Les enjeux des bocages vendéens et maugeois

publié le 18 décembre 2015 (modifié le 6 janvier 2017)
Bloc-diagramme de synthèse des enjeux de l'unité paysagère des bocages vendéens et maugeois en grand format (nouvelle fenêtre)
Bloc-diagramme de synthèse des enjeux de l’unité paysagère des bocages vendéens et maugeois



Les enjeux développés sont des pistes de réflexion et d’action pour les acteurs locaux qui font écho aux enjeux révélés à l’échelle régionale. Ils se traduisent de manière synthétique dans le bloc-diagramme ci-dessus.

Dessiner sur les plateaux le bocage de demain en tenant compte des pratiques agricoles contemporaines

Si sur cette unité le bocage a eu du mal à subsister sur bon nombre de plateaux face au développement des grandes cultures, la perception sociale de ces paysages reste profondément associée à la notion même de bocage. Par ailleurs l’étude sociologique de ces perceptions a clairement montré la forte variation dans ce qu’est cette notion de bocage, ce qui pose la question de l’évolution future de ces paysages. Il y a un véritable enjeu au-delà de la pédagogie autour des différents rôles de la haie (agronomique, écologique, climatique et culturel…) à définir des orientations quant à la composition et la structuration du bocage. Il ne s’agit pas là de revenir à un modèle de bocage correspondant à une agriculture du XIXème siècle mais d’envisager une maille bocagère qui réponde aux besoins de l’agriculture de demain. Les politiques mises en œuvre sur la replantation du bocage ou les contrats de paysages ruraux du Conseil Général de Vendée sont à développer dans cet objectif de qualité paysagère.

Trame bocagère résiduelle et haies de replantation sur le plateau et la vallée de la Boulogne (Les-Lucs-sur-Boulogne – Source : CAUE de Vendée) en grand format (nouvelle fenêtre)
Trame bocagère résiduelle et haies de replantation sur le plateau et la vallée de la Boulogne (Les-Lucs-sur-Boulogne – Source : CAUE de Vendée)



Dans un contexte de développement de l’élevage hors sol, qui facilite l’implantation de bâtiments de grande dimension, les préconisations en matière d’intégration paysagère des bâtiments agricoles (implantation, orientation, matériaux) sont particulièrement importantes. Il s’agit notamment de mieux composer avec les bâtiments existants et de réfléchir à une perception qualitative des sièges d’exploitation dans le paysage, pour valoriser leur production.

Des réflexions sur l'implantation et la qualité des bâtiments agricoles qui améliorent leur perception dans le paysage en grand format (nouvelle fenêtre)
Des réflexions sur l’implantation et la qualité des bâtiments agricoles qui améliorent leur perception dans le paysage

Réhabilitation réussie de grange traditionnelle en grand format (nouvelle fenêtre)
Réhabilitation réussie de grange traditionnelle



L’évolution des besoins énergétiques et des volontés politiques amènent à générer de nouveaux paysages ; c’est notamment le cas des énergies renouvelables. Le bocage de cette unité bénéficie de nombreux atouts en termes de production d’énergie. Une vigilance forte doit être portée quant à la mise en œuvre de ces infrastructures nouvelles pour les intégrer au mieux au paysage existant.

  • Recomposer le bocage à une échelle compatible avec l’activité agricole et l’occupation du sol (habitat, activités) en partageant la connaissance des différents usages de la haie
  • Intégrer les bâtiments d’exploitation et d’élevage et veiller à la qualité architecturale du bâti agricole qui constitue des repères paysagers
  • S’appuyer sur les trames bocagères existantes notamment dans les vallées et aux abords des bourgs en régénérant les haies, en préservant les grands sujets et le petit parcellaire
  • Maintenir le maillage des chemins ruraux pour garantir l’accessibilité à tous les espaces
  • Accompagner la mise en place des infrastructures liées aux nouvelles énergies (éolien - solaire) dans le respect des zonages définis dans le SRE, avec une attention particulière au phénomène de mitage pour l’éolien

Assurer la diversité des éléments paysagers qui font les nuances dans la perception du bocage

Certains secteurs des bocages vendéens et maugeois présentent de forts intérêts en matière de diversité paysagère. C’est le cas notamment des sous-unités paysagères des plateaux bocagers de l’Evre et du bocage dense de la forêt de Vezins ainsi que les secteurs à l’appui des principales vallées du bas bocage vendéen ou des Mauges. Il y a là un véritable enjeu à assurer l’imbrication entre les différentes formes de végétation présentes dans ce type de paysage : haies, bosquets, boisements, taillis, futaies, ripisylves, vignes, landes. Il est par ailleurs primordial de préserver dans leur diversité les types de haies rencontrés : haies basses taillées avec ou sans arbres, haies relictuelles mixtes ou arborées, haies multi-strates, haies arbustives, haies récentes…

Haies de replantation sur les pentes d'un vallon (La Gaubretière) en grand format (nouvelle fenêtre)
Haies de replantation sur les pentes d’un vallon (La Gaubretière)



Le réseau de chemins creux et de voies rurales est également un atout précieux à préserver pour accéder et valoriser le petit patrimoine vernaculaire qui ponctue le bocage : mégalithes, moulins, chaussées, calvaires. Il y a par ailleurs un enjeu à valoriser l’accès à l’eau (rivières ou étangs) dans le paysage.

