Les enjeux des corniches des Alpes Mancelles et des Avaloirs

publié le 7 décembre 2015 (modifié le 4 janvier 2017)
Bloc-diagramme de synthèse des enjeux de l'unité paysagère en grand format (nouvelle fenêtre)
Bloc-diagramme de synthèse des enjeux de l’unité paysagère



Les enjeux développés sont des pistes de réflexion et d’action pour les acteurs locaux qui font écho aux enjeux révélés à l’échelle régionale. Ils se traduisent de manière synthétique dans le bloc-diagramme ci-dessus.

Dessiner le bocage de demain en tenant compte des pratiques agricoles contemporaines

La richesse de la trame bocagère sur cette unité réside non seulement dans la densité de la trame mais aussi dans ses modes de gestion originaux. L’augmentation progressive des parcelles sur les plateaux contribue à déstructurer la maille bocagère et, de fait, change l’échelle de perception du paysage. La disparition des haies a permis d’ouvrir des vues dans le paysage et de redonner de la profondeur aux perspectives. Cela a cependant conduit aussi à une certaine uniformisation des paysages. La préservation de ce bocage de qualité et identitaire est d’autant plus difficile que son évolution est lente. Cela pose la question de la gestion de ce patrimoine en relation avec l’activité agricole. Si la mise en place des mesures agri-environnementales sur les zones Natura 2000 a permis de perpétuer la gestion en têtard des arbres, la problématique se pose pour les secteurs en dehors de ces périmètres. La mise en place de ces démarches a permis de fédérer les acteurs autour de la question du bocage peut-être plus tôt et plus qu’ailleurs dans la région.

Une gestion en têtards des arbres du bocage qui se perpétue sur le secteur du PNR (Saint-Pierre-des-Nids) en grand format (nouvelle fenêtre)
Une gestion en têtards des arbres du bocage qui se perpétue sur le secteur du PNR (Saint-Pierre-des-Nids)

  • Partager la connaissance des différents usages économiques, écologiques et paysagers des haies avec les acteurs concernés (développer les processus de gestion, protection et valorisation du bocage des territoires protégés ou labellisés sur le reste du territoire de l’unité)
  • Recomposer le bocage à une échelle compatible avec l’activité agricole et l’occupation du sol (retrouver des continuités dans la maille bocagère sur les plateaux en assurant l’intégration et la mise en valeur de l’habitat rural et des activités agricoles)
  • Intégrer les bâtiments d’exploitation et d’élevage dans le paysage en réfléchissant à leur implantation, leur volumétrie et leur aspect par rapport aux hameaux traditionnels
  • Utiliser la maille bocagère pour travailler la perception des franges urbaines et de l’habitat diffus
  • S’appuyer sur les trames bocagères existantes notamment dans les vallées et aux abords des bourgs en régénérant les haies, préservant les grands sujets et le petit parcellaire
  • Encourager les pratiques agropastorales (ou d’écopaturage) dans les zones de pierriers et de landes pour maintenir ces paysages ouverts
  • Prendre en compte l’émergence de chaudières bois de grosse capacité dans un rayon de 20 km et la gestion durable du bocage et des boisements privés à anticiper collectivement (projets de chaudières de Charchigné, Domfront, Alençon, financés par le fonds chaleur de l’ADEME)

Valoriser le paysage spécifique des vallées

Les paysages de vallées constituent des éléments spécifiques et forts de l’identité de cette unité. A l’instar de la gestion et la valorisation des vallées des Alpes mancelles, il y a un réel potentiel à renforcer la qualité paysagère et l’attractivité des autres vallées de l’unité. Les dynamiques de fermeture des coteaux et l’accessibilité parfois difficile de certaines vallées tendent à les « gommer » du paysage.

