Les sous-unités paysagères de l’agglomération nantaise

publié le 7 décembre 2015 (modifié le 29 décembre 2016)
Carte de l'unité paysagère de l'agglomération nantaise en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte de l’unité paysagère de l’agglomération nantaise



Si des éléments géographiques forts comme la Loire conditionnent de manière évidente la structuration du paysage de l’agglomération, la définition de sous unités paysagères peut paraître complexe dans le cadre des paysages urbains. Cependant la diversité des formes urbaines et la composition d’ensemble des quartiers permettent de distinguer assez aisément des secteurs aux ambiances similaires. Ainsi la densité bâtie, la volumétrie architecturale, les différentes formes de présence du végétal et les vallées sont des critères relativement déterminants dans la définition de ces ambiances. Les fonctions urbaines assurées, les modes de déplacements et la qualité de la trame agricole sont pris en compte. En combinant ces éléments à l’échelle de l’agglomération on peut distinguer ainsi quatre sous-unités paysagères :

  • La ville rivulaire nantaise
  • Les paysages urbains nantais
  • La couronne périurbaine nantaise nord
  • La couronne viticole composite

La ville rivulaire nantaise

Un paysage urbain en perpétuelle mutation
Territoire en perpétuelle mutation, les espaces urbains des bords de Loire se recyclent en l’espace de quelques décennies au gré du dynamisme économique de la zone portuaire et des dynamiques urbaines de l’agglomération nantaise. Chaque époque laisse une marque, un pan de ville, une trame de base sur ces quartiers où sédimentent les strates de la ville. Il en ressort un paysage de plus en plus complexe et composite, à la fois riche de sa diversité mais aussi hétérogène et sans véritable identité si ce n’est son caractère mutagène.

Belem apponté aux quais de la Fosse rappelant un passé portuaire de Nantes en grand format (nouvelle fenêtre)
Belem apponté aux quais de la Fosse rappelant un passé portuaire de Nantes



L’archipel urbain poldérisé : les paysages patrimoniaux
Si le paysage urbain du centre historique de la ville de Nantes paraît aujourd’hui comme un paysage uniquement ’minéral’ il porte encore dans sa composition sa structure insulaire d’origine. Ainsi les grandes artères du centre (les cours : 50 Otages, S André, F. Roosevelt…) correspondent aux anciens cours d’eau, aux bras de l’Erdre et de la Loire qui autrefois mouillaient les rive d’un véritable archipel fluvial. Leur large gabarit garde en mémoire la largeur du cours d’eau.

Perspective sur l'ancien cours de l'Erdre canalisé sous le Cours Saint-André (Nantes) en grand format (nouvelle fenêtre)
Perspective sur l’ancien cours de l’Erdre canalisé sous le Cours Saint-André (Nantes)



Leurs façades alignées rappellent encore les quais comme ceux de l’île de la Petite Hollande. Même si elles sont poldérisées, les îles de cet archipel sont aujourd’hui découpées en îlots urbains très denses. Les façades travaillées développent en général trois voire quatre niveaux prolongés par des combles mansardés. L’architecture est homogène et les hôtels particuliers enchâssent une cour intérieure accessible par un porche. On retrouve à moindre échelle l’organisation des îlots haussmanniens à Paris.

Des hôtels particuliers qui marquent les anciens quais de l'alignement de leurs façades classiques : île Feydeau (Nantes) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des hôtels particuliers qui marquent les anciens quais de l’alignement de leurs façades classiques : île Feydeau (Nantes)



Le château des Ducs de Bretagne et la cathédrale imposent leur silhouette monumentale dans la perspective des rues. Ils constituent les repères d’une histoire passée tournée vers l’eau et leurs fondations baignent encore aujourd’hui sur les rives de l’Erdre canalisée sous le Cours St André.

A la croisée des artères urbaines, des lignes de tramway et des quartiers piétonniers, le cœur de Nantes reste un lieu très commerçant et très animé. Les larges trottoirs sont investis par les terrasses de cafés et les opérations d’urbanisme successives ont progressivement atténué la place de la voiture dans le paysage urbain du centre.

