Atlas de Paysage des Pays de la Loire

Les principales représentations culturelles des paysages

publié le 11 décembre 2014 (modifié le 4 janvier 2017)

Préambule : une diversité paysagère culturelle

« Paysage : tableau représentant un pays »

Dans le dossier pédagogique, réalisé par les professeurs chargés de mission en arts plastiques, histoire et lettres, « le paysage aux musées des Beaux-Arts de Nantes », la notion de paysage est introduite par la définition suivante : « Le mot « paysage » apparait pour la première fois en 1943 sous la plume du poète d’origine flamande Jean MOLINET (1435-1507). Il signifie alors « tableau représentant un pays ».

Alain ROGER, philosophie et écrivain (chargé de cours au DEA « Jardins, Paysages, Territoires » de l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-La Villette de 1991 à 2001, membre du Conseil Scientifique au Ministère de l’Écologie, du Développement et de l’Aménagement Durables ainsi que directeur de la collection « Pays / Paysages » aux Éditions Champ Vallon) développe l’idée du paysage comme construction sociale, culturelle et cognitive au sens large. Cette théorie développe le principe d’un passage entre le « pays » au sens de l’étendue terrestre et le paysage support de valeurs esthétiques et émotionnelles par l’art, la peinture et la littérature essentiellement. D’autres formes de cultures contemporaines, photographies, cinéma… peuvent aussi offrir un renouvellement du regard sur certains espaces.

Ce début d’introduction légitime le fait d’associer l’art sous toutes ses formes pour dégager les représentations culturelles majeures qui font l’identité de la Région des Pays de La Loire.

Impossible exhaustivité

Par ailleurs, dans son introduction des « plus belles pages de la littérature en Pays de la Loire » (ouvrage édité par la Région), Jacques BOISLEVE (né en 1943 à Saint-Florent-le-Vieil, écrivain et journaliste, auteur d’une quinzaine d’ouvrages qui traitent de la Loire, de l’Anjou ou de l’écrivain Julien Gracq dont il fut l’ami) souligne « l’impossible exhaustivité » précisant « qu’ il a trop été écrit sur notre région et très souvent par les plus grands ». Cet ouvrage « brosse une sorte de tableau littéraire des Pays de La Loire pour en laisser deviner toute la richesse et la diversité, en faisant la part belle aux paysages ».

C’est pourquoi, le cadre des recherches a dû être défini pour un travail cohérent à l’échelle de la région, avec une couverture suffisamment significative, sans tomber dans la collecte infinie difficile à interpréter. Ainsi, dans chacune des catégories (iconographie, littérature, cinéma), les ressources mobilisables ont été définies et validées par la maîtrise d’ouvrage Cf. lien Pour en Savoir Plus

L’objectif au sein de cet atlas de paysages n’est en aucun cas un recensement exhaustif des œuvres littéraires, des peintures… ni une chronologie fidèle au fil des siècles mais bien la mise en exergue d’instants choisis qui reflètent les représentations les plus souvent retrouvées. Par ailleurs, pour comprendre les clefs de lecture des peintures, il peut être intéressant de s’appuyer sur un bref historique des représentations de paysage dans la peinture au fil des siècles. Cf. lien Pour en Savoir Plus

Faire émerger l’identité régionale, même si les avis peuvent être controversés

Olivier GUICHARD (24 ans président du conseil régional des Pays de la Loire de 1974 à 1998, 24 ans maire de La Baule de 1971 à 1995 et 30 ans député de la 7ème circonscription de Loire-Atlantique de 1967 à 1997) disait que « les seuls mots de Pays de la Loire ne font vibrer personne ». Dans la revue 303 (N°13, 1987 De l’exploration érudite d’une région) Odette RIFFET semble y trouver les raisons dans les plus reculés des temps. Au contraire de l’Alsace, de la Bretagne ou de la Normandie, dont le seul nom est véhicule d’idées et de sentiments, l’identité de cette région est toujours mise en cause. Mosaïque de cinq départements qu’aucun mythe culturel ne sublime et que nul passé historique ne soude, elle s’intègre dans un Ouest qui fut anglo-normand et s’aère par la Loire qui de tout temps lui tint lieu de poumon.

Jacques BOISLEVE, dans son introduction des plus belles pages de la littérature en Pays de la Loire », évoque « le témoignage pas toujours aimable et un peu pressé, de STENDHAL (1783-1842) et de FLAUBERT (1821-1880), venus nous rendre visite en touristes, et les observations plus complices de BALZAC (1799-1850), de ZOLA (1840-1902) et d’Alphonse DAUDET (1840-1897) en villégiature dans la Presqu’île . Il rappelle aussi à notre mémoire, René BAZIN (académicien français 1853-1932) qu’il décrit comme un maître du paysage et Hervé BAZIN (1911-1996), son neveu, président de l’Académie Goncourt. Avec ces deux auteurs, ce sont deux grandes composantes du paysage littéraire de notre région qui se dessinent : le Bocage et la Loire, plus complémentaires à bien y regarder qu’antagonistes y compris sous la plume de Julien GRACQ (écrivain né le 27 juillet 1910 à Saint-Florent-le-Vieil et mort le 22 décembre 2007 à Angers) ; le Bocage, si dense et si profond, la Loire, grande trouée lumineuse qui nous ouvre tout grand le chemin vers les villes, lesquelles nous mènent à leur tour tout droit vers le littoral : Nantes, l’estuaire, la côte atlantique et ses îles, ultimes étapes de ce périple qu’il paraît difficile de placer sous un autre patronage que celui du cher Jules VERNE (1828-1905), le plus populaire et le plus emblématique de tous les écrivains, si nombreux, qui, comme lui sont d’ici. . Ces éléments justifient, si cela était nécessaire, la force paysagère de la région des Pays de La Loire, qui tient à ses identités multiples scellées au fil de l’eau.

Carte de localisation des représentations des paysages dans la peinture et la littérature entre le XVème et le XXème siècle en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte de localisation des représentations des paysages dans la peinture et la littérature entre le XVème et le XXème siècle

Ainsi, comme l’illustre la carte ci-dessus, l’analyse de ces œuvres (peinture, littérature, cinéma …) a permis de mettre en exergue cinq thèmes qui font l’identité de la région des Pays de la Loire :

  • « La voie royale », les paysages ligériens
  • « Face à l’océan », les paysages littoraux
  • « Le Pays profond », les paysages ruraux
  • « D’une ville à l’autre », les paysages urbains et industriels
  • Les paysages de terroirs, portés par la culture gastronomique et son marketing (non représenté sur la carte)

Pour en savoir plus sur la méthodologie liée à l’étude des représentations
Pour en savoir plus sur l’historique des représentations du paysage dans la peinture

La voie royale », les paysages ligériens

La Loire habitée : châteaux, villes, bourgs et villages

Les premiers grands voyageurs qui ont circulé sur la Loire, ont produits des représentations picturales telles que celle des très riches heures du duc de Berry, qui s’apparentaient plus à des représentations des différents paysages du territoire de manière schématique voire cartographique, pour celles datant de la fin du moyen âge. Ces représentations picturales sont focalisées sur les châteaux de la Loire du moyen-âge, puis au XVIIème siècle, apparaissent aussi les villages des bords du fleuve. Un premier plan sur la Loire, donne à voir le château ou le bourg en fond de toile. Ces châteaux comme celui de Saumur, de Montsoreau ou de Champtoceaux balisent le fleuve et donnent à La Loire ce surnom de voie royale. Vinrent par la suite les représentations picturales consacrées à une interprétation plus subjective du paysage, dans lesquelles ces châteaux, toujours très présents, ne figurent plus pour une simple localisation, mais pour apporter du cachet et du pittoresque.