Diversité des faciès de coteaux, alternant boisements et pierriers, de la haute vallée de la Sarthe (Saint-Léonard-des-Bois) en grand format (nouvelle fenêtre)
Diversité des faciès de coteaux, alternant boisements et pierriers, de la haute vallée de la Sarthe (Saint-Léonard-des-Bois)

  • Maintenir l’agriculture spécifique des prairies humides de fauche ou de pâture dans les fonds de vallées
  • Limiter la fermeture des fonds de vallée (suppression des boisements, entretien de la ripisylve) pour maintenir les principales perspectives
  • Soigner l’occupation des coteaux : préserver le petit parcellaire et le réseau de chemin à l’appui des pentes, assurer le dégagement des points de vues, valoriser la perception du patrimoine architectural et naturel (aplombs rocheux, pierriers, landes sur coteau)
  • Préserver les continuités hydrauliques et paysagères des petits vallons et insérer les retenues d’eau collinaires dans la continuité des trames végétales

Assurer un développement de l’habitat en relation avec le caractère patrimonial des bourgs

La principale caractéristique des bourgs et de l’habitat est de s’implanter en pente dans un contexte paysager bocager souvent remarquable. Leur tissu urbain dense et leur architecture traditionnelle très typée, dans les couleurs et la volumétrie, leur confèrent une qualité indéniable mais rendent aussi difficile l’extension d’un tissu pavillonnaire contemporain. Il y a donc un véritable enjeu à concevoir des extensions urbaines et une architecture qui réussisse à continuer l’histoire urbaine de ces bourgs sans la dénaturer.
Cela passe notamment par la remise en valeur de l’espace public en limitant la sur-occupation de l’espace (mobilier, éléments techniques, signalétique…) et en retrouvant une place à l’arbre sur les places et dans les rues (l’analyse des cartes postales anciennes a montré qu’il était très présent autrefois dans les bourgs). Dans ce cadre la mobilisation des essences végétales locales est à privilégier tandis que les essences à connotation exotique (feuillage pourpres, jaunes, panachés) sont à éviter. Avant d’intégrer par de la végétation, l’harmonie avec l’existant est un élément primordial aussi à l’intégration et à la valorisation des nouveaux quartiers : Continuités simples d’implantations, volumes cohérents, coloris de matériaux en harmonie.

Étalement urbain pavillonnaire marquant l'entrée de ville sud de Pré-en-Pail en grand format (nouvelle fenêtre)
Étalement urbain pavillonnaire marquant l’entrée de ville sud de Pré-en-Pail

  • Maitriser les extensions urbaines pour garantir une gestion économe de l’espace et la lisibilité des paysages : intégrer le bâti dans la pente et assurer une lecture cohérente de la silhouette du bourg depuis la campagne
  • Veiller à la cohérence avec le bourg et à l’identité urbaine, architecturale et paysagère des extensions urbaines. Encourager le renouvellement et la rénovation de centres-bourgs, qui sont véritablement les écoquartiers de demain
  • Promouvoir un traitement qualitatif des franges : limites de l’urbanisation, continuité entre les quartiers
  • Valoriser le rapport des bourgs à l’eau au travers d’espaces publics de qualité et de convivialité (gués, chemins de rive, franchissements …)
  • Préserver et développer le patrimoine végétal des paysages urbains (jardins, parcs, arbres d’alignement, potagers, berges…) comme élément identitaire des bourgs de l’unité

Composer un paysage valorisant pour les zones d’activités économiques et les infrastructures

Le développement des activités économiques doit pouvoir participer à la qualité des paysages sur cette unité où l’industrie est présente depuis longtemps. Leur insertion est d’autant plus délicate qu’elles nécessitent d’importantes surfaces planes alors que le relief est ici particulièrement mouvementé. Par ailleurs de nombreux bourgs, du fait de leur implantation, présentent une exposition lointaine à la vue avec de fortes problématiques de covisibilités.
De même, le développement de nouveaux parcs éoliens à l’étude doit intégrer une réflexion, sur les effets cumulatifs de covisibilités avec d’autres parcs, dans le cadre de leur dossier d’instruction. Outre la question des covisibilités entre parcs éoliens (qui se produit déjà avec les parcs existants), cela pose aussi la question de la saturation du paysage ou de l’encerclement de certaines zones. Cette problématique touche plus particulièrement l’ouest de l’unité. (L’est étant protégé par l’effet du site classé)

