Les dynamiques paysagères du Bocage de la Haute-Mayenne

publié le 7 décembre 2015 (modifié le 2 janvier 2017)

Exemple d’évolution caractéristique de l’unité sur le secteur de Sacé

Dans le cadre de l’analyse des dynamiques paysagères, pour chaque unité paysagère, un secteur particulier est choisi de manière à caractériser, en tant qu’échantillon représentatif de l’unité, une large partie des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Cette analyse s’appuie notamment sur la comparaison des données cartographiques et des photographies aériennes à différentes époques données. Ce zoom est représentatif mais non exhaustif des dynamiques vécues à l’échelle de l’unité. Les dynamiques de l’unité qui ne s’illustrent pas à travers cet exemple sont donc détaillées à la suite.

Un bourg implanté sur une ligne de crête
« La voie romaine Jublains- Rennes traversait le territoire de la commune avant de franchir un gué sur la Mayenne. Nul doute que le site fut habité, auprès de ce passage obligatoire. Le territoire comprend une architecture rurale intéressante composée de grandes exploitations, d’un manoir. Le bourg comporte des maisons caractéristiques de la Mayenne.
Le bourg est établi sur une crête, ce qui le rend visible de loin. Mais les coteaux environnants sont encore très boisés, d’où un impact visuel assez faible. Les extensions récentes occupent un coteau ouvert exposé au sud-ouest. L’impact sur le paysage est important.
En 1949, le bourg a une forme concentrique : l’église et quelques maisons forment un îlot central autour duquel sont construits des habitations contiguës. Les extensions se sont faites sous forme de lotissements juxtaposés au bourg ancien. » (Source : CERESA, Atelier TRIGONE. Atlas des paysages du département de la Mayenne. Tome 3 : études de cas. DIREN Pays-de-la-Loire. 1999)

Carte d'état-major (1866) - (SCAN Historique à l'échelle du 1 : 40000) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte d’état-major (1866) - (SCAN Historique à l’échelle du 1 : 40000)



Un paysage agricole qui ne s’ouvre que légèrement
Les dynamiques de regroupement parcellaire, si elles sont visibles, ne modifient pas en profondeur les paysages agricoles dans le secteur de Sacé. En effet, des remembrements ont bien eu lieu à l’est du bourg, de l’autre côté de la Mayenne, ainsi qu’au nord-est du bourg, laissant place à des champs plus ouverts au sein desquels la maille bocagère a été déstructurée pour laisser place aux parcelles de cultures céréalières. Cependant, l’organisation parcellaire de ce secteur reste assez stable et avec elle, le réseau bocager est globalement préservé. Finalement, le relief assez plat, malgré la diminution du réseau bocager, maintient l’impression d’une certaine densité.

Orthophoto 1958 (BD ORTHO Historique 1958) en grand format (nouvelle fenêtre)
Orthophoto 1958 (BD ORTHO Historique 1958)

Orthophoto 2010 (BD ORTHO) en grand format (nouvelle fenêtre)
Orthophoto 2010 (BD ORTHO)

Les paysages agricoles s'ouvrent progressivement. Cette dynamique est visible de manière générale sur l'unité (Lassay-les-Châteaux – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les paysages agricoles s’ouvrent progressivement. Cette dynamique est visible de manière générale sur l’unité (Lassay-les-Châteaux – 2015)



Une tendance à la fermeture de la vallée
La comparaison des orthophotos de 1958 et 2013 pour le secteur de Sacé montre des évolutions des secteurs de vallées liées à la densification végétale aux abords des cours d’eau. Ces évolutions sont dues à l’enfrichement de ces secteurs, ainsi qu’au développement de peupleraies et ont pour conséquence une fermeture visuelle progressive des paysages. Ces phénomènes dépassent le seul secteur de Sacé et sont visibles dans toute l’unité.