Dans les premières représentations sur la Loire, les châteaux et églises sont les repères du paysage ligérien.


La Tour d'Oudon mise en scène de manière pittoresque en grand format (nouvelle fenêtre)
La Tour d’Oudon mise en scène de manière pittoresque

Notre-Dame-des-Ardilliers, Saumur, 1946 (BNF-EST VA-49 (3) (coll Gaignières)) en grand format (nouvelle fenêtre)
Notre-Dame-des-Ardilliers, Saumur, 1946 (BNF-EST VA-49 (3) (coll Gaignières))

Montsoreau en 1500 selon le marquis de Geoffre, 1946, (Archives départementales du Maine-et-Loire) en grand format (nouvelle fenêtre)
Montsoreau en 1500 selon le marquis de Geoffre, 1946, (Archives départementales du Maine-et-Loire)

Aujourd’hui encore, La Loire est indéniablement associée aux châteaux de la Loire, aux ponts et villes qui la jalonnent et qui animent ses rives.

La Loire active : commerce, industries…

Au cours du XIXème siècle, le fleuve est perçu comme une voie de communication fondamentale de l’activité humaine, notamment pour ses activités commerciales. On y représente toujours les quais, de manière plus anthropique au sein du bourg, avec par exemple une jetée en pierre, dallée. Il y figure également les avancées technologiques de ce siècle comme les ponts, les ouvrages hydrauliques. Sur ces scènes picturales, on y retrouve très fréquemment une ambiance pittoresque avec la présence du pêcheur ou de l’artisan. Ce sont souvent des scènes de vie.

Avec l’apparition du chemin de fer, "[l]es mariniers furent malheureusement intimidés par la vitesse de ces locomotives qui passaient en vue des berges ; ils désespéraient de leurs bateaux, les démolirent un à un, en firent du bois de feu, et, devant les cendres de chalands, rêvèrent tristement que la profession était morte. L’Administration s’en persuada bientôt. N’apercevant plus, sur la surface des eaux, les voiles blanches d’autrefois, elle négligea d’entretenir le chenal, et le fleuve s’ensabla : c’est l’histoire de la Loire. Là où les fleuves ne furent pas abandonnés, ils furent du moins négligés, et les petites villes des bords, qui vivaient plus ou moins du commerce fluvial, connurent un déclin rapide." (René BAZIN, La Douce France)

On essaye alors de conserver coûte que coûte cette image de la Loire commerciale et artisanale malgré la disparition quasi totale de ces activités sur le fleuve. Ainsi Gustave FLAUBERT, plaidait déjà en 1881 pour ce paysage institutionnalisé : Rendez-vous nos bons vieux ponts de pierre à parapets saillants, à piliers en biseau : l’eau murmure et se brise contre eux, les barques s’accrochent aux anneaux de leur voûtes et le soleil fait bon effet sur eux quand il se couche en les regardant. (Gustave Flaubert, Par les champs et par les grèves)

La nostalgie de l'artisanat et du cabotage en grand format (nouvelle fenêtre)
La nostalgie de l’artisanat et du cabotage



Les représentations picturales de la Loire industrielle datent du 19e siècle, lorsque l’industrie portuaire prend son essor, et, sont principalement concentrées sur Nantes. En fond de toile, ces usines fumantes, crachant leur charbon par les cheminées, assombrissent le ciel de ces peintures et se reflètent dans une Loire utilitaire, où l’eau est à la fois une matière première souvent indispensable au fonctionnement des usines et un moyen de transporter les produits manufacturés.

A mesure que la barque approchait, lentement, très lentement, parce que le fleuve était gros et dur à passer, l’enfant distinguait de longs bâtiments aux toitures basses, aux murailles noircies, s’étendant de tous côtés avec une platitude uniforme, puis, sur les bords du fleuve, à perte de vue, d’énormes chaudières alignées, peintes au minium et dont le rouge éclatant faisait un effet fantastique. (Alphonse DAUDET, Jack)

Mise en valeur des usines en bord de Loire, source © Château des ducs de Bretagne – Musée d'histoire de Nantes  en grand format (nouvelle fenêtre)
Mise en valeur des usines en bord de Loire, source © Château des ducs de Bretagne – Musée d’histoire de Nantes



La Loire : fleuve d’eau, de sable et de lumière

STENDHAL dans ses Mémoires d’un Touriste estima la Loire ridicule à force d’îles : une île doit être une exception sur un fleuve bien appris. Mais pour la Loire, l’île est la règle, de telle façon que le fleuve, toujours divisé en deux ou trois branches, manque d’eau partout … . Dans le même temps, les flots de lumière, identitaires des paysages ligériens sont magnifiquement représentés dans les aquarelles de William TURNER (1775-1851), subliment l’esthétique du fleuve et la qualité des ciels de Loire. Dans sa traversée de la région, la Loire coule d’Est en Ouest, reflétant ainsi les levers puis couchers de soleil … rien de surprenant qu’elle séduise les artistes.

Pour René BAZIN, La Loire, moins frissonnante que le Rhône, moins troublée que la Gironde, largement épandue entre ses rives, n’est en somme qu’un miroir : bleu quand le ciel est bleu, blanc quand les nuages courent…. Et, Jules RENARD (1864-1883) le rappelait avec humour, la Loire est un « fleuve de sable où ne coule qu’un peu d’eau »

Alphonse ALLAIS (1854-1905), A la une, précisait Depuis un laps de temps que je ne saurais préciser, l’illustre fleuve, jadis si florissant, a perdu dans la plus grande partie de son cours le sens de la navigabilité, et les meilleurs esprits s’unanimisent à déplorer que, sur mille points divers, d’inoubliables ponts aient été jetés d’une rive à l’autre pour que nul, hélas ! désormais bateau ne passe dessous ! Que de millions gaspillés en pure perte ! Entre autres causes, ce regrettable état de choses résulte de ce que la Loire a vu, graduellement, remplacer son eau par du sable fin, substance dont les savants s’accordent à constater le bas flottantiel. […] Tout d’abord, il est sacrilège de prétendre que la Loire manque d’eau. C’est effrayant, au contraire, comme il y a de l’eau dans la Loire. Seulement, c’est une eau peu sérieuse et cohésive point. Au lieu de mettre sa coquetterie à se totaliser, au long de son cours, à former une brave rivière bien rassemblée, non, Mlle la Loire s’amuse, telle la petite folle de l’Écriture, à se ramifier, se disperser, s’épandre, […]. Et partout dans ce sable oiseaux et vain vous ne contemplez que flaques, mares, et même véritables étangs inaptes à la moindre batellerie.

Lucien BODARD (1914-1998), Mon hexagonalisation, évoque lui aussi le double visage de la Loire : Ses courants avec leur lueur lisse et froide de lame d’épée, ses remous à la tête des épis qui avaient été vainement construits pour régulariser le fleuve. Et l’été, le sable doré de ses bancs. Il y avait en tout une paix dangereuse. Loire traîtresse pleine de légendes, pleine de noyés, pleine de trous qui happent, Loire faussement douce.