Des perspectives urbaines qui mettent en scène le patrimoine architectural : quartier de la cathédrale (Nantes) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des perspectives urbaines qui mettent en scène le patrimoine architectural : quartier de la cathédrale (Nantes)

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Paysages urbains contemporains de l’île de Nantes et Malakoff
L’île de Nantes et Malakoff ont fait l’objet de profondes mutations urbaines qui se traduisent par une grande diversité de formes architecturales et urbaines à la fois anciennes et contemporaines. Comme pour le centre-ville, l’île de Nantes s’est poldérisé au fil de l’histoire pour ne devenir qu’une seule et même île. L’occupation de l’île était avant tout industrielle et tournée autour des chantiers navals de l’Atlantique comme en témoignent encore les rampes de mise à flot et le bâti industriel réhabilité. L’habitat qui s’est développé sur l’île Beaulieu était avant tout un habitat ouvrier en relation avec les chantiers au nord de l’île. Au sud, l’activité portuaire a prolongé les façades de quais desservant toute l’industrie agro-alimentaire qui transformaient les produits en provenance des Amériques ou des Antilles comme le sucre.

La rampe de mise à l'eau et la grue jaune des chantiers navals, patrimoine industriel devenus repères identitaires de l'île de Nantes. en grand format (nouvelle fenêtre)
La rampe de mise à l’eau et la grue jaune des chantiers navals, patrimoine industriel devenus repères identitaires de l’île de Nantes.



Les berges de Loire sont donc le plus souvent artificialisées par des infrastructures ou de larges quais industriels.

Des berges de Loire aménagées pour les besoins de la zone portuaire (Nantes) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des berges de Loire aménagées pour les besoins de la zone portuaire (Nantes)



Témoins du boom de l’habitat des années 60-70, les immeubles d’habitation de l’île Beaulieu ont amorcé le changement d’échelle de la construction de la ville. Répondant à des besoins de masse que ce soit pour l’habitat ou l’industrie, l’urbanisme de l’île de Nantes a finalement toujours suivi un plan de composition qui formalisait le dessein du développement de la ville. Ces grands plans sans cesse repris, remaniés ou abandonnés ont laissé leur trace dans des avenues géométriques ou des superpositions de trames qui rendent parfois le repérage dans l’île très complexe.
Les quais laissent parfois place à des voies urbaines ourlée d’un cordon vert planté qui donne des allures de parc au bord de Loire. Ces espaces offrent de rares promenades piétonnes ombragées sur les bords de Loire.

Les bords de Loire, couloir de déplacement dans un contexte végétal de parc (Nantes) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les bords de Loire, couloir de déplacement dans un contexte végétal de parc (Nantes)



L’abandon des chantiers navals sur l’île de Nantes ainsi que les mutations industrielles ont été à l’origine d’une importante opération de renouvellement urbain qui a touché non seulement l’île de Nantes mais aussi le quartier Malakoff et Gare sud. En chantier depuis au moins deux décennies ces espaces exposent aujourd’hui des architectures audacieuses et variées qui changent radicalement le paysage urbain ligérien. Les anciens quartiers populaires et les vieux hangars laissent place à des immeubles d’habitation contemporain voir cossus jouissant des perspectives sur la Loire et sur la ville.

Nouveau paysage urbain monumental : quartier eurogare sud (Nantes) en grand format (nouvelle fenêtre)
Nouveau paysage urbain monumental : quartier eurogare sud (Nantes)



Ce renouvellement urbain s’est accompagné d’un engouement culturel et d’une redécouverte de ces espaces par les Nantais. Les hangars et les quais sont devenus support de spectacles ou de promenades et les terrasses animent aujourd’hui les bords de Loire dans un environnement post industriel. La mutation de l’espace est radicale mais assumée avec des reliques industrielles mises en scènes dans ce nouveau paysage urbain ligérien.

