Les caractères de la côte bretonne méridionale
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Une histoire géologique à l’origine d’un littoral complexe
La configuration actuelle de la côte de Loire-Atlantique est l’héritage d’une histoire géologique ancienne qui combine à la fois des conditions d’orogénèse (formation de montagne) liées à une subduction et des phénomènes variés d’érosions et sédimentations.
Au paléozoïque les plissements hercyniens marqués par une direction varisque (nord-ouest / sud-est) se traduisent par une importante chaîne de montagnes. Cette direction structurante qui se met en place dès cette époque se lit encore aujourd’hui.
La pénéplanation (érosion jusqu’à aplanissement) post hercynienne (- 250 millions d’années) met à nu la racine de ces plis. A cette époque, l’Atlantique est en formation et la naissance des Alpes fait rejouer les failles varisques. L’érosion marine, en creusant les roches plus tendres, met en relief les parties varisques plus dures ; le socle paysager hérité de l’ancienne chaîne de montagnes se met en place.
Les dernières ères géologiques sont marquées par l’accentuation de l’érosion des vallées (liée à des périodes de glaciation qui ont largement éloigné le littoral), puis l’ennoyage des bordures littorales qui va progressivement former le littoral que l’on connait aujourd’hui et les marais rétro-littoraux.
Une succession de côtes rocheuses et sableuses, découpées par des micro-vallons plus discrets
Cette histoire géologique se traduit directement dans la géomorphologie des côtes : des barres rocheuses orientées nord-ouest sud-est parfois reliées au continent par des cordons dunaires. Cela induit une hydrographie particulière, puisque l’inclinaison des plateaux renvoie les eaux en général vers les terres ce qui explique qu’on ne retrouve pas avec la même fréquence les configurations en abers (ou rias) identitaires de la côte bretonne.
Le relief de l’unité est marqué à la fois par des ruptures entre les plateaux et les platiers rocheux marquées par des falaises plus ou moins hautes (entre 10 et 30 m) ou par les continuités des cordons dunaires. Ce littoral est découpé par de rares vallées qui créent des continuités avec des petits marais rétro-littoraux et peuvent constituer ainsi des havres naturels propices à l’installation d’un bourg portuaire. La Ria de Pornic est un exemple marquant de ces ambiances d’embouchures de vallées. En général, la côte est plutôt découpée par des microvallons plus discrets.
La côte et les espaces proches du rivage constituent des espaces particulièrement fragiles sur le plan environnemental et paysager. L’unité compte plusieurs sites inscrits et classés :
- Marais du Mès, baie et dunes de Pont-Mahé, étang du pont de fer
- La grande cote de la presqu’ile du Croisic
- La pointe sud de la presqu’ile de Pen-Bron
- Le site côtier de Pornichet à Saint-Marc
- L’estuaire de la Loire
De nombreuses communes littorales font enfin l’objet d’une ZPPAUP (Zone de Protection du Patrimoine Architectural Urbain et Paysager) : Batz-sur-mer, La Bernerie-en-Retz, La Baule, Le Croisic, Le Pouliguen, Saint-Brevin-les-pins.
L’estuaire de la Loire qui semble s’ouvrir sur une immense baie, offre une
configuration tout à fait singulière mettant en relation visuelle le littoral nord et le littoral sud. Ces jeux de covisibilités s’accentuent très nettement plus l’on s’approche du pont de Saint-Nazaire. Par ailleurs, le chenal balisé par les phares et emprunté par les cargos et les bateaux qui viennent charger ou décharger au port de Donges, Montoir, Saint-Nazaire constitue une animation forte du paysage océanique.
Un plateau urbanisé, une côte investie
Un plateau bocager urbanisé
Sur ces plateaux cristallins littoraux, quelques haies basses déformées par le vent et présentant souvent des conifères en alternance avec des saules et des chênes rappellent que le paysage rural était majoritairement bocager avant de s’urbaniser largement. Ce cloisonnement de l’espace limitait largement les vues en promontoire sur l’océan qui se livrent du coup au dernier moment ou depuis les points les plus hauts du plateau.
Un mitage par les terrains de loisirs privés
Avec le développement touristique du littoral, les années 80 ont été marquées par le développement du système des « terrains à caravane ». Face à la rise agricole et à la pression urbaine, les champs ont souvent été revendus à des particuliers qui venaient y passer les vacances. Cela s’est traduit par un aménagement souvent sommaire de ces terrains (sanitaires de fortune, abris…) et une plantation ornementale qui se lit clairement aujourd’hui dans le paysage malgré l’éradication du phénomène. Cette trame bocagère s’est donc refermée et si l’on ajoute ce phénomène au développement urbain cette fermeture du paysage induit une découverte tardive et difficile du littoral.
Une architecture sous influence
Une influence bretonne au nord de l’estuaire ligérien
Les matériaux de construction utilisés au nord de l’estuaire sont le granit et le schiste. Les matériaux de couverture utilisés sont l’ardoise et le chaume. Le paysage est marqué par ailleurs par des éléments remarquables, tels que monolithes, moulins, châteaux, pêcheries, écluses et barrières des marais. On y retrouve trois principaux types architecturaux : la maison du type paludier, la maison du type breton et la maison du type briéron.
Les villages paludiers, tournés vers les marais salants et non vers le littoral, sont constitués de maisons de paludier et de salorges.