Les fureurs du fleuve ont de tout temps inspiré les artistes, comme en témoigne ce poème de Joachim DU BELLAY (1522-1560), Au fleuve de Loire :

Au fleuve de Loire – Joachim DU BELLAY en grand format (nouvelle fenêtre)
Au fleuve de Loire – Joachim DU BELLAY



Les crues et inondations bouleversent ce tableau et renvoient une image de danger et de surabondance d’eau. Ainsi, Emile JOULAIN (1900-1989) dans le Billet du paysan de la Loire décrit la terrible crue de 1856 : En 1856, où, en plein mois de juin, il n’y avait plus une goutte d’eau dans les fossés, la Loire, grossie sans doute par des pluies violentes dans le Centre et par la crue soudaine de ses affluents, creva la levée à La Chapelle sur Loire, à la frontière de la Touraine et de l’Anjou. En quelques heures, le flot, se précipitant par la brèche, et accourant, dit-on, à la vitesse d’un cheval au galop, recouvrit la Vallée sur une longueur de cinquante kilomètres, une largeur de dix et une hauteur de trois mètres et alla s’engouffrer, à bout de course, dans les ardoisières de Trélazé. […] Ce cataclysme ne se reproduisit jamais, car la levée, renforcée, a depuis toujours tenu bon. Mais j’ai connu moi-même la grande eau de 1910, de 1927, de 1936, de 1960 et 1961, et la grêle du 13 juillet 1923 … .

La Loire : romantique, nostalgique, sublimée …

La plupart des peintures datent du 19e siècle avec le courant romantique qui instaure de nouvelles valeurs. On y représente surtout la Loire en elle-même et de différentes manières, parfois contrastées : C’est aussi bien une vision "sauvage" des berges forestières ou des pâtures qu’une vision "active" des usines, forges et autres manufactures, comme l’extraction des sables du lit mineur du fleuve, mais aussi les villages pittoresques, les coteaux de vigne, les ouvrages hydrauliques, les ponts, les tours de guet, les moulins…

Une fois maîtrisée, cette nature ne fait plus peur et les peintres s’intéressent alors aussi à la Loire avec un œil naturaliste où l’on met en scène ce qui n’est pas exploité et façonné par l’homme. On en devient nostalgique. Le terme de « Paysage » prend alors réellement sa place en tant que fin en soi. On y voit même des lieux de détente, de loisir comme l’organisation de régates ou de pêches entre amis. C’est à cette période que vont être produites la majorité des représentations picturales de la Loire.

Joachim DU BELLAY exprimait déjà en 1558 dans son poème Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, combien il était difficile de vivre loin de son clocher natal et plus particulière de la splendeur des terres ligériennes :

Heureux qui comme Ulysse – Joachim DU BELLAY en grand format (nouvelle fenêtre)
Heureux qui comme Ulysse – Joachim DU BELLAY

Entre Loire et Océan : l’estuaire

A Nantes déjà, fortement tirée par le jusant de l’estuaire, la Loire rejoint l’univers marin de Jules VERNE. Jules VALLES (1832-1885), arrivant à Nantes, décrit dans l’Enfant cette grande illusion de l’Océan : Nantes c’est la mer ! – je verrai les grands vaisseaux, les officiers de marine, les hommes de quart, je pourrai regarder les tempêtes !

Aujourd’hui, l’art change de support, de la toile, du papier il s’évade et siège sur les rives de Loire. Ce n’est plus la représentation de la Loire mais la sublimation du fleuve par l’art avec, notamment, l’évolution des regards sur l’estuaire amorcée par les interventions artistiques de type land art à l’échelle de ce grand paysage (http://www.estuaire.info/fr/ ). L’introduction du site internet de cette manifestation précise qu’il s’agit « d’une collection d’œuvres d’art contemporain à découvrir toute l’année à pied, à vélo, en voiture mais aussi en croisière :

Estuaire est une aventure artistique en trois épisodes dont le dernier a eu lieu l’été 2012. En 2007 et 2009, une trentaine d’œuvres sont réalisées in situ, à Nantes, Saint-Nazaire et sur les 60 km de l’estuaire de la Loire qui les relient. Si certaines créations ont été présentées le temps d’un événement, d’autres, installées définitivement sur le territoire, composent un parcours ouvert à la visite toute l’année. Le choix des sites est pensé pour que la plupart des communes riveraines abritent une œuvre. La programmation artistique s’inscrit de fait dans une logique de développement du territoire. Estuaire accompagne un projet politique : la construction de la métropole Nantes Saint-Nazaire. Chacune des 29 œuvres de cette collection permanente, répartie sur douze communes, guide vers un lieu atypique ou un site remarquable de l’estuaire. Entre réserves naturelles fragiles et bâtiments industriels gigantesques, l’estuaire de la Loire est un territoire complexe. Dédales de petits chemins, enchevêtrements d’étiers, portes d’entrées multiples à sa découverte : les œuvres d’Estuaire sont le fil d’Ariane d’un espace en mutation incessante. »

Villa Cheminée de Tatzu Nishi en grand format (nouvelle fenêtre)
Villa Cheminée de Tatzu Nishi

« Face à l’océan », les paysages littoraux

L’océan a toujours attiré les artistes et la frange littorale des Pays de la Loire ne fait pas exception.

Au travers des œuvres consultées, quatre thèmes récurrents sont mis en exergue :

L’océan bordé de dunes et côtes rocheuses

L’océan attire les artistes mais reste longtemps un paysage déprécié, image de pauvreté et de danger. L’immensité de l’océan refreine, le vent arriv[ant] de la mer avec la fraîcheur et la gaîté du large, et fais[ant] deviner un peu plus loin, au-delà de ces flots serrés que le calme, la tranquillité des eaux douces abandonnaient déjà, le vert de l’Océan sans limites ; et des vagues, des embruns, des tempêtes. (Alphonse DAUDET, Jack)

Le quotidien était rustique, Hommes et femmes, jambes nues dans le sable brûlant, montrent le muscle sec et dur […] (George CLEMENCEAU 1841-1929, Figures de Vendée), et les villages, tel que Le village de Sion, avec ses dunes pelées, ses baraques foraines, son odeur de goémon (Julien GRACQ, Lettrines 2) n’enjoignent pas à y séjourner. Les représentations picturales de ce territoire montrent souvent un littoral rude, sauvage, déshumanisé et imposant. On n’ose pas le peindre directement, ce sont des représentations du bord de mer à travers un voile forestier, ou vu de la dune qui protège des marées et des embruns, comme si, les peintres étaient emprunts de méfiance à l’égard de ce paysage.

