Les dynamiques paysagères du haut bocage vendéen

publié le 7 décembre 2015 (modifié le 2 janvier 2017)

Exemple d’évolution secteur des Épesses

Dans le cadre de l’analyse des dynamiques paysagères, pour chaque unité paysagère, un secteur particulier est choisi de manière à caractériser, en tant qu’échantillon représentatif de l’unité, une large partie des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Cette analyse s’appuie notamment sur la comparaison des données cartographiques et des photographies aériennes à différentes époques données. Ce zoom est représentatif mais non exhaustif des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Les dynamiques de l’unité qui ne s’illustrent pas à travers cet exemple sont donc détaillées à la suite.

Les Épesses – Carte d'état-major (1866) - (SCAN Historique à l'échelle du 1 : 40000) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les Épesses – Carte d’état-major (1866) - (SCAN Historique à l’échelle du 1 : 40000)



Une installation originelle sur les versants de la chaine collinaire
La carte d’état-major de 1866 montre que les premières constructions du secteur des Epesses s’étagent sur le versant nord du couloir interrompant la chaine collinaire à direction armoricaine du haut bocage. Autour de cette formation resserrée, de petits groupes d’habitats dispersés occupent les paysages ruraux soit en surplomb des vallées, soit aux abords des cours d’eau.

La locomotive touristique du Puy du Fou
En 1978, au niveau du lieu-dit du Puy du Fou situé au nord-ouest de la commune des Épesses, sont créés un éco-musée et un spectacle nocturne à thématique historique. Cette Cinéscénie mobilise élus locaux et bénévoles autour d’un projet qui connaît une résonnance identitaire et culturelle forte sur le secteur du haut bocage. Sur un site de 23 hectares, mobilisant plus d’un milliers d’acteurs, et devant une tribune pouvant accueillir 14000 personnes, événement accueille près de 400000 spectateurs par an. En 1989 naît le parc d’attraction de 50 ha à proximité de la Cinéscénie, destiné à exploiter l’attractivité du site par une activité saisonnière élargie. Toute une industrie de l’hôtellerie et de la restauration se développe dans le secteur du Puy du Fou, mais également bien au-delà. Au nord-ouest du bourg des Épesses, à proximité du giratoire marquant l’entrée nord de l’espace aggloméré, un espace d’hébergements de plein air s’inscrit dans le paysage.

Les Épesses – Orthophoto 1959 (BD ORTHO Historique 1959) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les Épesses – Orthophoto 1959 (BD ORTHO Historique 1959)

Les Épesses – Orthophoto 2010 (BD ORTHO) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les Épesses – Orthophoto 2010 (BD ORTHO)



Le développement du parc du Puy du Fou génère des besoins infrastructurels nouveaux
L’attractivité grandissante du parc à partir des années 1990 génère des besoins infrastructurels nouveaux notamment en vue de faciliter l’accessibilité au site pour un public large. La comparaison des photographies aériennes de 1959 et 2010 montre un développement du réseau routier sur le secteur des Épesses avec la réalisation d’un contournement du bourg sur la partie ouest et le positionnement de larges surfaces de stationnement à l’interface avec le parc. Ces aménagements destinés en partie à améliorer la desserte du parc sans avoir à traverser le bourg des Épesses favorisent le développement des zones d’activités dans le prolongement de l’espace urbanisé. Le raccordement du parc au réseau autoroutier national est développé au milieu des années 2000 via le nouvel échangeur du secteur de la Verrie.

A la sortie du Parc du Puy du Fou, l'accès aux grands axes est indiqué (Les Épesses – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
A la sortie du Parc du Puy du Fou, l’accès aux grands axes est indiqué (Les Épesses – 2015)



Un développement de l’urbanisation lié à l’habitat et aux activités orienté par l’accessibilité
Le développement de l’urbanisation résidentielle s’effectue en couronne tout autour du centre ancien des Épesses, avec néanmoins une accentuation sur la partie sud-ouest, en lien avec le contournement du bourg et son accessibilité facilitée. Diffus, le tissu pavillonnaire n’est toutefois pas linéaire et vient caractériser l’ensemble des franges urbaines atténuant les limites entre l’espace urbain et l’espace rural. De même, un développement des zones d’activités s’effectue au niveau des secteurs stratégiques de contournement de bourg.

Secteur de transition entre espace urbanisé et espace agri-naturel à l'est des Épesses (Les Épesses – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Secteur de transition entre espace urbanisé et espace agri-naturel à l’est des Épesses (Les Épesses – 2015)



Des paysages bocagers dont la dynamique d’ouverture se poursuit
La comparaison des photographies aériennes de 1959 et 2010 montre qu’avec le développement des infrastructures, notamment routière, et l’intensification de l’activité agricole, un phénomène de regroupement parcellaire se concrétise dans le secteur des Épesses. A contrario de ce qui peut s’observer sur des unités paysagères proches, cette simplification du parcellaire agricole ne s’accompagne pas d’une structuration en quadrillage orthogonal. L’impact sur le réseau bocager en diminution n’est pas anodin et contribue à ouvrir le paysage. Pour autant, le bocage continue de caractériser l’unité et le maillage des haies et la présence des boisements se maintiennent voire se renforcent au niveau des vallons, participent en certains points à fermer le paysage.