Une restauration du port et des anciens chantiers navals : le hangar à bananes, son éléphant et les machines de l'île devenus icone de la dernière reconversion urbaine de l'île de Nantes en grand format (nouvelle fenêtre)
Une restauration du port et des anciens chantiers navals : le hangar à bananes, son éléphant et les machines de l’île devenus icone de la dernière reconversion urbaine de l’île de Nantes



Le paysage de la Loire industrielle
La frange ouest de l’unité est marquée par les paysages industriels du port de Nantes. Ponctué de grues étendant leur gigantesque bras dans le ciel, l’horizon rivulaire est dessiné au gré des déchargements par les zones de stockages, les grumes du terminal Bois et les imposants hangars métalliques. La Loire est animée par les allées et venues des cargos qui viennent accoster sur les quais. C’est véritablement sur cette sous-unité que la Loire trouve son fonctionnement estuarien. Ces paysages donnent un avant-gout de ceux du Port de Saint-Nazaire.

Un paysage industriel rivulaire ponctué des grues qui introduit les paysages de l'estuaire (Nantes) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un paysage industriel rivulaire ponctué des grues qui introduit les paysages de l’estuaire (Nantes)



En rupture d’échelle radicale avec leur contexte paysager industriel, les anciens villages de pêcheurs comme celui de Trentemoult se distinguent par leurs espaces intimistes et leurs petites maisons imbriquées. Implantés sur des petites îles de Loire avec leur forme caractéristique en amande ou sur les berges, ces villages présentent une architecture sobre, typé sud Loire (murs blanc et toits de tuile canal), et souvent très colorée (huisseries aux couleurs du bateau).

Ambiance spécifique de l'ancien village de pêcheurs de Trentemoult (Rezé) en grand format (nouvelle fenêtre)
Ambiance spécifique de l’ancien village de pêcheurs de Trentemoult (Rezé)



Ambiances singulières de l’Erdre urbaine
A son arrivée sur Nantes, le val d’Erdre devient moins ample ; sur les rives les quais sont plus continus et sont habillés de péniches. Le cadre reste toujours végétal par les nombreux parcs qui jalonnent la rivière. Les chemins qui longent la berge et les ponts qui la franchissent rendent l’Erdre très accessible sur cette séquence paysagère.

Une vallée de l'Erdre toujours marquée par le végétal y compris quand elle finit sa course dans le centre urbain (Nantes) en grand format (nouvelle fenêtre)
Une vallée de l’Erdre toujours marquée par le végétal y compris quand elle finit sa course dans le centre urbain (Nantes)



Dans la continuité de tous les parcs paysagers qui mettent en scène l’Erdre, le parc orientalisant de l’île Versailles joue de l’intimité avec la rivière. A la manière des jardins chinois ou japonais, Il miniaturise les paysages de bord d’eau pour recréer une intimité paysagère qui fait complètement oublier le contexte urbain.
Cette frange végétale continue met la ville en scène. Le contraste est saisissant par rapport aux rues adjacentes. Les repères de la ville pointent au-dessus des frondaisons rivulaires et se reflètent dans l’eau. Sur le val d’Erdre les jeux de covisibilités sont importants et la sinuosité de la rivière joue des effets de surprise au détour d’un méandre.

Ambiances orientales des jardins de l'île Versailles, moment végétal de l'Erdre en centre-ville (Nantes) en grand format (nouvelle fenêtre)
Ambiances orientales des jardins de l’île Versailles, moment végétal de l’Erdre en centre-ville (Nantes)



Bénéficiant de ce paysage véritablement mis en scène, les promenades aménagées au bord de l’Erdre offrent en plein cœur de l’agglomération des perspectives insolites.

Passerelle sur l'Erdre : une vallée dédiée aux loisirs urbains et à la contemplation (Nantes) en grand format (nouvelle fenêtre)
Passerelle sur l’Erdre : une vallée dédiée aux loisirs urbains et à la contemplation (Nantes)

Les paysages urbains nantais

Le cœur de ville
Le cœur de ville se caractérise par la grande homogénéité des ambiances urbaines qu’elle dégage. Il enchâsse directement le centre ancien (marqué par le château) dont il constitue une première période lisible d’extension (remplaçant les anciens faubourgs). Son homogénéité à la fois architecturale et aussi de composition urbaine permettent de la discerner assez facilement des autres sous unités. Le parcours urbain est jalonné de bâtiments repères qui jouent des perspectives en fond d’axe de rue. Ces quartiers s’appuient sur les coteaux qui délimitent le val de Loire et le Val d’Erdre.

