Pour en savoir plus sur la co-construction d’un atlas de paysages avec les acteurs du territoire

publié le 11 avril 2016 (modifié le 12 avril 2016)

Initiation d’une démarche participative à l’échelle régionale

La consultation sous forme d’un carnet des acteurs

Il s’agissait de consulter les acteurs régionaux dans le cadre de leurs missions professionnelles, associatives et élective, là où ils exercent, par le biais d’un questionnaire : le livret des acteurs.
L’enquête quantitative : traitement statistique qui vise à identifier les fréquences des opinions, actions, souhaits dans l’ensemble et dans des groupes déterminés par rapport à un échantillon représentatif. Ici, pas d’échantillon représentatif, donc fréquence des réponses en référence au nombre de répondants.
La passation des questionnaires a été réalisée par la DREAL des Pays de la Loire par voie numérique et postale. Le traitement du questionnaire et l’analyse statistique ont été analysés à 12 étudiants de l’Agrocampus ouest d’Angers. Ils ont présenté les résultats lors du séminaire « Paysages, tous acteurs ». La sociologue a rédigé une synthèse à partir des résultats du travail réalisé.
Pour en Savoir plus : Le carnet d’acteurs

La réflexion collective : exercice participatif au cours du séminaire « Paysages tous acteurs »

Les personnes étaient invitées par groupe informel de 6 ou 7 personnes à répondre en quelques minutes, à cette question : Quelles actions pour garantir ou améliorer la qualité des paysages ?
Les réponses ont fait l’objet d’une analyse et d’une restitution aux participants.
Pour en Savoir plus : retour de l’exercice participatif dans le cadre du séminaire

Concertation des acteurs en Pays de la Loire : entretiens sociologiques

Comprendre le sens donné aux paysages consiste à déconstruire les discours, ce qui est valorisé et ce qui ne l’est pas, ce à quoi la personne est sensible ou non, ce qui est véhiculé dans sa culture et dans la société de manière consciente et inconsciente pour expliciter le rapport du sujet au paysage et la place du paysage dans la société.

Objectifs de l’étude

  • Identifier et qualifier les paysages du cadre de vie dans les cinq départements (Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Mayenne, Sarthe et Vendée).
  • Cerner les valeurs, les aspirations et les pratiques liées au cadre de vie du quotidien.

Une démarche qualitative

La sociologie compréhensive est une approche qui fait du sens subjectif des conduites des acteurs le fondement de l’action sociale. « Le paradigme compréhensif qui s’oppose au paradigme positiviste réfute l’existence d’un monde réel, d’une réalité extérieure au sujet. C’est une perspective qui affirme l’interdépendance de l’objet et du sujet. Ainsi, comme le souligne Pierre Bourdieu, les objets ne sont pas objectifs : ils sont dépendants des caractéristiques sociales et personnelles des personnes qui les observent. En d’autres termes dans le paradigme compréhensif les fondements du discours scientifique ne prennent pas en compte les objets extérieurs indépendant du sujet percevant mais bien les perceptions, les sensations, les impressions de ce dernier à l’égard du monde extérieur …… Ainsi la méthode qualitative sera caractérisée par la complexité, la recherche du sens, la prise en compte des intentions, des motivations, des attentes, des raisonnements, des croyances et des valeurs des acteurs ».(1)
L’analyse qualitative non strictement représentative est donc basée sur la diversité des points de vue des participants. La concertation des acteurs du paysage par entretiens collectifs consiste en une démarche volontaire qui soumet le questionnement à la rencontre. Il s’agit là d’interroger le sens, de confronter les perceptions du paysage et d’expliciter les arguments. Les informations qui en sont issues sont validées par le contexte et non par leur probabilité statistique. Définir la population à rencontrer, c’est repérer les personnes en position de produire des discours diversifiés, selon des caractéristiques sociales (élus, professionnels, représentants associatifs, habitants) et des caractéristiques de lieux (38 villes sélectionnées en fonction de leur appartenance à une famille de paysages dans les 5 départements des Pays de la Loire) qui peuvent interagir sur le sens donné aux paysages.

Une enquête par entretiens

Il s’agit dans le cadre de groupes restreints (6 personnes au plus) de faciliter l’expression, de comprendre le rapport au paysage dans les attitudes, comportements et pratiques des participants, de préciser les points de vue sur les évolutions du paysage quotidien qui génèrent des réactions positives ou des craintes. Chaque entretien est conduit de manière semi-directive, à l’aide d’un guide d’entretien thématique élaboré conjointement avec l’architecte paysagiste, pilote du projet d’étude.
Cinq thématiques ont été interrogées :

  • Le rapport au paysage quotidien
  • Les paysages qui font référence
  • Paysages et modes de vie
  • Les signes d’évolution.

Chaque entretien est différent puisque dépendant des participants. Les opinions évoluent au cours de l’échange car chacun intègre dans sa réflexion les dimensions nouvelles soulevées par les personnes présentes. L’entretien, au-delà du recueil d’informations, a une visée pédagogique puisqu’il confronte les participants à une réflexion collective sur le paysage et ses finalités. La construction des résultats s’est faite au moyen d’une analyse de contenu pour dégager les points récurrents et les particularités dans chaque département et dans la région des Pays de la Loire.