Peinture du littoral "sauvage" et désert : Arbres au bord de la mer de Noirmoutier, C. Bernier, fin XIXème siècle, (Musée départemental Breton, Quimper) en grand format (nouvelle fenêtre)
Peinture du littoral "sauvage" et désert : Arbres au bord de la mer de Noirmoutier, C. Bernier, fin XIXème siècle, (Musée départemental Breton, Quimper)



Dans Les plus belles pages de la littérature en Pays de la Loire, Jacques BOISLEVE introduit son chapitre « Face à l’océan » ainsi :

« Le Viel Océan aux vagues de cristal salué par Lautréamont a souvent servi de caisse de résonnance aux rêveries surréalistes. Breton fait un détour imprévu par Guérande. Apollinaire se rend à la Baule. Gracq et Prévert, enfants, passent leurs vacances à Pornichet et Viot fait connaitre Pornic au peintre Max Ernst. Il y a, comme dans Nantes, une promenade surréaliste à faire au bord de l’Atlantique, de la Côte Sauvage à la Côte d’Amour et – rivages, épaves et coquillages – jusqu’à la Côte de Jade et plus loin encore, en filant vers les plages de Vendée, une fois enjambée la grande Loire de Saint Nazaire à Mindin. […]

C’est à partir du 20e siècle seulement que l’intérêt pour les espaces maritimes devient à la mode. Beaucoup de peintures sont alors recensées, relatives au littoral, représenté de manière positive et naturelle. On y voit les plages, le soleil, la nature, la voile, avec une présence humaine limitée. Généralement l’Océan n’est pas représenté pour lui-même mais fait partie de la composition des représentations focalisées sur la plage. Lorsqu’il est représenté, c’est de manière pittoresque avec des bateaux à voile voguant sur l’eau.

Georges CLEMENCEAU dans son ouvrage Figures de Vendée décrit parfaitement l’océan et l’arrière-pays immédiat de La Tranche-sur-Mer : Je suis apparemment au bout du monde, puisque, marchant tout droit devant moi, la terre vient à me manquer tout à coup. En vérité, c’est l’Océan qui m’arrête, le grand flot vert, frangé de mousse blanche, que le courant chaud nous envoie des Antilles pour se pâmer tout écumant de plaisir sur le sable d’or d’une grève sans fin. […]

Dans l’intérieur de la dune, des jardins verdoient, abrités des bastions de sable. Des cultures de vignes, de pommes de terre roses, d’oignons qui s’entassent en pyramides d’or. Et puis de grandes failles dans la montagne sablonneuse, des casses comme on dit ici, plaines fertiles qui s’avancent vers la mer. […]

Adossés aux pins des hautes dunes, les villages entassent leurs maisons blanches aux tuiles pâles dans les lilas, les tamarins et les roses. Une étroite bande de dune étalée s’étendent plaine jusqu’à la bordure du grand marais, jadis conquis sur la mer, prairie hollandaise de jeune verdure où jusqu’à l’horizon les troupeaux, parqués entre les canaux, mettent des taches fauves.

Julien GRACQ, dans ses Lettrines 2, évoque ce contraste entre plages de sable et côte rocheuse, entre Pornichet et Sion-l’Océan : A droite, la longue plage et les falaises habitées lointaines de Saint-Jean-de-Monts. A marée basse, des platures rocheuses arasées se découvrent jusqu’à deux ou trois cents mètres des falaises ; cinq ou six gros chicots rocheux, témoins de la falaise en recul, dominent la plate-forme comme des gours sahariens. Le schiste faillé des falaises se prête à la formation de mini-calanques : longues, étroites et creuses morsures où la marée haute se glisse, s’excite et s’agace sournoisement comme la pointe de la langue dans une carie.

L’océan en Pays de La Loire, c’est aussi la ponctuation par deux îles (Yeu et Noirmoutier) qui attirent et qu’il faut pouvoir rejoindre. Dans les îles d’Ouest, Jean PRASTEAU (1921-1997) évoque ainsi le mythique passage du Gois : Le passage du Gois, menant du rivage à la côte insulaire, s’apparente à la route du Mont-Saint-Michel […]. C’est une chaussée de près de cinq kilomètres de long qui traverse le désert parfois macadamisée, parfois pavée de larges dalles et que barre, certains jours, un voilier malencontreusement échoué. De loin en loin, de gigantesques perchoirs à perroquets offrent un abri précaire aux voyageurs surpris par la mer. On rapporte mille aventures dramatiques advenues aux audacieux qui se hasardent trop tard sur le Gois et sont rejoints par l’océan déferlant avec une extraordinaire rapidité.

L’Or blanc et la cité médiévale

« Si vous arrivez à Guérande par le Croisic, après avoir traversé le paysage des marais salants, vous éprouverez une vive émotion à la vue de cette immense fortification encore toute neuve. […] Alentour, le pays est ravissant, les haies sont pleines de fleurs, de chèvrefeuilles, de buis, de rosiers, de belles plantes. Vous diriez un jardin anglais dessiné par un grand artiste. Cette riche nature […] a pour cadre un désert d’Afrique bordé par l’Océan, mais un désert sans un arbre, sans une herbe, sans un oiseau, où, par les jours de soleil, les paludiers vêtus de blanc et clairsemés dans les tristes marécages où se cultive le sel, font croire à des Arabes couverts de leurs burnous. Aussi Guérande, avec son joli paysage en terre ferme, avec son désert, borné à droite par Le Croisic, à gauche par le bourg de Batz, ne ressemble-t-elle à rien de ce que les voyageurs voient en France. » Honoré de BALZAC – Béatrix

Les représentations graphiques sont peu nombreuses et mettent généralement en scène le travail du sel.

Une image patrimoniale du marais - Reproduction de photographies, France-Album, 1903 (BNF - SG WC-419) en grand format (nouvelle fenêtre)
Une image patrimoniale du marais - Reproduction de photographies, France-Album, 1903 (BNF - SG WC-419)



Ce paysage inspire toujours aujourd’hui les artistes, comme en témoigne cet ouvrage de photographies : Arc-en-Sel dans les marais de Guérande , ouvrage de Pascal FRANCOIS photographe et Antoine GRAVORY écrivain, publié en mai 2014 aux éditions La Découvrance, qui offre une vue aérienne du paysage guérandais dans un incroyable voyage chromatique.

Prenant de l’altitude, j’ai vu l’Océan, l’Argile, le Soleil et le Vent s’allier pour célébrer un hommage au travail des Hommes. Tels sont les mots de Pascal FRANCOIS, qui des années durant, a photographié à bord d’un hélicoptère les marais salants de Guérande. Il a découvert la photographie en 2001, après avoir étudié aux Beaux-Arts. Par la suite, il est devenu le photographe du Centre national du costume de scène et de la scénographie, de la Compagnie Philippe Gentil, et collabore régulièrement avec la coopérative des marais salants de Guérande.

Villages de pêcheurs et accueil touristique

L’association de ces deux activités semble aujourd’hui être une évidence. Parmi d’autres, deux auteurs les ont parfaitement décrites et révèlent ainsi la force de ces paysages littoraux aux multiples visages :

Jules SANDEAU (1811-1883) dans la Roche aux mouettes, décrit le Pouliguen et ses paysages : Le Pouliguen est un hameau […] situé au bord de l’Océan, entre le bourg de Batz et l’embouchure de la Loire, avec un port de pêche et de commerce que des dunes abritent d’un côté, et que borde de l’autre un quai régulier dont les maisons s’arrêtent à la plage. […] On y arrive à travers les marais salants qui l’enveloppent de toutes parts. Ces marais, toutefois, ne manquent pas de caractère, surtout quand le soleil les embrase et les fait étinceler comme une nappe de givre ou de cristal. Le hameau est propre et riant. Pêcheurs ou paludiers, tous les habitants y vivent de la mer.

Jacques PRÉVERT (1900-1977), quant à lui, dans son livre Enfance décrit ses vacances : Nous allions à Pornichet, dans la Loire-Inférieure. La mer, je courais après elle, elle courait après moi, tous deux on faisait ce qu’on voulait. C’était comme dans les contes de fées : elle changeait les gens. A peine arrivés, ils n’avaient plus la même couleur, ni la même façon de parler. Ils étaient tout de suite remis à neuf, on aurait dit des autres.