Des perspectives qui mettent en scène un patrimoine empreint de classicisme (Nantes) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des perspectives qui mettent en scène un patrimoine empreint de classicisme (Nantes)



Avec ses îlots cernés des hautes façades blanches (R+3, R+4) et ses rues rectilignes, ce paysage répond à un véritable dessin d’urbanisme. Les rues dégagent de longues perspectives qui s’incurvent au gré de la topographie. Le végétal y est peu présent et souvent de façon très structuré sous forme de mails plantés ou d’alignements. Les grandes places où convergent les rues rayonnantes sont dessinées de manières très géométriques et font entrer la lumière dans la ville. Ainsi, parlant de la Place de la Comédie (aujourd’hui Place Graslin) de Mathurin Crucy, A. Mussat dira : « Un jeu de verticales exprimé par les vides et les horizontales des balcons, la suppression de tout ornement, bref la clarté linéaire, géométrique. Dans ce cadre sobre, le péristyle du théâtre annonçait le temple de la nouvelle société. »

Un quartier XVIIIème XIXème qui se distingue par son schéma urbain valorisant les perspectives et son architecture classique soignée (Nantes) en grand format (nouvelle fenêtre)
Un quartier XVIIIème XIXème qui se distingue par son schéma urbain valorisant les perspectives et son architecture classique soignée (Nantes)



Avec son architecture spécifique parfois spectaculaire (théâtre Graslin, Museum d’histoire naturelle, Notre Dame du Bon Port, le passage Pommeraye…) cette sous-unité se démarque aussi par la diversité de ses espaces publics. Même si leur géométrie les rend parfois austère et que l’occupation actuelle de la voiture les encombre il y a là une véritable mise en scène de la ville à l’échelle du piéton.

Un centre-ville composite
Comprise entre la rive gauche de l’Erdre, la voie ferrée et le boulevard de ceinture intérieur, le centre-ville présente à lui seul quasiment tous les éléments d’ambiances paysagères de l’agglomération nantaise. Les paysages urbains y sont variés, alternant entre les rues rectilignes du XVIII ou XIXème, les secteurs d’habitat ouvrier encerclant leurs jardins, les petits collectifs et les petits ensembles d’immeubles.

Ambiances urbaines contrastées de quartiers du centre-ville (Nantes) en grand format (nouvelle fenêtre)
Ambiances urbaines contrastées de quartiers du centre-ville (Nantes)



Ce qui ressort également de ces paysages, c’est la diversité des équipements qui mobilisent d’importants espaces parfois complètement clos : les casernes, le cimetière, les écoles, le musée… Ces vastes surfaces « privatisées » que l’on doit contourner contribuent à rendre difficile le repérage dans ce quartier tout comme son caractère hétérogène.

La caserne depuis la Place du 101ème régiment d'aviation : un espace clos soustrait à la ville (Nantes) en grand format (nouvelle fenêtre)
La caserne depuis la Place du 101ème régiment d’aviation : un espace clos soustrait à la ville (Nantes)

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Véritable cœur vert fédérateur de cet ensemble le Jardin des Plantes, espace public de promenade remarquable, rappelle la riche histoire horticole de Nantes. Sur les dessins d’Hector Noisette père puis du Dr Ecorchard en 1807, il constituait au départ le jardin des Apothicaires. Recelant aujourd’hui encore plus d’une dizaine de milliers d’espèces végétales, il joue encore aujourd’hui un rôle d’observation, de conservatoire et de recherche. Il tire notamment son caractère patrimonial des vieux spécimens arborés qui témoignent du passé d’acclimatation de Nantes pour les plantes américaines : Tulipiers, magnolias…
Il renferme également les collections de camélias et de magnolias. Ses ambiances dessinées de parc à l’anglaise faisant onduler ses serpentines le long de points d’eau et buttes artificielles composent sur les plans végétaux des perspectives savamment mises en scène. La ville se fait oublier. Le parc semble d’ailleurs s’échapper dans les jardins voisins d’où l’on voit parfois dépasser, au-dessus du mur d’enceinte ou entre deux façades, la floraison généreuse d’un magnolia.