Une étude quantitative

Au cours de l’entretien, chaque participant avait à compléter, un document qui comportait trois questions, auxquelles il pouvait proposer 3 réponses, en argumentant ses choix :
1° A l’échelle régionale, quels sont les lieux que vous fréquentez le plus pendant votre temps libre, hors vacances ? Pourquoi ?
2° Dans votre cadre de vie, quels sont, selon vous, les paysages à mieux prendre en considération ? Pourquoi ?
3° Dans votre cadre de vie, quels sont, selon vous, les paysages qui ont le plus évolué depuis 10 ans ? Est-ce un constat, une évolution que vous jugez positive ou négative, pourquoi ?

Chaque personne localisait ses choix :

  • Sur une carte régionale pour la question 1
  • Sur une carte départementale pour les questions 2 et 3

en entourant les lieux correspondants et en y insérant un code donné à chaque participant pour chacune des réponses aux questions 1 2 et 3 (couleurs différentes).
Chaque réponse a ensuite été saisie sur logiciel excel en détaillant pour chacune des questions le lieu choisi, les raisons du choix, les éléments du paysage concernés. Un regroupement a ensuite était fait pour le calcul statistique des réponses.
La construction des résultats s’est faite par typologie et l’analyse a fait l’objet d’une représentation cartographique pour chacune des questions.

L’analyse des perceptions des paysages

L’analyse s’appuie sur la confrontation des résultats obtenus (analyse de contenu des entretiens et traitement statistique du document complété). Le déclaratif dans le questionnaire est ainsi appréhendé au travers du contenu des échanges dans l’entretien afin d’en comprendre le sens et d’en souligner la cohérence.
Dans la partie sociologique, vous trouverez une analyse des perceptions sociales : paysages perçus par les 263 participants, sous forme de synthèse :

  • Pour la région des Pays de la Loire : les éléments qui permettent de comprendre le sens donné aux paysages (texte), l’illustration en carte des questions 1 2 et 3
  • Pour chacun des cinq départements et par famille de paysages (texte) puis les résultats de la question 1 illustrée par une carte dans chaque département.

Les enseignements à retirer de la méthode :
La loi en urbanisme comme les préconisations de la Conférence européenne des paysages incitent à s’appuyer sur des démarches participatives. Plusieurs modes de participation existent pour recueillir la parole des populations : de la consultation à la concertation. Elles nécessitent de clarifier les termes car elles ne font pas appel aux mêmes dispositifs et à la même rigueur scientifique. La sociologie est une science humaine qui s’appuie sur une démarche, sur des méthodes d’enquête et d’analyse et sur une formation en sciences humaines avec des techniques de questionnaire, de conduite d’entretien et d’analyse. Elle ne peut pas être confondue avec d’autres disciplines qui utilisent l’enquête comme une technique de consultation pour étayer un dispositif (marketing, communication, sondage d’opinion).

La comparaison entre qualitatif et quantitatif repose sur un malentendu : les chiffres comme données objectives et le qualitatif à prendre avec prudence car empreint de subjectivité. Il y autant de subjectivité dans l’une ou l’autre méthode dans l’interprétation des résultats qui différera selon la personne en charge de l’étude. Les finalités sont différentes : d’un côté saisir les tendances et c’est le pourcentage le plus important qui sera mis en avant sans pour autant en comprendre la signification et de l’autre comprendre le sens donné aux choix avec une lecture des comportements sans pour autant généraliser à toute la population les résultats obtenus. Il convient donc de regarder et d’expliciter ce qui semble comme allant de soi, un chiffre, un mot, un élément physique qui auront une signification différente selon les personnes. Ainsi, le bocage veut-il dire la même chose pour tout le monde ? Que signifie la préférence pour l’eau ? Est-ce que 80% de personnes satisfaites nous renseignent sur le contenu de l’objet de satisfaction et est-il pour autant légitime de négliger les autres avis ? La majorité a-t-elle toujours raison ?
La présence d’un support pour alimenter les échanges (photographies, observations de terrain) est discutable car il ne contribue pas à une expression spontanée dans la mesure où ce qu’il est proposé de regarder comporte déjà des informations qui vont influencer l’individu et ses réponses seront difficilement interprétables (le regard de celui qui propose est différent du regard de celui qui regarde). Selon que la personne interrogée est en intérieur ou en extérieur, elle ne fait pas appel à sa mémoire de la même manière (elle se focalisera plus volontiers sur des éléments matériels en extérieur). Ainsi chaque méthode a ses biais dont il faut être conscient.
Localiser les perceptions sociales du paysage est une difficulté majeure : les représentations mentale et spatiale sont deux mécanismes qui ne font pas appel aux mêmes capacités et références. Ainsi, au cours des entretiens, certaines personnes ont rencontré cette difficulté. Elles ont pu répondre au questionnaire sans pour autant pouvoir localiser leur choix, en évoquant l’argument en général. Entourer sur la carte un paysage déprécié (évolutions négatives) peut par ailleurs sembler impossible, dans la mesure où il fait partie de soi et qu’on y est attaché. Les choix ont pu de ce fait, se porter ailleurs que sur son territoire de vie.
L’Atlas est un outil de communication, confondu avec un guide touristique, où, le discours plus consensuel dans certains groupes, montrait la volonté de valoriser son territoire. Le fait de réaliser deux entretiens et de mélanger les profils a permis de contourner cette difficulté. Les résultats à la question sur les paysages préférés dans la région ne montrent pas en effet un excès de valorisation de son territoire, les personnes ont cité d’autres lieux ou départements.


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