Les dynamiques paysagères du Marais poitevin

publié le 7 décembre 2015 (modifié le 3 janvier 2017)

Exemple d’évolution secteur de Vix

Dans le cadre de l’analyse des dynamiques paysagères, pour chaque unité paysagère, un secteur particulier est choisi de manière à caractériser, en tant qu’échantillon représentatif de l’unité, une large partie des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Cette analyse s’appuie notamment sur la comparaison des données cartographiques et des photographies aériennes à différentes époques données. Ce zoom est représentatif mais non exhaustif des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Les dynamiques de l’unité qui ne s’illustrent pas à travers cet exemple sont donc détaillées à la suite.

Vix – Carte d'état-major (1866) - (SCAN Historique à l'échelle du 1 : 40000) en grand format (nouvelle fenêtre)
Vix – Carte d’état-major (1866) - (SCAN Historique à l’échelle du 1 : 40000)



Une implantation insulaire au cœur du marais poitevin
L’ancienne île de Vix constitue, dans une direction nord-ouest/sud-est, une des îles qui se succèdent et créent des reliefs très lisibles dans le paysage horizontal du marais. Elle est plus élevée au nord-ouest tandis qu’elle tombe vers les marais desséchés en prairies au sud-est. Le village du Pont-aux-Chèvres constitue l’agglomération originelle de la commune de Vix, formée à proximité du pont du même nom, qui permit alors de passer le canal creusé entre 1696 et 1698. Ce canal visait alors à faciliter l’écoulement de l’eau des marais desséchés situés en amont entre Vix et Doix. Les premières constructions se sont ainsi agglomérées autour du pont et du canal, pour ensuite s’étendre sur l’ancienne île en s’implantant sur un modèle d’organisation dense économe en espace, à la perpendiculaire de la rue principale.

Vix – Orthophoto 1957 (BD ORTHO Historique 1957) en grand format (nouvelle fenêtre)
Vix – Orthophoto 1957 (BD ORTHO Historique 1957)



La mutation du marais mouillé au nord de Vix
La comparaison des orthophoto de 1957 et 2010 montre l’évolution du secteur des marais mouillé situé au nord du bourg. Alors qu’à la moitié du XXème siècle, l’organisation spécifique des marais est encore bien visible, affichant une certaine stabilité constatable depuis la carte d’État-major de 1866, en 2010, le marais mouillé a complètement disparu laissant place à un parcellaire adapté au développement de l’agriculture intensive. Le canal passant en diagonale au nord de l’île marquait sur la carte d’État-major et sur la photo de 1957 une vraie rupture paysagère, ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Vix – Orthophoto 2010 (BD ORTHO) en grand format (nouvelle fenêtre)
Vix – Orthophoto 2010 (BD ORTHO)



Une simplification des paysages en lien avec le développement des grandes cultures
Le secteur de Vix, en accord avec les caractéristiques paysagères observées à l’échelle de la sous-unité des marais et des îles calcaires de la Vendée, connaît un paysage agricole de grandes cultures structuré autour d’un parcellaire géométrique. La comparaison des orthophotos de 1957 et 2010 montre que les dynamiques de regroupement des parcelles agricoles se sont réalisées sur un rythme soutenu. Dans l’ancienne organisation, un parcellaire étroit était orienté par la morphologie des terrains au niveau de l’ancienne île, tandis que les parcelles légèrement plus larges des marais s’organisaient globalement dans un sens nord-sud. L’organisation contemporaine remet en cause ce schéma. Les regroupements modifient la configuration laniérée des parcelles agricoles des marais. On assiste ainsi à un regroupement parcellaire conséquent, qui tend à la simplification des paysages, tandis que sur l’ancienne formation insulaire, les parcelles ne sont plus automatiquement orientées par les courbes de relief. La partie haute de l’île est en général libérée par des champs et des pâtures de refuge hivernal pour les animaux.

Le secteur de Vix est par ailleurs concerné par la présence ponctuelle et relictuelle de terres viticoles sur les parties hautes de l’île, au niveau de la Chaignée.

