Les dynamiques paysagères du val d’Anjou
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Exemple d’évolution caractéristique de l’unité sur le secteur de la Ménitré
Dans le cadre de l’analyse des dynamiques paysagères, pour chaque unité paysagère, un secteur particulier est choisi de manière à caractériser, en tant qu’échantillon représentatif de l’unité, une large partie des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Cette analyse s’appuie notamment sur la comparaison des données cartographiques et des photographies aériennes à différentes époques données. Ce zoom est représentatif mais non exhaustif des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Les dynamiques de l’unité qui ne s’illustrent pas à travers cet exemple sont donc détaillées à la suite.
Une implantation en bord de Loire
Jeune commune née en 1824 de la réunion de plusieurs hameaux répartis sur trois villages, La Ménitré est tournée jusqu’à la fin du XIXème siècle vers la vallée où pousse le chanvre et vers le Loire par laquelle s’exportent les toiles et arrivent les produits importés. La concurrence de la vapeur conduit au déclin des toiles de chanvre et la marine de Loire. La Ménitré se tourne alors résolument vers son terroir des limons de Loire et se spécialise en production de semences. Cette tradition grainière favorise au cours de la seconde moitié du XXème siècle le développement d’une importante filière semencière. La ville se structure principalement selon une orientation sud-ouest / nord-est, fruit un urbanisme pré-établi sur un plan orthogonal autour de l’église (1837) et de la mairie (1870) situées en vis-à-vis. Le chemin historique venant de Beaufort-Loire constitue la colonne vertébrale de cette formation urbaine.
Le modèle urbain de La Ménitré ne répond pas à la typologie classique des bourgs anciens de la rive droite de la Loire établis parallèlement au fleuve sur la levée, pour ensuite s’épaissir vers l’arrière.
Autour du bourg de La Ménitré, un tissu diffus s’allonge le long des axes qui arpentent les campagnes environnantes. Au droit de la Ménitré, Saint-Maur est au pied du coteau surplombant la Loire sur la rive gauche.
Une simplification parcellaire
La comparaison des orthophotos de 1958 et 2012 permet de constater le phénomène de simplification parcellaire particulièrement soutenu qu’a connu le secteur de la Ménitré. En effet, la vue aérienne de 1958 affiche une structuration très laniéré de l’espace rural reposant sur une orientation perpendiculaire à la Loire et à l’Authion. Quelques îlots de prairie affichent toutefois un modèle un peu contrasté, en tout cas un peu moins laniéré, avec un accompagnement bocager assez complet qui signale les limites parcellaires.
En 2012, cette organisation ancienne est revisitée radicalement. A la structuration laniérée succède un schéma assez disparate au sein duquel les parcelles sont plus grandes et ne répondent plus à des logiques d’orientation homogènes. Par ailleurs, les éléments bocagers présents ponctuellement ont disparu.
Face à La Ménitré, les coteaux de la rive gauche de la Loire ont préservé une organisation morcelée où les parcelles de petite taille dominent. Pourtant des logiques de regroupement s’observent au niveau des parcelles concernées par l’activité arboricole.
Un développement de l’horticulture et du maraîchage
Une des dynamiques les plus visibles de l’unité du Val d’Anjou réside dans la progression de l’activité maraîchère. Ce territoire est traditionnellement investi dans l’horticulture semencière, à l’image du secteur de La Ménitré. Et les évolutions de l’activité ont eu pour conséquence d’accentuer la présence visuelle de l’activité dans le paysage.
L’intensification de l’activité horticole s’est ainsi manifestée de plusieurs manières à commencer par une ouverture toujours plus importante des paysages agricoles, qui souligne par ailleurs l’horizontalité des paysages de l’unité. Cette dynamique est liée à celle des remembrements parcellaires qui permet la constitution d’exploitation plus grande, répondant aux objectifs d’intensification de l’activité.
