Les sous-unités paysagères du Marais poitevin

publié le 7 décembre 2015 (modifié le 30 décembre 2016)
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Carte de l’unité paysagère



Dans le Marais poitevin, l’articulation du marais mouillé et du marais desséché ainsi que la présence de marais intermédiaires permet de distinguer différentes sous-unités paysagères. Par ailleurs la remontée des ambiances du marais dans le large fond de vallée de l’embouchure du Lay singularise le secteur ouest du Marais poitevin tout comme l’imbrication assez complexe des lambeaux de plaine calcaire et des marais mouillés sur le territoire de Maillezais. Ces variations structurelles du paysage du Marais poitevin permettent de distinguer cinq sous-unités paysagères :

  • Le marais littoral de la baie de l’Aiguillon
  • Les marais des méandres du Lay
  • Les marais et les îles calcaires de la Vendée
  • Le marais mouillé de Luçon
  • Les marais et la plaine de Maillezais

Le marais littoral de la baie de l’Aiguillon

Un paysage ouvert de grandes cultures, ponctué d'exploitations agricoles (Champagné-les-Marais) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un paysage ouvert de grandes cultures, ponctué d’exploitations agricoles (Champagné-les-Marais)



Cet espace correspond historiquement aux dernières zones poldérisées du Marais poitevin. Ce paysage rétro-littoral horizontal ouvert est quasi totalement cultivé et très peu bâti. Quelques fermes aux extensions récentes importantes s’alignent le long des principales levées et canaux. Seule l’île de la Dive et son ancien front de taille calcaire présente un hameau constitué.
L’espace poldérisé présente une structuration géométrique et rationnalisée du parcellaire (trame de champs rectangulaires de 3 à 4 ha initialement et jusqu’à 20 ha aujourd’hui s’organisant de manière concentrique autour de la Baie).
La succession de digues concentriques organise l’espace autour de la Baie et se termine sur le paysage singulier des prés salés naturels (mizottière et mizottes) en fond de Baie. Entre ces prairies salines redessinées par la fauche estivale, les chenaux au tracé arborescent segmentent l’espace et traversent les vasières pour converger sur l’embouchure de la Sèvre Niortaise. Le paysage est ici marqué par le ballet des nombreux oiseaux migrateurs qui viennent se reposer et se nourrir dans cette réserve naturelle remarquable.

Ecluse du port de l'Epine régulant l'eau entre le marais desséché et les mizottes du fond de Baie de l'Aiguillon (Puyravault) en grand format (nouvelle fenêtre)
Ecluse du port de l’Epine régulant l’eau entre le marais desséché et les mizottes du fond de Baie de l’Aiguillon (Puyravault)

Les marais des méandres du Lay

Pâtures du bocage palustre du fond de vallée du Lay (La Bretonnière-la-Claye) en grand format (nouvelle fenêtre)
Pâtures du bocage palustre du fond de vallée du Lay (La Bretonnière-la-Claye)



Occupant la frange ouest du Marais poitevin, le paysage des marais du Lay est complexe parce qu’il rassemble des espaces de marais intermédiaires : ces marais sont en fait équipés de structures d’assèchement (digues, pompes, etc.), qui les rapprochent des marais desséchés. Cependant ils ne bénéficient pas de sols leurs permettant un bon ressuyage, ou bien qui conservent une relation amont avec des émissaires, ce qui peut provoquer des crues occasionnelles. Ces marais hybrident les ambiances du marais desséché et des marais mouillés. Structurellement, le paysage de marais mouillé s’organise dans le val du Lay jusqu’à Moricq. Ces marais alternent à la fois des zones de grandes cultures et des séries de mottes et de terrées. Ce paysage est également marqué par la relation aux coteaux doux bocagers et cultivés qui cadrent la vallée du Lay. Ainsi le large cordon marécageux s’étire dans le fond de la vallée du Lay et, nombreux sont les points de vue qui permettent de dominer et visualiser la structure rationalisée du marais. Vus depuis le marais, les petites collines et les coteaux du Lay rapprochent l’horizon et ajoutent aux ambiances intimistes du bocage. Du fait de l’inondabilité du marais, le bâti s’implante quasi exclusivement sur les versants bocagers ou en frange du marais.

Paysage ouvert des communaux pâturés depuis les coteaux du Lairoux en grand format (nouvelle fenêtre)
Paysage ouvert des communaux pâturés depuis les coteaux du Lairoux

Les marais et les îles calcaires de la Vendée

Vue aérienne sur le chapelet d'îles dans le marais (Champagné-les-Marais – source : CAUE 85) en grand format (nouvelle fenêtre)
Vue aérienne sur le chapelet d’îles dans le marais (Champagné-les-Marais – source : CAUE 85)



Ce paysage présente une configuration typique du marais intermédiaire. S’étirant sur la rive droite de la Vendée, ces marais sont susceptibles de recevoir des crues hivernales mais fonctionnent en assèchement à l’aide d’équipements hydrauliques : ils combinent à la fois le paysage ouvert des grandes cultures dans un parcellaire géométrique relativement dense (parcelles plus ou moins carrées de 2,5 ha en moyenne), des prairies régulières et des secteurs de mottes et terrées qui referment ponctuellement l’espace notamment à l’accroche des îles calcaires.