Elle changeait aussi les choses et elle les expliquait. Avec elle, je savais l’horizon, le flux et le reflux, le crépuscule, l’aube, le vent qui se lève, le temps qui va trop vite et qui n’en finit plus. Et puis la nuit qui tombe, le jour qui meurt et un tas de choses qui me plaisent et que, loin d’elle, très vite j’oubliais.

Tout prêt de Pornichet où nous habitions une petit maison, il y avait La Baule. Une immense plage comme le Sahara sur les images avec, au beau milieu, un petit café-casino, sur pilotis.

Comment évoquer les paysages littoraux et l’accueil touristique sans évoquer la forte pression à l’urbanisation qui s’exerce sur les paysages naturels. Les représentations restent souvent discrètes sur ce thème… en 1910, dans sa nouvelle ‘Une journée d’un journaliste américain en 2889’, Jules Verne et son fils Michel décrivent « l’idée de déplacer une ville entière d’un seul bloc. Il s’agissait, de la ville de Saaf, située à une quinzaine de milles de la mer, et qu’on transformerait en station balnéaire, après l’avoir amenée sur rails jusqu’au littoral. D’où une énorme plus-value pour les terrains bâtis et à bâtir.… ceci n’étant qu’une fiction !


Les marais, chemins d’eau …

Avant 1900, les marais avaient la très mauvaise réputation, d’un milieu rural, agreste et d’un quotidien difficile pour ses habitants. La vie des paysans du Marais est très particulière. La cabane est une cabane vraiment. […] Point de bois pour la cuisine ou la froidure. On a la bouse de vache pour unique chauffage. Le paysan, parcourant sa terre, soulève délicatement de sa petite pelle - dite curou, parce qu’elle sert à curer les rigoles - la galette odorante qui, arc-boutée contre sa voisine, sèche ainsi de tous les côtés. […] Le seul ennui est que les aliments y gagnent un fumet dont seul le vrai maréchain sait prendre son parti.
(Georges CLÉMENCEAU, La Chasse aux cailles)

A l’exception des marais salants de Guérande situés à l’embouchure de la Loire, les marais, étant généralement éloignés des grands axes fluviaux, n’ont été de ce fait, que peu représentés en peinture, ils ont en revanche inspiré certains auteurs tel Jean YOLE (1878-1956) dans son ouvrage « La Vendée », dans lequel il décrit les chemins d’eau : Vers Nieul-sur-l’Autise, Saint-Sigismond, le Mazeau, Damvix, les arbres – des saules, des frênes, des vergnes, le plus souvent – ombrageant la voie d’eau, ajoutant du mystère à sa familiarité, […] Cette eau reste le secret de ce sol. Que ce soit au Marais mouillé ou au Marais desséché, elle fait partie de sa nature intime. L’été, elle s’immobilise, de jour en jour plus basse et plus boueuse, et va ici et là jusqu’à disparaître, avec la même lenteur qu’elle est venue. C’est l’herbe alors qui la remplace.

« Le pays profond », les paysages ruraux

Les paysages dits ruraux sont généralement dans l’imaginaire collectif les paysages de la campagne, paysages des cultures profondément liés au monde agricole. Dans la littérature comme dans la peinture, les paysages ruraux sont plus diversifiés et plus complexes. Le pays profond des Pays de la Loire évoque certes la campagne, ses abbayes, ses bourgs mais aussi la forêt et surtout le bocage, ou encore la complexe de son réseau hydrographique. Pour Jacques BOISLEVE, le pays profond sonne différemment selon les jours et les saisons. Chaque écrivain qui s’est mis à son écoute ajoute son air et enrichit la grande partition : ‘mosaïque’ au départ, mais symphonie à l’arrivée.

Campagne pittoresque, bourgs ruraux et abbayes

Il n’existe que peu de représentations du rural, comparé à la Loire, dans la peinture. Les petits villages ruraux commencent à apparaître dans les peintures de paysages au XVIIème siècle et sont particulièrement présents en Sarthe. Les images des villages s’accompagnent d’activités rurales comme la paysannerie, la construction de moulins, de puits. Lorsque ce ne sont pas des scènes agricoles à part entière, ce sont des focus sur des éléments bâtis de la campagne qui sont représentés. Cependant, ces châteaux, ces moulins en pleine campagne sont toujours accompagnés de la représentation de paysans au travail. Ces premières représentations de la campagne sont axées sur le pittoresque. Les représentations de la campagne sont moins révélatrices par leur localisation d’un paysage remarquable que de l’intérêt du peintre en lui-même pour son cadre de vie ou de villégiature.

Comme le montrent les tableaux suivants, les représentations des paysages de campagne valorisent la dimension pittoresque dans les scènes agraires.

Récolte des pommes de terre, J.-V. Darasse, 1930, (Collection des Amis de Noirmoutier) en grand format (nouvelle fenêtre)
Récolte des pommes de terre, J.-V. Darasse, 1930, (Collection des Amis de Noirmoutier)

Aspet de la Fleche, en Anjou : Veüe de la Flèche, E. Martellange, 1612, (BNF-RESERVE UB-9-BOITE FT 4) en grand format (nouvelle fenêtre)
Aspet de la Fleche, en Anjou : Veüe de la Flèche, E. Martellange, 1612, (BNF-RESERVE UB-9-BOITE FT 4)

L'image identitaire du bourg rural, Veüe de la ville d'Ingrande, L. Boudan, 1695 (BNF - EST Va 49) en grand format (nouvelle fenêtre)
L’image identitaire du bourg rural, Veüe de la ville d’Ingrande, L. Boudan, 1695 (BNF - EST Va 49)



Les représentations des bourgs ruraux apparaissent en même temps que les premières représentations de la campagne. C’est souvent l’image du bourg d’où pointe le clocher de l’église en arrière-plan du tableau, rattachant la campagne figurée à une commune. Ce n’est qu’à parti du 19e siècle qu’émergent les représentations de ruelles, éléments nouveaux dans la peinture. Cependant l’attention est apportée au détail, à une action précise, une ambiance. Pour cela, on y intègre l’homme, le paysan dans son quotidien au sein du bourg. Les activités d’extraction sont aussi représentées comme les ardoisières près d’Angers.

Comme le montrent les deux représentations suivantes, il y a souvent une focalisation sur le patrimoine bâti et les images de campagne sont souvent confortées par la représentation de scènes de la vie quotidienne.

Église Saint Jean, Château-Gontier, 1896, (Guide Joanne - Géographie de la Mayenne) en grand format (nouvelle fenêtre)
Église Saint Jean, Château-Gontier, 1896, (Guide Joanne - Géographie de la Mayenne)

Église Notre-Dame-des-Marais, La Ferté-Bernard, 1850, (BNF - EST RESERVE VE-26 (L)) en grand format (nouvelle fenêtre)
Église Notre-Dame-des-Marais, La Ferté-Bernard, 1850, (BNF - EST RESERVE VE-26 (L))



Dans la littérature, on ancre la description de la campagne dans un contexte, propre à un territoire, un village. Chaque description a ses particularités qui en font tout l’intérêt. Chaque village est unique.