Zoom sur la vallée de la Mayenne au nord de la commune de Sacé - Orthophoto 1958 (BD ORTHO Historique 1958) en grand format (nouvelle fenêtre)
Zoom sur la vallée de la Mayenne au nord de la commune de Sacé - Orthophoto 1958 (BD ORTHO Historique 1958)

Zoom sur la vallée de la Mayenne au nord de la commune de Sacé - Orthophoto 2010 (BD ORTHO) en grand format (nouvelle fenêtre)
Zoom sur la vallée de la Mayenne au nord de la commune de Sacé - Orthophoto 2010 (BD ORTHO)

La présence de peupleraies contribue à fermer le paysage au niveau des vallons. Ce phénomène est visible en dehors de Sacé, sur l'ensemble du territoire de l'unité (Martigné-sur-Mayenne – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
La présence de peupleraies contribue à fermer le paysage au niveau des vallons. Ce phénomène est visible en dehors de Sacé, sur l’ensemble du territoire de l’unité (Martigné-sur-Mayenne – 2015)

Plus globalement, au niveau de l'unité, la densification végétale aux abords de la Mayenne contribue à limiter son accessibilité et sa visibilité dans le paysage (Ambrières-les-Vallées – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Plus globalement, au niveau de l’unité, la densification végétale aux abords de la Mayenne contribue à limiter son accessibilité et sa visibilité dans le paysage (Ambrières-les-Vallées – 2015)



Une valorisation de la vallée
Le secteur de Sacé témoigne de la mise en valeur de la vallée de la Mayenne. En effet, sur la rive gauche de la rivière, l’ancien chemin de halage accueille désormais un sentier sur lequel affluent randonneurs, piétons et cyclistes. Ces dynamiques s’observent par ailleurs hors de Sacé, et notamment au niveau de la ville de Mayenne.

Les anciens chemins de halage sont désormais le support de sentiers de randonnées et de pistes cyclables (Sacé – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les anciens chemins de halage sont désormais le support de sentiers de randonnées et de pistes cyclables (Sacé – 2015)



De part et d’autres des cours d’eau, de nouvelles structures viennent investir la vallée. Au nord de la ville de Mayenne, un site d’hébergement de plein air ainsi qu’une base de loisirs se sont installées de chaque côté de la rivière.

Au nord de Mayenne, aire d'hébergement de plein air et base de loisirs ont investi les deux rives de la rivière (2010) en grand format (nouvelle fenêtre)
Au nord de Mayenne, aire d’hébergement de plein air et base de loisirs ont investi les deux rives de la rivière (2010)



A Ambrières-les-Vallées, à quelques encablures de la confluence avec la Mayenne, la base de loisirs de Vaux a investi la rive gauche de la Varenne. Terrain de tennis, piscine, aire de jeux ont été créés sur le site. Un site d’hébergement là encore a pris position. Tandis qu’un centre équestre occupe un important espace au sud de ces installations. Plus au sud, sur les bords du lac de Haute Mayenne, une base de voile départementale s’est implantée en rive droite en 1980. Le Lac de Haute Mayenne est aussi un lieu très fréquenté pour la pêche, en raison de sa grande richesse piscicole. Étendu sur 6 km, le lac de 123 ha a deux boucles de randonnée aménagées.

A Ambrières-les-Vallées, la vallée de la Mayenne accueille notamment un centre équestre (Ambrières-les-Vallées – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
A Ambrières-les-Vallées, la vallée de la Mayenne accueille notamment un centre équestre (Ambrières-les-Vallées – 2015)



Une diffusion urbaine sous forme pavillonnaire

Carte IGN 2013 du secteur de Sacé (SCAN 25) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte IGN 2013 du secteur de Sacé (SCAN 25)



Si le secteur de Sacé reste composé d’agglomérations de petite taille, l’analyse des évolutions urbaines permet de relever quelques phénomènes paysagers. La diffusion du tissu pavillonnaire constitue un des éléments de l’évolution des paysages du secteur de Sacé. La carte IGN de 2013 montre que ces extensions occupent aujourd’hui une superficie au moins égale à la superficie du bourg historique, identifiable par sa morphologie resserrée et son implantation à l’alignement de la rue.
Ces dynamiques urbaines ont des conséquences sur le paysage des franges villageoises. D’une part les limites entre le village et la campagne souffrent d’un manque de lisibilité. D’autre part, l’exposition des architectures pavillonnaires au niveau des franges tend à créer un paysage peu qualitatif avec une surexposition des pignons des maisons individuelles.