Carte IGN 2013 du secteur des Épesses ( SCAN 25) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte IGN 2013 du secteur des Épesses ( SCAN 25)

Dynamiques de pression urbaine

La partie nord-ouest de l'unité, connectée aux grands axes, connaît des dynamiques constructives plus importantes (Source : DREAL, SIGLOIRE indicateurs habitat 2007-2011) en grand format (nouvelle fenêtre)
La partie nord-ouest de l’unité, connectée aux grands axes, connaît des dynamiques constructives plus importantes (Source : DREAL, SIGLOIRE indicateurs habitat 2007-2011)



L’unité paysagère se caractérise par des dynamiques constructives contrastées entre une partie nord-ouest autour de l’A87 où les constructions neuves sont nombreuses entre 2007 et 2011 et la frange sud-orientale de l’unité qui vit des dynamiques plus modérées plus proches de celles vécues par la majorité du sud-est vendéen. Au sein de l’unité la centralité des Herbiers de même que le secteur de Mortagne-sur-Sèvre vivent les dynamiques les plus marquées.

L’inscription paysagère des infrastructures face à l’obstacle topographique

Le développement des infrastructures dans l’unité paysagère répond à une logique globale de franchissement de l’obstacle topographique constitué par les collines dont l’orientation est nord-ouest sud-est. Elles coupent orthogonalement l’unité paysagère.

Le développement du réseau autoroutier lié à l’A87, marque fortement le paysage, par sa linéarité et son emprise, mais également par l’ensemble des aménagements liés à son fonctionnement (échangeur, aires de repos, giratoire d’accès, péage).
Dans le même temps, l’amélioration du maillage routier qui relie les principales agglomérations de l’unité entraînent une évolution de l’inscription paysagère de ces axes, par leur recalibrage. L’exemple de l’aménagement de la RD 752 entre Réaumur et Pouzauges permet de constater que dans le cadre d’une topographie assez mouvementée le réseau routier bénéficie d’une exposition visuelle particulièrement forte qui renforce l’effet de fragmentation des paysages ruraux. L’absence d’accompagnement paysager (de type alignement d’arbres, réseau bocager…) de la voie conforte l’impact visuel de l’axe dans le paysage.

L'inscription des infrastructures routières marquent fortement le paysage. L'emprise au sol de la voie, l'absence d'accompagnement paysager, le jeu des reliefs… ces éléments laissent l'infrastructure très visible dans le paysage (La RD 752 entre Réaumur et Pouzauges – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
L’inscription des infrastructures routières marquent fortement le paysage. L’emprise au sol de la voie, l’absence d’accompagnement paysager, le jeu des reliefs… ces éléments laissent l’infrastructure très visible dans le paysage (La RD 752 entre Réaumur et Pouzauges – 2015)

Le réseau routier, support au développement des activités économiques

Aux aménagements routiers s’ajoute le développement des zones d’activités économiques. Le réseau sert de support au développement des zones d’activités qui s’installent à proximité des échangeurs et génèrent progressivement un modèle linéaire d’aménagement. Il en résulte une fragmentation progressive de l’unité paysagère.

Les échangeurs autoroutiers facilitent le développement des zones d'activités sans aucune insertion dans le paysage (La Verrie – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les échangeurs autoroutiers facilitent le développement des zones d’activités sans aucune insertion dans le paysage (La Verrie – 2015)

Les entrées de ville sont souvent le support du développement des zones d'activités (Pouzauges – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les entrées de ville sont souvent le support du développement des zones d’activités (Pouzauges – 2015)



Les agglomérations principales de l’unité paysagère du haut bocage vendéen s’inscrivent dans des dynamiques positives en termes de développement des activités économiques. Les cas de Pouzauges, des Herbiers ou encore de Mortagne-sur-Sèvre montrent des tendances à un développement soutenu des zones d’activités, et notamment des activités tournées vers l’industrie agro-alimentaire. Si l’implantation originelle des bâtiments d’activités était guidée par la proximité de la ressource en eau notamment, les implantations récentes répondent davantage à des logiques de connectivité, voire d’exposition. En effet, les entrées de ville des principales agglomérations, mais également les axes de contournement des centres, sont désormais les terrains d’implantation privilégiés des bâtiments d’activités.

On constate ainsi une forte tension des modèles de développement au niveau des périphéries urbaines sur un mode concentrique et par le développement linéaire le long des infrastructures routières qui les bordent. Cette tension, actuellement irrésolue, est source de déstructuration du territoire. Cette dynamique affecte par ailleurs les marches des collines vendéennes dont les caractéristiques topographiques et les expositions visuelles contribuent à provoquer des enjeux forts en termes d’intégration paysagère.

