Pour en savoir plus sur l’historique des représentations du paysage dans la peinture

publié le 11 avril 2016

Historique des représentations du paysage dans la peinture au fil des siècles

(Extrait de l’introduction du document pédagogique réalisé par les professeurs chargés de mission Arts plastiques, Histoire, Lettres – Le paysage au musée des Beaux-Arts de Nantes – dossier pédagogique Histoire des Arts)

Dans l’Antiquité

Dans l’Antiquité, les Grecs représentent la nature dans les peintures des vases attiques. Les Romains développent l’art du paysage dans les peintures murales des maisons, les mosaïques.

Au Moyen Age

Pendant le Moyen-âge, la peinture semble se recentrer sur le genre religieux, excluant presque complètement les autres sujets de représentation. Avant le XIXème siècle, on parle de cécité du Moyen-âge pour le paysage. La méfiance du christianisme à l’égard du monde sensible explique sans doute que les éléments naturels ne soient présents que dans un rôle symbolique, ou pour aider le croyant à mieux situer le lieu où se déroule une scène.

Au XIVème Siècle

Au XIVème siècle, LORENZETTI et GIOTTO sont parmi les premiers à introduire des paysages dans leurs peintures : respectivement les fresques du bon gouvernement, palais communal de Sienne 1338-39 (sujet laïque) ou les fresques de l’église supérieure de Saint François à Assise, 1295 (sujet religieux). Le développement de l’ordre des Franciscains favorise également un nouveau regard sur les choses et les êtres de la nature comme créations divines, et les peintres cherchent de plus en plus à représenter les paysages et donc l’espace.

Au XVème Siècle

C’est au XVème siècle, avec la maîtrise de la perspective, que le paysage devient presque synonyme de tableau : « le tableau est une fenêtre ouverte sur le monde » (ALBERTI dans son traité De pictura, 1435) La curiosité pour la nature et la topographie, l’intérêt pour les contrées lointaines lié aux grandes découvertes se lisent dans le paysage du XVIème siècle. Encore dépendants des sujets religieux, les paysages en Italie comme dans les Flandres deviennent de plus en plus variés. A Anvers, PATINIR, qui passe pour l’inventeur du paysage en tant que genre indépendant, compose des paysages dans lesquels les scènes religieuses minuscules semblent anecdotiques au vue de l’immense paysage savamment organisé qui les entoure.

Au XVIIème Siècle

Le XVIIème siècle est un moment capital dans l’histoire du paysage et des genres de façon générale. L’Académie créée en France en 1648 met au point la « hiérarchie des genres » qui fixe l’importance de chaque sujet à ses yeux. Le paysage se situe au bas de l’échelle, entre les scènes de genre et les natures mortes, et ne s’épanouit, par conséquent, que sur des tableaux de petite taille. Le paysage français connaît néanmoins un formidable développement et puise ses sources soit en Italie (POUSSIN, LE LORRAIN) ou bien dans les écoles du Nord (FOUQUIERES, RUBENS). En France comme en Italie, le paysage idéalisé a la préférence du public : la nature est soumise à un cadre rigoureux de lignes horizontales, verticales et diagonales, destinées à conduire l’œil de plans en plans jusqu’au fond du tableau. L’emploie des teintes brunes pour le premier plan, de vert pour le plan intermédiaire et de bleus pour l’arrière-plan devient systématique, hérité de la tradition flamande. Des montagnes, des cascades, des rivières, ainsi que des fabriques (ruines antiques) et quelques personnages souvent mythologiques habitent l’espace construit artificiellement.

Au XVIIIème siècle

Au XVIIIème siècle en Italie apparaît la veduta, paysage fidèle aux lieux, vue presque topographique, qui s’intéresse surtout aux villes et aux architectures et peu aux personnages ; C’est aussi l’époque qui voit naître la question du sublime qui se mêle étroitement au paysage. « Tout ce qui étonne l’âme (…) conduit au sublime » (DIDEROT 1767) : ainsi les peintres transforment-ils le paysage en lieu d’expression d’un sentiment intérieur, d’un état d’âme, annonçant par là même le mouvement romantique. Le paysage pittoresque, reflet d’une nature sereine, qui n’est pas conçue pour émouvoir, s’oppose alors au paysage sublime qui préfère la verticalité, les accidents et pose la question de l’Homme face aux forces de la nature. Il cultive dans le rendu de la magnificence des éléments naturels une délectation, une terreur délicieuse, principe même du sublime.

Le XIXème siècle

Le XIXème siècle bouleverse la notion de paysage. Le romantisme favorise l’épanouissement du paysage sublime et introduit dans la peinture et la littérature le goût pour une nature exotique, celle de l’Orient. Le Réalisme transgresse les règles académiques en s’attaquant à la hiérarchie des genres. Désormais, les codes autrefois réservés à la peinture d’Histoire sont utilisés pour des sujets moins nobles comme les scènes de genre et le paysage. Les peintres de l’École de Barbizon font un pas de plus vers le renouvellement du paysage : ils réalisent des peintures en plein air, sur le motif. Installés dans ce petit village à la lisière de la forêt de Fontainebleau, ils cherchent un refuge contre les contraintes de la vie bourgeoise et de la peinture officielle sous contrôle de l’Académie des Beaux-arts. L’impressionnisme amplifie l’importance dévolue à la nature et à la traduction des sensations éprouvées par l’artiste qui travaille en plein air. Plus que le paysage, les véritables sujets de leurs toiles sont les variations de lumière, les vibrations de couleur, qu’ils essaient de retranscrire telles qu’ils les ont perçues. Ils s’intéressent à l’eau, aux reflets, aux trains et leurs volutes de fumée. L’École de Pont Aven puis les Nabis mettent fin à tout ce naturalisme, rejettent la perspective et adoptent la peinture en aplat pour mieux revendiquer la planéité de la toile.

Au XXème Siècle

Au début du XXème siècle, le Fauvisme redéfinit l’utilisation des couleurs à travers le genre du paysage, puis le Cubisme en géométrise les formes. Petit à petit, la représentation du paysage s’éteint, laissant la place à un autre type de relation entre l’art et la nature. A la fin des années 60, l’Arte Povera en Italie puise dans la nature des matériaux d’une nouvelle forme de sculpture qui témoigne de la relation poétique que l’homme noue avec les éléments. Dans les années 70, pour les artistes du Land Art, c’est la nature même qui devient l’espace de l’œuvre. La relation de l’homme avec la nature reste encore un centre d’intérêt fréquent pour les artistes contemporains qui disposent d’une grande variété de matériaux, techniques et dispositifs pour l’exprimer.