Les sous-unités paysagères des contreforts ligériens vers l’Erdre et le segréen

publié le 18 décembre 2015 (modifié le 29 décembre 2016)
Carte de l'unité paysagère des contreforts ligériens vers l'Erdre et le Segréen en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte de l’unité paysagère des contreforts ligériens vers l’Erdre et le Segréen



La différenciation des sous-unités paysagères est liée d’une part à la pression urbaine des agglomérations nantaise et angevine qui ont induit, à l’ouest et à l’est, une diffusion urbaine importante. Par ailleurs la vallée de l’Erdre présente dans cette unité deux structures paysagères qui se distinguent des paysages du plateau : Le val d’Erdre aval avec ses grands marais et ses coteaux mis en scène par des parcs et châteaux et le Val d’Erdre amont qui développe un vaste couloir paysager infléchissant le plateau. A l’est, la persistance d’une trame bocagère encore relativement dense et la présence des coulées viticoles dominant la Loire se distinguent sensiblement dans l’identité du plateau.
Les contreforts ligériens vers l’Erdre et le Segréen présentent donc 5 sous-unités paysagères :

  • Les marches du pays d’Ancenis
  • Les marches nantaises
  • Les marches du Segréen
  • Les marais de l’Erdre
  • Le haut val d’Erdre

Les marches du pays d’Ancenis

Cette sous-unité paysagère est certainement celle qui exprime le plus, l’ensemble des caractères identitaires de l’unité. Elle correspond à l’unité géologique du bassin d’Ancenis qui se traduit dans le paysage par un plateau quasi plan légèrement incliné vers le val de Loire. Ce plateau agricole semi-ouvert dégage ainsi, de larges panoramas dont l’horizon lointain, dessiné par de petites masses boisées desquelles émergent quelques silhouettes de bourgs, les silos agricoles ou les parcs éoliens.

Un plateau cultivé semi ouvert ponctué de boisement et marqué par les éoliennes (Pannecé) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un plateau cultivé semi ouvert ponctué de boisement et marqué par les éoliennes (Pannecé)



Le bâti rural traditionnel, souvent modeste, implanté sur les versants sud suivant les courbes de niveau et ses teintes ne se distingue pas forcément dans le paysage. Ce n’est pas le cas des extensions récentes ou des hangars agricoles qui se démarquent plus fortement par leur volume, leur implantation et parfois leur couleur.

Un bâti rural aux teintes discrètes (Riaillé) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un bâti rural aux teintes discrètes (Riaillé)



Les anciens moulins, souvent à l’état de ruine ou réhabilités en logement se démarquent quant à eux dans le paysage par leur positionnement sur les crêtes et par leur allure singulière qui les distingue sur l’horizon.

Ancien moulin restauré en repère sur une crête (Maumusson) en grand format (nouvelle fenêtre)
Ancien moulin restauré en repère sur une crête (Maumusson)



Les bourgs s’implantent sur le plateau à la croisée de voies d’axes routiers ou plus souvent sur des promontoires, soit à l’accroche des vallons, soit comme à Saint-Herblon sur des collines. Depuis l’extérieur, ils constituent des signaux forts dans le paysage. Depuis le cœur de bourg ils offrent souvent au détour de leurs rues, des vues plongeantes sur les vallons ou des perspectives sur le grand paysage.

Exemple d'implantation d'un bourg perché (Teillé) en grand format (nouvelle fenêtre)
Exemple d’implantation d’un bourg perché (Teillé)

Perception du paysage rural depuis l'intérieur d'un bourg perché (Riaillé) en grand format (nouvelle fenêtre)
Perception du paysage rural depuis l’intérieur d’un bourg perché (Riaillé)



L’agglomération d’Ancenis, si elle s’implante dans le val de Loire, étire tout son développement urbain sur cette sous-unité paysagère. Ainsi, en franchissant les anciennes zones humides (aujourd’hui parcs urbains le long de la voie ferrée), la trame urbaine s’est étirée en étoile en se structurant le long des axes routiers du coteau. Les développements importants des zones d’activités de la frange ouest et nord sont particulièrement lisibles dans le paysage notamment, depuis l’autoroute et les marais de Grée.