Bourg de Javron-les-Chapelles et sa périphérie de zones d'activités enchâssés dans le réseau bocager des vallées en grand format (nouvelle fenêtre)
Bourg de Javron-les-Chapelles et sa périphérie de zones d’activités enchâssés dans le réseau bocager des vallées

  • Localiser prioritairement les secteurs en friches comme sites d’accueil en évitant l’emprise sur les terres agricoles et les boisements
  • Concevoir les zones d’activités comme des opérations d’urbanisme qui composent avec les quartiers et le paysage environnant et travailler l’insertion dans le paysage des bâtiments les plus isolés
  • Assurer la cohérence et la qualité architecturale des bâtiments (éléments pouvant être intégrés aux cahiers des charges ou aux chartes des zones d’activités) et masquer ou accompagner les zones servantes (stocks, manœuvre…). Analyser les capacités physiques du terrain préalablement à toute planification : pentes, accessibilité, géologie, proximités patrimoniales fortes
  • Concevoir l’espace extérieur comme un paysage utile : Protection du vent, gestion hydraulique localisée, développement de la biodiversité, qualification de l’accueil pour tous par des pistes mixtes
  • Assurer la qualité de perception des entrées de bourg ou de ville, la reconversion et l’amélioration des entrées de villes occupées par des lotissements, zones d’activités et/ou infrastructures non adaptées à l’identité du territoire
  • Accompagner la mise en place des infrastructures liées aux nouvelles énergies (éolien - solaire)

Maintenir la qualité et la diversité des paysages ruraux comme capital d’attractivité

Le territoire valorise déjà le potentiel d’attractivité lié à la diversité et la qualité de ses paysages ruraux. L’enjeu est de réussir à maintenir l’équilibre entre la qualité et l’accessibilité des sites et la surfréquentation touristique qui peut induire des dégradations des espaces ou des surdimensionnements d’aménagements. Il s’agit donc de maintenir la structure de ces paysages reconnus et attractifs tout en ménageant des possibilités d’accueil et d’accès qui ne les dénaturent pas. Pour ce faire, le Parc Naturel Régional Normandie-Maine est mandaté pour animer la réalisation d’une Aire de mise en Valeur de l’Architecture et du Paysage sur les quatre communes des Alpes Mancelles : Saint Léonard-des-bois, Saint-Céneri-le-Gérei, Saint-Pierre-des-nids, Moulins-le-Carbonnel.

Sentier de randonnée dans un chemin creux rural (Saint-Georges-le-Gaultier) en grand format (nouvelle fenêtre)
Sentier de randonnée dans un chemin creux rural (Saint-Georges-le-Gaultier)

  • Révéler la richesse patrimoniale du bocage au travers de son réseau de chemins creux et les vallées tout en respectant l’activité agricole
  • Développer les " chemins de traverse " thématiques pour valoriser la diversité des paysages (landes, vallées, bocage, forêt) dans l’esprit du concept « Monts et Marches » du PNR
  • Privilégier les circulations douces et favoriser l’intégration des aires de stationnement et d’accueil sur les sites emblématiques
  • Limiter et homogénéiser la signalétique présente sur les sites naturels (le développement du géocashing ou des itinéraires dématérialisés comme celui de la Fosse Arthour peuvent être des pistes à explorer)
  • Valoriser les premiers plans et préserver le patrimoine végétal associé aux voies notamment celles situées sur les lignes de crête
  • Ménager des ouvertures sur le paysage et aménager les belvédères et points d’arrêt

Lien vers les atlas de paysages précédents ou voisins


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