Serre tropicale du jardin des plantes de Nantes, un oasis de verdure en centre-ville en grand format (nouvelle fenêtre)
Serre tropicale du jardin des plantes de Nantes, un oasis de verdure en centre-ville



Une mosaïque urbaine de quartiers d’habitat
Ceinturant le centre de l’agglomération, ce paysage urbain de quartiers d’habitats, parfois anciens se développe jusqu’aux limites de l’agglomération en s’intercalant entre les vallons verdoyants ce qui donne en plan une impression d’une sous unité très découpée. Dans l’espace l’ensemble paraît beaucoup plus homogène.
Cette sous-unité est structurée par de grands îlots cernés par des maisons de ville (R+1 à R+3) mitoyennes. Ces dernière, implantées à l’alignement sur rue, s’ouvrent en façade arrière sur un jardin en lanière souvent délimité par un mur d’enceinte (schiste, gneiss ou granit, avec parfois des matériaux plus récents).

Des îlots fermés sur un coeur vert jardiné (Nantes) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des îlots fermés sur un coeur vert jardiné (Nantes)



Ce coeur d’îlot vert souvent foisonnant d’une végétation riche à la fois ornementale et potagère contraste avec la minéralité des rues. Le réseau viaire se structure de manière très tramée vers le périphérique à partir des boulevards de la ceinture intérieure. Ces derniers se distinguent clairement par leurs plantations de doubles alignements d’arbres de haut jet. Les îlots sont dessinés par de multiples rues intimistes à peine décamétriques avec parfois des venelles qui desservent les intérieurs d’îlot où l’on peut retrouver de l’habitat.
Cette structure simple et contrastée est parfois ouverte ou désorganisée par la présence d’ensembles bâtis plus importants (R+4 voir plus) qui imposent une autre occupation du sol (parkings, espaces servants) qui rouvrent souvent le cœur d’îlot sur la rue ou le minéralise. De même, le passage du tramway sur certaines séquences du boulevard de ceinture se traduit par la disparition (parfois non remplacée par manque de place) des anciens alignements.

Des grands alignements qui caractérisent les boulevards de ceinture (Nantes) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des grands alignements qui caractérisent les boulevards de ceinture (Nantes)



Les paysages urbains monumentaux des grands ensembles
Véritables repères dans l’agglomération, les grands ensembles se distinguent par leurs imposants volumes bâtis. Répondant à de forts besoins en logements, ces quartiers se caractérisent par une forte densité d’habitat et une logique de construction d’ensemble. Les « barres d’immeubles » (dépassant souvent 5 étages) s’organisent dans un espace structuré de
façon fonctionnelle : vastes espaces de stationnements, circulations, espaces verts souvent peu élaborés.

Des tours et des barres d'immeubles qui constituent des repères dans la ville (Nantes) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des tours et des barres d’immeubles qui constituent des repères dans la ville (Nantes)



Ces ensembles composent souvent un paysage aux lignes rigoureuses et hors d’échelle. Ils contrastent fortement avec les quartiers périphériques tant spatialement que socialement. Des opérations importantes de renouvellement urbain permettent de réinvestir ces quartiers non seulement par une réécriture des espaces publics pour leur donner plus de soin et de qualité mais aussi par une réorganisation urbaine et architecturale.

