Les unités paysagères concernées

publié le 24 avril 2014 (modifié le 5 janvier 2017)

Les paysages urbains régionaux présentent de fortes similitudes avec des compositions urbaines qui amènent des perceptions particulières retranscrites au travers de citations.

L’agglomération lavalloise

Organisée sur la vallée de la Mayenne, la ville de Laval est également profondément ancrée dans son territoire rural. Laval n’est pas une ville de confluence paysagère (comme peuvent l’être les autres agglomérations). Sa silhouette est marquée par les tours du château sur son promontoire rocheux. La ville, qui garde encore l’identité de son cœur patrimonial, s’est largement développée en rejoignant les quartiers résidentiels des bourgs voisins et ou en étendant ses zones d’activités (importants pôles agro-alimentaires) sur sa voie de contournement.

Prosper Mérimée décrit ainsi la ville en 1836 « Il semble lorsqu’on arrive à Laval par la route de Sablé qu’on entre dans une ville du Moyen Âge. Une rue immense la traverse dans sa plus grande longueur, bordée de maisons la plupart bâties en encorbellement. On dirait des pyramides posées sur leur pointe. »

L’agglomération mancelle

A la confluence de la Sarthe et l’Huisne, la ville du Mans est aussi à l’articulation de plusieurs unités paysagères contrastées (les champagnes ondulées sarthoises, les balcons de la Sarthe, Le Perche sarthois et l’Huisne, les clairières entre Sarthe et Loir). Sa silhouette urbaine est clairement marquée par la ville médiévale sur son promontoire rocheux au bord de la Sarthe, qui semble la faire « flotter comme un navire » sur les quartiers environnants. Cette dernière est d’ailleurs très perceptible depuis les points hauts à l’extérieur de la ville. Ainsi la cathédrale Saint Julien qui signale le Mans depuis l’autoroute A28. Son extension importante déploie aujourd’hui un vaste paysage urbain composite s’articulant sur un important carrefour autoroutier qui fait souvent du Mans un territoire de passage.

« On ignore habituellement que le Mans est une des villes d’art les plus captivantes de France. Les voyageurs pressés qui traversent la capitale du Maine n’en voient que les banales avenues des quartiers neufs. Certains vont jusqu’à la cathédrale dont le chevet magnifique se déploie comme un éventail ajouré au-dessus de la Place des Jacobins, mais ils ne s’aventurent guère dans le vieux Mans qui se dresse sur son éperon en bordure de la Sarthe. » Georges Pillement – Saccage de la France (date de parution janvier 1943).

L’agglomération angevine

Agglomération de confluence (entre la Sarthe, la Mayenne, le Loir, la Maine et la Loire), le paysage angevin est à la croisée de la Maine et du sillon ardoisier qui marque la silhouette urbaine par le château et les flèches de la cathédrale. Elle est aussi à l’articulation de nombreux paysages très contrastés : le Baugeois, le Saumurois, le val d’Anjou, les coteaux du Layon et de l’Aubance, les marches entre Anjou et Bretagne, les contreforts ligériens vers l’Erdre et le Segréen. Ville construite autour de l’eau et contrainte par l’eau, l’agglomération s’étire aujourd’hui sur les plateaux à l’ouest et à l’est à l’appui des grands axes ainsi qu’au sud avec la contrainte des zones viticoles.

« Angers, c’est pour nous (les Angevins) ce qu’est Paris pour la France : la tête, le cœur, le carrefour des souvenirs, de routes, de rivières, rassemblant fortement pays de souches, pays de fleurs et pays de ceps, 36 cantons faits de glaise, d’alluvion ou de caillasse. C’est avec son château, ses tapisseries, sa cathédrale d’un style bien à nous (le Plantagenêt), une ville extrêmement typée, vouée au blanc tuf et au bleu ardoise (comme au blanc chouan et au bleu républicain), cerclée de boulevards bourgeoisement gagnés sur des remparts. Il n’y a guère de ville où l’on éprouve une familiarité plus puissante avec le passé. Mais attention ! C’est un passé bien dépassé… Angers n’entend plus se servir de la clé de ses armes pour se fermer mais pour s’ouvrir à la modernité. Toujours centré sur la place bien nommée « du Ralliement » il y comprend le ralliement au siècle et laisse de toutes parts, dans un bel élan industriel, dans une nouvelle prospérité, éclater ses « Z.I. » et ses faubourgs ». Hervé Bazin - Introduction au livre de Jean Marc Mauret Angers, ville d’art et de progrès (date de parution 1980).

L’agglomération nantaise

A la confluence de la Loire, la Sèvre Nantaise et l’Erdre, Nantes en ville portuaire marque au fond de l’estuaire ligérien la confluence fluviomaritime. Comme les agglomérations mancelles et angevine elle est à l’articulation de nombreuses unités paysagères sur lesquelles elle imprime une pression urbaine parfois très forte : le plateau viticole de Sèvre et Maine, le bassin de Grand-Lieu, la Loire estuarienne, la Loire des promontoires, le bocage du sillon de Bretagne, les contreforts ligériens vers l’Erdre et le Segréen. Sa silhouette identitaire est certes marquée par les éléments patrimoniaux comme le château et la cathédrale mais aussi par un patrimoine plus contemporain comme les tours de Bretagne et du Sillon de Bretagne ou industriel comme les grues de l’île de Nantes, Beghin-Say. Si la confluence fluviomaritime a été à l’origine de l’essor historique de Nantes, l’agglomération se dessine sur une trame viaire importante (qui a souvent pris la place des canaux et bras de Loire) et des bouclages routiers successifs dont le plus imposant, le périphérique, dessine son propre paysage de merlons boisés, d’échangeurs et d’importantes zones d’activités.

« D’où vient cette vapeur d’eau éparse dans l’air et flottant sur la ville ? Sans doute du voisinage de la mer et du lac, et surtout des multiples bras de la Loire qui, divisés à l’infini pour étreindre Nantes, étalent à ses pieds, dans la large vallée, leur immense étendue d’eau. C’est là évidemment la cause de cette buée qui fait de Nantes la cité de brumes et de pluies, la ville grise que j’ai vue. Sentir et goûter le charme de toutes ces teintes pâlies et effacées est une joie véritable. » Paul Grandjouan – Nantes la grise (extrait des plus belles pages de la littérature en Pays de Loire édité par la Région en 1999)

L’agglomération yonnaise

L’agglomération yonnaise présente des paysages urbains d’une échelle moins importante par rapport aux autres paysages urbains régionaux. Ville nouvelle créée par Napoléon en 1804 pour pacifier et moderniser la Vendée, elle se singularise par sa composition spécifique et son patrimoine récent. Avec sa grande place centrale, son plan en damier, ses larges rues rectilignes, ses boulevards en forme de pentagone délimitant l’espace urbain, cette ville nouvelle apparaît alors comme un symbole de modernité.

Positionnée sur l’Yon, rivière d’une échelle moindre que pour les autres agglomérations de la région, cette rivière n’en reste pas moins perceptible et structurante dans la constitution de la ville par la création d’un axe vert serpentant au cœur de la ville. A l’instar de Laval, cette agglomération s’inscrit plus particulièrement dans une unité paysagère : les bocages vendéens et maugeois.

« J’ai répandu l’or à pleines mains pour édifier des palais, vous avez construit une ville de boue » Napoléon (réaction devant l’expérimentation des premiers bâtiments en pisé dans « sa » ville – 1804).


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