La région des Pays de la Loire compte de nombreuses abbayes, qui ont souvent été représentées et décrites dans la littérature comme par exemple : Cunault (49) par Prosper MERIMEE (1803-1870) dans ‘Lettres à Ludovic VITET’ – Fontevraud (49) et la Meilleraye (44) par Gustave FLAUBERT dans ‘Par les champs et par les grèves’ – Solesmes (72) par André HALLAYS dans son ouvrage Touraine, Anjou et Maine – Maillezais (85) par Stephen VALOT dans ‘La vie de François Rabelais’ (1948)

Les forêts et le bocage

Édouard HERRIOT (1872-1957) dans ‘La Forêt normande’ décrit l’importance du rôle de l’arbre dans cette région : « de ce pays l’arbre est le roi. Ce climat presque constamment humide, favorise à la fois le bois et la prairie, selon le rythme qui associe la forêt et le pays de pâture. […] Ici, du moins, il reste plus que des ruines du splendide édifice forestier que préserva le plaisir de nos rois. Parmi ces collines, sous ce ciel doux, l’arbre voisine en familiarité avec l’herbe ; il domine les haies du bocage et s’élance au cœur des futaies de Perseigne ou de Bellême ».

Pierre GEORGE (1909-2006), dans ‘Trois Rivières du Bocage’ conforte cette perception de fondu entre forêt et bocage : « du haut de ces collines, les haies se confondent à l’horizon, le bocage, dans les lointains bleutés, semble une immense forêt. Il n’est pas qu’illusion dans cette vision. Le bocage émane de la forêt, il s’en dégage progressivement au haut des collines de Sillé-le-Guillaume, de Multonne, de Bellême, au bord des plateaux de Bercé ». Il cite par ailleurs dans son ouvrage deux auteurs qui ont chacun à leur manière su décrire par des mots, la force, la qualité et le mystère des paysages de bocage mais aussi leur monotonie et mélancolie :

Sous le réseau d’arbres, les brouillards s’épaississent et entretiennent l’humidité sur le sol. Les divers plans du paysage se détachent dans la brume et s’estompent en dentelures boisées, les unes derrière les autres. Partout, à travers les arbres brille la prairie. Le bétail, sans autre gardien que les haies, semble maître du pays, car le regard peut rarement s’étendre, et du spectacle de la vie rustique qui se poursuit paisiblement tout autour il ne saisit que quelques détails … Paul VIDAL de LA BLACHE.

Fondu entre bois et bocage depuis les hauteurs de la Forêt de Perseigne (72) en grand format (nouvelle fenêtre)
Fondu entre bois et bocage depuis les hauteurs de la Forêt de Perseigne (72)

Prairie du bocage de Donges (44) inondée de lumière en grand format (nouvelle fenêtre)
Prairie du bocage de Donges (44) inondée de lumière



M. GALLOUEDEC décrit la palette chromatique du bocage : Le Bas Maine est trop exclusivement vert. Peu de régions, sans doute, offriraient un assortiment plus complet et mieux nuancé de verdures : verts clairs, verts argentés, verts jaunes, verts roux, verts verts, verts sombres et presque noirs, verts brillants et verts mats, verts nourris et profonds, verts veloutés des prairies que baignent des plus fréquentes et des rosées matinales, verts maigres et comme souffreteux de certains pommiers … la gamme en est incomparable, mais ils sont trop. Ils dominent tant que les autres couleurs disparaissent comme absorbées. Cette monotonie ne va pas sans quelque mélancolie …

Camaïeu de verts du bocage du Pays de Retz (44) en grand format (nouvelle fenêtre)
Camaïeu de verts du bocage du Pays de Retz (44)



Hervé BAZIN décrit dans ses Paysages et Pays d’Anjou la forêt de Chandelais : la plus étendue, la plus giboyeuse, mais la plus belle, il n’y a point de doute : c’est la forêt de Chandelais près de Baugé »

Jacques BOISLEVE, dans Les plus belles pages de la littérature en Pays de la Loire, rassemble plusieurs citations de Julien GRACQ sur le bocage, trame paysagère emblématique de la région qui s’est distendue et ouverte au fil du temps et des pratiques culturales :

« Ainsi dans Lettrines, cette description des Mauges aujourd’hui où il ne prend en compte que le bon côté des remembrements : Les fermes que j’ai connues pendant un demi-siècle emmurées par les haies, hostiles et soupçonneuses, remparées de clôtures d’épines, alertées de loin contre toute approche par des abois de chiens hargneux, semblent cligner de toutes leurs fenêtres comme une bonne auberge et dérouler de loin un tapis vert jusqu’au bord de la route… alors qu’Hervé BAZIN dans son Abécédaire martèle qu’il ne pardonnera jamais au bulldozer. De même à propos du bocage vendéen dans Lettrines 2 : La vue partout supplante l’ouïe, si longtemps ici aux aguets des bruits cachés : d’une ferme à l’autre un signe de la main traverse une distance que franchissait seulement le chant du coq

Ouverture du bas bocage vendéen en grand format (nouvelle fenêtre)
Ouverture du bas bocage vendéen



Le bocage et les chouans

La Vendée et la Chouannerie ont, comme le souligne Jean BOISLEVE, cristallisé la mémoire du bocage. Victor HUGO dans Quatre-vingt-treize le décrit avec force : Le paysan a deux points d’appui : le champ qui le nourrit, le bois qui le cache … les forêts se reliaient entre elles par le dédale, partout épars, des bois. Les anciens châteaux qui étaient des forteresses, les hameaux qui étaient des camps, les fermes qui étaient des enclos faits d’embûches et de pièges, les métairies ravinés de fossés et palissadées d’arbres, étaient les mailles de ce filet où se prirent les armées républicaines. Cet ensemble était ce qu’on appelait le bocage…

Moulins (comme celui du Mont des Alouettes), croix (comme au Pays du Loroux-Bottereau) et chapelles des Martyrs, monuments à la mémoire des combattants (La Gaubretière, panthéon de la Vendée militaire) … constituent aujourd’hui un petit patrimoine bâti qui jalonne ces terres de bocage et d’histoire et rappelle l’histoire.

Moulins de Mouilleron-en-Pareds (85) en grand format (nouvelle fenêtre)
Moulins de Mouilleron-en-Pareds (85)



Les trois rivières sœurs réunie dans la Maine :

Édouard HERRIOT dans ‘La Forêt normande’ évoque les trois rivières majeures du nord Loire dans la région : « A l’ouest du pays français, entre les plaines de la Beauce et la baie de Saint Michel, un long pli de collines boisées se dessine, marquant la ligne de partage entre les eaux de la Seine et celles de la Loire. C’est de cette ride que glissent […] vers le sud les trois rivières sœur : Mayenne, Sarthe et Loir, assemblées comme trois branches d’un éventail. »

Pierre GEORGE évoque dans son ouvrage ‘Trois rivières du Bocage’, les rivières de la Mayenne, de la Sarthe et du Loir : Trois rivières viennent confondre leurs eaux au seuil de l’Anjou, après avoir cheminé au travers des Bocages, l’une est presque bretonne par ses affluents de droite, la Mayenne ; l’autre, la Sarthe, prend sa source dans les prairies normandes ; la troisième longe longtemps la plaine beauceronne, c’est le Loir. Leurs infidélités au Bocage montrent bien la physionomie exacte de ce pays de transition. Les trois vallées sont l’expression même de son visage, c’est de la réunion et de la comparaison de leurs horizons et de leurs sites que se dégage l’impression d’ensemble du Maine, de même que de la confusion de leurs eaux naît La Maine.