Par ailleurs, l’horticulture moderne a également favorisé l’émergence de nouveaux bâtiments et outils de production. Les grandes parcelles maraîchères sont ainsi souvent accompagnées de tunnels de plastiques ou d’alignement de serres qui sont très visibles au sein des paysages ruraux, car laniérées et de couleurs vives ou brillantes dans un contexte paysager ouvert. Ces serres prennent parfois l’apparence de verrière, à la forme géométrique, semblables à des bâtiments, qui renforcent le caractère industriel de l’activité.
Le secteur de La Ménitré livre des exemples de l’évolution de ces paysages, notamment à l’ouest du bourg où quelques secteurs concentrent des serres plus ou moins importantes, mais dont la densité forge des paysages qui s’apparente davantage à l’image de la zone d’activités qu’à celle de parcelles agricoles.
Le développement des activités de céréaliculture
La comparaison des registres parcellaires graphiques de 2007 et 2012 permet de constater une homogénéisation progressive des cultures agricoles avec une affirmation de la culture horticulture semencière, une progression de l’activité légumière. Concernant la céréaliculture, le blé s’impose progressivement tandis que la maïsiculture se rétracte.
L’intensification de l’activité céréalière a des conséquences paysagères visibles. Ainsi, à l’instar des développements horticoles, elle participe aux phénomènes de remembrement généralisé des parcelles agricoles et à l’ouverture progressive des paysages. Par ailleurs, elle participe également au développement de bâtiments agricoles toujours plus imposants dans le paysage.
L’activité arboricole des coteaux de la rive gauche de la Loire
Sur la rive gauche de la Loire, les reliefs sont plus adaptés au développement de l’activité arboricole. Depuis le nord de la Loire, les cultures arboricoles du secteur de Saint-Rémy-la-Varenne contribuent à modifier le paysage. Inscrites dans un environnement assez boisé, ces cultures sont de plus en plus visibles car recouvertes de filets blancs.
L’évolution des peupleraies
L’unité du Val d’Anjou a connu une augmentation des surfaces plantées en peupliers au cours des années 1990, tendance qui s’est inversée depuis avec une régression notable entre 2002 et 2013.
Un développement urbain qui doit prendre en compte le risque inondation
La comparaison des orthophotos de 1958 et 2013 permet de constater les formes du développement urbain dans le secteur de La Ménitré. Entre les deux dates, l’enveloppe urbaine de La Ménitré a connu des extensions relativement modestes. Les développements résidentiels ont principalement épaissi le bourg vers le nord et l’est. Ces évolutions sont dues à la prise en compte du risque inondation et du Plan de Prévention des Risques Inondations qui classe la majeure partie du territoire communale en zone d’aléa moyen, fort ou très fort.
Comme le montre le zoom effectué sur la cartographie des risques inondations pour le secteur de La Ménitré, les développements récents ont ainsi eu lieu dans les zones d’aléa faible, et notamment récemment au nord-est du bourg.
L’autre conséquence de l’existence du risque inondation concernant le développement urbain est la densification des secteurs d’aléa faible. Ainsi, que cela soit au sein de l’agglomération du bourg, où dans le tissu diffus, on note une augmentation du nombre de bâtis résidentiels au sein de l’enveloppe urbaine existante.
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La Ménitré fournit des exemples de développement urbain en diffus qui contribue à étendre l’urbanisation le long des axes. Ces phénomènes ont pour conséquence de favoriser l’émergence de terrains enclavés, dont la vocation agricole est directement menacée par les difficultés d’accès que génère cette forme d’urbanisme au coup par coup.
Plus largement, l’unité paysagère et les bourgs situés en bord de Loire connaissent des évolutions urbaines particulières que le schéma suivant (exemple de Saint-Mathurin-sur-Loire) permet d’introduire. En effet, les bourgs implantés au niveau de la levée ont connu un développement ancien qui s’est organisé parallèlement au fleuve pour former ce qu’on appelle la levée urbanisée. Par la suite, ces bourgs ont connu le développement de voies perpendiculaires tournant le dos au fleuve et regardant vers les terres.