Une composition d'espace rigoureuse avec des ambiances de pied d'immeuble parfois austères (Nantes) en grand format (nouvelle fenêtre)
Une composition d’espace rigoureuse avec des ambiances de pied d’immeuble parfois austères (Nantes)



Les vallées urbaines
Limitées par un front urbain qui descend sur le haut de coteau, les vallées composent de véritables couloirs verts dans le tissu urbain. Ce qui frappe d’abord c’est le calme et l’ambiance végétale fraiche de ces vallons qui contrastent fortement avec le tumulte et l’aridité des paysages urbains qui les entourent. Si leur embouchure est souvent redessinée (quais, cales, rectification du cours) ou canalisée, le cours de la rivière garde souvent son dessin sinueux et son caractère sauvage.
Les coteaux sont boisés et dessinent une voûte végétale qui masque en général le cours d’eau. Leurs frondaisons vertes constituent un écran marquant clairement la limite entre les arrières de quartiers et le vallon. Ces ambiance plus sauvages laissent souvent place au paysage plus dessiné et horticole de vieux parcs urbains. Cet isolement visuel contribue largement au caractère très confidentiel de ces vallées. De même, à l’intérieur des vallées la ville se fait oublier. Les vues sont tournées vers l’eau et seuls quelques repères urbains (souvent des tours d’habitation des grands ensembles) dépassent sur l’horizon.

Entrée sur le Parc de Procé avec sa perspective sur sa maison bourgeoise (Nantes) en grand format (nouvelle fenêtre)
Entrée sur le Parc de Procé avec sa perspective sur sa maison bourgeoise (Nantes)



Ces vallons sont également mis en scène au même titre que le val d’Erdre par des châteaux entourés de grands parcs qui recomposent le paysage et jouent avec l’eau et de la topographie. Ils dégagent des perspectives cadrées par des bosquets horticoles et s’intègrent souvent aujourd’hui dans des ensembles d’équipements. C’est le cas notamment du Parc de Procé sur la Chézine, de Bagatelle (sur un petit affluent de la Chézine), des châteaux du Petit Port, de la Gaudinière, Le Plessis sur la vallée du Cens, la Rablais, le Bouffay sur le Gèsvres et la Morinière sur la Sèvre Nantaise.

La Chézine, canalisée dans le dessin à l'anglaise du parc de Procé (Nantes) en grand format (nouvelle fenêtre)
La Chézine, canalisée dans le dessin à l’anglaise du parc de Procé (Nantes)

La couronne périurbaine nantaise nord

Une couronne périurbaine composite
La couronne périurbaine du nord de l’agglomération se caractérise par un paysage composite. Cela se traduit par une ambiance complexe mêlant à la fois l’urbain et le rural où les franges entre les deux espaces sont ténues mais démultipliées. C’est un véritable paysage périurbain où l’on est ni à la ville ni à la campagne.

Ambiance de quartier pavillonnaire récent (Carquefou) en grand format (nouvelle fenêtre)
Ambiance de quartier pavillonnaire récent (Carquefou)



Le support paysager de cette sous unité est constitué par un espace agro-naturel qui peut être trois ordres :

  • soit des espaces maraîchers très dynamiques et en expansion comme à l’est qui compose un paysage très anthropique alternant les mers de tunnels plastiques et des serres
  • soit des espaces bocagers résiduels (maillage de haies plus ou moins lâche) dont certains secteurs sous l’effet de la déprise agricole tendent à se refermer par enfrichement
  • soit des espaces semi naturels souvent concentrés sur les vallées
Clocher dominant le coteau boisé du vallon de la Vivère où le maraîchage s'étend dans le bocage (Carquefou) en grand format (nouvelle fenêtre)
Clocher dominant le coteau boisé du vallon de la Vivère où le maraîchage s’étend dans le bocage (Carquefou)



Sur cette trame s’étendent à partir des centres bourgs anciens (qu’on a parfois du mal à lire) d’importants quartiers pavillonnaires qui déploient leur propre logique de circulation souvent labyrinthique.
L’organisation du quartier répond plus à une logique fonctionnelle qu’une adaptation fine au site. En général, la présence de jardins et la préservation d’espaces verts intégrant d’anciens arbres contribue à donner un cadre végétal important à ces secteurs. La palette végétale varie en fonction de partis pris plus ou moins horticoles.

Une ceinture d’activités et d’équipements s’articulant sur les grands axes
Développées au départ sur les grands axes à l’entrée de l’agglomération nantaise, les zones d’activités se sont redéployées avec le bouclage du périphérique. Ces zones d’activités ont pris de l’épaisseur et imposent aujourd’hui leur frange industrielle ou commerciale sur les principaux axes de la périphérie de l’agglomération.