Vue sur la frange urbaine est d'Ancenis depuis la zone d'observation des marais de Grée (Saint-Herblon) en grand format (nouvelle fenêtre)
Vue sur la frange urbaine est d’Ancenis depuis la zone d’observation des marais de Grée (Saint-Herblon)



Véritable enclave ligérienne dans cette sous-unité paysagère, les marais de la Grée composent un paysage remarquable qui se distingue par sa particularité majeure : la lisibilité de l’eau sous toutes ses formes : par l’horizontalité du relief, l’inondabilité du site qui compose temporairement d’impressionnants paysages lacustres, la palette végétale spécifique de saules, frênes têtards et roseaux, l’absence de trame viaire mais une structuration de l’espace par un réseau de canaux et de fossés, l’occupation du sol quasi-exclusivement par des prairies de pâture et la réserve naturelle ornithologique qu’elle constitue.

Véritable frontière physique dans le fonctionnement du territoire de cette sous-unité, l’autoroute marque le paysage par ses jeux de déblai remblai et son large gabarit routier. Elle est signalée par la ligne électrique qui jalonne son parcours. Elle constitue également, un vecteur de découverte intéressant de cette unité par les vues en promontoire et les fenêtres ouvertes laissées sur le paysage.

L'A11 : un paysage autoroutier monumental (Varades) en grand format (nouvelle fenêtre)
L’A11 : un paysage autoroutier monumental (Varades)



La frange sud de la sous-unité est marquée par les coteaux de la Loire qui présentent sur leur revers, des lambeaux du vignoble identitaire du sud de la Loire. Ces caractères viticoles se retrouvent jusque dans l’architecture qui présente les matériaux (toits de tuile) et la volumétrie caractéristique des paysages du vignoble nantais. Ces contreforts viticoles, hérités de vignobles anciens plus vastes, rappellent des caractères paysagers progressivement gommés par les évolutions structurelles de ce territoire. Les lignes végétales, dessinées par les treilles, soulignent les subtilités de la topographie.

Des lambeaux d'identité viticole au nord de la Loire (Mésanger) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des lambeaux d’identité viticole au nord de la Loire (Mésanger)

Les marches nantaises

Cette sous-unité paysagère présente le relief le plus marqué et le plus lisible de l’unité, ce qui se traduit par un véritable contraste d’ambiances paysagères entre le plateau semi ouvert et les vallons encaissés. Orientés nord sud, les vallées des ruisseaux de Gobert, du Havre, du Cerny, du Refou, le val Manteau, le Vau, découpent le contrefort du coteau de la Loire de manière profonde. Cet effet de relief est dû à la particularité géologique de ce secteur où l’on retrouve les roches plus dures du bord du synclinal d’Ancenis. Même le val de Loire perd de sa largeur. Les effets du relief sont amplifiés
par la végétation boisée qui occupe les pentes des coteaux.

Vue sur les coteaux bocagers boisés de la vallée du ruisseau de la Chalandière (Mauves-sur-Loire) en grand format (nouvelle fenêtre)
Vue sur les coteaux bocagers boisés de la vallée du ruisseau de la Chalandière (Mauves-sur-Loire)



Ces vallons, parfois inaccessibles, recèlent de véritables micro-paysages singuliers qui les distinguent :

  • le val de Gobert se caractérise par un fond de vallée plat où le réseau de fossés dessine une mosaïque de prairies inondables
  • les petits vallons entre Mauves sur Loire et le Cellier sont en général festonnés de châteaux et parc ou de demeures bourgeoises
  • Le val de Refou cache sa retenue d’eau et sa fontaine bleue sous sa ripisylve
  • Le val du Havre plus large joue à casser ses perspectives au gré de ses méandres

Ces ondulations fortes du relief que génèrent ces vallons sur l’unité est particulièrement lisible depuis la nationale ou l’autoroute. Ils composent les marches naturelles qui amènent à l’agglomération nantaise.

