Un territoire de contacts géologiques

publié le 10 décembre 2014 (modifié le 21 février 2019)

Ce volet décrit les trois grands secteurs cristallins qui structurent le paysage, la frange ouest du bassin parisien qui amorce les paysages franciliens, les dernières périodes géologiques qui ont dessiné le chapelet des paysages de marais rétro-littoraux de la région et en synthèse une géologie qui se traduit dans les moindres motifs paysagers.



Le territoire des Pays de la Loire se trouve à la confluence de trois ensembles géologiques fondateurs des paysages de la France métropolitaine : le massif armoricain, vieille chaîne érodée dont la formation commence il y a 600Ma, à l’ouest, les roches du bassin parisien au Nord-est et celle du bassin aquitain au Sud-est.

Carte géologique simplifiée de la région en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte géologique simplifiée de la région

Trois grands secteurs cristallins qui structurent le paysage

Les grands cisaillements découpent le territoire en trois grandes parties distinctes, mettant côte à côte des domaines autrefois séparés dans l’espace et dans le temps :

  • La partie Nord couvre le Nord de la Bretagne et s’étend sur toute la moitié Nord de la Mayenne. Elle contient les roches les plus anciennes de France, datées de 2 milliards d’années. Très découpée, elle présente une grande diversité de terrains imbriqués, témoins des formations cadomiennes, où affleurent en particulier le batholite mancellien, roche plutonique caractérisée par des granites monzonitiques (composés de quartz, feldspaths et mica noir en quantités égales). Cette histoire géologique mouvementée se traduit dans les formes complexes des reliefs collinaires qui font la charnière entre les départements de la Mayenne, la Sarthe et l’Orne.
  • La partie centrale concerne l’axe central de la Bretagne et constitue une large bande épaisse d’une cinquantaine de kilomètres allant approximativement de Rennes à Laval au Nord et de Redon à Angers au Sud. Elle se caractérise par des roches sédimentaires, des ardoises, des schistes et des grès au métamorphisme peu prononcé. Elle se traduit par un paysage orienté suivant la direction armoricaine
  • La partie Sud couvre la Loire-Atlantique et une grande partie de la Vendée, cisaillée par le Sillon de Bretagne qui court de La Roche-Bernard au Seuil du Poitou. De nombreuses failles parallèles à cette ligne structurent les formations métamorphiques composées de granites, de gneiss et de micaschistes. Cette direction s’imprime fortement sur les paysages et notamment celui de l’estuaire de la Loire.
Coteau du Sillon de Bretagne orienté nord-ouest / sud-est marquant la direction armoricaine dans le paysage en grand format (nouvelle fenêtre)
Coteau du Sillon de Bretagne orienté nord-ouest / sud-est marquant la direction armoricaine dans le paysage



La force et la diversité paysagères de ce socle cristallin se lisent non seulement dans le relief induit et souvent orienté, mais aussi dans les matériaux de constructions extraits déclinant une palette chromatique et texturale identitaire, voire même dans les vestiges d’activités industrielles passées (mines …) … autant de critères et composants paysagers définissant les identités paysagères des Pays de la Loire.


Pour en savoir plus sur le socle géologique

Une frange ouest du bassin parisien qui amorce les paysages franciliens

Le bassin parisien dessine une structure en auréoles concentriques dont seule l’extrémité Ouest recouvre la partie orientale de la région (une grande partie de la Sarthe et la moitié Est du Maine-et-Loire). Les roches les plus anciennes sont à l’extérieur de l’auréole, le bassin s’étant peu à peu enfoncé sous son propre poids.

L’ancien socle érodé de la chaîne varisque n’est pas affleurant, recouvert par les couches sédimentaires qui correspondent soit à de la craie, roche tendre et poreuse qui a tendance à se morceler, soit à des marnes et des calcaires du jurassique ou soit à des formations du cénozoïque, lesquelles correspondent également aux faluns qui se sont installés lors des incursions marines récentes (comme dans le secteur du Douessin par exemple).

Les duretés différentielles des roches sédimentaires dessinent des variations dans le paysage de plaine caractéristique de cette frange ouest du bassin parisien. Ainsi on retrouve des buttes boisées, des reliefs de cuestas ou des vallées sèches.

Plaine calcaire du bassin parisien en Sarthe en grand format (nouvelle fenêtre)
Plaine calcaire du bassin parisien en Sarthe



Pour en savoir plus sur le Bassin Parisien

La frange septentrionale du bassin aquitain : focus sur le paléo-paysage du golfe picton

Seul le Sud de la Vendée est marqué par les formations quaternaires jurassiques calcaires, qui correspondent à la partie Nord du socle aquitain. La formation du bassin aquitain correspond globalement à celle du bassin parisien (transgressions/régressions marines, effet de la surrection des Alpes, comblement du bassin…).

Paysage de la plaine calcaire de Luçon en grand format (nouvelle fenêtre)
Paysage de la plaine calcaire de Luçon



Les terres émergées au Nord correspondent à des terrains calcaires très perméables dans lesquels l’eau disparaît. Ces terrains riches dédiés exclusivement à l’agriculture céréalière sont particulièrement aquifères et constituent la principale ressource en eau du territoire.

Au Sud, le Marais Poitevin correspond à un ancien golfe marin – le golfe picton – qui s’est progressivement comblé d’alluvions il y a environ 2000 ans et dont la Baie de l’Aiguillon constitue le reliquat. Cette partie plate (de 1 à 3 mètres d’altitude) est ponctuée d’îles calcaires, appelées « terres hautes » (plus de 5 mètres d’altitude : Chaillé-les-Marais, Vouillé-les-Marais, l’Ile d’Elle…). Cet ensemble bordé à l’Est par la Vendée jusqu’à son estuaire est traversé de multiples chenaux et fossés. Ses sols sont peu perméables.

Cette géologie particulière induit sur ce territoire la force paysagère de l’omniprésence de l’eau.

Les dernières périodes géologiques ont dessiné le chapelet des paysages de marais rétro-littoraux de la région

Proches du littoral, des pans entiers du socle rocheux se sont légèrement affaissés sous l’effet des mouvements tectoniques. Correspondant à d’anciennes vallées surcreusées lors des périodes glaciaires, lorsque le niveau marin était plus bas qu’aujourd’hui, ils ont été recouverts au gré des transgressions et régressions marines et se sont comblés d’alluvions. Au cours de la dernière transgression, ces zones humides ont été couvertes de quelques mètres par la mer, donnant d’anciens golfes de faible profondeur dans lesquels a sédimenté le bri, argilo-sableux, imperméable, déposé horizontalement sur le socle sous-jacent, apporté par les rivières.

Le bri dans le Marais Breton Vendéen en grand format (nouvelle fenêtre)
Le bri dans le Marais Breton Vendéen

L’abondance de l’eau arrivant des terrains imperméables du socle alentour et la nature des terres en font des zones humides, parfois des marais lorsqu’ils ont fait l’objet d’un aménagement et d’une exploitation par l’homme depuis plusieurs siècles, donnant les paysages d’aujourd’hui.

Synthèse : Une géologie qui se traduit dans les moindres motifs paysagers

L’histoire géologique de la région est complexe et s’organise autour de cycles successifs qui se reflètent aujourd’hui au niveau des sols et de la végétation, mais aussi des activités agricoles, industrielles passées et de l’habitat. Cette géologie permet de comprendre le relief régional par le jeu du réseau hydrographique dense qui a tracé sa voie entre roches tendres et dures. Mais les traces dans le paysage sont multiples et diversifiées :