Cette évolution urbaine favorise le développement aux abords de ces axes perpendiculaires et génère un urbanisme en « T ».
A la suite de ces développements, plusieurs évolutions ont contribué à générer des phénomènes d’enclavement de terrains au niveau des bourgs des bords de Loire. Notamment l’arrivée de la voie ferrée qui recréé une parallèle au fleuve et contribue à créer des enclavements. L’infrastructure, qui est un élément important du Val de Loire, constitue un obstacle qui contribue à fractionner/compartimenter l’espace. De même les extensions urbaines (habitat, activités…) à l’arrière ont tendance à provoquer des enclavements de terrains qui créent des délaissés et des « dents creuses » dans l’espace urbanisé. Il semblerait cependant que le prise en compte du risque inondation là aussi favorise la densification du tissu existant et donc l’investissement de ces délaissés urbains.
Outre le développement pavillonnaire qui étend la ville vers le nord, la comparaison des orthophotos de 1958 et de 2013 permet de constater le développement d’un site d’activités à l’ouest du bourg. Associant bâtiments d’activités en dur et serres agricoles, il s’agit du site de Vilmorin, grainetier directement lié aux parcelles cultivées du Val. D’un aléa moyen à fort, c’est bien la prise en compte du risque inondation qui explique que ce soit un tissu d’activités qui soit autorisé à se développer sur cette partie du territoire. Ce développement a par ailleurs un impact d’un point de vue paysager avec la prolifération de bâtiments volumineux à proximité du bourg, dont le plus imposant sous forme de volume qui rompt quelque peu l’échelle des lieux.
Campings et aménagements récréatifs des bords de Loire
Le secteur de La Ménitré fournit un exemple d’aménagement des bords à vocation récréative. En effet, situés en contrebas de la levée, ces terrains concernés par une inondabilité dont l’aléa est décrit comme « très fort » par le PPRI, deviennent régulièrement des aires de jeux pour enfant, des sentiers de randonnées ou autres. Des aménagements y sont menés en fonction : mobilier, aire de stationnement, terrains de camping… A ce titre, les secteurs de la Daguenière ou encore de Gennes fournissent d’autres exemples d’aménagements de ces aires aux fonctions spécifiques.
A l’échelle de l’ensemble de l’unité, la dynamique de valorisation du patrimoine ligérien, notamment en lien avec l’activité fluviale, s’observe à de nombreux niveaux. Reconnu patrimoine mondial de l’Unesco, l’attractivité du Val de Loire se manifeste aujourd’hui par la prolifération des chambres d’hôtes, gîtes, hôtel, camping… dont les enseignes s’invitent désormais dans les paysages associés.
D’autres équipements arpentent désormais les bords du fleuve et invitent à sa découverte, à commencer par la mise en place du cheminement de la Loire à vélo.
Une pression angevine et des reports de pression vers l’Authion
La carte des dynamiques constructives sur la période 2007-2011 montre que les communes situées sur les bords de Loire, hormis l’agglomération Saumuroise, connaissent des dynamiques globalement plus faibles que celles situées au nord de l’unité.
On assiste ainsi au sein de l’unité à un report de pression très large des communes du bord de Loire vers les communes du nord de l’unité qui sont globalement celles traversées par l’axe de la D347. Ainsi les phénomènes de pression angevine connue longtemps par les communes bordant le fleuve remontent au nord de l’Authion.
Les causes de ces évolutions sont multiples. Elles reposent d’abord sur la prise en compte du risque inondation qui concerne une grande moitié sud de l’unité, intégrant l’Authion, et qui de fait se pose comme une contrainte au développement urbain des communes concernées.
Mais l’existence du risque inondation n’est pas la seule explication au report de pression observé. Ainsi, le développement de l’autoroute A85 qui rapproche encore ces territoires de la métropole angevine explique le report des pressions dans cette partie de l’unité. L’existence de deux sorties autoroutières (Longué-Jumelles et Beaufort-en-Vallée) contribue à renforcer l’attractivité de ces deux pôles.