Les extensions pavillonnaires récentes au nord du bourg de Sacé créent un paysage de frange urbaine peu qualitatif (Sacé – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les extensions pavillonnaires récentes au nord du bourg de Sacé créent un paysage de frange urbaine peu qualitatif (Sacé – 2015)

Des dynamiques constructives plus soutenues au niveau de Mayenne

Seul le pôle de Mayenne connaît des dynamiques constructives soutenues sur la période 2007-2011 (source : DREAL, SIGLOIRE indicateurs habitat 2007-2011) en grand format (nouvelle fenêtre)
Seul le pôle de Mayenne connaît des dynamiques constructives soutenues sur la période 2007-2011 (source : DREAL, SIGLOIRE indicateurs habitat 2007-2011)

Carte IGN de la ville de Mayenne (source : IGN) en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte IGN de la ville de Mayenne (source : IGN)



Mayenne, ville carrefour
Une implantation primitive en fond de vallée : « La voie romaine Jublains-Vieux franchissait un gué au lieu-dit Brives, à 2 kilomètres au nord de l’agglomération actuelle. Au Moyen-Age, un château est érigé sur un promontoire rocheux plus facilement défendable, de même qu’un prieuré s’installe sur la rive opposée (Saint-Martin). La ville doit son expansion à l’influence de ses seigneurs : les ducs de Mayenne et plus tard à une industrie florissante en Mayenne : le tissage du lin.
Le paysage moyenâgeux est encore partiellement présent. Le château en est l’exemple le plus significatif. C’est dans son parc que se trouve le théâtre. La basilique Notre-Dame remonte au XIème siècle, elle a été achevée il y a 100 ans seulement. Il reste du prieuré Saint-Martin une église d’origine romane. Dans la partie haute de la rive droite se tient l’hôtel de- ville, datant de 1662. Le centre compte également de nombreux hôtels particuliers et maisons anciennes.
Une urbanisation sur les deux rives, à flanc de coteaux :
Dès les débuts de l’existence de l’agglomération, les deux rives sont occupées : l’urbanisation occupe les coteaux autour du château et du prieuré. Après 1949, ce sont les plateaux à l’est et à l’ouest qui seront gagnés par l’urbanisation. Celle-ci ne s’est pas orientée selon l’axe de la vallée, lieu trop étroit. (Source : Atlas des Paysages du Département de la Mayenne – livret 3 : études de cas - 1996)
Depuis les années 50, un développement sur les plateaux a suivi une orientation Est-Ouest, perpendiculaire à la vallée qui devient trop étroite : Les développements pavillonnaires les plus récents continuent à investir les plateaux en étendant la ville vers l’ouest au nord et au sud de la RN 12, ainsi qu’aux abords de la RD 35 à l’est. Ces évolutions contribuent ainsi à étendre les limites de la ville et à repousser davantage la limite entre la ville et la campagne. Les dynamiques de la polarité se prolongent au niveau des bourgs voisins (Aron, Saint-Baudelle).
Avec l’extension rapide des surfaces urbanisées, la banalisation des constructions, le développement industriel, le relâchement des formes urbaines, l’insertion de ces grandes agglomérations dans le paysage s’avère de plus en plus délicate. Ces diffusions entraînent des enjeux en termes de covisibilités conséquents et la diffusion au sud de la ville de Mayenne notamment est largement visible depuis la rive droite.

Les développements pavillonnaires récents de Mayenne investissent notamment les plateaux au sud-ouest de la ville (2010) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les développements pavillonnaires récents de Mayenne investissent notamment les plateaux au sud-ouest de la ville (2010)

Les développements urbains de Mayenne sont visibles depuis l'autre rive de la rivière (Saint-Baudelle – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les développements urbains de Mayenne sont visibles depuis l’autre rive de la rivière (Saint-Baudelle – 2015)

Au sud d'Ambrières-les-Vallées, les coteaux surplombant la Mayenne sont gagnés par l'urbanisation (2010) en grand format (nouvelle fenêtre)
Au sud d’Ambrières-les-Vallées, les coteaux surplombant la Mayenne sont gagnés par l’urbanisation (2010)

Le développement des infrastructures routières et des zones d’activités

Le développement des infrastructures routières est visible autour de Mayenne. Le territoire est concerné par la présence d’un axe structurant est-ouest avec la RN 12, entre Alençon et Fougères, qui traverse Mayenne. La RN162 entre Laval et Mayenne fait l’objet d’un renforcement progressif qui se matérialise par la mise en 2 fois 2 voies.
Par ailleurs, la ville de Mayenne accueille un contournement au sud-est qui relie la RD 35 et la RN 162. Début 2016, ce contournement sera prolongé par l’axe de déviation de Moulay – Mayenne sud qui permettra notamment d’éviter le centre-ville de Moulay pour contourner Mayenne.