Des exemples de maisons briéronnes sont observables à l’est de l’unité. La maison briéronne présente des murs en pisé revêtus d’enduits blancs et un toit de chaume à forte pente. Elle ne comporte qu’un seul niveau, mais dispose d’un vaste grenier. On retrouve des cheminées en pisé très basses, de petites portes et fenêtres, et des menuiseries peintes en vert, bleu ou jaune vif.
L’architecture balnéaire a développé au XIXème et XXème siècle un vocabulaire propre : maisons bourgeoises de La Baule, immeubles collectifs en front de mer, hôtels, lotissements pavillonnaires (résidences secondaires)… Saint-Nazaire et La Baule abritent par ailleurs, des tours de logements collectifs qui marquent fortement l’horizon.
Une influence vendéenne au sud de l’estuaire ligérien
Au sud de l’estuaire, le style latin type vendéen domine. Les matériaux de construction utilisés sur l’unité sont le granit, le schiste et le calcaire. Les matériaux de couverture utilisés sont la tuile canal et le chaume. Le plan de ce type de maison s’étend en longueur et la maison ne comporte généralement pas d’étage. Les murs extérieurs sont faits de petites pierres maçonnées d’argile et la plupart du temps enduits et blanchis à la chaux. Le toit à très faible pente est fait de tuile creuse romaine, dit canal ou « tige de botte », pigeonné sur sa majeure partie ou en totalité. Il est souvent doté d’une corniche composée d’une ou deux rangées de tuiles creuses en brique dite « génoise ».
Une empreinte forte de l’architecture balnéaire avec des villas, des immeubles collectifs en front de mer, des hôtels, des lotissements pavillonnaires (résidences secondaires), mais aussi des colonies de vacances, des campings et des caravanes isolées caractérise ce paysage.
Des éléments bâtis pittoresques liés à l’activité d’ostréiculture et de pêche
Le littoral sud est fortement marqué par des constructions légères : pêcheries, barrières… En effet, les activités d’ostréiculture et de pêche se lisent encore sur le littoral notamment à l’interface avec le marais Breton et les marais du Mes. Cela se traduit par des parcs à huîtres ou des forêts de bouchot qui se dévoilent à marée basse et des bassins d’élevage en arrière du trait de côte. Par ailleurs, les petites cabanes suspendues des pêcheries et leur carrelet tendu vers le ciel ponctuent tout le littoral du département de leur silhouette graphique sur les estrans rocheux.
Saint-Nazaire, une ville unique
L’organisation urbaine de la ville de Saint-Nazaire est unique. La ville a connu une expansion phénoménale en seulement un siècle avant d’être rasée pendant la seconde guerre mondiale puis reconstruite. Enfin, elle a traversé une crise économique impliquant une reconversion et un renouvellement urbain complet (voir partie sur les dynamiques paysagères).
La ville réussit aujourd’hui le pari de se tourner à nouveau vers la mer (contrairement à l’orientation initiale du plan de reconstruction) et de relier ses différentes composantes (centre-ville, quais, parc…). Elle réunit des typologies architecturales très diversifiées.
La commune abrite par ailleurs des fonctions économiques qui marquent fortement le paysage : chantiers navals, plate-forme portuaire et aéroportuaire, aéronautique… Les grandes activités industrielles hier situées au sein même de la ville constituent aujourd’hui des emprises immenses au caractère monumental. Saint-Nazaire est aujourd’hui une agglomération englobant plusieurs communes voisines (Montoir-de-Bretagne, Donges…).
Si ces continuités urbaines, villes et bourgs constituent un des caractères de la composition du paysage de la côte bretonne méridionale, l’impact de leur développement est précisé dans le chapitre des dynamiques paysagères.
Des infrastructures routières adaptées au flux touristique
Le réseau routier de l’unité se caractérise par la présence au sud de la "route bleue", axe structurant Nord-Sud, la D213, qui présente un profil de voie rapide et marque fortement le paysage.
Le chemin de fer au nord de l’unité (inauguration de la ligne Nantes - Guérande en 1879), mais aussi au sud (inauguration de la ligne Paimboeuf - Pornic en 1906, fermée en 1938), a été un vecteur d’évolution majeur des paysages puisqu’il a permis l’essor du tourisme balnéaire. Au sud, certains tronçons ferroviaires sont inutilisés, mais pourraient être remis en service à l’avenir.
Certains espaces littoraux ont été requalifiés en faveur du partage de l’espace : la Côte sauvage, des fronts de mer urbains comme celui de Saint-Nazaire notamment. Les sentiers de découverte du littoral à pied et à vélo sont par ailleurs en plein essor.
Si les infrastructures constituent un des caractères de la composition du paysage de la côte bretonne méridionale, l’impact de leur développement est précisé dans le chapitre des dynamiques paysagères.
Pour aller plus loin sur le patrimoine culturel et naturel
Patrimoine culturel :
- Consulter l’article Les paysages institutionnalisés
- Consulter la rubrique "Sites et paysages" sur le Portail de données communales de la DREAL Pays de la Loire
- Consulter l’Atlas des Patrimoines du Ministère de la Culture
- Consulter les Bases Architecture et Patrimoine du Ministère de la Culture
Patrimoine naturel :
- Consulter la rubrique "Patrimoine naturel" sur le Portail de données communales de la DREAL Pays de la Loire
- Trame verte et bleue : consulter le Schéma régional de cohérence écologique (SRCE) des Pays de la Loire