C’est véritablement sur cette sous-unité que l’on retrouve l’archipel d’îles calcaires urbanisées. Suivant une direction quasi est/ouest, les îles oblongues se succèdent et créent des reliefs très lisibles dans le paysage horizontal du marais. C’est le plus souvent la frange sud qui est le plus densément urbanisée (exposition favorable au soleil). La partie haute de l’île est souvent libérée par des champs et des pâtures de refuge hivernal pour les animaux. Les voies d’eau enchâssent l’île et développent un véritable réseau permettant d’investir le marais périphérique. Les voies terrestres relient ces îles et semblent tracer un chemin de cabotage dans cet archipel.

On notera par ailleurs la présence viticole ponctuelle (et son patrimoine spécifique de parcs et châteaux) sur les collines qui bordent la vallée de la Vendée. Elles offrent des promontoires remarquables qui permettent de lire toute la subtilité des paysages du Marais poitevin (de nombreux belvédères y sont aménagés). Les ambiances de ce marais remontent dans le large fond de vallée de la Vendée.

Paysage ouest structuré des canaux et des parcelles de cultures ou de grandes pâtures (Champagné-les-Marais) en grand format (nouvelle fenêtre)
Paysage ouest structuré des canaux et des parcelles de cultures ou de grandes pâtures (Champagné-les-Marais)

Le marais mouillé de Luçon

Structure fermée dense similaire du bâti et du marais mouillé à Nalliers en grand format (nouvelle fenêtre)
Structure fermée dense similaire du bâti et du marais mouillé à Nalliers



Cette frange nord du Marais poitevin correspond véritablement au paysage fermé du marais mouillé. Ce réseau très dense de canaux ourlés de haies bocagères cadre de nombreuses terrées, des prairies humides et des mottes maraîchères. Le parcellaire est beaucoup plus dense (les parcelles dépassent rarement un hectare) dans ce secteur et le dessin des canaux devient plus organique suivant les méandres d’un cours d’eau ou la courbe du coteau. Les frênes têtards rythment ce paysage fermé dans un camaïeu de verts. Il y a un véritable contraste d’échelle, de textures, de lumières, de couleurs et de sons entre ce paysage et ceux des plaines cultivées qui l’encadrent.

Les bourgs sont ici implantés en charnière avec la plaine de Luçon et reliés à la Baie de l’Aiguillon par le canal de Luçon. Il y a une vraie relation fonctionnelle mais aussi structurelle entre le marais mouillé et les trames urbaines des villages alentours. Les rues se terminent sur des cales ou sont longées de quais. Les franges urbaines sont ceinturées de jardins drainés par des conches qui desservent l’ensemble du marais mouillé. Il y a parfois même une quasi-correspondance d’échelle et d’organisation entre les îlots urbains et les mottes du marais.

Canal dans le marais mouillé de Nalliers en grand format (nouvelle fenêtre)
Canal dans le marais mouillé de Nalliers

Les marais et la plaine de Maillezais

Paysage intimiste du bocage palustre de la Venise Verte (source : PNR Marais poitevin) en grand format (nouvelle fenêtre)
Paysage intimiste du bocage palustre de la Venise Verte (source : PNR Marais poitevin)



Ce paysage se caractérise par une alternance entre des marais mouillés fermés très densément irrigués et des lambeaux de plaine cultivée. Cette imbrication de micro-paysages de plaines et de marais se traduit par des perceptions très dynamiques et contrastées entre vues ouvertes sur les grandes cultures cadrées par les franges boisées du marais et ambiances intimistes du marais mouillé.

Les marais mouillés sont structurés de manière très régulière autour des canaux et des cours rectifiés de la Jeune et la Vieille Autise. Les bourgs présentent tous une implantation avec une façade de quais ou un prolongement des rues en cales sur ces voies d’eau qui desservent ces marais septentrionaux de la Venise Verte. Cette sous-unité paysagère présente ainsi une véritable richesse patrimoniale tant sur le plan des espaces agro-naturels que du bâti. Elle est par ailleurs marquée par l’abbaye de Maillezais : la monumentalité et la qualité de ses vestiges bâtis lui confèrent un statut de repère sur le paysage du marais mouillé de l’Autise. Véritable pôle touristique attractif le site, de l’abbaye de Maillezais s’inscrit dans le réseau des abbayes du sud Vendée et les villages du secteur font partie des portes d’entrée de la Venise Verte valorisant un tourisme culturel et de proximité.

Port réaménagé de Courdault (Bouillé-Courdault- source : PNR Marais poitevin) en grand format (nouvelle fenêtre)
Port réaménagé de Courdault (Bouillé-Courdault- source : PNR Marais poitevin)



L’ensemble des actions est coordonnée par les conseils départementaux, le Parc Naturel Régional et l’IIBSN (Institution Interdépartementale du Bassin de la Sèvre Niortaise ). De plus, sur ce secteur en partie recouvert par le site classé, l’État est fortement impliqué dans la réalisation de projets d’aménagement.