Les bourgs sur cette unité se sont directement implantés en s’étageant sur les pentes des vallons, soit à l’articulation avec le val de Loire, soit un peu plus en profondeur. Leur structure urbaine met souvent en lecture les vues dominantes sur le paysage du vallon. La structure de ces bourgs a nettement évolué avec la montée en puissance des axes routiers, tels que la nationale ou l’autoroute qui ont induit une large diffusion urbaine. L’étalement pavillonnaire et le développement des zones d’activités se sont d’abord fait sur le plateau dans la continuité du bourg pour rejoindre ces axes. Ils commencent aujourd’hui à atteindre les horizons des vallons, ce qui change radicalement la perception de leur paysage.

Exemple d'implantation des bourgs et des diffusions urbaines sur la vallée du Havre fermée par des boisements (Oudon) en grand format (nouvelle fenêtre)
Exemple d’implantation des bourgs et des diffusions urbaines sur la vallée du Havre fermée par des boisements (Oudon)



Sur le plateau, le paysage est plus refermé que dans le reste de l’unité ; la pression urbaine a induit un morcellement des terres agricoles lisible par les zones de friches et l’apparition dans le paysage des essences horticoles banalement utilisées dans les jardins (conifères, arbustes fleuris). Cette sous-unité présente donc des paysages aux vues plus courtes, arrêtées par les horizons boisés ou urbains proches. Dans cet ensemble, les seuls éléments encore aujourd’hui nettement lisibles sont les grands arbres des parcs des nombreux châteaux. Terminant en général une longue perspective dessinée par un double, voire un quadruple alignement d’arbres, ils posent leur façade blanche en belvédère sur les vallons.

Paysage de diffusion urbaine et château de Ville Jégu à Couffé en grand format (nouvelle fenêtre)
Paysage de diffusion urbaine et château de Ville Jégu à Couffé



La proximité des infrastructures majeures (la nationale, l’autoroute) crée des effets de rupture physique et visuelle importants. S’il est relativement aisé d’aller d’est en ouest c’est beaucoup plus difficile d’aller du nord au sud. Cette structuration du territoire par les voies contrarie littéralement le sens de composition et de lecture du paysage qui s’appuie sur les vallons remontants. Il en ressort une certaine confusion lorsque l’on quitte les grands axes. Ceux-ci se distinguent d’ailleurs dans le paysage par leur vocabulaire propre, leurs aménagements linéaires (alignements de platanes, glissières) et leur cortège de panneaux ou publicités.

Les marches du Ségréen

Entre les reliefs marqués et orientés du Segréen et la vallée très nettement soulignée du sillon ligérien, le secteur de Saint-Sigismond - Saint Georges-sur-Loire - Saint-Jean-de-Linières s’apparente à un plateau étroit investi par une végétation dense : boisements de feuillus, haies bocagères encore très structurantes. Ce plateau est entrecoupé de vallées étroites et encaissées perpendiculaires à la Loire, qui engendrent un agréable moutonnement.

Ainsi, le paysage se caractérise par des jeux de plans végétaux successifs, des vues courtes avec peu de profondeur, une échelle assez intime, peu d’éléments de repères majeurs mais quelques points d’appel ponctuels (clochers des bourgs notamment). On note notamment une très faible perception de l’habitat rural, parfaitement intégré voire ‘caché’ au cœur du bocage.

Un plateau ondulé structuré par une trame bocagère très présente et des crêtes boisées d'où émergent les clochers (Saint-Léger-des-Bois vu depuis Saint-Martin-du-Fouilloux) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un plateau ondulé structuré par une trame bocagère très présente et des crêtes boisées d’où émergent les clochers (Saint-Léger-des-Bois vu depuis Saint-Martin-du-Fouilloux)



Créant une animation au cœur de ce paysage fermé aux ambiances très homogènes, les châteaux et manoirs ponctuent le paysage. Ils sont repérables grâce à la végétation particulière et architecturée de leurs parcs et découverts de façon tardive au détour d’une petite route et mis en scène par un cadre végétal (perspective végétale notamment).
Quelques exemples : Château de Serrant - Château de Chevigné, celui de Chauvrière ou de la Berraudière …

Un riche patrimoine qui se dévoile au détour des haies dans l'écrin boisé d'un parc : site classé du château de Serrant (Saint-Georges-sur-Loire) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un riche patrimoine qui se dévoile au détour des haies dans l’écrin boisé d’un parc : site classé du château de Serrant (Saint-Georges-sur-Loire)