« D’une ville à l’autre », les paysages urbains et industriels

L’évolution des représentations des villes

Au XVème siècle, les grands voyageurs (notamment des Hollandais comme DOOMER) qui arpentaient la Loire représentent principalement les éléments bâtis dans leur cadre paysager, abordant ainsi le thème des paysages "urbains". Au 16ème siècle, la ville commence à émerger à travers des peintures axant sur les propriétés fortifiées, mais aussi d’autres édifices urbains importants comme les églises et les cathédrales. De ce fait, les représentations artistiques du 16e et du 17ème siècle se focalisent principalement sur les grandes villes telles que Nantes, Angers, mais aussi Le Mans et Laval par la suite. Plus tardivement, d’autres vues de villes comme Saumur ou Guérande vont émerger. Au XVIIème siècle, les édifices fortifiés persistent dans les représentations de paysages urbains, synonymes de pouvoir. Les édifices religieux restent aussi des symboles forts qui continuent d’être peints. Jusqu’au XIXème siècle ce sont des vues générales des villes, tirant parfois sur le naïf ou vues à vol d’oiseau comme pour Nantes.

Par la suite la manière de représenter va changer. On se focalise plus sur une scène à l’intérieur de la ville. Le quotidien, la foule y sont présentés sur ces peintures de scènes de vie, de foire, de places bondées. Au XIXème siècle, l’industrie et le progrès deviennent un motif récurrent des peintures et ce sont souvent les représentations picturales romantiques de l’industrie qui prennent l’ascendant sur les autres, se focalisant parfois sur un détail d’usine.

Les paysages urbains sont ainsi dépeints, dès l’origine, par leur dynamisme, leur activité, leur mouvement.

Vue globale de Nantes, vue prise au-dessus du quartier Saint-Clément, XIXème, source : © Château des ducs de Bretagne – Musée d'histoire de Nantes  en grand format (nouvelle fenêtre)
Vue globale de Nantes, vue prise au-dessus du quartier Saint-Clément, XIXème, source : © Château des ducs de Bretagne – Musée d’histoire de Nantes

Détail du centre-ville de la ville du Mans, XIXème Siècle (Guide Joanne - Géographie de la Sarthe)  en grand format (nouvelle fenêtre)
Détail du centre-ville de la ville du Mans, XIXème Siècle (Guide Joanne - Géographie de la Sarthe)

Détail des usines de Nantes du 19e Siècle, vue des forges de Basse-Indre, coll. Arcelor Basse-Indre, 1846, (Musée des Ducs de Bretagne, Nantes) en grand format (nouvelle fenêtre)
Détail des usines de Nantes du 19e Siècle, vue des forges de Basse-Indre, coll. Arcelor Basse-Indre, 1846, (Musée des Ducs de Bretagne, Nantes)

Les villes des Pays de la Loire dans la littérature …

L’objectif n’est pas ici de citer chaque ville importante de la région et d’y trouver un artiste connu ou reconnu mais bien de cibler les villes qui ont été support de littérature nationale voire internationale. Impossible exhaustivité certes, cependant ce qui ressort du corpus étudié met l’accent sur Le Mans et surtout Nantes et Saint-Nazaire.

Le vieux Mans et sa cathédrale

Dans son voyage en France, Henry JAMES (1843-1915) évoque longuement « la veille capitale de la province du Maine, qui a donné son nom à un grand état américain » et l’a décrit comme « une ville plutôt intéressante » : La ville de dresse sur une colline infiniment plus belle en vérité que le gentil renflement de Bourges. […] Je commençai par m’occuper de la cathédrale, vers laquelle je me dirigeai sans perdre de temps. […] en m’y rendant, je pris par hasard la seule rue qui comporte quelques maisons anciennes et intéressantes, ruelle tortueuse et sale à l’aspect véritablement médiéval, pompeusement baptisée ‘Grande Rue’. […] Il y a devant la cathédrale, une place assez tranquille et intéressante, qui comporte quelques bons ‘morceaux’, notamment une tourelle à l’angle de l’une des tours et une habitation au toit pentu, très belle, derrière des murs bas qu’elle domine, avec une haute grille de fer.

Georges PILLEMENT (1898-1984) lance dans son ouvrage ‘Saccage de la France’ un véritable cri d’alarme pour sauver le vieux Mans : Malgré les avertissements, un crime stupide et abominable se prépare : au lieu de cureter et d’assainir cette admirable ville d’art si mal connue qu’est le vieux Mans, on le livre au massacre. […] on ignore habituellement que Le Mans est une des villes d’art les plus captivantes de France. […] Le vieux Mans qui se dresse sur son éperon en bordure de la Sarthe […] est divisé en deux tronçons par ce qu’on appelle la grande tranchée, une énorme voie construite il y a une cinquantaine d’années pour relier directement aux quartiers neufs le faubourg de Notre Dame du Pré, qui se trouve sur l’autre rive de la Sarthe. […] on a perdu du même coup une des tours de l’enceinte, car le vieux Mans conservait à peu près intactes ses murailles en grande partie gallo-romaines, notamment sur toute la longueur qui domine la rivière ». Il pousse même la comparaison sur cet édifice, le seul capable en France de rivaliser d’allure avec la Cité de Carcassonne.

Heureusement, depuis ce texte datant du début des années 40, comme l’explique Jacques BOISLEVE, le vieux Mans est désormais sauvé. L’enceinte gallo-romaine a été dégagée et mise en valeur, les logis anciens ont, non seulement, été restaurés, mais leurs boiseries ont retrouvé leurs couleurs. […] Surtout, la cathédrale du Mans, romane par sa nef, gothique par son chœur, et qui a arraché à Paul Claudel un bien légitime cri d’admiration, a conservé ainsi un cadre d’époque.

Nantes, ville surréaliste… mais aussi un port

Jules VERNE, Jules VALLES, Alphonse DAUDET, André BRETON, Julien GRACQ … ont beaucoup écrit sur Nantes. Jacques BOISLEVE rappelle dans son livre Les plus belles pages de la littérature en Pays de la Loire, que « de l’hiver 1994 au printemps 1995, le musée des beaux-arts de Nantes a consacré une grande exposition à ce rêve d’une ville, en recomposant toute une constellation complexe d’écrivains et d’artistes qui fait de Nantes, effectivement, une des capitales du Surréalisme [Exposition. Nantes, Musée des Beaux-Arts 1994 -1995] Le rêve d’une ville, Nantes et le surréalisme musée des Beaux-Arts et médiathèque du 17 décembre 1994 au 2 avril 1995 NANTES. Musée des Beaux-Arts – Cote BGbr2136SL)

Nantes, c’est la mer ! […] j’entrevois le phare, le clignotement de son œil sanglant, et j’entends le canon d’alarme lancer son soupir de bronze dans le désespoir des naufrages. Voici Nantes telle que la décrit Jules Vallès dans l’Enfant, dépeignant un univers inspiré de Jules VERNE (1828-1905).