Secteur de culture viticole sur la partie nord-ouest de l'ancienne île de Vix (Vix – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Secteur de culture viticole sur la partie nord-ouest de l’ancienne île de Vix (Vix – 2015)

Un développement assez modéré de l’urbanisation

A l’instar des évolutions vécues au sein de la sous-unité des marais et îles calcaires de la Vendée, l’urbanisation du secteur s’est effectuée sur l’île calcaire de Vix, majoritairement sur la frange sud qui bénéficie d’une exposition favorable au soleil. La comparaison des orthophotos de 1957 et 2010 montre que les extensions urbaines au sein de ce secteur ont été assez modérées durant la période. Pour autant, la diffusion d’un tissu pavillonnaire vers le nord-ouest s’inscrit progressivement dans le paysage. Ce mode de développement contraste avec les compositions morphologiques anciennes dont les impératifs d’alignement et de mitoyenneté guidaient l’organisation générale. Désormais, dans le modèle pavillonnaire, l’implantation de la construction se fait au milieu de la parcelle. Le concept même de rue est réinterrogé au profit d’un développement épisodique le long du réseau viaire. La diffusion de ce modèle, dans le cadre d’un paysage insulaire ouvert et fortement exposé, contribue à effacer les transitions nettes entre espace bâti et espace agri-naturel.

Les extensions de l'urbanisation sont très exposées visuellement dans un contexte de paysage ouvert (Vix – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les extensions de l’urbanisation sont très exposées visuellement dans un contexte de paysage ouvert (Vix – 2015)

Carte IGN 2013 du secteur de Vix (SCAN 25) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte IGN 2013 du secteur de Vix (SCAN 25)



Les infrastructures liées à la production et au transport de l’énergie marquent le paysage

Le parc éolien du Canal de Gargouilleau à Vix devient un nouveau point de repère dans le paysage (Vix – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Le parc éolien du Canal de Gargouilleau à Vix devient un nouveau point de repère dans le paysage (Vix – 2015)



Le parc éolien du canal de Gargouilleau est mis en service en 2004 avec cinq éoliennes de 80 mètres. Installées à l’ouest de l’ancienne île, ces éoliennes composent de nouveaux points de repère dans le paysage, a fortiori dans cet environnement particulièrement horizontal, bien qu’une ligne de force topographique marquée compose l’arrière-plan depuis l’est du site.

Le caractère horizontal des paysages du marais poitevin génère une exposition forte pour les éléments aux volumes et hauteurs imposants. Ainsi, à l’instar des éoliennes du secteur de Vix, les infrastructures dédiées au transport de l’énergie (ligne THT,…) viennent à caractériser certaines portions du paysage.

Le caractère horizontal du paysage amplifie la visibilité des installations électriques (Champagné-les-Marais – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Le caractère horizontal du paysage amplifie la visibilité des installations électriques (Champagné-les-Marais – 2015)



Des infrastructures de déplacement qui se fondent dans le paysage

La RD 938, qui contourne le bourg de Vix par l'ouest, se fond dans le paysage (Vix – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
La RD 938, qui contourne le bourg de Vix par l’ouest, se fond dans le paysage (Vix – 2015)



L’aménagement de la RD 938, qui relie Marans et Fontenay-le-Comte, semble se fondre dans le paysage. Mais on observe une densification des infrastructures routières qui modifie le paysage, notamment par des giratoires qui marquent désormais l’entrée de ville, comme le montre la carte IGN de 2013.
De même, la ligne de chemin de fer reliant La Rochelle à La Roche-sur-Yon et Nantes qui longe la partie ouest de la commune ne laisse pas d’empreinte dans l’horizon visuel, la section de la Roche-sur-Yon à Saintes restant non électrifiée.

Dynamiques de pressions urbaines

L’unité paysagère du marais poitevin se distingue par des dynamiques paysagères orientées par des facteurs diversifiés : ce sont d’abord les pressions rétro-littorales qui reportent sur les communes telles que Saint-Michel-de-L’Herm les fortes dynamiques constructives vécues sur la côte vendéenne. Par ailleurs, les constructions sont également soutenues dans l’aire d’influence de Luçon et Fontenay-le-Comte au nord de l’unité, celles de Niort à l’est, tandis que la proximité de l’autoroute A83, à proximité de Maillezais à l’est de l’unité, génère des dynamiques constructives légèrement supérieures à celles vécues dans le reste de l’unité qui restent globalement modérées, à l’image d’une large moitié est (dont Vix fait partie). Le projet de nouvelles infrastructures autoroutières vers La Rochelle au sud pourrait également avoir des conséquences en matière d’attractivité.

