Les dynamiques paysagères des marches entre Maine et Bretagne
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Exemple d’évolution caractéristique de l’unité sur le secteur d’Ernée
Dans le cadre de l’analyse des dynamiques paysagères, pour chaque unité paysagère, un secteur particulier est choisi de manière à caractériser, en tant qu’échantillon représentatif de l’unité, une large partie des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Cette analyse s’appuie notamment sur la comparaison des données cartographiques et des photographies aériennes à différentes époques données. Ce zoom est représentatif mais non exhaustif des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Les dynamiques de l’unité qui ne s’illustrent pas à travers cet exemple sont donc détaillées à la suite.
Une implantation surplombant la rivière
« L’agglomération est située sur l’ancienne voie Jublains-Corseul qui traversait I’Ernée grâce à un gué. La présence d’habitat galloromain et d’un établissement civil ou militaire est attestée par des traces au nord de la ville actuelle. Au Moyen-Age, une dualité oppose l’église de Charné et le château, plus récent, autour duquel va se constituer une agglomération. Le faubourg de Charné sera plus ou moins délaissé. Le patrimoine communal comprend entre autres des dolmens, la chapelle de Charné des 12ème et 15ème
siècles, l’ancien couvent de bénédictins et de nombreux hôtels particuliers en centre-ville. » (Source : CERESA, Atelier TRIGONE. Atlas des paysages de la Mayenne. Tome 3 : études de cas. DIREN Pays-de-la-Loire, DDE Mayenne, 1999.)
Des dynamiques agricoles qui contribuent à simplifier le paysage
La comparaison des orthophotos de 1958 et 2010 pour le secteur d’Ernée permet de constater une évolution de l’organisation des terrains agricoles. Elle est marquée par une diminution du nombre et un agrandissement de la taille des parcelles. Ces dynamiques de remembrement du parcellaire agricole sont liées à la mécanisation des cultures qui entraîne une intensification progressive de l’activité. Ces évolutions sont par ailleurs particulièrement soutenues sur les secteurs de plateaux aux reliefs moins mouvementés,
donc plus propices à la circulation d’engins agricoles. Ces tendances sont nettement moins marquées dans les secteurs de vallées où le tissu parcellaire reste plus découpé et les formes moins géométriques.
Corrélativement à ces évolutions parcellaires, on assiste sur le secteur d’Ernée, à une déstructuration progressive de la maille bocagère. Si ces dynamiques restent relativement limitées comparé à celles vécues par de nombreux paysages agricoles de la région, l’ouverture progressive des paysages ruraux est néanmoins perceptible sur les plateaux du secteur d’Ernée, et plus largement au sein de l’unité paysagère des Marches entre Maine et Bretagne.
Conséquence de ces évolutions, de nouveaux enjeux émergent en lien avec l’intégration des bâtis agricoles. En effet, avec la modernisation de l’activité liée à la production du maïs et à la généralisation des cultures céréalières, de nouveaux bâtis agricoles s’imposent dans le paysage, plus volumineux, plus larges. Le développement des activités d’élevage, surtout bovin, mais également porcin, a contribué également à la prolifération du bâti agricole dans le paysage de l’unité. Aujourd’hui ces activités ne sont plus en développement, seuls les bâtiments laitiers augmentent de taille.
L’évolution des paysages agricoles permet de constater une autre tendance, à savoir la disparition progressive des vergers sur les coteaux. Si certains sont encore visibles sur l’orthophoto de 1958, ils ont intégralement disparu en 2010 pour laisser place majoritairement aux cultures céréalières.
Les vallées : Entre fermeture progressive et valorisation des paysages
De la même manière, la comparaison des orthophotos de 1958 et 2010 permet de constater la densification du couvert végétal au niveau des vallées de la rivière de l’Ernée (principalement au nord du bourg) et des ruisseaux du Rollon à l’ouest et de l’Oscence à l’est. Cette évolution tend progressivement à limiter d’une part l’accessibilité mais également la visibilité au cours d’eau dont la présence est de plus en plus signalée par les crêtes boisés visibles depuis les plateaux.
« De même au coeur de l’agglomération, des plantations empêchent de percevoir la vallée qui constituerait pourtant un espace attractif en centre-ville. L’évolution générale des paysages tend ainsi vers la création d’une coupure physique et visuelle de plus en plus forte entre la ville et la vallée, comme si ces deux éléments se tournaient peu à peu le dos. » (Source : CERESA, Atelier TRIGONE. Atlas des paysages de la Mayenne. Tome 3 : études de cas. DIREN Pays-de-la-Loire, DDE Mayenne, 1999.)
Les paysages de vallée, à proximité des centres bourgs de l’unité paysagère comme à Gorron, font par ailleurs régulièrement l’objet
d’une valorisation qui prend la forme d’aménagements de parcs et jardins, de cheminements piétons, d’aires de jeux d’enfants aux
abords des cours d’eau.
Des extensions urbaines entre frontière naturelle et diffusion pavillonnaire
L’évolution urbaine du secteur urbaine d’Ernée est en proie à des dynamiques multiples en lien avec les morphologies architecturales et les orientations prises par l’urbanisation, entre diffusion et limite naturelle.
