche passé industriel.

Vue sur l'église de Montjean-sur-Loire depuis le fond de vallée (Vue depuis Saint-Germain-des-Prés) en grand format (nouvelle fenêtre)
Vue sur l’église de Montjean-sur-Loire depuis le fond de vallée (Vue depuis Saint-Germain-des-Prés)



Saint-Florent-le-Vieil
Sur les flancs d’un promontoire de schiste, le mont Glonne qui domine la Loire de ses 45 mètres, est bâti Saint-Florent, couronné par l’église abbatiale. Ce rocher vit, du moins le dit-on, l’ermite Florent venir évangéliser, au IVème siècle, ce pays peuplé de « vipères et de païens ». En tout cas, des moines y fondèrent, dès le VIe siècle, une abbaye sur les reliques du saint. Ce site est inscrit depuis 1931.
Après une période florissante qui voit le développement de la petite cité épiscopale, la désaffection religieuse et la révolution font disparaître les derniers moines.
De 1793 à 1795, Saint-Florent-Le-Vieil va graver son nom dans l’histoire comme haut lieu de la guerre de Vendée.

Perspective arborée sur la terrasse du Mont Glonne (Saint-Florent-le-Vieil) en grand format (nouvelle fenêtre)
Perspective arborée sur la terrasse du Mont Glonne (Saint-Florent-le-Vieil)



Champtoceaux
Le bourg, situé au rebord d’un impressionnant piton haut de quatre-vingt mètres, a des allures rhénanes. Aux limites de l’Anjou, de la Bretagne et du Poitou, la forteresse de Chateauceaux « haut château », qui contrôlait la Loire, occupait une position clé. La modeste bourgade au charme touristique ne donne pas la mesure de son rôle historique. Champtoceaux fut oppidum à l’époque gauloise, siège d’un évêché au VIe siècle. Elle vit Pépin le Bref recevoir les ambassadeurs du calife de Bagdad, Saint-Louis faire deux fois le siège de sa forteresse, le Grand Condé en hériter. Mais l’orgueilleuse citadelle, qui fut au Moyen-Âge l’un des plus importants ensembles fortifiés de France, paya cher sa position stratégique entre Bretagne et Anjou.

Porte fortifiée de Champtoceaux en grand format (nouvelle fenêtre)
Porte fortifiée de Champtoceaux



La Haie Longue
A proximité de Rochefort-sur-Loire, ce village classé à flanc de coteau possède quelques beaux logis et une vue remarquable sur les bras successifs de la Loire.

Étagement du bâti du hameau de la Haie Longue dominant la Loire depuis le site classé de la corniche angevine (Saint-Aubin-de-Luigné) en grand format (nouvelle fenêtre)
Étagement du bâti du hameau de la Haie Longue dominant la Loire depuis le site classé de la corniche angevine (Saint-Aubin-de-Luigné)