Des dynamiques constructives contrastées entre l'ouest stimulé par l'attractivité littorale et l'est de l'unité paysagère. A l'est, l'influence niortaise contribue à accentuer les dynamiques positives (Source : DREAL, SIGLOIRE indicateurs habitat 2007- 2011) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des dynamiques constructives contrastées entre l’ouest stimulé par l’attractivité littorale et l’est de l’unité paysagère. A l’est, l’influence niortaise contribue à accentuer les dynamiques positives (Source : DREAL, SIGLOIRE indicateurs habitat 2007- 2011)

Des extensions urbaines limitées mais visibles

L’unité paysagère du marais poitevin se distingue par des évolutions urbaines particulières qui se concrétisent principalement par un phénomène de remplissage des anciennes formations insulaires et par le développement des bourgs périphériques du marais. Les extensions urbaines liées à l’habitat, qui restent modérées de manière générale, se font ainsi dans le prolongement des bourgs anciens et du fait de leur implantation sur les légers reliefs, sont très fortement exposées.

Si l’unité paysagère ne connaît pas de zones d’activités très importantes en termes de taille, quelques zones d’activités s’inscrivent dans le paysage des entrées de ville des anciennes îles, souvent en lien avec l’activité agricole. L’intégration paysagère des bâtiments liés à ces activités constituent un enjeu important pour la préservation du paysage.

Les extensions récentes prennent place sur la ligne de crête (Chaillé-les-Marais - 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les extensions récentes prennent place sur la ligne de crête (Chaillé-les-Marais - 2015)

Les constructions récentes sont particulièrement exposées en situation de frange urbaine (Vouillé-les-Marais – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les constructions récentes sont particulièrement exposées en situation de frange urbaine (Vouillé-les-Marais – 2015)

Des dynamiques de valorisation du patrimoine naturel, architectural et paysager

Le territoire n’est pas uniquement concerné par le report de l’attractivité balnéaire puisqu’il génère de lui-même une économie favorisée par la mise en avant d’un patrimoine assez diversifié. L’image de la Venise Verte contribue à forger une identité touristique qui s’inscrit dans des tendances axées sur la découverte des territoires à haute valeur environnementale et paysagère.
L’incitation des acteurs du territoire au développement des circuits de découverte de type randonnée ainsi que les programmes de mise en valeur des bourgs, des canaux et des ports participent de cet effort de valorisation des atouts endogènes. Dans ce cadre, la question de l’intégration paysagère des équipements en lien avec l’accueil sur les sites (signalétique, aires de stationnement…) devient un enjeu important.

La partie ouest de l'unité accueille de plus en plus de sites d'hébergement de plein air (Saint-Michel-en-L'Herm - 2013) en grand format (nouvelle fenêtre)
La partie ouest de l’unité accueille de plus en plus de sites d’hébergement de plein air (Saint-Michel-en-L’Herm - 2013)



Au cœur de ces dynamiques de valorisation d’un territoire élargi, l’abbaye de Maillezais constitue un important référent patrimonial localisé. Les aménagements destinés à renforcer les abords du site illustrent une volonté de mise en avant d’un tourisme culturel de proximité.

Les aménagements des abords de l'abbaye de Maillezais participent à la mise en scène du patrimoine (Maillezais – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les aménagements des abords de l’abbaye de Maillezais participent à la mise en scène du patrimoine (Maillezais – 2015)

L’inscription de plus en plus visible des bâtis agricoles dans le paysage

Le drainage progressif du parcellaire agricole favorise les dynamiques de regroupement parcellaire ainsi que la modification des cultures, au profit d’une intensification de l’activité. Il faut rappeler que les « terres hautes » ont toujours été cultivées pour nourrir les bêtes dans le cadre des activités de polyculture-élevage. De fait, la trame bocagère n’est traditionnellement peu dense. Ces tendances contribuent à s’inscrire dans le marais poitevin en maintenant une ouverture progressive des paysages. Les grandes parcelles cultivées sont séparées par les canaux dont l’inscription sur le paysage est principalement visible depuis les points hauts.

Les dynamiques de simplification du parcellaire et d’agrandissement des champs s’accompagnent également d’une augmentation du nombre de bâtiments agricoles. Le bâti agricole contemporain présente aujourd’hui des volumes simples et imposants, à connotation industrielle avec un bardage métallique, qui s’imposent dans le paysage.

Les enjeux pour l’agriculture portent également sur l’évolution des modes de culture (importance de la culture céréalière et de la préservation des haies), des difficultés de l’élevage (question du retour en prairie de certaines zones du marais).

L'aspect volumineux du bâti agricole est accentué par le caractère ouvert du paysage (Champagné-les-Marais – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
L’aspect volumineux du bâti agricole est accentué par le caractère ouvert du paysage (Champagné-les-Marais – 2015)