La ville de Mayenne est désormais contournée au sud-est par un axe qui relie la RD 35 à la RN 162 (2013) en grand format (nouvelle fenêtre)
La ville de Mayenne est désormais contournée au sud-est par un axe qui relie la RD 35 à la RN 162 (2013)

L'axe de contournement de Mayenne est accompagné d'un talus qui limite les rapports de covisibilité et donc la perception des franges de la ville (Mayenne - 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
L’axe de contournement de Mayenne est accompagné d’un talus qui limite les rapports de covisibilité et donc la perception des franges de la ville (Mayenne - 2015)



Les grands axes d’entrée de ville sont le support du développement des zones d’activités. Le développement économique de Mayenne s’est effectué principalement aux abords de la RN 12 à l’ouest et sur la frange sud-est autour de la RN 162 et au niveau de l’Emballerie en créant un paysage de bâtis d’activités aux volumes importants et aux colorimétries disparates. Par ailleurs, la prolifération des activités économiques autour de ces pénétrantes encourage le développement des affichages publicitaires qui contribuent à saturer les paysages d’entrée de ville.

Les abords de la RN 162 ont accueilli le développement des principales zones d'activités de Mayenne (2010) en grand format (nouvelle fenêtre)
Les abords de la RN 162 ont accueilli le développement des principales zones d’activités de Mayenne (2010)

Le développement de la zone d'activités au sud de Mayenne est visible depuis la rive droite de la rivière (Mayenne – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Le développement de la zone d’activités au sud de Mayenne est visible depuis la rive droite de la rivière (Mayenne – 2015)

L’inscription paysagère des nouvelles infrastructures

L’unité paysagère est soumise au développement de plusieurs infrastructures qui constituent des éléments nouveaux dans le paysage.
Le développement de l’éolien notamment a contribué à créer des nouveaux repères dans le paysage. Ainsi, au niveau de Lassay ou encore de la Haie Traversaine, des parcs éoliens se sont installés pendant la dernière décennie. Par ailleurs la présence de cette énergie renouvelable dans le paysage devrait être renforcée avec le projet des 5 éoliennes de Saint-Julien-du-Terroux, dont la mise en service est prévue mi-2016.

La présence d'éoliennes créée de nouveaux repères visuels dans le paysage (Lassay-les-Châteaux – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
La présence d’éoliennes créée de nouveaux repères visuels dans le paysage (Lassay-les-Châteaux – 2015)



Le développement des itinéraires de randonnée ne se limite pas à l’aménagement des anciens chemins de halage de la Mayenne.
Depuis 1994 en effet, le Conseil général développe une politique d’acquisition des anciennes voies ferrées avec pour objectif de constituer des chemins de randonnées non motorisées : pédestre, deux roues et équestre. Aujourd’hui, 4 linéaires représentant 128 kilomètres sont aménagés dans le département. L’unité paysagère du bocage de la haute Mayenne est ainsi concernée par le développement de ces circuits et notamment le sentier Mayenne - Javron-les-Chapelles (32 km) et Laval – Ambrières-les-Vallées (34 km).

Des anciens tracés ferroviaires ont fait l'objet de requalification pour devenir des itinéraires de randonnées (Saint- Fraimbault-de-Prière – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
Des anciens tracés ferroviaires ont fait l’objet de requalification pour devenir des itinéraires de randonnées (Saint- Fraimbault-de-Prière – 2015)



La comparaison des orthophotos de 1958 et 2010 laisse apparaître l’installation d’une carrière sur le site des Etendellières à Montflours.
A l’image de cette installation, l’unité paysagère du bocage de la haute Mayenne connaît plusieurs développements de site d’extraction dont le plus important prend place sur le secteur de Saint-Fraimbault-de-Prière. Par ailleurs, l’aménagement des talus aux abords du site limite l’impact paysager de l’activité.

La perception de la carrière de Saint-Fraimbault-de-Prière depuis l'extérieur est assez limitée. Un accompagnement arboré pourrait encore l'atténuer depuis la route. (Saint-Fraimbault-de-Prière – 2015) en grand format (nouvelle fenêtre)
La perception de la carrière de Saint-Fraimbault-de-Prière depuis l’extérieur est assez limitée. Un accompagnement arboré pourrait encore l’atténuer depuis la route. (Saint-Fraimbault-de-Prière – 2015)