Les villages sont relativement peu nombreux (par exemple : Saint-Sigismond - Saint-Georges-sur-Loire - Saint-Martin-du-Fouilloux - Saint-Jean-de-Linières …) et souvent intégrés au cœur d’une végétation bocagère dense. Leur structure de village de plateau rend leur silhouette assez discrète et peu exposée aux vues. Le clocher jouant parfois le rôle de point d’appel. Les bourgs de Savennières, Saint-Germain-des-Prés, Champtocé-sur-Loire marquent par leur étagement et leur développement pavillonnaire sur le plateau la charnière entre la sous-unité et le val de Loire.

Des bourgs intégrés dans la végétation qui constituent des repères sur le plateau et sur le val de Loire (Épiré) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des bourgs intégrés dans la végétation qui constituent des repères sur le plateau et sur le val de Loire (Épiré)



La route nationale n° 23 est l’héritière directe de l’ancienne « Route Royale principale » de Paris à Nantes. Son existence et son trafic important ont généré à ses abords un nouveau paysage : extension des villages, mitage le long de la voie, développement de structures d’accueil (hôtels, restaurants) et de nouvelles activités (artisanat, commerces, zones d’activités…).

Un axe structurant sur lequel se sont développées des zones d'activités et bourgs (Saint-Jean-de-Linières) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un axe structurant sur lequel se sont développées des zones d’activités et bourgs (Saint-Jean-de-Linières)



L’autoroute (A11) a été créée dans les années 80, afin de faciliter le transit entre Paris et l’océan atlantique, au détriment de la RN 23. Certaines des structures précédemment citées sont abandonnées ou ont fait l’objet de mutations. La logique fonctionnelle disparaît peu à peu, il ne reste alors que des délaissés visuels mettant en évidence le mitage et la déstructuration du paysage. Elle est surtout utilisée aujourd’hui pour des déplacements locaux courts. Le développement de l’urbanisation de part et d’autre de la voie a généré de nouveaux usages, créé de nouveaux accès et engendré parfois des relations conflictuelles entre les différents usages et usagers.

Contrairement à la sous-unité précédente, l’autoroute a ici un impact visuel relativement faible du fait de son encaissement et des boisements qui le longent, en dehors de quelques points de vue depuis les échangeurs et les ponts l’enjambant.
Rompant avec le caractère fermé de l’unité paysagère, la frange sud, marquée par des vallons viticoles (localement appelés coulées), offre de larges vues panoramiques sur l’ensemble de la vallée e la Loire. Elles créent un effet de surprise par la modification brutale de l’échelle et de l’ampleur du paysage. A ce niveau, le paysage offre, de plus, une grande variété de points de repères comme les bourgs, moulins, châteaux (notamment sur le coteau rive gauche de la Loire).

La coulée de Serrant, un paysage viticole original identitaire de la sous-unité (Savennières) en grand format (nouvelle fenêtre)
La coulée de Serrant, un paysage viticole original identitaire de la sous-unité (Savennières)



Ces interactions visuelles avec le Val de Loire au niveau de la lisière sud jouent un rôle fondamental dans la mesure où elles sont renforcées par une zone d’influence architecturale ligérienne : importance du tuffeau et de l’ardoise, et ornementations aussi bien au niveau du bâti traditionnel rural que des manoirs et châteaux.

Schéma de principe de structuration du paysage de la frange sud de la sous-unité (source : BOSC & PIGOT, VU d'ICI, Bruno DUQUOC. Atlas des paysages de Maine-et-Loire. Département de Maineet- Loire, DIREN, Pays de la Loire, DDE Maine-et-Loire Version éditée Le Polygraphe, 2002.) en grand format (nouvelle fenêtre)
Schéma de principe de structuration du paysage de la frange sud de la sous-unité (source : BOSC & PIGOT, VU d’ICI, Bruno DUQUOC. Atlas des paysages de Maine-et-Loire. Département de Maineet- Loire, DIREN, Pays de la Loire, DDE Maine-et-Loire Version éditée Le Polygraphe, 2002.)