La comparaison des orthophotos de 1958, 1996 et 2010 permet de dresser l’évolution des extensions résidentielles. Avant 1950, l’agglomération s’étend du coteau exposé au sud-ouest (au-dessus de I’Ernée) à la crête plus au nord. Les premières extensions pavillonnaires au nord du bourg dépassant les lignes de crête sont déjà perceptibles en 1958. Cette première diffusion s’épaissit considérablement entre 1958 et 1996 pour dessiner entièrement la frontière nord de l’espace urbanisé. Par ailleurs, l’orthophoto de 1996 montre une nouvelle poche d’extension sur les plateaux situés au sud-est du bourg. Peu à peu donc, un tissu pavillonnaire homogénéise le paysage des franges de la ville.
Toujours visible en 2010, la vallée de l’Ernée constitue une limite à l’urbanisation vers l’ouest. Les covisibilités d’un coteau à l’autre sont d’ailleurs particulièrement importantes et la diffusion urbaine sur la rive gauche de l’Ernée est très lisible depuis l’autre rive.
Les diffusions urbaines tendent peu à peu à remettre en cause la limite naturelle à l’urbanisation et investissent progressivement la rive droite de l’Ernée. Les secteurs de La Longraie ou des Chaffaux à l’ouest sont ainsi le support d’extensions résidentielles récentes. L’aménagement de l’axe de contournement de la ville au sud-est a favorisé l’émergence d’un nouveau quartier résidentiel aux abords de la RN 12 à l’est de l’espace urbanisé.
« Ce sont des caractéristiques fréquentes du développement de l’urbanisation dans des sites au relief souvent accidenté, se traduisant par le franchissement de la rivière pour gagner le coteau opposé (Ernée, Gorron, Fougerolles du Plessis), ou par le dépassement de la ligne de crête et puis l’étalement sur l’autre versant (Ernée). Ces poussées en-dehors de limites paysagères franches et sans prise en compte des logiques de site (sens d’implantation d’un bâtiment par rapport aux courbes de niveau, orientation, etc…) fragilisent l’intégration dans des paysages aux réseaux bocagers de moins en moins denses. » (Source : CERESA, Atelier TRIGONE. Atlas des paysages de la Mayenne. Tome 3 : études de cas. DIREN Pays-de-la-Loire, DDE Mayenne, 1999.)
Le développement des infrastructures et des zones d’activités repousse les limites de l’espace urbanisé
Comme le montre la carte IGN de 2013, le secteur d’Ernée a connu l’aménagement récent d’un axe de contournement au sud-est de l’espace aggloméré. Ce nouvel axe qui permet de reporter les flux des véhicules passant de la RN 12 à la RD 31 vers l’extérieur de la ville dessine une nouvelle limite, infrastructurelle cette fois-ci, à la ville.
Profitant des nouvelles opportunités d’accessibilité et de visibilité, les bâtiments en lien avec l’activité artisanale et industrielle se diffusent aux abords de ce nouvel axe, et repoussent encore les limites de la ville. L’entrée sud de la ville est ainsi marquée par la succession des bâtiments d’activités.
Depuis début 2013, le territoire de l’unité a été investi par l’installation de la ligne à très haute tension (THT) Cotentin-Maine. Elle se traduit dans la paysage par une succession de pylônes monumentaux supportant les faisceaux de lignes électriques. Sous ces derniers, la végétation arborée est maîtrisée créant ainsi des couloirs visuels dans le paysage de bocage.
Des dynamiques constructives assez modérées
Si les communes d’Ernée et de Landivy enregistrent des tendances constructives supérieures sur la période 2007-2011, les dynamiques restent globalement assez faibles sur le territoire de l’unité paysagère.
Gorron, petit ville relais au cœur de la ruralité
Gorron est une petite ville située sur la partie Nord de la région, implantée sur la rivière Colmont. Autour de la Départementale 107, l’urbanisation s’est propagée entre équipements, habitat et activités économiques à l’Ouest. Le parc de loisirs et les plateaux d’équipements sportifs ses sont développés sur la partie Est. L’extension du bourg s’est orientée vers le versant Ouest de la vallée de la Colmont, où les nouveaux quartiers résidentiels se sont construits et où l’économie locale pourra se renforcer (zone à urbaniser).
Dynamiques forestières
Au sud de l’unité paysagère, la forêt de Mayenne, à dominance de parcelles feuillues (sauf sur les crêtes gréseuses à sol moins profonds mises en valeur par les résineux), est principalement vouée à la production sylvicole dont l’usage est destiné principalement à l’énergie (débouché local évoluant aujourd’hui du particulier vers la chaudière collective), à l’industrie (panneaux particules, papier) et en tant que bois d’œuvre (sciage, charpente, palette, etc.) et à la chasse secondairement. Concernant le contenu des boisements, pour les parcelles ayant un document de gestion durable, elles se convertissent majoritairement vers la futaie feuillue, sauf sur les crêtes gréseuses.