Les sous-unités paysagères des vallées du pays de Laval
Cette unité paysagère qui se caractérise par un paysage de bocage marqué par une succession de vallées et sous influence de l’agglomération lavalloise, trouve des variations dans :
- La densité, la maille et la composition bocagère
- L’effet induit de la pression urbaine
- La force paysagère des vallées
- La densité de bois et d’étangs
L’ensemble de ces critères permet de distinguer 4 sous-unités paysagères. Les deux premières sous-unités expriment vraiment toutes les caractéristiques et ambiances de l’unité. Elles se différencient principalement par des modulations dans la densité, la maille et la composition bocagère et l’effet induit de la pression urbaine. Les deux autres sous-unités révèlent quant à elles deux spécificités de l’unité :
- Les plateaux bocagers de la Jouanne et du Vicoin
- Le bocage du val d’Ernée et de Vilaine
- La vallée de la Mayenne
- Les bois et étangs de Port Brillet
Les plateaux bocagers de la Jouanne et du Vicoin
Les plateaux bocagers de la Jouanne et du Vicoin proposent un paysage semi ouvert marqué par de nombreuses vallées affluentes de la Mayenne : le Vicoin et l’Oudon au sud, et la Jouanne et l’Ouette à l’est. Ces vallées modèlent le plateau et induisent de nombreuses ondulations douces et amples soulignées par les lignes bocagères. Leur fond plat offre un dégagement sur les bourgs. Le cœur historique est généralement implanté à mi-pente et les extensions importantes, sous influence de l’agglomération lavalloise, se développent sur le coteau voire le rebord de plateau au cœur de lignes bocagères souvent préservées. Le cœur prairial des vallées accueille les rivières au cours sinueux souligné par une ripisylve fournie et est souvent animée d’un plan d’eau, de sentiers de promenade, de points de pêche, d’un hippodrome… soulignant leur vocation souvent récréative pour une population active lavalloise habitant à la campagne. Au sud-ouest de l’agglomération lavalloise, la limite est marquée par des boisements : forêt de Concise et Bois de l’Huisserie.
Le plateau bocager affirme une dominance de grandes cultures dans une maille bocagère ouverte et distendue, même s’il reste encore quelques prairies en cohérence avec le système de polyculture-élevage qui reste privilégié. Les lignes bocagères sont plus denses aux abords des vallons puis s’estompent sur les hauts de plateau réservés aux grandes cultures. En frange est dans la zone de transition avec l’unité paysagère du Bas-Maine, quelques bâtiments d’élevage de volailles ponctuent la campagne et la qualité des haies est parfois un peu dégradée, seule la trame arborée subsiste.
L’impact des infrastructures est marquant, avec la juxtaposition des voies rapides, autoroute, travaux de la LGV… Ces derniers marquent fortement les paysages en modifiant le relief (jeux de déblais remblais, talus et merlons), créant de nouveaux ouvrages et induisant la perspective de nouveaux projets majeurs comme le parc multimodal Laval – Mayenne (cf. chapitre sur les dynamiques paysagères).
Le bocage du val d’Ernée et de Vilaine
Le bocage du val d’Ernée et de Vilaine s’appuie sur un important réseau de vallées marquées au bocage dense très préservé donnant une impression de paysage bocager collinaire. La palette végétale se diversifie et laisse une place importante au châtaigner que l’on retrouve dans les haies en arbre de grand développement mais aussi en cépées sur talus. Quelques bâtiments, malheureusement rares, portent encore leur toiture en bardeaux de châtaigner.
Les ondulations bocagères affirment, en cohérence avec le système de polyculture-élevage qui reste privilégié, une dominance de prairies, même si quelques cultures animent le parcellaire. Depuis les points hauts, l’horizon butte presque systématiquement sur un bois ou une forêt, renforçant l’impression de couvert végétal dense. Quelques parcelles d’arboriculture fruitière ponctuent le paysage et le marquent de leur ordonnancement. Elles restent relativement anecdotiques.
Les bourgs sont étagés sur les coteaux, exposés au sud, avec leurs églises en promontoire qui constituent des points d’appel et induisent des covisibilités de clocher à clocher. Les bourgs de la vallée de l’Ernée, tissent une relation étroite avec la rivière (espace récréatif, architecture et petit patrimoine lié à l’eau…). La pression de l’agglomération lavalloise s’atténue vers le nord-est.