Une ceinture d'activités qui marque les franges et les entrées de l'agglomération nantaise (Thouaré-sur-Loire) en grand format (nouvelle fenêtre)
Une ceinture d’activités qui marque les franges et les entrées de l’agglomération nantaise (Thouaré-sur-Loire)



Dans l’épaisseur de la zone, les gabarits de voies sont souvent très larges et l’espace au sol est quasi-exclusivement dédié aux espaces de stationnement ou de stockage. Il en ressort un paysage très minéral où paradoxalement on se perd facilement malgré la surabondance de la signalétique. Quelques reliquats de boisements ou des plantations dans les zones conçues dans la dernière décennie offrent parfois un cadre végétal limité. L’évolution des pratiques et la prise de conscience de la qualité des entrées de ville contribuent à l’amélioration non seulement de la qualité architecturale du bâti d’activité, mais aussi à une qualité grandissante de l’intégration urbaine et paysagère.

La couronne viticole composite

Un paysage particulièrement composite
Le caractère composite est véritablement ce qui identifie aujourd’hui ce plateau suspendu délimité par le val de Loire, la vallée de l’Acheneau, le lac de Grandlieu et les marais de Goulaine. Sur cette frange sud de l’agglomération nantaise, les lambeaux du paysage de vignoble qui ceinturaient jadis le lac de Grand-Lieu, les ensembles boisés qui ponctuent le paysage, les nombreuses infrastructures qui rayonnent depuis l’agglomération nantaise, les nappes de tissus pavillonnaires qui ont étendu les bourgs et les zones d’activités qui jalonnent les échangeurs se sont agglomérés. On passe souvent de clairières viticoles à des zones urbaines étendues où l’on se perd facilement si l’on sort des grands axes.

Des clochers en repère sur un plateau au bocage semi ouvert sur des vignes et des cultures (Brains) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des clochers en repère sur un plateau au bocage semi ouvert sur des vignes et des cultures (Brains)

Des paysages pavillonnaires qui investissent la trame bocagère d'une palette végétale horticole accompagnant des quartiers d'habitat étendus (Saint-Jean-de-Boiseau) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des paysages pavillonnaires qui investissent la trame bocagère d’une palette végétale horticole accompagnant des quartiers d’habitat étendus (Saint-Jean-de-Boiseau)



La lisibilité des éléments qui structurent ce paysage tient à leur cohérence qui s’estompe dès que tous ces éléments deviennent diffus quand ces paysages évoluent :

  • les grandes vallées qui entourent ce plateau se referment et disparaissent progressivement du paysage
  • les continuités agricoles sont fragiles car menacées de déprise
  • les zones urbaines qui s’étendent toujours dans des logiques parfois très différentes

Un paysage encore marqué par les vignes
La présence de nombreuses parcelles viticoles (notamment au sud et à l’est) contribue à ouvrir largement le paysage. Les rangs de vignes soulignent les faibles ondulations du plateau et imposent leur rythme (lisible notamment en hiver). Ils déploient un tapis uniforme de feuillage et marquent de manière nette les saisons en annonçant notamment l’automne par la période des
vendanges.

Une frange urbaine sud de l'agglomération marquée par un paysage viticole (Pont-Saint-Martin) en grand format (nouvelle fenêtre)
Une frange urbaine sud de l’agglomération marquée par un paysage viticole (Pont-Saint-Martin)



Cette présence viticole encore lisible est dans bien des cas très circonscrite, notamment par des haies bocagères ou des franges boisées, ainsi que des franges urbaines qui se détachent nettement dans ces paysages ouverts. Ainsi contrairement au plateau viticole voisin, la vigne est ici le plus souvent à l’état de clairières qui peuvent parfois être complètement masquées ou très confidentielles.
On retrouve également l’identité viticole au travers de l’architecture traditionnelle mais aussi dans l’implantation du bâti des hameaux ou de certains bourgs.