Moulin réhabilité aux Lucs-sur-Boulogne en grand format (nouvelle fenêtre)
Moulin réhabilité aux Lucs-sur-Boulogne

  • Limiter la fermeture des fonds de vallée pour maintenir les perspectives et insérer les retenues d’eau collinaires dans la continuité des trames végétales
  • Soigner l’occupation des coteaux et des points hauts (colline des Gardes) : préserver le petit parcellaire et le réseau de chemin à l’appui des pentes, assurer le dégagement des points de vue
  • Assurer la pérennité des boisements, des arbres d’alignement et des arbres isolés qui ponctuent le paysage
  • Préserver la diversité paysagère et écologique des secteurs présentant un bocage dense et une combinaison importante d’éléments paysagers (bois, plans d’eau, ruisseaux, zones humides, villages potiers…)
  • Valoriser une agriculture périurbaine autours des agglomérations choletaises, yonnaises et des principaux pôles

Assurer un développement de l’habitat qui participe à l’identité des paysages urbains en valorisant leur site d’implantation

Le développement urbain diffus sous forme pavillonnaire est marqué sur le territoire. Dans le cadre d’un paysage où le réseau bocager diminue, la question de la lisibilité des franges urbaines devient un enjeu fort. Il y a dans cette unité paysagère l’émergence de nombreuses « villes/bourgs » qui correspondent à d’anciens bourgs ruraux dont la morphologie a littéralement changé. La grande ceinture d’extensions pavillonnaires n’a pas véritablement composé de véritables quartiers urbains alors que la taille de l’agglomération et le nombre d’habitants sont clairement ceux d’une ville. Il y a un véritable enjeu à définir, réorganiser et composer le paysage de ces nouveaux espaces urbains tout en valorisant les éléments de leur ruralité : le site naturel d’ancrage, les trames végétales et notamment le bocage.

Une réhabilitation du centre bourg qui assume une lecture plus urbaine de l'espace (Aizenay) en grand format (nouvelle fenêtre)
Une réhabilitation du centre bourg qui assume une lecture plus urbaine de l’espace (Aizenay)



Il s’agit par ailleurs de définir une approche du développement de la nature en ville (rapport au maillage bocager), notamment sous le regard du développement des continuités écologiques entre espace urbanisé et rural :
imbrication eau/minéral/végétal, conjugaison entre matériaux traditionnels, gestion durables des eaux pluviales.

Une trame végétale à la fois bocagère, de parcs et de jardins qui accompagne de manière harmonieuse la silhouette de bourg (Chavagnes-en-Paillers) en grand format (nouvelle fenêtre)
Une trame végétale à la fois bocagère, de parcs et de jardins qui accompagne de manière harmonieuse la silhouette de bourg (Chavagnes-en-Paillers)

  • Maîtriser les extensions urbaines pour garantir une gestion économe de l’espace et la lisibilité des paysages urbains
  • Promouvoir un traitement qualitatif des franges : limites de l’urbanisation, continuité entre les quartiers
  • Limiter l’impact visuel et structurel des voiries de contournement dans le paysage des aménagements péri-urbains
  • Assurer la continuité des espaces naturels (vallons, boisements…) et paysagers comme des liens entre ville et campagne, ou quartier et support d’aménités
  • Favoriser le traitement qualitatif des entrées de ville en travaillant la transition entre l’espace rural et l’espace urbain

Réinventer le modèle de l’usine à la campagne pour composer un paysage valorisant

Sur un territoire particulièrement marqué par la présence d’infrastructures routières, le phénomène de mitage à vocation habitat et activités économiques aux abords des voies structurantes mais aussi secondaires déstructure la composition paysagère des entrées de ville. Dès lors, la limitation du phénomène de mitage constitue un enjeu particulièrement prégnant sur le territoire. Au-delà de cet enjeu récurrent à l’échelle de la région, il y a un défi à continuer l’histoire industrielle qui constitue une part importante de l’identité de ces paysages et qui trouve là une véritable résonance culturelle. L’activité est ici plus qu’ailleurs, partie prenante de l’histoire et du paysage. Elle est de plus perçue de manière très positive, il s’agit donc là d’en trouver une expression qualitative au travers des
paysages.