La vallée de la Mayenne
Dans la traversée de l’unité des vallées du pays de Laval, la Mayenne serpente dans une vallée resserrée cadrée par des coteaux marqués et bien lisibles, souvent boisés. Ces coteaux sont animés et ponctués d’un important patrimoine de châteaux ; de maisons de villégiature d’autant plus nombreuses à l’approche de Laval. Ils accueillent le bourg étagé de Saint-Jean-sur-Mayenne implanté sur l’éperon de confluence entre Mayenne et Ernée et en promontoire sur les deux vallées. La sous-unité intègre les derniers méandres de l’Ernée avant la confluence, la configuration des vallées étant identique.
Le fond de vallée est plan et horizontal proposant un dégagement visuel et des perméabilités de coteaux à coteaux. Il est investi de prairies bocagères, champ d’expansion des crues quand cela est nécessaire. Navigable, la Mayenne revêt par ailleurs, un caractère « industriel » passé qui se traduit par un important patrimoine de moulins, comme au niveau de l’Abbaye du Port-du-Salut, écluses, chaussées et barrages (pour la navigation et la production d’électricité). Difficilement franchissable, un chemin de halage continu permet en revanche de suivre son cours et conforte sa vocation aujourd’hui récréative.
Pour en savoir plus sur La Mayenne
Les bois et étangs de Port-Brillet
La sous-unité des bois et étangs de Port Brillet est une entité paysagère vraiment particulière dans l’unité. Elle s’appuie sur des collines boisées cadrant la haute vallée de l’Oudon qui ferment le paysage. Elle associe des paysages très préservés comme le site classé de la Vallée des étangs (Launay-Villiers - Le Bourgneuf-la-Forêt) à des paysages à la fois structurés et destructurés par les activités d’extraction, de forges et de fonderies (village usine de Port-Brillet - terrils - plans d’eau…) et de carrières (Saint-Pierre-la-Cour). Ces paysages sont déstructurés dans le sens où les activités ont métamorphosé le relief, supprimé des bois, développé des infrastructures, fait évoluer l’échelle intime du paysage fermé en paysage ouvert d’échelle monumentale.
Mais ces activités ont aussi contribué à la structuration des bourgs, la création d’un urbanisme de cité ouvrière. Le plan d’eau (de Port-Brillet), associé au site industriel, a conduit à la mise en scène du bourg. Longtemps, l’activité économique de Port-Brillet s’est identifiée à la Fonderie Chappée. L’architecture, l’urbanisme d’aujourd’hui en garde les marques. L’évolution industrielle du site des forges et sa fermeture aujourd’hui donne à la commune une nouvelle identité et tout un projet de reconversion à envisager (cf. paragraphes sur les dynamiques paysagères).
Le site classé de la vallée des étangs de Launay-Villiers (La Vallée des étangs de Launay-Villiers – Richesse de la Mayenne. Brochure réalisée dans le cadre du classement du site, 1991) :
Le site est constitué d’une vallée faiblement encaissée, occupée par 3 étangs, bordée de bois et de prairies, flanquée de vieilles tours et d’un château plus moderne mais reflet fidèle d’une époque. L’ensemble constitue un patrimoine naturel de qualité, typique d’un aspect du bocage mayennais. L’histoire de ces lieux, dont une partie, liée à la Chouannerie, a une dimension régionale, est inscrite dans le paysage et contribue à son unité. (Philippe de VAUJAS-LANGAN – Maire de LAUNAY-VILLIERS à l’époque du classement).
L’eau, courant au milieu d’un bocage traditionnel, ouvre le site sur une lumière nouvelle tandis que sa présence modifie sur ses lisières la composition végétale facilitant la croissance des aulnes, trembles, frênes, noisetiers, peupliers « de rapport » que l’homme établit en rideaux mouvants et bruissants. (Source : Jean-Pierre PRIME paysagiste)
Trois étangs se succèdent :
- Étang du haut : peut-être défensif à l’origine, traité comme un élément constitutif du parc, rives traitées de façon variée (murets, enrochements discrets, rive herbue ou boisée, fouillis de végétation naturelle
- Étang du milieu : avant parc établi à l’échelle de la vallée dont l’aménagement a été pensé pour servir de cadre au château, rives boisées malgré les affleurements de la roche, lieu de promenade agréable
- Étang du bas : aux rives plates au cœur de la vallée ouverte, un milieu naturel qualitatif