Paul GRANDJOUAN décrit quant à lui Nantes-la-Grise D’où vient cette vapeur d’eau éparse dans l’air et flottant sur la ville ? Sans doute du voisinage de la mer et du lac, et surtout des multiples bras de Loire […]. Toutes les harmonies de gris s’y retrouvent, depuis le gris violet des toits d’ardoise jusqu’au gris-bleu des pavés de granit, depuis le gris des vieilles églises jusqu’au au gris jaunâtre de la Loire […] et surtout, surtout, épandu sur la ville, le gris de Nantes, si morne et si pénétrant.

Alphonse DAUDET décrit au travers des yeux de Jack le port de Nantes : « Chantenay et sa dernière maison ayant filé le long des rives, on entrait dans Nantes. Le patron amena la voile et prit les rames pour se guider plus sûrement dans l’encombrement tumultueux du port. De vieilles maisons sculptées, à balcons de pierre, se mêlaient à des mâts de navires, les poursuivaient, les engloutissaient, disparaissaient elles-mêmes, remplacées par des voiles grandes tendues, des tuyaux noirs et fumants, des coques luisantes, rouges ou brunes ». Jack s’achemine sur un quai interminable, longé d’une voie ferrée, encombré de marchandises de toutes sortes qu’on est en train de charger ou de débarquer, ce qui fait à chaque pas des obstacles, des passerelles à enjamber. Il trébuche dans des balles de coton, glisse sur des tas de blé, se cogne aux angles des caisses, respire partout où il passe odeurs violentes ou fades d’épices, de café, de graines ou d’essences. Quelle Ville !

Saint-Nazaire, … le lancement des navires

Paul NIZAN (1905-1940) dans son livre ‘Antoine Bloyé’ et Julien GRACQ dans sa ‘Liberté grande’ évoquent toutes deux de façon similaire Saint Nazaire ville submergée par les infrastructures portuaires commerce, constructions et mises à l’eau … La ville, en moquerie profonde, je pense, de ses dérisoires attaches terrestres, avait hissé en guise de nef de sa cathédrale absente – haute de trente mètres et visible mieux que les clochers de Chartres à dix lieues à la ronde – la coque énorme entre ses tins du paquebot Normandie. Ville glissant de partout à la mer comme sa voguante cathédrale de tôles.

Les paysages de terroirs portés par la culture gastronomique et son marketing

Hier, le jardin du royaume…

Au temps des Rois de France, la Loire et ses terrasses fertiles, associées à la douceur du climat, étaient considérées comme le jardin du royaume (légumes, fruits, vins)

A différentes époques, la littérature évoque souvent ces produits du terroir, comme l’illustrent ces quelques citations :

Alexandre DUMAS utilise le vin d’Anjou dont raffole d’Artagnan, comme « cadeau empoisonné », sauvant les trois mousquetaires d’une mort certaine

Les Bouchots, sur trois cents kilomètres, limitent les champs marins dont les pieux noirs de moules ressemblent à marée basse, à des clôtures hérissées de tessons de bouteilles. Jean YOLE, La Vendée

Noirmoutier : île de terre et de mer – Pays de la fève, mais aussi de la sardine et des huitres. Car Noirmoutier est paysanne à l’Epine, à la Guérinière à Barbâtre. Elle est maritime à l’Herbaudière où l’on pêche déjà ‘La royan’ et sur les quais du port de la capitale, abandonné à ses vases Jean PRASTEAU – Iles d’Ouest

Au port de Piriac, « le bateau était amarré, les pêcheurs montaient les paniers de sardines, qui avaient des reflets d’argent au soleil, des bleus et des roses de saphir et de rubis pâles. […] et il y avait encore la salaison qui se faisait tout de suite, dans des caisses de bois percées de trous, pour laisser l’eau de la saumure s’égoutter. » Émile ZOLA – Les Coquillages de M. Chabre.

Aujourd’hui encore …

Aujourd’hui encore, la région est réputée pour ses cultures maraîchères et fruitières, les fromages, le vin bien sûr, le sel, les produits de la mer … une liste non exhaustive à la Prévert qui évoque les terroirs des Pays de la Loire derrière lesquels le marketing, la communication dans les médias jouent la carte des paysages préservés, de la ruralité positive et de fait renvoient forcément une représentation picturale des paysages :

La mâche, le muguet, les Petits Lus… de Nantes

Les Rillettes du Mans

Les Poulets de Loué ou de Challans

Le Petit Mayennais, le Port-Salut

Le sel de Guérande et de Noirmoutier

Les pommes de terre de Noirmoutier

Les maugettes de Vendée

Les fruits, sirops et liqueurs… d’Angers (Cointreau – Giffard)

Le vin d’Anjou, les coteaux du Layon, de l’Aubance et du Loir, le Jasnière, le Saumur, le muscadet nantais, les Fiefs Vendéens…

Sous l’œil de la caméra…

Un autre éclairage des représentations culturelles des paysages peut être apporté par le cinéma. Le peu de films recensés ne permet pas de tirer des conclusions indiscutables sur la représentation du paysage au cinéma. On retrouve cependant trois principaux paysages comme support de cet art :

Les paysages urbains

On note une focalisation sur les grandes villes ‘The Scapegoat’ de Robert Hamer (2012 adaptation d’un roman de Daphné du Maurier), au pied de la cathédrale, non loin du marché dominical du Mans, et notamment celles situées sur la Loire avec par exemple ‘La gueule du loup’ de Michel Leviant (1951), présentant la banlieue, les terrains vagues et les péniches de Nantes ou ‘Lola’ de Jacques Demy (1961), dans le port de Nantes et au passage Pommeraye, ’La Reine Blanche’ de Jean Loup HUBERT (1991) qui sublime le passage Pommeraye. Le cinéma en milieu urbain se focalise, tout particulièrement sur la ville de Nantes pour son atmosphère avec de nombreux films qui reprennent l’univers si particulier de cette "ville qui inspira Jules Verne et les surréalistes, [et qui] se verra représentée, exprimée, défigurée, transfigurée, idéalisée ou poétisée. » (303 – N°4, 1985, On tourne… en Pays de la Loire, Jacques Garreau).

Le littoral, une réalité touristique

Le cinéma contribue aussi à transmettre cette image touristique du littoral avec des films comme ‘Les vacances de M. Hulot’ de Jacques Tati (1953) à Saint-Marc-sur-Mer, centré autour de l’hôtel de la plage, ‘Du côté d’Orouet’ de Jacques Rozier (1983), dans le cadre de la Vendée touristique, ‘la Baule Les Pins’ de Diane KURYS (1990).

Ce qui attire le cinéma sur le littoral c’est son paysage, propice à la mythologie et point d’ancrage d’une image fantastique avec par exemple ‘Lancelot du Lac’ de Robert Bresson (1974) à Noirmoutier-en -l’île.

La campagne remarquable

« A mi-chemin entre les aventures de la ville et les drames ruraux, le cinéma saura également utiliser, dans notre région, l’espace clos des villes petites et moyennes où il peut à loisir observer les rites et les mœurs de micro-sociétés » (303 – N°4, 1985, On tourne… en Pays de la Loire, Jacques Garreau). Par ailleurs, il se focalise plus particulièrement sur les bourgs ruraux vendéens, ayant à cœur de les faire figurer comme cadre de récits, pour la plupart, historiques avec par exemple ‘La ferme du pendu’ de Jean Dréville (1945) dans le bocage vendéen.‘Les Petits Ruisseaux’ de Pascal RABATE (2010) met en scène les paysages de la vallée d’Authion et le village de Mazé.