Le cas des Herbiers est particulièrement symptomatique de ces tendances avec un développement urbains liés aux activités qui s’opèrent aujourd’hui principalement vers le nord et l’accès à l’A87. Dans le cadre du paysage plus ouvert de ces espaces de transition entre espace urbanisé et espace agri-naturel, la question de l’inscription paysagère des bâtiments d’activités devient un enjeu fort qui n’est pas traité.

L'implantation des zones d'activités s'oriente vers l'A87 dans le secteur des Herbiers (2010) en grand format (nouvelle fenêtre)
L’implantation des zones d’activités s’oriente vers l’A87 dans le secteur des Herbiers (2010)

L’inscription paysagère des extensions urbaines au niveau des principales agglomérations

Accompagnant le développement du tissu économique, les extensions urbaines liées à l’habitat s’inscrivent également comme une dynamique prégnante dans l’évolution des paysages de l’unité connues lors des dernières décennies. La prolifération du modèle pavillonnaire en continuité des bourgs historiques favorisent la diffusion d’un modèle qui réinterroge la question du rapport entre le bâti et la rue, avec notamment la diffusion d’un réseau viaire non hiérarchisé visant la desserte individualisée des parcelles habitées. Les périphéries urbanisées sont également le support de l’installation d’habitats collectifs et d’équipements structurants (établissements scolaires, sportifs et culturels).

Paysage de transition entre espace urbanisé et espace agri-naturel (Pouzauges – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Paysage de transition entre espace urbanisé et espace agri-naturel (Pouzauges – 2015)

L'intégration paysagère des extensions est plus sensible dans les paysages vallonnés (Pouzauges – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
L’intégration paysagère des extensions est plus sensible dans les paysages vallonnés (Pouzauges – 2015)

Le maillage bocager, une structure paysagère qui se délite progressivement

Au niveau des espaces urbanisés, on constate que le développement des zones d’activités détruit la trame bocagère préexistante. Or le bocage est un élément structurant du paysage qui donne sa cohérence à l’espace et masque le développement urbain. La définition de la place du réseau bocager dans les projets d’extension constitue un enjeu à appréhender.
L’unité paysagère du haut bocage vendéen cumule des caractéristiques en termes de relief, de réseau hydrologique, de nature des sols, qui structurent un paysage se distinguant en premier lieu par son maillage bocager. Les contrastes du nord au sud de l’unité s’organisent en fonction de la densité du maillage des haies, de la présence plus ou moins marquées des boisements, et de la diversité des usages agricoles qui varient de l’activité céréalière intensive aux prairies de pâtures support de polyculture élevage.
Sur les plateaux des Herbiers situés au sud-est de l’unité, l’intensification de l’activité agricole concomitante au développement de l’industrie agroalimentaire encourage les rassemblements parcellaires et la remise en cause du maillage bocager, contribuant ainsi à ouvrir progressivement le paysage agricole et à exposer davantage les bâtiments liés à cette activité.

A l’inverse, le paysage des collines du haut bocage vendéen tend à préserver une présence bocagère riche, notamment au niveau des petites vallées secondaires qui alimentent les cours d’eau du Petit et du Grand Lay et la Sèvre nantaise.

Alternance de haies bocagères et de boisements composent le paysage rural (La Chapelle-Mont-Mercure – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Alternance de haies bocagères et de boisements composent le paysage rural (La Chapelle-Mont-Mercure – 2015)

Des dynamiques de valorisation des paysages patrimoniaux de la Sèvre nantaise

Au nord de l’unité, dessinant la limite entre le département des Deux-Sèvres et la Vendée, la vallée de la Sèvre nantaise présente un paysage atypique caractérisé par un patrimoine diversifié, notamment ponctué par l’implantation des bâtiments à vocation industrielle et des moulins, qui ont marqué les XIX et XXème siècle. Ces sites originaux dans leur implantation, dans leur composition architecturale (l’usage de la brique prédomine) correspondent à un témoignage visuel de l’histoire de la vallée que les acteurs locaux visent aujourd’hui à mobiliser. Le SAGE du Bassin versant de la Sèvre nantaise recense les usines et ouvrages hydrauliques qui font partie du patrimoine de la vallée. La vallée entre Tiffauges et Treize-Vents regroupe ainsi un important parc de vestiges des activités anciennes, dont certaines ont fait l’objet d’études de requalification (exemple de l’étude engagée en 2010 par l’Institut départemental du Bassin – nouvel EPTB - de la Sèvre nantaise pour le site de l’ancienne tannerie de Fleuriais à Mortagne-sur-Sèvre).
Par ailleurs les aménagements récents des jardins de la Curie à Mortagne-sur-Sèvre sont des exemples de remise en valeur des paysages en lien avec la rivière.

Valorisation des jardins surplombant la Sèvre nantaise (Mortagne-sur-Sèvre – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Valorisation des jardins surplombant la Sèvre nantaise (Mortagne-sur-Sèvre – 2015)