Frange industrielle ouest des Herbiers, une cohabitation des paysages ruraux et industriels qui participe à leur identité en grand format (nouvelle fenêtre)
Frange industrielle ouest des Herbiers, une cohabitation des paysages ruraux et industriels qui participe à leur identité



Ainsi, le traitement des espaces publics, mais également les règles en matière d’intégration paysagère (implantation, hauteur, matériaux) doivent permettre de restaurer la lisibilité des entrées de ville mais aussi des nœuds routiers où s’implantent les activités, notamment dans le cadre de la transition entre le rural et l’urbain.

  • Concevoir les zones d’activités comme des opérations d’urbanisme qui composent avec les quartiers et le paysage environnant en optimisant l’espace et en assurant la cohérence à l’échelle des intercommunalités et des SCoT
  • Assurer la cohérence et la qualité architecturale des bâtiments et des espaces publics (éléments pouvant être intégrés aux cahiers des charges ou aux chartes paysagères des zones d’activités)
  • Masquer ou accompagner les zones de stockage et les aires de manœuvre et de stationnement
  • Mettre en œuvre des opérations de renouvellement urbain sur les anciens secteurs d’activités désaffectés en cœur de tissu urbain

Recomposer les abords des principales infrastructures

Les deux dernières décennies ont été particulièrement marquées par le développement des infrastructures routières (autoroutes, 2x2 voies, contournements) sur cette unité. Si les autoroutes ont fait l’objet de chartes d’itinéraires et de plans de valorisation du patrimoine, en revanche les autres voies ont été conçues de manière beaucoup plus fonctionnelle. Cela pose aujourd’hui la question de la gestion des ruptures qu’elles peuvent créer dans le paysage notamment sur le plan physique (les rétablissements d’accès se sont fait prioritairement pour les véhicules motorisés et pas forcément les autres modes de transport). Il y a également un véritable enjeu à définir et gérer les nombreux délaissés qui accompagnent ces voies.
Par ailleurs, les vallées jouent un rôle majeur dans l’organisation et la perception du paysage. Selon le modèle d’organisation traditionnel, les villages sont implantés en bordure de plateau et dominent les vallées ou sont implantés les axes de communication. Or ce schéma traditionnel est encore utilisé dans l’aménagement du territoire. De ce fait, les infrastructures routières et les zones commerciales sont implantées également en bordure de plateau, c’est à dire dans les zones de covisibilité maximum.

Une gestion des délaissés routiers et ferroviaires par le végétal (Saint-Denis-la-Chevasse – Source : CAUE de Vendée) en grand format (nouvelle fenêtre)
Une gestion des délaissés routiers et ferroviaires par le végétal (Saint-Denis-la-Chevasse – Source : CAUE de Vendée)

  • Composer avec la topographie naturelle pour éviter les déblais/remblais dans la conception des nouvelles infrastructures
  • Préconiser à l’occasion des nouveaux aménagements ou restructurations, un déplacement des infrastructures en retrait sur les plateaux
  • éviter l’implantation de bâtiment en rupture d’échelles sur les bordures des plateaux. Quand cela n’est pas possible, implanter les bâtiments perpendiculairement et non parallèlement aux vallées pour en limiter l’impact visuel
  • Limiter et qualifier les délaissés routiers
  • Assurer les continuités paysagères au niveau des franchissements de cours d’eau

Développer le potentiel touristique des paysages ruraux

Des éléments patrimoniaux et culturels attractifs dans le bocage (le Logis et jardins de la Chaboterie et l'Historial de Vendée) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des éléments patrimoniaux et culturels attractifs dans le bocage (le Logis et jardins de la Chaboterie et l’Historial de Vendée)



Si les bocages vendéens et maugeois présentent des dynamiques d’évolutions très fortes dans bien des domaines, ils ne subissent en revanche pas de forte pression ou valorisation touristique. Ces paysages sont principalement le support de valorisations culturelles locales et d’aménités pour les habitants. Situés entre les principaux pôles attractifs de la région (le littoral, la Loire, les grandes villes, le parc du Puy du Fou), ils ont à ce titre un véritable potentiel d’attractivité et un atout à valoriser pour découvrir la qualité et la diversité de ces paysages.

Un sentier RandoCroquis pour faire découvrir le patrimoine de Saint-Sulpice-le-Verdon en grand format (nouvelle fenêtre)
Un sentier RandoCroquis pour faire découvrir le patrimoine de Saint-Sulpice-le-Verdon

  • Révéler la richesse patrimoniale du bocage au travers de son réseau de chemins creux tout en respectant l’activité agricole
  • Utiliser les principales vallées comme axes de découverte des territoires
  • Composer avec les grands équipements touristiques ou de loisirs (notamment des sites d’accueil touristique en milieu rural d’ans l’aire d’influence du parc du Puy du Fou)