Une architecture et des formes urbaines qui renvoient au plateau viticole voisin (Port-Saint-Père) en grand format (nouvelle fenêtre)
Une architecture et des formes urbaines qui renvoient au plateau viticole voisin (Port-Saint-Père)



Un bocage semi ouvert urbanisé
Sur le secteur nord du territoire, ainsi que sur les coteaux des vallées, on retrouve des paysages bocagers plus ou moins denses. Héritage de l’activité d’élevage bovin, le réseau de haies sur talus scande le paysage de ses écrans végétaux denses de chênes, saules et frênes sur les secteurs plus humides. Cette trame est aujourd’hui largement altérée, la maille est devenue plus grande pour laisser place à de plus grandes parcelles cultivées et les haies ont été dégarnies. Il ne reste bien souvent que l’alignement aléatoire de chênes à la silhouette écourtée par une gestion ancienne en têtards. Ces haies masquent à peine les franges urbaines pavillonnaires qui ont progressivement grignoté le territoire agricole.

Un bocage résiduel, semi-ouvert grignoté par les franges urbaines pavillonnaires en grand format (nouvelle fenêtre)
Un bocage résiduel, semi-ouvert grignoté par les franges urbaines pavillonnaires



Des infrastructures marquantes
Ce paysage de frange de l’agglomération nantaise est largement marqué par les infrastructures. Les voies de communications (autoroutes, voies rapides, dessertes départementales…) créent non seulement des ruptures physiques importantes de l’espace mais composent à la fois un paysage linéaire et sonore. Ces voies s’accompagnent de merlons, d’aménagements d’échangeurs, de panneaux publicitaires, de glissières et de ponts qui construisent un paysage proprement routier en rupture totale avec le contexte paysager traversé. Les lignes hautes tension dont les pylônes s’enfilent comme un gigantesque collier de perles sur les fils électriques convergent de la même façon vers les postes de transformations dans une logique différente de celle du territoire. Cela donne aujourd’hui l’impression d’avoir deux paysages différents qui se superposent : l’un constitue le socle paysager de l’unité et l’autre une trame qui s’y surimpose.

Des infrastructures portent leur propre paysage et créent des ruptures dans l'espace périurbain (Les Sorinières) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des infrastructures portent leur propre paysage et créent des ruptures dans l’espace périurbain (Les Sorinières)



De vastes zones d’activités à l’appui des échangeurs et de l’aéroport
Repoussées en limite d’agglomération, les zones d’activités occupent une place importante dans le paysage des voies qui jalonnent l’unité paysagère. Qu’elles soient monumentales comme la zone aéroportuaire ou moins importantes comme les zones artisanales d’entrée de bourg, elles marquent fortement le paysage par l’étalement de volumes parallélépipédiques bardés de métal le long de voies surdimensionnées. A ce jeu de boîtes colorées s’ajoutent les enseignes publicitaires, les zones de stockage et les parkings immenses qui finissent par donner un ensemble souvent hétérogène et très visible dans le paysage. Les zones les plus récentes montrent cependant des efforts de mise en cohérence des volumes, des couleurs et des implantations construites avec un soin plus particulier apporté sur l’espace public (mais cela ne constitue pas l’essentiel des zones présentes sur ce territoire). C’est notamment le cas de la zone aéroportuaire qui se distingue par ses routes desservant une vaste zone industrielle à l’architecture soignée. Les gigantesques aires de stationnements de l’aérogare créent des ouvertures importantes dans ce dédale.

Paysage singulier dominé par les infrastructures de la zone aéroportuaire (Bouguenais) en grand format (nouvelle fenêtre)
Paysage singulier dominé par les infrastructures de la zone aéroportuaire (Bouguenais)



Quelques carrières importantes composent des micro-paysages minéraux en incisant profondément la roche mère. En général discrètes, ces carrières peuvent cependant être nettement perceptibles au niveau des échangeurs qui offrent des points de vue surplombants.

Carrière marquant le paysage périurbain du sud de l'agglomération (Bouguenais) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carrière marquant le paysage périurbain du sud de l’agglomération (Bouguenais)