Ainsi le pôle de Beaufort-en-Vallée connaît des développements urbains très soutenus qui se matérialisent par une diffusion importante vers l’ouest et vers l’est, principalement le long de la RD 347. Si la partie est de la ville est davantage concerné par des phénomènes de développement des zones d’activités, la partie ouest connaît un développement résidentiel soutenu qui prend la forme d’un tissu pavillonnaire.
Le pôle de Longué-Jumelles connaît également une attractivité économique et résidentielle importante bien que dans ce secteur les phénomènes de diffusion soient un peu plus maîtrisés qu’autour de Beaufort-en-Vallée. Pour autant, là aussi les abords de la RD 347 connaissent une certaine diffusion urbaine à vocation principalement économique. A l’est et à l’ouest du bourg, un épaississement du bourg sous forme pavillonnaire est visible.
Plus globalement, l’attractivité résidentielle et économique du nord de l’unité contribue à une certaine forme de confusion qui se matérialise par une perte de lisibilité de la vocation des espaces. Entre les pôles de Beaufort-en-Vallée, Longué-Jumelles et Saumur, et les relais de Corné et Mazé ou encore Vivy, une large diffusion urbaine s’opère autour de la RD 347 au sein de laquelle cohabitent habitations, bâtiments économiques, bâtis agricoles et serres horticoles.
Développement des infrastructures et des zones d’activités
Axe routier fonctionnel et économique important reliant de façon directe Angers, Saumur et Tours, la RD 347 se caractérise par un profil large et rectiligne. Les bourgs, traditionnellement implantés le long de cet axe, sont aujourd’hui systématiquement contournés (ex : Mazé, Beaufort-en- Vallée…). Entre ceux-ci, une urbanisation linéaire diffuse et hétéroclite borde cet axe.
Aujourd’hui, la lecture de ce paysage routier est rendue complexe par la superposition de nombreux éléments de style et d’échelles différents tels les zones d’activités, du mitage résidentiel et industriel ou encore certains accompagnements végétaux au caractère très urbain.
SI la D327 reste attractive en terme économique, principalement à l’approche des pôles, les conséquences de la concurrence de l’axe autoroutier semblent émerger. Ainsi, de plus en plus de friches économiques, bâtiments ayant perdu leur activité, sont visibles de part et d’autres de cet axe.
A l’inverse l’axe autoroutier A85 connaît un développement des zones d’activités aux abords des sorties, notamment au niveau de la sortie de Longué-Jumelles.
Le développement des activités de production et de stockage a entraîné l’édification de bâtiments importants réalisés avec des matériaux contemporains. Ces bâtiments répondent à des exigences essentiellement économiques et ont des volumes et des orientations sans rapport avec l’implantation de l’habitat initial.
La Rocade Ouest de Saumur est une partie de la RD 347 (ex-RN 147) qui relie La Ronde (au niveau de l’autoroute A85) à Montreuil-Bellay en Maine-et-Loire. L’ouvrage le plus grand est le Pont du Cadre Noir. En 1982, le Pont du Cadre Noir est mis en service et en 2010 c’est la mise en service complète du pont mis en 2x2 voies.
Sur la rive droite de la Loire, aux premières diffusions résidentielles réalisées sur un modèle pavillonnaire, la ville s’étend avec la diffusion des zones d’activités à proximité du périphérique qui dessert rapidement l’autoroute A85.
Si la diffusion des zones d’activités semble maîtrisée en termes de consommation foncière, des problématiques en termes de qualité paysagère d’entrée de ville s’expriment dans cette entrée d’agglomération à la vocation monofonctionnelle. Pour répondre à cet enjeu, des alignements d’arbres ont été aménagés de part et d’autres de la voie.
Source bibliographique
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- Dossier Etude de l’Atlas de paysages de Maine et Loire (1999 – 2001), volet dynamique réalisé par le Laboratoire du département de géographie de l’université d’Angers (Jean-Baptiste HUMEAU et Hervé DAVODEAU)